Medication
time, medication time, medication time. L’heure de l’offrande (semi)annuelle
de John Dwyer et de THEE OH SEES est
venue, un peu moins de six mois après un Putrifiers II plutôt routinier mais
toujours sympathique. D’ailleurs c’est le principal reproche que l’on peut
faire à la musique de John Dwyer en général et de Thee Oh Sees en particulier :
effectivement il y a ici de quoi se trémousser, transpirer, mouiller ou bander
(rayez les mentions inutiles) mais plus on avance dans le temps et dans la
discographie pléthorique du groupe et plus on sent ce relâchement désinvolte et
trop gentiment post moderne qui rend Thee Oh Sees de plus en plus formaté et
acceptable. On s’en fout ? Allez, on décide encore une fois que l’on s’en
fout.
Le nouvel album du groupe s’intitule Floating Coffin, est affublé d’une
pochette au kitsch aussi absolu que génial et est publié chez Castle Face, le
propre label de John Dwyer, label qui édite et (ré)édite des disques parfois
incroyables, comme l’intégralité des enregistrements de Pink & Brown sur un double 12’ tournant à la
vitesse de 45rpm – Pink & Brown c’est l’un des premiers groupes de Dwyer, un
duo guitare/batterie/hurlements à faire passer Lightning Bolt pour du Bon Jovi
(ou du Def Leppard).
Qui y a-t-il donc de nouveau sur Floating Coffin ? Pas grand-chose à
la première écoute. Que des ingrédients et assaisonnements déjà utilisés :
un peu de flute par ici, un peu, beaucoup, d’orgue et de synthétiseurs par là,
des cordes aussi pourquoi pas et un penchant toujours plus avéré pour le
versant pop des sixties musicales. Le garage est toujours là mais désormais il
sert plus de rempart indestructible que de profession de foi. De même, on
retrouve une nouvelle fois Chris Woodhouse à l’enregistrement et à la
production tandis que Lars Finberg (ex A-Frames, The Intelligence) vient à
nouveau prêter main forte à la guitare ou derrière une seconde batterie. On ne
change pas une équipe qui gagne – mais oui, cette chère Brigid Dawson est
toujours là et elle chante de plus en plus – et Thee Oh Sees est désormais une
sorte d’institution de bienfaisance qui pour l’instant à le vent de la mode* en
poupe avec au programme toujours les mêmes ouhouh ouh ou haha hahaha au moment
des refrains, le même chant acidulé à la réverb cheapos, les mêmes accords de
guitare sur deux notes, la même basse serpentine, etc. De quoi s’assurer le
succès et la reconnaissance des masses.
Ce qui différencie peut-être Floating Coffin de ses prédécesseurs c’est l’enrobage sonore général
de l’album, avec notamment les guitares qui s’épaississent, qui éclaboussent
davantage, John a eu une nouvelle pédale fuzz pour noël. Écoutez un peu ce
gras-gras qui surnage à la surface sur l’intro et le riff principal de Toe Cutter/Thumb Buster par exemple ; écoutez aussi ses solos de guitares
qui étincèlent et pétaradent tout eu long de l’album. Il y a aussi, dans un
tout autre genre, Night Crawler qui
dégage une étrangeté à la limite du synthétique. De quoi remettre les pendules
à l’heure et faire ravaler leur fiel à toutes celles et tous ceux qui avaient
décidé un peu tôt d’enterrer Thee Oh Sees puis de cracher sur la tombe du
groupe. Finalement, on a bien eu raison de faire fi de nos appréhensions de
vieux routards : Thee Oh Sees, valeur sûre et installée du revival
garage/psyché/60’s, est encore capable de bonnes choses.
[Floating
Coffin est publié en vinyle et à 500 exemplaires par Castle Face – noir pour les losers,
transparent avec des éclats rouges comme des fraises pour les premiers arrivés]
* ça se prononce [hype]