jeudi 31 janvier 2008

Le Sonic : deuxième audience

.






















Aujourd’hui, deuxième audience du procès du Sonic et de l’affichage libre à Lyon… En espérant que la mobilisation et le soutien apporté seront au moins aussi importants que la dernière fois. En cliquant sur l’image on peut encore et toujours lire en détail le texte explicatif du tract. Enjoy.

mercredi 30 janvier 2008

13 Blues For Thirteen Moons

.
Une fois de plus j’ai eu tort d’espérer : ce n’est pas avec 13 Blues For Thirteen Moons qu’A Silver Mt Zion -ou quel que soit le nom de ce groupe, puisqu’il en change tout le temps- va revenir au dépouillement mémorable et quasi instrumental de ses débuts. Les voix sont toujours aussi présentes, c’est un fait tellement accompli qu’il semble irréversible et celle d’Efrim domine les autres par ses chevrotements hallucinés. Mais on s’y fait à cette voix. On en vient même à l’apprécier un peu, malgré sa préciosité, son maniérisme, ses tics christiques. Parce que derrière la voix il y a la musique et que celle-ci à plusieurs moments peut s’avérer franchement intéressante. Il est de plus en plus évident qu’A Silver Mt Zion n’a plus rien d’un collectif et sert d’écrin de luxe à Efrim. Que le groupe s’installe sur scène en arc de cercle et transforme ses chansons en hymnes pour boys scouts réunis le soir autour d’un bon feu et d’une guitare (en bois pourtant : dommage qu’ils ne pensent pas à la brûler derechef) n’y change rien. A Silver Mt Zion est une secte de hippies dont Efrim est le gourou plénipotentiaire.






















13 Blues For Thirteen Moons commence curieusement par douze très courtes plages de quatre à onze secondes qui mises bout à bout dévoilent un long sifflement électronique évoquant aussi bien le chant d’un oiseau en pleine overdose de vers de terre hallucinogènes que la vibration d’une coupe de champagne fêlée. Une entrée en matière assez mystérieuse et poétique qui cependant ne laisse aucune équivoque sur ce qui suit : oui, les quatre derniers titres (et une heure de musique) qui constituent réellement cet album sont du A Silver Mt Zion pur jus. Le propos s’est juste un petit peu durcit, les guitares sont plus présentes et surtout plus vindicatives -ce qui, je le regrette, atténue l’influence et le lyrisme des autres instruments à cordes. Voilà, c’est ça : s’il fallait parler d’une évolution de la part de la bande à Efrim ce serait d’affirmer qu’ils se sont enfin énervés, confère les premières minutes du morceau titre. Mais au-delà il n’y a rien de bien nouveau, les amateurs vont encore se pavaner, les détracteurs vont une fois de plus dénoncer la pose artistique de rigueur. Je suis pour ma part toujours aussi perplexe parce que je n’arrive pas à comprendre comment un groupe véhiculant autant d’émotions (parfois même contradictoires) peut en même temps se révéler aussi artificiel, mais pas tout le temps c’est vrai. L’artificialité d’A Silver Mt Zion, elle réside une fois de plus dans les voix, notamment les choeurs lorsqu’ils s’éternisent dans des canons et des crescendos douteux. Tout le reste incite comme d’habitude à la contemplation et à la méditation transcendantale, le dimanche et avec une bonne tisane. Rendez moi Godspeed et Fly Pan Am !


mardi 29 janvier 2008

Savage Republic & Overmars au Sonic

.
Grosse attente en ce qui concerne le concert de ce dimanche soir : pour beaucoup Savage Republic représente -au choix- une légende vivante, une pièce de musée, un secret bien gardé, un ramassis de dangereux gauchistes californiens, un objet de curiosité… en fait c’est un peu tout cela à la fois, non ? Obéissant aux injonctions de l’organisateur, j’arrive sur le coup des huit heures pétantes, je me suis psychologiquement préparé à devoir faire la queue pour pouvoir rentrer dans la salle, à être éventuellement obligé de jouer des coudes, à râler que les concerts ce n’est vraiment plus ce que c’était et je me retrouve comme un con, tout seul ou presque, avec tout de même un autre psychorigide comme moi alors nous attendons tous les deux dans le froid à l’entrée de la salle et tels des vieilles commères qui se racontent leurs listes de courses respectives du matin au Monoprix nous papotons -ô surprise- de musique. Bien.
Il y aura une belle affluence ce soir là, environ cent cinquante personnes, mais ce ne sera pas non plus la folie annoncée, la salle n’est pas pleine, personne n’a été refusé à l’entrée, tout le monde ne s’est pas précipité des quatre coins du pays pour assister à cette unique date de Savage Republic en France. C’est une honte.






















Le premier groupe à jouer est très loin d’être un hors d’oeuvre puisqu’il s’agit des lyonnais d’Overmars qui clôturent ce soir un mini tour consacré à la parution (en octobre dernier) de leur disque Born Again. Paris, Londres, Bruxelles et maintenant Lyon. Je suis ravi de les revoir sur une scène aussi rapidement. La question que je me posais était : est-ce que les sept personnes d’Overmars vont réussir à tenir sur la minuscule scène du Sonic ? Celle-ci a été un peu rallongée avec des tables et chacun a sa place, le matériel imposant aussi, l’énorme ampli basse dans le fond, la batterie, le Korg devant à gauche. Tout y est. Parfait.
Malgré quelques approximations du son -mais, renseignements pris, celui-ci était bien plus net au milieu de la salle, notamment au niveau des voix toutes bien distinctes- le monstre Overmars réveille le côté obscur qui sommeille toujours en moi, leur down tempo ultra répétitif est diablement efficace, les guitares rugissent et forment un magma bouillonnant de noirceur. Le groupe a bien évidemment débuté avec sa longue pièce maîtresse Born Again, j’ai cette impression d’encore un peu plus de fluidité dans l’exécution de ce titre, je regrette simplement de ne pas pouvoir entendre correctement l’intervention au chant de la bassiste ni celles du vidéaste (?) dont pourtant j’aime beaucoup le timbre de voix. Comme d’habitude le chanteur principal tient le devant de la scène haut la main.
Une pause et ce dernier en profite pour glisser quelques propos au sujet du procès contre le Sonic et l’affichage libre, indiquant que la nouvelle audience au tribunal aura lieu jeudi prochain, le 31 janvier. La musique repart, le groupe se plante lamentablement et avec le sourire, ce n’est pas très grave, les rythmes lentement martelés d’Overmars reprennent rapidement le dessus, la machine redémarre et c’est l’occasion aussi de goûter au son de la basse, un son énorme qui dans le genre doit donner une certaine satisfaction lorsque on a trimbalé pour cela un ampli dont la taille tient plus du frigo qu’autre chose. Encore un titre est c’est fini, le chanteur d’Overmars annonce Savage Republic, merci pour eux.
















Les américains s’installent bien pépères, ils n’ont pas eu le temps de faire de balance mais cela ne semble pas les inquiéter. Greg Grunke est méconnaissable avec ses lunettes et son bide de Gepetto. Ethan Port s’est installé au niveau du sol devant la scène avec son bidon métallique, sa guitare et sa basse, il porte un magnifique t-shirt de Zoviet France, je ne savais même pas que cela pouvait exister. Je ne reconnais pas le batteur mais il joue sacrément bien et est doté d’un sourire colgate à faire péter les agrafes de soutiens-gorges. Aujourd’hui encore, je me demande toujours qu’elle est l’utilité du bassiste installé sur la gauche et qui passera l’intégralité du concert ou presque à gratouiller son instrument sur une corde et avec seulement deux doigts. Avant le concert il avait été spécifié au sonorisateur qu’il y aurait une main bass et une second bass : c’est en effet l’une des composantes du son de Savage Republic que d’avoir une basse très mélodique et sinueuse, mise en avant, un vieux truc post punk, mais pour ce qui est de l’autre, cette second bass, on ne l’a pas beaucoup entendue, qu’importe.
Pendant une bonne demi-heure Thom Furhmann joue lui au petit chef, dit à chacun ce qu’il doit faire ou non, interdit à l’occasion à Ethan Port de monter sur la scène -cela ne le rend pas très sympathique mais au fur et à mesure du concert il va apprendre à se détendre, fera des blagues, rigolera sans cesse avec le batteur désormais passé au stade émail diamant. Tous ces braves gens échangent allégrement leurs instruments et ce entre presque tous les titres, le bassiste prend une guitare, le guitariste prend une basse, etc. Malgré cette façon de faire le son du groupe ne varie pourtant pas et c’est vraiment étonnant.

















La set list comprend une très large majorité de vieux titres -de l’album 1938, Savage Republic ne jouera que quatre extraits, dont le très dispensable et très curiste Anemone- et c’est tant mieux. La surprise vient du côté décontracté du groupe, on est très loin des clichés sur la tension et la froideur des groupes de post punk 80’s. Malgré le tempérament de Fuhrmann, les quatre musiciens (j’exclue volontairement le deuxième bassiste qui de toutes façons ferme les yeux la moitié du temps) s’amusent, le son est là, celui de la guitare reconnaissable entre mille, les vieilleries d’anthologie aussi -Jamahiriya, Tabula Rasa, Mobilization, etc- et il y a ces flottements qui perturbent parfois le bon déroulement de l’exécution des titres, qui donnent un côté bancal et improvisé, processus en temps réel. Mais lorsque cela décolle c’est toujours pour de bon. Ethan Port fracasse régulièrement les oreilles de tout le monde en tapant sur son bidon, Grunke chante rarement mais visiblement avec conviction et plaisir, racontant, toujours aussi amusé après tant d’années, les mésaventures du groupe en 1988 avec la douane grecque (une histoire rabâchée que tout le monde connaît déjà et qui a donné naissance à l’album Customs) et Furhmann n’oublie pas le couplet politique en introduction du titre 1938 : ces choses qui malheureusement se répètent toujours.
C’est le moment du rappel et comble du bonheur Savage Republic entame une version explosive de Viva La Rock’n’Roll (d’Alternative TV) qui remporte tous les suffrages. Par contre ils massacrent consciencieusement Real Men avant de tout balancer dans un final percussif batterie/bidon fracassant, un dernier sourire ultra bright du batteur et le concert est terminé.


dimanche 27 janvier 2008

Les grands voyageurs

.





















On a rarement vu une tournée française/européenne aussi mal foutue -tant de distance parcourue pour si peu de dates- surtout lorsqu’on sait que des contacts avaient eu lieu entre le tourneur et divers organisateurs locaux dans les villes de Paris, Marseille ou Bordeaux…


















Mais qu’importe puisque finalement la seule et unique date française de Savage Republic a lieu ce soir à Lyon.

samedi 26 janvier 2008

Vandermark 5 / Beat Reader

.
C’est avec une régularité déconcertante que le quintet de Ken Vandermark continue de publier des disques, le tout dernier s’intitule Beat Reader (encore une fois chez Atavistic) et il ne déroge pas à la règle : bien qu’issu de la scène free de Chicago -il a même joué avec les Flying Luttenbachers !- Vandermark est un multi saxophoniste épris d’un certain classicisme formel, aussi lorsqu’il ne souffle pas pour le compte d’un autre, le Brötzmann Chicago Tentet par exemple, la musique qu’il pratique en quintet oscille entre le hard-bop et les débuts du free américain, quelque part du côté de The Shape Of Jazz To Come et de Out For Lunch.
D’aucun d’affirmer que Vandermark est trop éclectique et qu’il ne fait que s’éparpiller… Au regard de son impressionnante discographie, où l’on trouve de l’impro pure (en duo avec Paul Lytton), du jazz vaguement électro (avec Powerhouse Sound) ou du free (en compagnie de Mats Gustafsson), on ne peut qu’acquiescer mais cette boulimie est un trompe l’oreille : Ken Vandermark a besoin de toutes ces soupapes, la curiosité n’est pas forcément un vilain défaut et bien que sa démarche puisse le faire passer pour un rusé complétiste stylistique, il a cette qualité d’acharnement qui le fait creuser toujours et encore les voies qu’il a décidé d’emprunter. Avec sa tête de gendre idéal éventuellement agrémentée d’une moustache de VRP -le genre de mec qui sait réparer une tondeuse à gazon et connaît la recette de la blanquette de veau- Vandermark explore en cloisonnant. A chaque projet son style défini. Son quintet, puisque c’est ça qui nous intéresse ici, représente la face pépère, gentiment free et finalement traditionaliste de ce musicien. Alors si on n’aime pas le jazz à papa, autant passer son chemin.











 






Cela tombe bien parce que moi, justement, cela me plait. Les albums du Vandermark 5 sont plus ou moins bien réussis mais ce n’est pas réellement un problème (pour être franc Beat Reader se place tout juste dans la moyenne). Le truc c’est qu’en écoutant un des disques de Vandermark 5 on est assuré d’avoir à la fois sa dose de swing, de goûter au son un peu granuleux d’un baryton, de supporter quelques expositions de thèmes tirlipinpons, d’écouter un disque parfaitement enregistré par Bob Weston, quoique le son soit un petit peu trop froid.
Le violoncelle de Fred Lonberg-Holm a définitivement pris la place laissée vacante par Jeb Bishop -lui aussi un ancien Flying Luttenbachers- et repositionne au sein du quintet quelques sonorités électriques abandonnées depuis longtemps par le Vandermark 5 : lorsque ce violoncelle est couplé à de l’électronique, on retrouve un peu de la guitare de Bishop, instrument que celui-ci avait malheureusement peu à peu abandonné au profit du trombone. On est certes très loin des accents électriques limite rock du final de Limited Edition (sur le premier album Single Piece Flow) mais ce n’est déjà pas si mal. De Plus, la rythmique est honorable d’efficacité et le saxophoniste Dave Rempis arrive de mieux en mieux à faire oublier le trop rare Mars Williams lui aussi malheureusement parti du groupe depuis bien longtemps déjà, alors… Alors la constatation qui s’impose est que sur Beat Reader les compositions de Ken Vandermark sont un peu faiblardes et n’ont peut être pas incité les musiciens à faire des étincelles.
Sur le deuxième CD -par ce que oui, il y a deux disques- les choses sont loin de s’arranger. On y découvre The New York Suite, pièce en trois parties dont chacune est dédiée à un art et à ses représentants locaux auxquels Vandermark veut rendre hommage -un : la peinture avec Jackson Pollock ou Rothko ; deux : la musique composée avec Brown, Cage, Feldman et Wolff ; trois : l’improvisation avec Don Cherry, Steve Lacy, Archie Shepp et Cecil Taylor. Cette manie de faire des dédicaces a toujours été systématiquement employée par le saxophoniste dans le passé, c’est parfois un peu irritant tout cet étalage d’amour exégète. Cela ne rend pas la musique meilleure. Cela ne donne pas non plus envie de l’écouter davantage. En parcourant les sentiers hyper balisés de The New York Suite, l’auditeur en vient forcément à comprendre pourquoi le jazz, free ou non, n’a pas évolué d’un iota depuis plus de trente ans et pourquoi aussi Ken Vandermark en est l’indéfectible gardien du temple. Du jazz à papa je vous dis.


jeudi 24 janvier 2008

En français dans le texte

.

C’est curieux, ce n’est qu’au bout de plusieurs écoutes que j’ai enfin réalisé que le chant chez Le Massacre Du Client De 15 Heures (oui c’est bien le nom du groupe) était en français alors que j’ai toujours eu un réel problème avec ça -problème partiellement résolu avec quelques vieux groupes, comme les Marquis De Sade qui parfois chantaient en français, ou avec d’autres beaucoup plus récents qui en hurlant littéralement me font passer toute envie de concrètement m’intéresser à leur prose, par exemple les suisses d’Iscariote (rip) ou Cortez. Ce ne sont pas les mots en eux-mêmes qui me hérissent mais bien cette façon toute rimbaldienne de les exposer en traînant sur les dernières syllabes, comme si le rocker français était forcément un poète maudit, comme s’il avait forcément des trucs intéressants à dire alors que, de manière fort triviale, le rock et tous ses rejetons ne parlent que de deux ou trois sujets différents (allez, quatre : le cul, la défonce, l’ennui et la mort) dont la bonne compréhension ne mérite pas un vocabulaire particulièrement littéraire ni une quelconque ostentation verbeuse. Inversement traduire certains textes de l’anglais/américain au français pour permettre au jeune homme que j’étais de se faire une idée définitive sur un groupe a parfois été fatal : les textes de Jim Morrisson me sont ainsi apparus comme de la bouillie ridicule me faisant radicalement détester l’emphase kitsch et définitivement pas rock’n’roll des Doors au profit par exemple de la simplicité d’un Marc Bolan -get it on, est ce que j’ai besoin de traduire ?














 

J’écoute donc plusieurs fois le premier disque complètement autoproduit du Massacre Du Client De 15 Heures (le nom du groupe aurait quand même dû me mettre la puce à l’oreille), je goûte à son scremo -ça veut dire je crie très fort- à forte tendance rock’n’roll en pensant aux débuts de JR Ewing, un groupe norvégien qui a très mal fini. Ces jeunes gens viennent de Paris (et un peu de Belfort), ils n’ont pas l’air de faire beaucoup de concerts en dehors de la petite couronne (c’est la galère habituelle quoi) aussi je ne m’attends pas à les voir sur une scène un de ces jours. Mais ils prouvent qu’à la capitale et alentours il y a quand même des groupes qui donnent dans autre chose que la révolte adolescente garage sixties ou le look emo/H&M, cette ville est un peu la honte du pays il faut bien le dire.
Pour en revenir au disque après cette petite digression provincialiste et réactionnaire j’en conviens, ce qui m’amuse le plus ce sont les interludes avec rythmiques bontempi pendant que la guitare aligne un plan simpliste. La pochette aussi vaut le coup d’oeil, si j’ai bien compris son auteur est un membre du groupe et torche également des affiches et autres tracts à ses heures perdues. D’accord, je change encore de sujet donc, pour en finir : malgré quelques petites baisses de tension, Le Massacre Du Client De 15 Heures est un groupe tout à fait capable de faire swinguer ses guitares saturées sur des rythmiques éventuellement bien enlevées, les textes sont peut être bizarres mais je ne les comprends pas parce que le chanteur fait tout ce qu’il faut pour ça (mais j’adore les titres comme Cours Petit Mollusque, Tu Ne Feras Jamais De Roller ou Moi Ce Que J’aime Dans La Vie C’est Johnny Hallyday Et Les Films Porno) et il ne faut pas compter sur moi pour aller lire les quelques bribes de paroles imprimées dans le livret.

mercredi 23 janvier 2008

Comme à la télé : Iva Bittova





(extrait de Step Across The Border, un film de Werner Penzel et Nicolas Humbert)



mardi 22 janvier 2008

Disfear / Live The Storm

.
La métallurgie américaine est en crise : après les albums très décevants de Cephalic Carnage (Xenosapiens) et de Pig Destroyer (Phamtom Limb), la catastrophe Dillinger Escape Plan (Ire Works) ou les rééditions anecdotiques (Disrupt), le label Relapse semble compter sur la vieille Europe pour redorer son blason et renflouer ses caisses : Doombringer, un album live posthume/pro thunes de Nasum est prévu pour le 4 mars prochain mais ce qui fait l’actualité du label c’est l’album -le premier depuis cinq années- des suédois de Disfear : Live The Storm. Un album enregistré avec l’aide de Kurt Ballou, que l’on ne présente plus…
Tomas Lindberg (ex At The Gates) occupe le poste de chanteur au sein du groupe depuis le précédent Mysanthropic Generation -il se fait désormais appeler Tompa, un vieux surnom qu’en Suède on donne à tous les gens qui s’appellent Tomas- tandis qu’Uffe Cederlund a lui quitté Entombed pour rejoindre Disfear : on est donc entre de bonnes mains mais est ce suffisant ? Parce que des groupes comme Disfear qui boulonnent des riffs façon Discharge à la sauce rock’n’roll ce n’est pas ce qui manque, surtout du côté de la Scandinavie.






















Ce qui frappe avec Live The Storm, c’est le son : Get It Off qui ouvre le bal a le grain de toutes les productions du genre, légèrement tiède comme la flasque de gnôle conservée dans la poche arrière d’un pantalon crasseux. Fini le metal crust trop produit et trop clinique de Mysanthropic Generation, même si les riffs sont ici d’une propreté impeccable et sans faux plis : toujours sur Get It Off on a l’impression d’écouter une version énervée et très speedée de Turbonegro, disons du Ass Cobra passé à l’accélérateur de particules. Lorsque la voix débarque, c’est bien sûr toute autre chose mais cette impression revient quasiment systématiquement sur chacun des titres, à chaque passage instrumental ou à chaque solo de guitare, tous étonnement mélodieux et posés, des soli virtuoses mais simples donc accrocheurs, du Fast Eddy Clark comme lui-même n’en fait plus. Parce que plus l’écoute de Live The Storm avance, plus la référence à Motörhead est également évidente.
Les titres s’enchaînent de façon un peu lassante, se ressemblant les uns les autres, seul le tempo varie quelque peu en allant du très rapide au furieusement rapide. L’autre facteur de lassitude est cette voix, monocorde, d’une conviction forcée, sans aucun timbre ni couleur si ce n’est celle de n’importe quel chanteur de metal core beaucoup trop balèze. Un mec plus nuancé -quitte à ne pas avoir peur de chanter faux- aurait donné bien plus de caractère à un disque qui du coup perd en pertinence. Du rock’n’roll pertinent ? Disons alors que ces vocaux gutturaux sentent plus la salle de sport que la tiédeur de la gnôle qui attend toujours dans la poche arrière du futal. C’est bien dommage parce que Live The Storm s’achève sur le long Phantom (plus de sept minutes alors que la plupart des autres titres dépassent à peine les trois) qui réussit, après une intro en trompe l’oeil, l’exploit d’associer la rapidité et la concision d’Ace Of Spades sur la durée d’Overkill -développements à rallonge inclus- et non je ne rigole pas.

lundi 21 janvier 2008

Incarceration By Abstraction

.
C’est le dernier album des Flying Luttenbachers, le dernier pour de vrai, et même s’il ne faut jamais dire jamais -tout comme il est présomptueux d’affirmer toujours- cet Incarceration By Abstraction sera à jamais le testament d’un groupe unique en son genre, la créature d’un malade de musique, Weasel Walter, l’homme qui sait toujours ce qu’il veut, hum. La première écoute de ce CD a été passablement déconcertante, les suivantes également. Un vague sentiment de gêne, d’inconfort, pas ce truc qui fait mal aux oreilles mais dont on redemande parce que ça fait du bien, non… presque une impression de laideur. Allons bon. L’ennemi est vite identifié : où Weasel Walter est il allé chercher ce son de guitare ? Ce mix pourri de la six cordes ? Ces plans catastrophiques en forme de frises et de dégoulinades (sur Medusa par exemple) ? Non seulement je n’ai pas attendu la fin du troisième titre pour arrêter de compter les pseudo soli à base de guitares prog même pas dissonants ni à côtés de la plaque (si seulement…) mais quel manque également de tension et de contours anguleux ! C’est peu dire que Incarceration By Abstraction a un côté crimsonien et comme je n’ai jamais supporté ce genre de transversalité vers des
territoires trop ouvertement complexifiés et dédalesques, j’en suis donc pour mes frais. Et je ne parle même pas des synthés qui ne feraient rire que Keith Emerson.












Le premier titre, le bien mal nommé Assault On Apathy mérite une attention polie mais circonspecte : mauvaise entrée en matière, peu glorieuse, honorable mais poussive et limitant à peine la casse. Heureusement Electrocution allonge la sauce Luttenbachers d’un peu de piment, ce sax qui rugit soudain, la rythmique qui ne s’embarrasse pas du superflu ; ce titre est symptomatique aussi des sentiments mitigés que procure le disque : les efforts déployés par l’instrument à vent mentionné précédemment se retrouvent à la troisième minute laminés par un solo de guitare -décidément- grotesque et inutile, quel dommage. Triplex (dédié aux anciens compères Ed Rodiguez et Mick Barr) est l’une des principales catastrophes de Incarceration By Abstraction, Weasel Walter qui sur cet enregistrement joue de tous les instruments aurait il justement subi les mauvaises influences de Mick Barr, guitariste trop bavard auquel le destin n’a pas eu le bon goût d’ôter quelques doigts dans un banal accident de travail à la chaîne ? Et toujours ce son, ces guitares qui me pètent les oreilles mais dans le mauvais sens du terme. Pourtant le pire reste à venir sur The First Time, ultime pièce avec deux invités aux voix : Weasel Walter prouve ainsi que lorsqu’il reprenait Bohemian Rhapsody de Queen sur l’inutile et fadasse compilation Dynamite With a Laserbeam : Queen as Heard Through the Meat Grinder of Three One G, il ne s’agissait pas que d’une bonne blague destiné à faire rire les freaks.Le meilleur titre est aussi le plus court, quel monde cruel : Violent Shade renoue avec l’urgence et le désordre des Flying Luttenbachers sans s’empêtrer dans l’ostentation progressive alors que la tentation est bien là, palpable, mais Weasel Walter a su y résister, juste l’effleurer, la canaliser presque et ça passe sans problème. Si seulement tout Incarceration By Abstraction avait pu être de ce niveau, ascétisme no-wave, perruque à paillettes peut être et lustrage de manche mais pas en trop grande quantité… Mais, encore une fois, la réponse est non. Même Medusa ou Triplex comportent d’excellents passages mais le paradoxe est que ceux-ci semblent d’une incongruité totale comparés à la mélasse qui les précède ou les suit directement, quel gâchis. Il aurait mieux valu que les Flying Luttenbachers cessent toute activité avec leur album précédent, l’énorme et le beaucoup plus direct Cataclysm -pourtant avec Mick Barr à la guitare, c'est à n'y rien conprendre, hein- parce que du coup, cette fin d’histoire a le goût amère de la déception. RIP.

vendredi 18 janvier 2008

Chewbacca au Sonic

.
Les échos ultra élogieux d’une précédente et récente prestation de Chewbacca m’ayant fait regretter d’avoir été absent ce jour là, c’est avec impatience et curiosité que j’avais prévu de voir ce groupe étonnant et plutôt unique dès que possible et ça tombait bien puisque Chewbacca jouait à nouveau jeudi soir au Sonic, dans le cadre du festival Radical Zero. Une programmation a priori éclectique et bancale puisque proposant un solo de Damien Grange (dispositif électro-acoustique), Jacques Di Donato trio (musique improvisée) et Chewbacca, donc (pipo bimbo braillard, grind-hop et poésie hard core) ; une programmation à l’arrache et à un prix moindre que celui des autres soirées Radical Zero.
On ne présente plus Jacques Di Donato, vieux barbu de l’improvisation en France, ancien soliste de tel orchestre réputé, prof à ses heures et ponte du mouvement des artistes subventionnés. Je voyais sa présence en milieu de programme comme une éventuelle pause clope sous la pluie, nouvelle législation dans les lieux publics oblige. Lorsque j’ai découvert le matériel installé pour et par son trio (une batterie, une guitare avec accessoires, une platine vinyle et autres bidouilles à sons) j’ai été un peu surpris. Par contre je n’ai pas été étonné de constater que dans la salle il n’y avait pas grand monde, j’ai tout de même remarqué une star du jazz français venue discuter et soutenir son ami, fin de la rubrique mondaine.

Damien Grange s’installe quasiment dans le noir derrière son petit bordel à machines, se gratte la tête, règle un potentiomètre, se frotte les yeux, tourne un bouton, et ainsi de suite, son petit manège lui permet d’installer puis de développer une masse de sons compacte et dense mais pleine de saillies, de creux et de recoins. Le volume monte, l’espace s’élargit et les sonorités se dilatent encore un peu plus. La pression redescend tout naturellement et sans accroc ce qui me fait dire que plutôt que de pression ou d’intensité il faudrait parler de formes pleines et vivantes. Une deuxième pièce prend le contre-pied de la première, l’accumulation et l’ascension font cette fois ci la place à l’infinitésimal et à la retenue, les sons générés se mélangent avec les grincements et les frottements anonymes de l’atmosphère de la salle, une belle façon de conclure.
















 


C’est le tour du trio de Jacques Di Donato. La musique sera free ou ne sera pas. Di Donato frappe un peu mollement au début mais la pression augmente rapidement, le bidouilleur tripote sa platine et tapote un disque avec ses petits doigts pour obtenir un effet à la fois rythmique et électrique, le guitariste joue avec sa guitare sur les genoux et l’agrémente d’une aiguille à tricoter ou d’un tampon gex -rien de bien nouveau, il ne manque que les grains de riz pour assister à un pompage en bonne et due forme des pratiques de Fred Frith. Le set est composé d’une alternance de passages free qui dégagent les bronches et d’autres calmes et plus nuancés qui rafraîchissent le nez, pas d’originalité flagrante non plus à ce niveau là mais le trio est vivace, parfois teigneux, âpre à la cacophonie : en terme d’improvisation, c’est de la bonne, qui fait plaisir à entendre et ne donne pas l’impression de n’être qu’un dialogue de sourds qui n’écoutent qu’eux-mêmes, de la musique vivante quoi. Applaudissements mérités, même si quelques grognons de service (pour une fois ce n’est pas moi dont il s’agit) persistent à considérer que la musique improvisée n’est qu’un exercice de style rébarbatif.















 


Andrew Dymond qui est arrivé en retard (vive les punks) installe sa batterie minimal tandis que Damien Grange revient et remet en place sa petite table bleue et une partie du matériel dont il va se servir : c’est l’heure de Chewbacca et de son chaos rythmique. Sur le papier la recette parait simple, une batterie martelée et une voix manipulée aux effets et dans la réalité c’est exactement la même chose, quelle critique constructive. On pourrait croire que le duo ne fonctionne qu’à l’énergie (je me rappelle avoir vu leur premier concert il y a déjà un bon bout de temps, un même soir qu’Api Uiz et à cette époque c’était effectivement le cas) alors qu’il y a de la construction là dedans, du moins une alchimie de confiance réciproque qui donne une impression de cohérence. Musicalement c’est assez difficile à décrire, il y a du grind comme il y a de la chanson, on peut y trouver du hip hop comme de la noise… Certains passages peuvent montrer quelques signes de faiblesse, mais la dynamique reprend toujours le dessus, le duo joue un temps incroyablement long -du moins je ne pensais pas qu’ils puissent le faire aussi longtemps- et on sent bien que s’arrêter est difficile, qu’il y a encore de quoi. Certains moments fébriles frôlent carrément le catastrophisme sonore, un fabuleux fracas qui rend heureux et ce sont ces passages là qui remportent définitivement l’adhésion.

jeudi 17 janvier 2008

Radical Zero

.


















Un festival -appelons ça comme ça faute de mieux- consacré aux musiques improvisées et expérimentale ? A Lyon ? Et bien oui, cela s’appelle Radical Zero, cela commence dès aujourd’hui (après un tour de chauffe la semaine dernière au Kraspek Mysik) et cela se passe au Sonic, au Clacson et au Grrrnd Zero.

Le programme est disponible et on y remarque de très bonnes choses déjà vues mais toujours à revoir et à écouter telles que La Cellule d’Intervention Metamkine, Axel Dörner, Manu Holterbach et les inénarrables Chewbacca. Quelques barbus de l’expérimentation se chargeront également d’un workshop communautaire et réflexif. C’est huit euros le concert sauf pour celui de ce soir au Sonic parce que là bas on ne veut jamais rien faire comme tout le monde :





















Je sens que cette programmation carte blanche au Sonic façon choc des titans va beaucoup me faire rire, heureusement que c’est Chewbacca qui jouera en fin de programme…

mercredi 16 janvier 2008

Epilons les vieux rockers fatigués


On est en pleine pipolerie mais je ne peux pas m’empêcher de jeter un peu de venin sur la nouvelle vidéo de Nick Cave And The Bad Seeds, Dig !!! Lazarus, Dig !!! (l’album du même nom est prévu pour le 3 mars).



Oui je sais, je n’ai aucun humour, tout ça c’est fait exprès mais il n’empêche que l’écoute de ce titre est des plus inquiétantes en ce qui concerne la teneur de l’album à venir… Le précédent, Abattoir Blues/Lyre Of Orpheus, n’était pourtant pas si mal. Quand je pense que Nick Cave avait prétendu l’année dernière avoir monté Grinderman pour pouvoir se ressourcer et donner un coup de fouet aux Bad Seeds. Personnellement ça ne me fait pas rire de le voir en pleine imitation de Tom Jones alors qu’avec sa moustache il ressemblerait plutôt à Roland Magdane. A moins qu’il n’ait décidé de rendre hommage aux Valentines, célèbre groupe 60’s australien dans lequel figurait un certain Bon Scott (oui, le choriste, là, légèrement sur la droite…) :




mardi 15 janvier 2008

Sayyadina / Mourning The Unknown

.
De tous les rejetons post Nasum, Sayyadina est très certainement le meilleur, et de très loin. Il est vrai que ce n’est pas Coldworker, le projet stéroïdé du batteur Anders Jakobson qui pourrait prétendre au titre. Non, c’est du côté de l’ex bassiste et dorénavant guitariste Jon Lindqvist qu’il faut aller : Fear Gave Us Wings, premier album de Sayyadina publié en novembre 2004 par Sound Pollution, a ce charme chaotique d’un grindcore velu fortement concentré en éléments crust et hard core, très loin de toute orthodoxie ultra métallique. La faute sûrement à une production plutôt succincte et à un chant pas très bien placé mais convaincu (en fait il y a trois voix sur ce disque…). C’est principalement le batteur Ove Wiksen qui braillait à l’époque, d’une voix légèrement nasillarde alors que la batterie était tenue par Adde Mitroulis, un ami de longue.
Explications : au cours de l’année 2002 l’épaule droite de Wiksen a commencé à lui faire rudement mal et à tel point qu’il ne pouvait plus pratiquer son instrument. De longs soins lui ont été nécessaires pour se remettre d’aplomb, il est donc devenu chanteur de son groupe. Aujourd’hui il peut battre à nouveau mais jamais deux jours de suite avec intensité. Lorsque Sayyadina doit donner un concert isolé, Ove Wiksen tient la batterie mais en tournée c’est à nouveau Adde Mitroulis qui prend le relais (et je suppose donc qu’alors Wiksen redevient frontman…). Dans cette interview le batteur explique que son mal, une inflammation chronique de l’épaule, a vraisemblablement été due à de mauvaises pratiques (jouer de la batterie sans échauffement préalable par exemple) conjuguées à des boulots de manutentionnaire et autres.























Sur le nouvel album de Sayyadina, Mourning The Unknown (toujours chez Sound Pollution), Ove Wiksen est redevenu le batteur du groupe. Et il n’est plus crédité en tant que chanteur. Ce sont les guitariste et bassiste qui reprennent le flambeau, de manière très complémentaire, exit donc cette voix atypique qui me plaisait tellement sur Fear Give Us Wings et place à des braillardises ne lorgnant que très légèrement vers les growls. Un chant un peu plus death peut être, mais à l’ancienne, avant que les effets digitaux ne viennent instaurer cette sorte d‘archétype ultra chiant qui a cours aujourd’hui.
Côté musique, c’est toujours aussi concis, quelques bonnes poilades à noter comme ce mosh part direct from New York City au beau milieu de Hunt Me, des breaks death en veux tu en voilà, et un son autrement plus compact, différencié et travaillé qu’auparavant. Moins de crust donc, et plus de rigueur (?) dans le rentre dedans, encore une fois Sayyadina a tout bon.

lundi 14 janvier 2008

Sleeping People / Growing

.






















Il y a un truc vraiment marrant avec mon player : il lui arrive de mettre le dernier mp3 d’un album en début de liste, aussi lorsque j’écoute un disque ça commence par la fin -sans même que je m’en rende compte- avant que le reste ne suive, et ce défaut n’a rien à voir avec un problème de numérotation des pistes (j’ai vérifié). Le type qui s’est creusé la cervelle pour déterminer l’ordre des titres de son disque a fait tout ça pour rien, celui qui les enregistre dans l’ordre où ils ont été composés aussi. Parfois ce glissement donne des résultats amusants. Mais comme je n’arrive pas toujours à remettre le dernier titre à sa place j’en profite alors pour tout écouter en mode aléatoire.
Dans le cas du dernier album de Sleeping People, groupe instrumental et peut être digne héritier de Don Caballero, cette anomalie informatique est un bien : l’écoute de Growing en version virtuelle commence par le plus mauvais titre de l’album, People Staying Awake -un titre chanté, pour une fois, par un certain Rob Crow en special guest. Mais qui est donc Rob Crow ? Encore un fils caché de Bruce Lee ? Pas du tout : il s’agit du chanteur de Pinback, groupe dont j’ignorais l’existence même (enfin presque…) et dont je ferai tout à l’avenir pour éviter la musique. Je suis un mec intolérant.
Lorsque la version matérielle de Growing est arrivé sur la platine j’ai soudain écouté un tout autre disque puisque bien évidemment People Staying Awake s’y retrouve à la fin et donc suffisamment loin pour que j’en vienne à l’oublier, à oublier ses effets néfastes et répulsifs : point de comparaisons possibles entre l’indie pop lénifiante de fin de parcours et le math rock guilleret de tout le reste de l’album. Du coup, à force d’écouter systématiquement ce disque dans l’ordre et de squizer l’apparition de Rob Korbak, j’ai fini par trouver plein de petits défauts de partout à un album qui n’en méritait pas tant. C’est un peu tortueux et contradictoire comme cheminement, mais il y a de ça : dans le cas de Sleeping People, la faiblesse du disque était aussi sa force, un peu comme lorsque j’écoutais Love At First Sting en commençant par Still Loving You -cela rendait ma copine heureuse et me donnait ensuite l’impression d’être un homme alors que je n’étais qu’un petit puceau même pas acnéique.
Mais, après tout, les défauts de cet album ne sont pas si graves que ça. Ils sont juste inhérents au genre, un peu trop de mollesse et d’application -malheureusement les guitares ne décollent pas toujours autant que sur les deux premières minutes de Three kings- qui font qu’en concert Sleeping People doit tout à fait être le genre de groupe dont on a largement le temps d’admirer la couleur des chaussettes. Un groupe qui donne soif. Ou alors un groupe à écouter gentiment à la maison (avec bière et sans chaussettes si on veut) mais pas un truc qui donne fondamentalement envie de refaire sa vie de pépère, pas un disque non plus que l’on fera écouter à sa copine avant de lui sauter dessus. Définitivement une forme comme une autre d’académisme.


dimanche 13 janvier 2008

Un bon résumé de la situation

.





















Où en est-on avec les problèmes d’affichage à Lyon ? Le collectif pour l’affichage libre a désormais un site qui reprend une bonne partie des éléments connus à ce jour… En attendant la deuxième audience du procès du Sonic qui aura lieu le jeudi 31 janvier prochain.

samedi 12 janvier 2008

jfx bits #2

.





















Une petite idée pour rester bien au chaud ce week-end : Jarring Effects a récemment mis en ligne le volume 2 de sa compilation jfx bits : Breaking Up Symmetry. Cela se télécharge gratuitement, s’écoute sans modération et prouve une fois de plus la richesse de propos du label : des titres d’albums à venir sur Jarring Effects (un avant goût de Battlefield d’EZ3kiel qui doit sortir d’ici une semaine ou deux), des inédits, remix et des premières publications de la part de nouveaux venus.

Le premier volume, Digital Antitesis, est lui toujours disponible. Dans ces conditions je ne sortirai pas de mon lit.


vendredi 11 janvier 2008

A Place To Bury Strangers

.


















Le voilà donc cet album d’A Place To Bury Strangers, groupe new-yorkais (Brooklyn) qui commence à faire couler beaucoup d’encre et met la bave aux lèvres de tout ce que peut compter la coolitude comme représentants distingués. En fait d’album, il s’agit plus précisément d’une compilation d’enregistrements effectués entre 2003 et 2007, déjà publiés en maxis -on trouve même encore très facilement les traces d’un mini LP sur lequel figure un Never Going Down qui lui n’est pas sur l’album- et c’est Important records (label qui en ce moment sait très bien se rendre indispensable) qui s’est chargé de l’édition en vinyl. La sauce monte, l’inévitable sticker d’autopromotion annonce en gros The Loudest Band In New York (dixit le journal New York Times) et ça continue dans le superlatif : buy earplugs (Pitchfork), exactement le genre de conneries que le premier binoclard venu pourrait écrire non sans prétention dans un webzine ou un blog.
Un dernier coup d’oeil sur la liste d'amis d’A Place To Bury Strangers avec des groupes dont pour rien au monde je ne voudrais écrire le nom ici et ma religion est faite : ces new-yorkais qui se lanceront à la mi-février dans leur première grande tournée nord-américaine feront bientôt l’objet des plus purs éloges de la part d’une presse aussi vide qu’Eliot Ness est triste au lit. Est-ce pour autant que je devrais détester ce disque ? Et bien non. Je suis même très content d’avoir un échantillon de noisy pop à me mettre sous la dent en ce moment et, chose plutôt rare, voilà un disque qui lorsque je l’écoute à fond dans mon petit salon confortable fait l’unanimité à la maison et ne risque pas de mettre davantage en péril un ménage déjà bien mis à mal par des expériences musicales autrement plus éprouvantes. En fait, tout le problème de ce disque est ailleurs.





















Oliver Ackerman, chanteur et guitariste d’A Place To Bury Strangers, est également un passionné de son et son job habituel c’est de fabriquer des pédales d’effets qu’il vend à des gens parfois très connus (dont pour rien au monde je ne voudrais écrire le nom ici, etc) et si tu veux acheter un peu de matos pour jouer/faire du bruit dans ta chambre c’est ici. Olive serait donc à la fois Roger Mayer et Jimi Hendrix, ce qui n’est pas totalement faux. Certains décollages de guitares sont proprement hallucinants : ça grésille, ça crépite à gros bouillon et ça construit des murs du son abrupts quasi instantanément -même si on s’y attend toujours un peu dès que le chant cesse et qu’il faut bien trouver un moyen de relancer l’attention de l’auditeur. Alors le problème c’est quoi ?
Et bien on parle souvent de Jesus & Mary Chain à propos d’A Place To Bury Strangers, My Bloody Valentine est également évoqué (mais moins fréquemment), Joy Division aussi -sauf que la voix d’Ackerman ne rappelle absolument pas celle de Ian Curtis, une comparaison avec New Order serait plus appropriée- et les Cure. Il n’y a pas un titre de cet album qui n’ait pas emprunté un plan ou un gimmick à l’un de ces quatre groupes, je ne vais pas en faire la liste (quoique : le break de Don’t Think Lover se retrouve sur un titre de Isn’t Anything, la rythmique de She Dies parait tout droit sortie de Pornography, etc) et à la longue c’est un peu énervant d’assister ainsi à une superbe collection de vieilleries remises au goût du jour. C’est énervant mais cela finit par fonctionner parfaitement : les vieux peuvent enfin la ramener un peu -oui il s’est passé quelque chose avant les Libertines, Strokes et autres Interpol, il y avait même de la vie avant Nirvana- et les jeunes ne débandent plus au son dévastateur de ces guitares palpitantes. Comme pour achever tout le monde A Place To Bury Strangers est arrivé à bien placer deux ou trois tubes dansants, I Know I'll See You ou To Fix The Gash In Your Head, qui ramèneront dans le cœur -et le corps- de tout à chacun cette irrépressible envie de trépigner des heures durant tel un robot lubrifié aux amphétamines : vivons heureux en attendant la mort.

jeudi 10 janvier 2008

Supersilent #8

.
Encore un disque publié par Rune Grammofon. Supersilent, quartet norvégien d’impro lorgnant aussi bien vers l’electro ambiant facile que le free prog indigeste est enfin de retour, l’album précédent, 6, datant tout de même de 2003. Ce groupe arrive à cristalliser tous les sentiments contradictoires que l’on peut éprouver face à ce genre de musique cérébrale -des moments de pure grâce côtoyant les roucoulades neuronales les plus indigestes. En fait, la discographie de Supersilent avait formidablement commencé dès 1998 grâce à un triple disque d’improvisation totale et brute, avec un son sale et sans concessions au maniérisme : en écoutant on arrivait à deviner qu’il s’agissait là de longues jams éditées et découpées par la suite, certains titres démarrant là où d’autres autres s’arrêtaient, le tout pas forcément dans l’ordre et disséminé au gré des trois disques. Si le quatrième album continuait dans une veine un peu plus sophistiquée, comprendre mieux enregistrée et plus canalisée, 5 et 6 (6 étant d’une mollesse contemplative sidérante, trip-hop vangelisé et jazz new age) montraient quant à eux une certaine dégringolade, de moins en moins d’intensité, de plus en plus de nombrilisme et Supersilent commençait à justifier son nom -taisez vous pendant qu’on joue- qui perdait alors toute signification ironique. Le visionnage du DVD 7 publié en 2005 en guise de bouche-trou est assez fastidieux, trop de cérémonial et de respectabilité.
Aux frontières du jazz, du rock, de la musique contemporaine et de l’electro (comme Rune Grammofon se plait à décrire Supersilent) la musique du groupe s’était peu à peu atrophiée, cadenassée et auto parodiée. Une vaste étendue sans accidents de parcours.













Je ne sais pas ce qu’ont foutu les quatre membres de Supersilent pendant ces quatre dernières années (ils ont tous de multiples projets à côté) mais cette longue pause discographique a été salvatrice au groupe. Il est illusoire d’espérer un retour au bouillonnement des premiers essais -le fait que le huitième album ait été enregistré dans le même studio que les sessions de 1998 ne prouve absolument rien puisque l’album 6 a également été mis en boite au même endroit- mais 8 renoue avec une certaine envie, une plus grande diversité de propos et surtout étouffe un peu les options démonstratives du groupe. Ou alors celui-ci sait davantage déshabiller ses tentations cérébrales pour en extraire un supplément d’instinct.
La première chose est qu’avec 8 Supersilent reprend partiellement le chemin des rythmes énervés -c’est l’occasion de recherches sonores plutôt intéressantes- et s’essaie également aux voix. La musique ne se contente plus d’une optique narrative de décorum (la très grosse faiblesse de 6) et installe d’emblée, grâce au premier titre, une atmosphère réellement sombre et inquiétante, presque lourde, chatouille la brutalité hard core puis le bruit sismique sur la plage numéro sept, s’énerve comme il faut sans trop de préavis -pas de longues montées introductives en guise d’avertissement- et renoue avec la tension de la corde raide. Malheureusement certains passages viennent un peu tout gâcher comme les flûtiots angéliques à la fin du cinquième titre et certains sons de synthés qui feraient passer Depeche Mode pour les rois de la dissonance cacophonique.
Techniquement 8 a la même présentation monacale que ces prédécesseurs avec sa pochette monochrome ornée d’un code barre. Comme d’habitude les différents titres ne sont désignés que par un numéro (de 8.1 à 8.9) et l’ensemble a été produit par Helge Sten, également membre de Motorpsycho et plus connu sous le nom de Deathprod.


mercredi 9 janvier 2008

Moha !

.
C’est lorsque le guitariste Anders Hana a rejoint les rangs de Noxagt pour le troisième album sans titre des norvégiens que j’ai appris qu’il jouait dans un autre groupe, tout aussi passionnant, Ultralyd. Mais il y a bien mieux que ça : ce jeune blondinet et Morten J. Olsen (également batteur des susmentionnés d’Ultralyd) forment un duo de musique improvisée qui défie toute concurrence. Moha! est le genre de chose qui n’arrive désormais que très rarement dans les arènes de l’impro : on est à l’opposé des facilités de la musique ambient à base de surnappage de drones et fréquences lentes, la grosse mode actuelle, tout comme on est très loin d’un certain académisme qui, mélangeant improvisation et rock/jazz/funk, a du mal à s’affranchir des codes d’une musique préexistante, un exemple de ce genre d’impasse avec Asmodeus, l’album que le trio Ribot/Dunn/Weston a enregistré pour John Zorn dans la série Book Of Angels. C’est peut être un peu facile comme moyen de situer le degré d’excellence de Moha! et peut être un peu dur comme jugement à l’égard des vieux routards mais à l’heure actuelle il n’y a pas tant de formations que ça qui sachent à la fois faire du barouf et improviser sans que cela ressemble à une vieille chaussette trouée ne tenant que par le miracle de sa crasse.















Peut être que l’ambition de ces deux mecs est de devenir des fonctionnaires de la musique, parcourant le monde de festivals subventionnés en résidences d’artistes et caressant bien droit dans leurs slips un énième concept de musique improvisée mais pour l’instant tout ce qu’ils font c’est défourailler avec fraîcheur et instinct selon leurs envies. Des deux albums de Moha! publiés chez Rune Grammofon je ne connais que le dernier mais celui-ci a amplement suffit à me convaincre que ce groupe ne plaisante pas dès qu’il s’agit de faire quelque chose d’essentiel tout en sachant garder une certaine légèreté qui fait toute la différence : pas de prise de tête ni d’intentions évidemment conceptualisées. Oui ça joue bien, éventuellement ça aurait même pu être carré et résolument efficient mais non : toute structure est consciencieusement balayée sur les seize titres (courts) de ce disque qui donc rompt avec la monotonie habituelle des pratiques improvisées et ne s’embarrasse pas de bavardages progressifs. Le guitariste joue également du casio, le batteur pratiquerait le supercollider 3 (mais qu’est ce que c’est que ce truc mis à part un programme ou un protocole informatique ?) et tous les deux s’en vont main dans la main jouer aux billes dans la cour des grands singes. A noter que Moha! fait également partie d’un pseudo collectif (?) regroupant nombre de groupes qui me sont totalement inconnus, collectif dont je n’ai donc pas fini d’explorer tous les recoins. On y trouve également quelques mp3.

lundi 7 janvier 2008

Sheik Anorak + xbxrx

.
C’est le premier concert de l’année et j’espère secrètement que je vais bien pouvoir en profiter car ce mois de janvier s’annonce plutôt morose : il n’y aura pas grand-chose à voir et à écouter d’ici le 27 et la venue tant attendue de Savage Republic. De là à dire que je me suis jeté sur la première occasion qui s’est présentée il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas -jusqu’ici Sheik Anorak n’a jamais été décevant en concert et je suis impatient de découvrir xbxrx sur scène et pas seulement parce que c’est Weasel Walter qui désormais tient la batterie, je suis assez fan des disques de ce groupe californien qui perpétue punk chaotique et no wave criarde avec naturel et fraîcheur. C’est dimanche et il pleut mais on s’en fout.

Sheik Anorak est un one man band et le jeune homme qui officie sous ce nom a cette particularité de préparer des boucles à la guitare, de triturer tout ça avec des effets puis de s’installer derrière une batterie où il conjugue la rythmique et ses boucles qu’il envoie à l’aide de pédales. L’orientation du concert de ce soir me paraît plus hachée et déglinguée qu’à l’accoutumée (ou alors c’est moi qui m’habitue ?), la guitare délaisse les traînées d’arpèges pour s’enfoncer dans des motifs nettement plus tordus. Il y a aussi un passage bruitiste au milieu que je trouve un peu long mais le final est explosif et prenant. Pour Sheik Anorak c’est l’une des meilleures fois et contrairement aux habitudes un deuxième titre est exécuté directement à la suite, parce que visiblement l’envie de jouer est la plus forte : c’est donc que tout le monde est content et il y a de quoi.























En arrivant dans la salle je n’avais pas réellement reconnu Weasel Walter, l’âge mon gars, et le bide aussi -tout comme moi. Il arbore une magnifique coupe de cheveux avec mèche tombante digne des jeunesses hitlériennes. Je regrette un peu ses petites cornes de diablotin confectionnées au gel qui pue. Ses deux petits camarades de xbxrx me paraissent extraordinairement jeunes en comparaison mais tout le monde est habillé de la même façon, pantalon rouge et chemise violette avec une bande jaune -disco jugend ?
En fait de dance party le concert démarre sur les chapeaux de roues et ne baissera quasiment jamais en intensité. xbxrx délaisse le côté catchy des compositions de War, le dernier album en date, et tire des rafales punks à cent à l’heure, pas le temps de respirer, les deux guitaristes rivalisent de contorsions et lorsque celui de droite lâche son instrument pour ne se consacrer qu’au chant il en profite alors pour jongler avec son micro ou faire une magnifique roulade sur la moquette immaculée des salons de Grrrnd Zero. De son côté Weasel Walter survole les débats, tout dans les poignets (belle frappe) et son seul jeu de scène consiste à faire une magnifique démonstration de headbanging, c’est assez amusant de voir le contraste de son attitude droite comparée aux deux autres zouaves de guitaristes qui se roulent par terre à la première occasion. Comme les disques de xbxrx le concert sera court mais on aura droit à un rappel. Seul regret : si le côté mélodique de la musique du groupe en prend un sacré coup derrière les oreilles sur scène, l’aspect no wave également -ça défouraille correctement mais j’aurais préféré un peu plus de torsions et de lames de rasoir.


















Après le concert Weasel Walter explique pourquoi il a quitté Chicago il y a quelques années pour s’installer en Californie (plus précisément à Oakland), déplorant que du côté de l’Illinois la scène n’est plus ce qu’elle était, qu’il n’y a plus un seul bon musicien et que l’on s’y emmerde dès que l’on souhaite faire une musique qui sorte de l’ordinaire. Il prétend aussi avoir retrouvé en Californie le même bouillonnement qu’il y avait à Chicago aux alentours de l’année 1995. Lorsque je lui demande s’il compte un jour rééditer Cataclysm, l’album fantôme des Flying Luttenbachers, il répond qu’il y songe et que ma question le conforte dans cette idée -avant d’ajouter : peut être que je vais le faire très bientôt. Merci beaucoup Walter.


dimanche 6 janvier 2008

Le dimanche c'est mieux

.






















Contrairement à ce qui est indiqué sur le fly le jeudi 6 janvier 2008 est en fait un dimanche et ça tombe très bien puisque c’est aujourd’hui. Ce soir, donc, encore un concert bière et punk organisé par le gaffeur de service avec au programme Sheik Anorak et xbxrx avec Weasel Walter dans le rôle de la fève, le tout au Grrrnd Saloon de Gerland.

samedi 5 janvier 2008

A Journey Through Roman's Empire

.




















La première chose que je me suis dite à propos du dernier album d’Athletic Automaton c’est ouais, il ne faut pas chercher à comprendre. Généralement, un riff unique tournant et tournant encore jusqu’à l’écoeurement, une batterie minimale et ultra répétitive et deux tonnes d’effets venant polluer le son de la guitare. Tout à fond, le plaisir de fracasser les oreilles. Comme une performance physique (au choix, le sprint de deux minutes ou l’endurance jusqu’à seize), d’ailleurs les deux gugusses derrière tout ça ne sont ils pas sur scène habillés en sportifs ? Football ou basket? Aucun des deux. Je hais le sport, moins il est vrai que ces branleurs de supporters, lesquels en général me le rendent bien donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En fait, je préfère le jardinage, uniquement par snobisme.
Athletic Automaton était pourtant responsable des rares moments intéressants d’un split album partagé avec Aids Wolf, un disque paru lui aussi sur Skin Graft. C’est dans un long moment de désoeuvrement et de solitude de fin/début d’année que j’ai remis A Journey Through Roman's Empire sur la platine. Il était temps de répondre à toutes les questions existentielles qui me taraudent toujours à cette période : est ce que je vais garder ce disque ? Et celui-là ? Peut être celui-ci ? Est donc venu le tour de réécouter l’album d’ Athletic Automaton. La description ci-dessus de la musique du duo de Providence est toujours valable. Je veux juste bien admettre que sur certains titres il y a parfois deux riffs différents mais c’est tout. Je veux bien admettre aussi que le sport c’est bon pour la santé mais je m’en fous.























Cette réécoute a été bénéfique. Après une bonne période de pourrissement et d’oubli, A Journey Through Roman's Empire a donc réapparu à la surface de mon inconscient. C’est mon étoile du berger à moi et ce disque avait uniquement besoin d’attendre son heure, sapant en douce mes réticences, pénétrant mon esprit embué par des vagues de vibrations noyées à la fuzz et au delay. Maintenant il a même un fort arrière-goût de reviens-y. La seule question que je me pose alors est la suivante : un disque tel que celui-ci, reposant uniquement ou presque sur du second degré (car la stupidité musicale n’est qu’apparente), est il réussi dès lors que ce même second degré n’est pas évident aux premières écoutes ? Ou alors c’est moi qui me fait trop vieux pour la gaudriole sonique et la saturation des sens ? (les questions existentielles de fin d’année je vous dis…). Je préfère ne pas y penser davantage et en conséquence remettre à l’année prochaine cette interrogation éminemment primordiale. En attendant Athletic Automaton est bien le rejeton le plus doué de l’après Arab On Radar (c’est de là que vient le guitariste), puisque Made In Mexico ne tient pas vraiment la route et que Chinese Stars ont plus que trébuché avec leur dernier album Listen To Your Left Brain.
Pour en revenir -quand même- au second degré de nos deux gladiateurs et en particulier à leur fascination cartoon (c’est l’effet Skingraft) pour les jeux du cirque, cela ne va tout de même pas très loin : un gimmick rigolo mais pas très signifiant pour servir d’accroche à une musique dont il faut bien admettre qu’elle doit être autrement plus impressionnante en concert -avec les cheveux collés par la transpiration, les auréoles sous les bras, les bières renversées sur le matos et deux douzaines de personnes tremblantes d’excitation pour tout public. C’est dorénavant souvent le même problème avec Skingraft : la forme prime sur le fond alors qu’auparavant Mark Fisher and C° avaient ce formidable mauvais goût pour le meilleur, découvrant et publiant des groupes essentiels tout en les emballant dans leurs délires de graphistes. A Journey Through Roman's Empire est tout de même la meilleure sortie du label depuis bien longtemps.



vendredi 4 janvier 2008

Agathe Max / Sonic Live

.
Ecouter Agathe Max à la maison, le cul confortablement calé dans un fauteuil à moumoute orange et les pieds posés sur la table basse au milieu des canettes de bières vides, est une toute autre expérience que celle de la voir en concert : celui là de disque, il a pourtant été enregistré lors d’une prestation au Sonic (à laquelle je n’ai pas assistée) mais la barrière est là, le recul plutôt, les écoutes successives, je remets le deuxième titre quatre fois de suite et je zappe le dernier avant de tout réécouter d’une traite… Je retrouve tout ce qui m’est familier -le violon bien sûr, les boucles, les apparitions/disparitions, les cassures, la saturation, les grincements, les dissonances- mais tout est finalement si différent.

















C’est là que je m’aperçois que si la musique d’Agathe Max est un véritable instantané à vivre en concert (la demoiselle n’hésite jamais à augmenter le volume sonore à un niveau tel que les oreilles du public s’en retrouvent foudroyées), elle a aussi un effet durable après. Et pendant très longtemps. A ce niveau, c’est Exhibition Factor qui se montre le plus envoûtant, jouant sur les textures avec finesse, oscillant doucement, délaissant le répétitif pour rejoindre quelque chose de beaucoup plus axé sur de subtiles changements de tonalité. Un titre que décidément je peux déguster à l’infini sans me lasser.
Juste auparavant (et c’est la longue entrée en matière de ce disque) il y a Inhibition Level, finalement de facture plus classique ou disons plus connue -on y croise l’ombre de quelques grands anciens tels Tony Conrad et John Cale- sans que cela soit préjudiciable : tout le talent d’Agathe Max n’est pas d’imiter ni de suivre aveuglément mais de trouver, avec un dispositif aussi simple que performant (delay et distorsion), d’autres voies pour la musique minimale et répétitive. Parmi celles-ci, la plus marquante est un dynamisme constant dans l’évolution des motifs, les boucles de violon empilées jouant toujours sur l’intensité (plus ou moins modulée selon les cas) et gagnant parfois en violence, une violence réelle, physique, ou s’effaçant sans que cette disparition ne semble due à un pur caprice. Certaines stridences (aux alentours de la treizième minute par exemple) noyées dans une marre d’écho sont réellement impressionnantes mais Agathe Max n’en abuse pas, dès la seizième minute elle est déjà passée à autre chose, de tout aussi prenant. On peut parler de musique d’allers et retours qui ne se répète pas.
Reste un dernier titre, Zolpiderm Per Brocard (?), enregistré à plusieurs et qui offre pour la fin un visage plus serein : du violon mais aussi de la basse et de la batterie, une porte de sortie et en douceur pour un disque exigeant et éprouvant mais toujours captivant.

Ce CDr noir est disponible auprès du label Angry Ballerina pour quatre euros port compris, il suffit de le demander (et s’il en reste, je conseille vivement la version avec pochette en papier doré).