vendredi 31 octobre 2008

OXBOW en interview et avec des sous titres pour les nuls























En attendant que je raconte tout le bien (ou le mal) que je pense de Supersonic Rocketship en concert et puisque ce soir il y a la release party de l’album de Chick Peas et (grosse) cerise sur la gâteau la venue très attendue des noiseux britanniques de Silent Front, voici pour patienter l’intégralité d’une interview d’OXBOW qui aux dernières nouvelles est toujours le meilleur groupe du monde. Une interview réalisée par Françoise Massacre de Noise mag (caméra et montage : Mariexxme).


Oxbow part 1




Oxbow part 2 :The Narcotic Story




Oxbow interview part 3



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mercredi 29 octobre 2008

Gafferthon, première édition























Il n’y a pas deux façons de reconnaître un concert organisé par Gaffer records : le groupe qui joue en premier est forcément l’une des nombreuses formations dont s’occupe également le patron du label. Pour le concert de ce soir, c’est Kandinsky qui s’y colle et Kandinsky ce n’est pas n’importe quoi, voilà l’un des nombreux all-stars band dont notre généreuse cité peut d’enorgueillir. En dehors du maître-chien, on compte parmi ses rangs un membre de Lewis Karloff, un I’m A Grizzly (également Motherfucking et No Snow) ou un Fat 32. A noter que ce concert est le début d’une longue série qui verra en quelques courtes semaines monsieur Gaffeur jouer avec tous ses groupes. Cette expérience unique et courageuse est unanimement saluée par ici, nous vous tiendrons bien évidemment au courant de toutes les péripéties de ce Gafferthon, le premier du genre.
Après ça, le groupe en tête d’affiche n’aura qu’à bien se tenir. Rien de connu sur les norvégiens de Supersonic Rocketship sauf ce qu’en laisse deviner leur monospace : une formation sax/guitare/basse/batterie qui joue du free burné au powerchord, j’imagine quelque part entre Gutbucket et Little Women. Enjoy.

mardi 28 octobre 2008

Alva Noto / Unitxt





















Carsten Nicolai, alias Alva Noto a sûrement décidé de passer à la vitesse supérieure, puisqu’il a déjà publié un nouveau disque, Unitxt, à peine trois mois après l’album (réussi) d’Aleph-1 et alors qu’une année seulement c’est écoulée depuis Xerrox Vol 1. Unitxt a été enregistré entre 2006 et 2007, soit une éternité numérique, et renoue radicalement avec l’aspect rythmique de la musique d’Alva Noto après l’ambiant policé des deux précédents disques. Il n’est bien sûr toujours pas question ici de bpm qui culbute ni de sonorités qui croustillent (on n’est pas dans une vulgaire boite de nuit ni dans une bête rave mais bien chez les intellos du bip), le décorum est toujours aussi spartiate et peu chaleureux, le propos toujours aussi obscur. Mais ça fonctionne. Très bien même. Les dix premiers titres s’écoutent d’une traite, longue pièce évolutive, mécanique de précision, installant un groove cybernétique qui culmine sur les plages 6 et surtout 7 avant de trouver un essor définitif sur la plage numéro 10 -histoire de me faire mentir : à ce moment précis du disque, celui-ci devient presque dansable, incroyable d’hypnotisme, pas très loin des travaux plus prosaïques et terre à terre (pour ne pas dire dancefloor) des meilleurs représentants de la techno minimal. L’ambiance générale se dégage alors d’un certain esprit de conceptualisation et opère un virage à 180° vers des préoccupations plus basiquement corporelles.
Petite nouveauté, le poète sonore Anne-James Chaton -celui là même qui était venu bavarder sur le double album Turn de The Ex en 2004- vient poser ses mots et cela colle parfaitement. Sur µ_07 on a droit à des chiffres tirés de relevés bancaires ou je ne sais quoi, sur µ_08-1 cela ressemble plus à des formules mathématiques, cela m’a fait penser à Spéculation, un titre d’un vieux groupe français d’indus planant qui s’appelait (s’appelle toujours ?) Désaccord Majeur. La première partie d’Unitxt gagne rapidement ses galons electro, démontre un regain de vitalité et donne envie d’écouter la suite.
La suite, malheureusement, n’est pas à la hauteur. Il y a d’abord le onzième titre qui n’en est pas un puisqu’il s’agit d’un blanc de deux minutes, histoire sûrement de bien faire remarquer que l’on va pouvoir passer à autre chose. D’accord. Autre chose c’est quinze titres très courts (entre quatre secondes et une minute) qui ne sont que des conversions de fichiers informatiques en sources sonores. Donc, si tu veux savoir à quoi ressemble un fichier word, excell ou powerpoint une fois retranscrit, tu peux découvrir le résultat sur les plages 20, 18 et 19. Rien que ça. Aucun intérêt, même pas celui d’être drôle ni celui d’être original puisque déjà fait au moins une paire de fois dans la passé. Un petit bémol de fin de parcours pour un bon disque, dommage.

lundi 27 octobre 2008

La classe du surfer, la suprématie du branleur et la lâcheté du chroniqueur



















Concert sans prétention samedi soir, sur les trois groupes de programmés je n’en connais à vrai dire qu’un seul, le reste sera de l’ordre de la surprise -bonne ou mauvaise- et c’est très bien comme ça. Concert sans prétention mais sans public non plus, des crétins désoeuvrés comme moi venus exprès et prêts à payer cinq euros je n’en compte pas beaucoup : quelques amis ou même de la famille de l’un des groupes, bonne ambiance de cour de lycée, heureusement qu’on est là parce qu’on est leurs seuls fans, franchement qu’est ce qu’ils feraient sans nous, uh uh uh. Glups.
En ce concerne le premier groupe, X-ray Vision, ces quatre garçons ne doivent vraiment rien à personne. Ils pratiquent un surf punk énergique et bienveillant, qui donne immédiatement envie de se trémousser, de dodeliner comme un abruti, voire même de crier son contentement en applaudissant des deux mains, si si. La rythmique est bien en place et carrée, les deux guitaristes s’amusent avec leurs gammes de garçons de plage hydratés au jus de houblon, il ne manque que les chemises à fleurs, les tongs et le poil aux pattes pour que le tableau soit parfait.
Le power surf fluvial (comprendre : engendré entre Lyon, Vienne et Givors) de X-Ray Vision est communicatif et enlevé, le répertoire du groupe est partagé entre reprises de trucs complètement obscurs -au moins pour moi- et de compositions maison. C’est un parfait début pour un bon concert, limite fièvre du samedi soir et top moumoute, vive la fête. Histoire de marquer le coup le homeboy du Sonic a décidé pour le changement de plateau -et en l’absence de l’un de ses patrons peu porté sur la chose- d’envoyer dans la sono une musique d’adolescents boutonneux dont il a le secret : ce sera Metal Heart d’Accept, un titre dont le solo de guitare/hommage à La Lettre à Elise de ce cher Ludwig Von B. est l’un des sommets plus kitsch tu meurs de toute la discographie des allemands bien que je doive quand même concéder une courte préférence pour Princess Of The Dawn. On ne se refait pas. 
















A ma grande surprise c’est Shub qui enchaîne. Shub, c’est le groupe que je suis venu voir. A peine le temps de faire l’acquisition du nouvel album (qui se présente sous la forme d’un LP + CD sauf que dans la pochette sérigraphiée il n’y a que le vinyl -le groupe n’a pas encore reçu ses CDs, haha bande de losers- alors je donne mes nom et adresse pour qu’ils me l’envoient plus tard par la poste, vous ne m’oubliez pas les gars, hein ?) à peine le temps de faire ses courses donc que les trois nîmois (?) sont installés. Lyon est la première date d’une petite tournée à la configuration géographique plutôt absurde -Lyon/Toulouse/Bordeaux/Angoulème/Amiens/Dijon/Montpellier/Nîmes/St Etienne- oui vous avez bien lu : l’itinéraire tracerait presque une sorte de pentagramme (il faudrait rajouter Limoges, la capitale des culs-terreux, entre Amiens et Dijon), j’y vois comme un signe du destin irréfutable et implacable, ce concert sera bon ou ne sera pas.
On peut faire à Shub le procès de trop coller à l’école noise 90’s de Chicago, de trop lécher le cul de Steve Albini et de manquer totalement d’originalité. Moi je trouve surtout beaucoup d’humour dans la musique du trio, un humour absurde (le véritable premier album du groupe publié en autoprod s’intitulait If You Can't Read Shub, Bad Luck You're Colorblind!), un humour que le groupe retourne principalement contre lui-même, ce qu’il assume très bien. Ça sent la grosse déconnade, le foutage de gueule de haut vol et sans filets.
Sans filets ? Pas si sûr en fait. On a déjà évoqué Shellac à propos du groupe, OK le chanteur/guitariste aime astiquer sa guitare dotée d’un manche en aluminium et porte des lunettes d’albinos, mais les comparaisons doivent s’arrêter là, il y a également une bonne dose de disco post punk chez Shub, un sens du déhanchement bien en place (malgré ses airs d’alcoolique mangeur de viande fraîche le bassiste est tout simplement redoutable), un groove comme l’affectionnaient tant les meilleurs groupes de l’écurie Skingraft, et parfois j’y trouve également une pointe de The Ex.


















Ah bon ? Oui, celle-ci est plus perceptible sur le tout nouveau disque du groupe, The Snake, The Goose & The Ladder qui bien évidemment aura la part belle lors du concert de ce soir, avec en premier lieu le hit déjà incontournable Franky Vincent Goes To Hollywood et son intro balkano-surf, très The Ex donc. Un album plus nerveux, rapide et acéré me semble t-il, quoi que reprenant les mêmes ingrédients que If You Can't Read Shub, Bad Luck You're Colorblind! mais avec encore plus de réussite. Prok’o’Fiev a des bouts de Sergueï dedans (le compositeur, vous connaissez Roméo Et Juliette ?), c’est drôle et vraiment bien foutu, en fait faussement emphatique -il me faut donc rajouter Accept dans la liste déjà longue des références musicales de Shub, Ludwig/Sergueï même combat- avant de s’achever par un passage à la fois chaloupé et nonchalant à faire pâlir de rage n’importe quel rock critic confondant présent du vindicatif et amour du lard (ce dont Shub parle également dans Rockcriticsong, dernier titre de la deuxième face du LP, que malheureusement le groupe ne me semble pas avoir joué ce soir).
Pour revenir au concert, c’est un mélange de dilettantisme juteux et de précision au taquet, encore une fois une très bonne rythmique (le batteur ne tarde pas à tomber les lunettes), au millimètre, anguleuse et pleine de soubresauts, un guitariste/chanteur dans le rôle du nerd charismatique -je me surprends plusieurs fois à regarder ses doigts courir sur le bas de son manche de guitare alors il en extirpe des sons déchirants. Shub annonce un titre du nouvel album, ce sera In The Mudland I Live, le plus énervé du lot et qui donne bien envie de sauter en l’air.






















Alors que tout le monde est chaud, Shub déclare que c’est terminé, le public réclame logiquement une dose supplémentaire ce que le groupe semble enclin à faire, reprenant guitare et basse en main mais les lumières se rallument, le homeboy du Sonic et sa discothèque maléfique reprennent alors du service -pour les amateurs de Hair Metal, un petit Ratt ça ne fera pas de mal… mais il paraît que c’est meilleur avec les images.
Il reste un groupe, ce sera Futur 2000 dont le monospace indique trio rock bossa-nova groovy punk chanson française et c’est exactement ça. Mais je n’en parlerai pas davantage et ce pour une seule et unique raison : la musique du groupe -en dehors de toutes les qualités d’instrumentistes que l’on peut trouver aux trois musiciens- ne me parle absolument pas, est à mille lieues de ce qui m’intrigue ou me fait vibrer. En parler, et donc dans le cas présent en dire du mal, reviendrait pour moi à écrire une chronique sur un disque de chanson française behavioriste ou neurasthénique (ce ne sont que des exemples), ce qui ne m’intéresse en aucune façon. Tu demanderais toi à Philippe Manœuvre de faire un numéro spécial rock français dans Rock’n’Folk avec Death To Pigs, Doppler, Shub, Passe Montagne, Binaire, Marvin, Pneu, One Second Riot, Café Flesh, 37500 Yens, Revok, Ned, Overmars, Moller Plesset ou Papier Tigre ? Aujourd’hui je serai donc lâche de chez lâche. Comme Philou.
J’attends uniquement la fin du concert de Futur 2000 parce que j’ai envie de boire des bières et surtout parce que j’attends la suite de la play-list du homeboy. Judas Priest, Twisted Sister, Def Leppard, Metallica et -seule incursion dans les 90’s- Type O’Negative (My Girlfriend’s Girlfriend), c’était beaucoup mieux qu’à un mariage.

samedi 25 octobre 2008

Peter Sellers meets Pierre Richard























Un bon petit concert à se mettre entre les oreilles ce soir au Sonic puisque la Noise Academy y organise la venue de X-Ray Vision (avec des bouts de Chick Peas dedans), Futur 2000 (encore avec un Chick Peas -mais comment font ils ?) et les inénarrables Shub.
Concernant ces derniers, leur nouvel album The Snake, The Goose & The Ladder vient de paraître et vous trouverez ci-dessous un teaser alléchant sur le potentiel et les performances hors normes du groupe, ça va être ENORME :


vendredi 24 octobre 2008

Affichage libre à Lyon : l'absurdité, plus que jamais























Rien de tel que d’assister à une audience d’un tribunal de proximité pour compenser l’absence de la télévision dans une vie morne et sans divertissement bêtifiant : temps de cerveau disponible à son maximum et grosse envie de rire à plusieurs reprises -comment résister à ces histoires de feux rouges grillés (mais monsieur le président, mon client ne se souvient même pas d’avoir été verbalisé) ou à celle de la patronne d’une boite à gros bœufs locale, accusée d’avoir vendu de la gnôle un samedi soir à un gamin déjà saoul (ma cliente au contraire fait de la prévention deux fois par semaine avec les pompiers). Je reconnais que c’est plus facile de rire ou de hausser les épaules d’incompréhension face à ces tranches de vie lorsque on n’est absolument pas concerné par elles et surtout lorsqu’on ne sera pas le prochain accusé appelé à la barre.
Le convoqué de jour : Pierre zozzal, organisateur de concerts bien connu, c’est à lui que l’on doit le passage quasi semestriel d’Enablers dans cette ville, c’est lui aussi qui nous a gratifié d’un Saviours/Black Cobra d’anthologie au mois de mai dernier et c’est encore grâce à lui que nous pourrons assister à un concert de Nadja à Lyon le mois prochain (uniquement deux dates en France, avec une autre à Metz). Un garçon aussi important que modeste, pas comme moi qui ne suis qu’un prétentieux m’as-tu-vu et profiteur -chacun son truc.
Les arguments du ministère public ont changé depuis le procès du Sonic. Il n’est plus vraiment question d’infraction au code de l’environnement (qui de toutes façons est caduque tant que la municipalité ne respectera pas la superficie légale de panneaux d’affichage libre par habitant) mais l’accusation invoque une infraction en rapport avec l’apposition d’une affiche sur un mur sans l’autorisation écrite du propriétaire.
Toujours très en forme, l’avocat du comité lyonnais pour l’affichage libre reparle du cas Barbe à Pop et de son verdict hallucinant, ironisant sur la décision du juge (pas le même que celui d’aujourd’hui, qui avait lui relaxé le Sonic) stipulant que l’association n’était pas à but non lucratif puisque elle organisait des concerts payants -nous avons fait appel, cela ne sera malheureusement pas jugé avant juin 2009 mais si cette décision est confirmée vous pensez bien monsieur le président que l’on va en parler dans toutes les gazettes judiciaires. Une décision jugée sûrement trop hasardeuse après coup, ce qui explique (toujours selon l’avocat) le changement de tactique du ministère public trop bien conscient de la bévue.
Je passe sur les arguments proprement juridiques qui font dire à l’avocat qu’il y a vice de procédure dans le cas de Pierre zozzal : le plus important est que celui-ci ne reconnaît pas avoir collé les affiches incriminées -l’argument c’est que m’importe qui peut se les procurer sur internet puis les coller s’il le souhaite, moi par exemple, haha- et que l’on ne peut pas faire la preuve qu’il ait réellement commis l’infraction, selon les termes de l’accusation. La relaxe est donc logiquement demandée. Visiblement très gêné par la précédente décision de l’autre juge dans l’affaire Barbe à Pop et alerté de la proximité de deux prochains cas (le 6 et le 13 novembre seront jugées deux autres associations), le juge a mis sa décision en délibéré, également ébranlé par les arguments de l’avocat et les incohérences -je reste poli- du ministère public. On croise les doigts très fort.

jeudi 23 octobre 2008

Ouverture de la chasse aux colleurs d'affiches
























Aujourd’hui jeudi 23 octobre, c’est la réouverture officielle de la chasse aux colleurs d’affiches qui salissent les murs de notre si belle ville. Nous sommes pourtant débarrassés définitivement de Lyon 2013 (on aura certainement beaucoup plus de chances avec Lyon 2024), tout ceci ne tient que de l’acharnement. Courage à monsieur zozzal d’Ostrobotnie et d’Atropine records qui passera tout à l’heure devant monsieur le juge. Fuck’me all.

mercredi 22 octobre 2008

Moha! / One-way Ticket To Candyland




















Après quelques premières écoutes attentives, je ne pouvais pas m’empêcher d’être déçu par One-way Ticket To Candyland, le nouvel album de Moha!, publié comme ces prédécesseurs par le label très propre sur lui Rune Grammofon -un gage de qualité pour certains, de méfiance pour les autres, il est vrai que cette maison qui ne s’occupe qu’exclusivement d’artistes/musiciens norvégiens ratisse assez large donc forcément il y en a pour tous les goûts (Maja Ratkje, Spunk, Supersilent, Jazzkammer, Ultralyd…) et tous les dégoûts (Scorch Trio, Shining).
La contradiction avec One-way Ticket To Candyland c’est que voilà un album largement plus accessible que les deux premiers -il faut avoir une sacrée santé pour oser s’enfiler son prédécesseur Norwegianism d’une seule traite sans broncher ou alors être d’origine nancéenne- un album avec des titres plus carrés, aux structures plus lisibles (avec quelques longs passages calmes voire ambient), en un mot tout ceci est pensé, composé, schématisé et emballé, le foutoir impro/free et exubérant a laissé la place à un flux canalisé bien que foutraque, raboté sur les bords et dans les angles, non pas propre mais plus lisse, ach. Passé cette impression digne d’un pauvre junky en manque qui se rend compte trop tard qu’il s’est fait refiler de la merde trop coupée à la place de la bonne drée promise, il faut bien admettre que ce nouveau disque est très proche du concert donné par le groupe au Grrrnd Gerland en avril dernier, un excellent concert. Il n’y aurait donc pas de déception à avoir ?
J’ai enfin trouvé à ce quoi me fait désormais penser Moha! sur certaines des compositions de One-way Ticket To Candyland : Alboth!. Pas le Alboth! de Liebefeld ou de Leib mais plutôt celui de Ali, ce disque qui en avait surpris plus d’un lors de sa parution en 1995, un disque où les suisses mettaient justement un peu d’ordre dans leur free grind, reprenaient fugacement le Ich Bin’s d’Einsturzende Neubauten ce qui au passage avait valu au groupe et à cette petite mutation, peut être à tort, l’appellation non contrôlée de germanisation, hum. Le fait que les membres de Moha! se soient eux depuis quelques temps installés à Berlin n’est bien sûr qu’une pure coïncidence, même si elle a de quoi faire rire. Quelques titres de One-way Ticket To Candyland rappellent donc sans hésitation les glorieux faits d’armes des suisses : Karibcore, Sopp Pa Kugen ou Oh My God It’s Rave. Moha! y utilise la guitare d’une manière totalement non conventionnelle, abuse de plus en plus de synthétiseurs et surtout est doté d’un batteur à la fois incroyablement véloce et imaginatif. Cette ressemblance avec le passé, si elle a été gênante aux premières écoutes, a fini par s’estomper. Et puis comme comparaison il y a bien pire qu’Alboth!, non ? Le regret c’est la perte (relative) d’identité, de personnalité, au profit d’un gain considérable d’efficacité et de lisibilité.
L’autre reproche que l’on peut faire à One-way Ticket To Candyland c’est que les passages atmosphériques (il y en a deux ou trois) sont plus marqués tandis que les titres rythmiques sont eux plus balisés : l’album apparaît plus tranché, moins mélangé, le coq à l’âne c’est fini, maintenant jouons à saute moutons. Un disque qui risque de séduire tous les sceptiques de Moha! -et il y en a beaucoup- par son côté nettement plus direct et évident mais soyons honnêtes : les norvégiens sont quand même très loin d’avoir vendu leur âme au diable, One-way Ticket To Candyland reste un disque de musique décalée et folle, bruyante et atypique. Vivement le prochain concert (donc).

mardi 21 octobre 2008

La fête à Doppler
























Lorsque je regarde sur une carte, aller à Oullins n’est pas plus loin que d’aller au Grrrnd Zero de Vaise. Oullins : jolie petite ville du sud de Lyon, sa municipalité UMP, sa grande rue pleine de commerces florissants, son centre culturel qui fait prout (le Théâtre de la Renaissance) et sa MJC. A un détail près, je me croirais dans mon quartier de bourgeois catholiques, le détail c’est justement cette MJC et l’organisation de concerts -prenant le nom de Musique à l’Ouest dans les années 80- où j’ai pu assister à deux ou trois trucs qui maintenant me feraient passer pour un préretraité, dans le désordre : Alto Bruit, Resistance, Mano Negra (si si) ou les Deity Guns avec Treponem Pal. Depuis une bonne paire d’année l’activité purement musicale du lieu est regroupée sous l’appellation de Clacson.
C’est là que les trois Doppler ont décidé de fêter la sortie de leur deuxième album, le puissant et magnifique Songs To Defy disponible depuis la mi-septembre grâce à S.K. records. Le groupe en a profité pour inviter quelques amis, les rémois de 37500 Yens et les vieux routards de Ned -faut il rappeler que S.K. est le label maison de Ned et que c’est sur celui-ci qu’a été publié un split single en compagnie de Doppler en 2001, le début d’une longue histoire ? Ce concert s’annonce sous les meilleures auspices, il n’y a plus qu’à y aller, c'est-à-dire descendre le long des quais de la Saône en longeant deux ou trois vieilles propriétés tellement immenses que je saurais bien me contenter de la maison du gardien.
























Les deux 37500 Yens commencent devant un public clairsemé, tout le monde n’est pas encore arrivé, les autres s’en foutent peut être et ce sera tant pis pour eux ! Dès les premières notes la magie du groupe opère : musique instrumentale décomplexée mais surtout décomplexifiée, la classification math rock colle décidément très mal au duo qui préfère d’ailleurs l’appellation de hard core/ambient ce qui est assez bien vu. Tout se passe au niveau des atmosphères, alternances de moments chargés de plomb et d’épines noise et de passages atmosphériques (mais jamais niais) vite balayés par un réel sens de l’énergie. C’est la deuxième fois que je vois ces garçons, lors de la première il n’y avait eu personne -vive les concerts du dimanche soir- et c’est devant une audience grandissante et acquise au fur et à mesure que 37500 enchaîne un set impeccable, visiblement de plus en plus à l’aise.
Fait nouveau pour moi, le guitariste donne de la voix sur le dernier titre. Les explications d’après concert seront des plus simples : il le fait toujours -là je me traite d’imbécile, comme si je n’avais jamais écouté Astero, le premier album du groupe- sauf que la dernière fois au Sonic il était aphone depuis déjà une bonne semaine et que bien entendu il n’avait pas été en mesure de le faire. Définitivement un groupe à suivre de près.


















Première grosse sensation annoncée de la soirée : Ned. Les potes sont dans la salle (désormais bien remplie) et la déconnade est attendue au tournant. Le groupe se fait rare, autant sur scène que sur disque -à noter tout de même un excellent petit single paru cette année- aussi pas mal de personnes se sont déplacées pour eux et leurs beaux yeux (vous avez déjà fait attention à ceux du guitariste ?). Cela commence bien évidemment dans le bordel le plus notoire, ça gratouille sur la droite façon Fred Frith (jeune) tandis que le bassiste envoie quelques notes incohérentes et que le batteur fait tout ce qu’il peut pour jouer tout le temps debout. L’exemple parfait du faux groupe arty qui se fout de tout et qui ne se prend pas au sérieux, des branleurs magnifiques, des plantages sans vergogne, des pures moments de folie punk, du riffage de neuneu, des blagues de quatrième sous-sol, des hits incontournables -Bob Denard- et au résultat une musique noise et groovy bien envoyée et libératrice. On aime ou on déteste. Moi, j’ai longtemps détesté et depuis quelques concerts, j’aime plus que de raison, j’impute forcément ce virement de cuti au poids de l’âge et au temps qui passe.






















Ils n’ont jamais eu d’oreille, ils font une musique que personne ne danse, c’est le leitmotiv de Doppler, groupe qui malgré une musique sombre, tendue, bruyante et limite dépressive n’a pas oublié ce que signifie le mot plaisir. Le concert débute dans la pénombre, petite mise en scène efficace -il y aura d’autre gimmicks comme les stroboscopes ou les lumières aveuglantes dans la gueule du public- qui fait monter la pression. Le groupe jouera une bonne partie de son nouvel album Songs To Defy qui s’il contient un nombre impressionnant de hits est également parfaitement taillé pour la scène.
J’admire le jeu incroyable du batteur, sa cohésion parfaite avec le bassiste, tandis que la moitié du temps le guitariste a cette position qui lui est si caractéristique, plié en deux, à chaque fois cela me fait mal au dos pour lui. Le groupe est survolté, enthousiaste, généreux et quelques titres anciens font leur apparition dans la setlist. C’est le guitariste qui assure la plupart du chant mais cela n’empêche pas le bassiste de donner également de la voix dans un mégaphone (l’effet obtenu fait immanquablement penser à Condense). Doppler s’impose toujours plus comme un groupe où l’instrumentation est non seulement majoritaire mais surtout primordiale : les influences mathématiques se font particulièrement sentir à plusieurs moments, vite relayées par les explosions noise et les accélérations supersoniques.


















Malheureusement, sur le final de We Are Not Sick…, l’ampli du guitariste donne des signes de faiblesses, on n’entend plus que la guitare par intermittence. Changement de tête d’ampli, c’est le guitariste de 37500 Yens qui prête la sienne, et malgré l’altération du son qui s’en suit fatalement, Doppler reprend vaille que vaille son concert pétaradant -dommage la guitare est moins présente et surtout beaucoup moins incisive, comme diminuée. Cela n’empêchera pas le groupe de conclure sur un The Coming Out anthologique et captivant à souhait, définitivement mon titre préféré du dernier album. Doppler salue, remercie, visiblement content, belle fête.

vendredi 17 octobre 2008

Doppler / Songs To Defy






















Songs To Defy. Cela va vraiment être difficile de chroniquer ce nouvel album de Doppler. Je l’écoute tous les matins en partant travailler, à fond dans les oreilles, cela me permet de ne pas entendre tous ces automobilistes qui me klaxonnent parce qu’avec mon vélo je ne roule pas assez à droite à leur goût. Curieusement, malgré l’univers très sombre et torturé du groupe, ce disque me donne de l’élan, de l’entrain, non je n’ai pas dit de la joie de vivre. Voilà un disque qui emporte tout sur son passage, dont la violence n’est jamais gratuite, sorte de tremplin émotionnel qui fait du bien.
Cela va donc être difficile de chroniquer ce disque. Parce que plus je l’écoute et plus je le trouve parfait. Parfait, ce très vilain mot qui ne devrait pas exister dès que l’on parle de musique, une idée qui n’existe pas. Alors je ne sais pas par où commencer. Bien sûr pour trouver une porte d’entrée j’ai d’abord réécouté les enregistrements précédents de Doppler, Star Sexual Fantasy, Si Nihil Aliud et même le 10’ split avec Marvin dans la collection des 12 Salopards chez S.K. records mais cela n’a servi à rien. Songs To Defy. Pour en parler j’ai décidé de commencer par la fin. C'est-à-dire par les dix minutes et quelques de The Coming Out. Son intro aérienne, sa carcasse bien charpentée, sa progression inexorable et ce long final tel une flamme de bougie qui vacille (je suis également poète lorsque j’ai du temps à perdre). Ce titre là je pourrais l’écouter pendant de longues heures d’affilée sauf qu’il ne me faut pas des heures pour arriver au boulot alors j’y repense, souvent, jusqu’à ce que je puisse l’écouter à nouveau.
Et le reste du disque ? Les six autres titres ? Que du bonheur. Et du gros. S’il y a un disque à retenir dans la catégorie noise rock pour l’année 2008 ce sera bien Songs To Defy (deuxième : Old Wounds de Young Widows, troisième : ?). On peut parler de cette rythmique basse/batterie qui tire le meilleur de plans mathématiques pour les rendre explosifs et entraînants, on peut décrire les montées à la guitare et les déflagrations qui s’en suivent, on peut évoquer le chant (assez rare toutefois) dans un registre mi déclamatif/mi hurlé à la Condense/Deity Guns, on peut rigoler sur les samples (celui de l’intro : il faut que ça gueule) ou sur les passages calypso-brésiliens à se pisser dessus mais qui aèrent le propos et relancent la machine avec une efficacité imparable, on peut s’estourbir des tourbillons soniques engendrés par la furie de ces trois garçons, on peut admirer qu’ils arrivent si bien à concilier un certain niveau d’exigence technique avec cette formidable envie vital et primitive (et oui, on parle de rock, là…) -Doppler parle le langage des vivants, défi réussi les gars.

[Doppler a également et surtout une excellente réputation de groupe de scène. Ce soir c’est justement la release party de Songs To Defy, cela se passe au Clacson à Oullins avec les trop rares Ned et les excellents 37500 Yens, responsables de l’un de mes disques favoris de l’année 2007. Vous faites quoi ce soir ?]

jeudi 16 octobre 2008

Yellow Swans / Deterioration
























Vous n’êtes vraiment pas obligés de croire tout ce que l’on vous raconte. La preuve, moi je vais dire exactement le contraire en ce qui concerne cet énième objet sonore produit par les désormais regrettés Yellow Swans. Et oui, Pete Swanson et Gabriel Mindel Saloman auraient décidé de continuer à faire de la musique séparément, Deterioration serait donc un disque posthume. Cela me plait de mettre le conditionnel parce qu’à part une news publiée par Pitchfork, news que tout le monde a repris en choeur, il n’y a pas vraiment eu d’annonce officielle de ce split. Une mise en parenthèse ? Un ultime album studio serait même prêt, date éventuelle de publication pour début 2009, toujours chez Load records. En attendant, pour aider à faire son deuil de l’un des meilleurs duos dronoise de ces dernières années, on peut largement se précipiter sur Deterioration qui n’est jamais que la réédition CD d’une cassette que le groupe vendait à l’occasion de ses concerts. C’est le label de Mineapolis Modern Radio qui s’est lancé dans cette publication, assez différente de ce que l’on trouve habituellement dans son catalogue (les géniaux Signal To Trust ou les indispensables Stnnng).
Concédons que ce disque n’est pas forcément à la hauteur des autres enregistrements de Yellow Swans -assertion pour le moins présomptueuse lorsqu’on parle d’un groupe qui revendique plus de soixante-dix cassettes/vinyles/CDs : je n’en ai même pas écouté la moitié des trois quarts- mais il a cette particularité de coller assez bien à ce à quoi ressemblait Yellow Swans en concert. Le troisième titre, Burnt Dub, commence par des gratouillis de guitare vite submergés par de lourds effets de bidouilles (Merzbow inside) où surnage une voix lointaine et déréglée. Lorsque j’écoute ça, je me retrouve en plein milieu du Sonic, lorsque nos deux californiens s’étaient particulièrement bien employés -et avec humour- à vriller nos oreilles fatiguées. C’est tout à fait le genre de disque que l’on peut écouter des heures et des heures, il possède un impact proprement physique qui relève de l’abandon.
Mais le titre que je préfère, c’est bien évidemment le premier, l’énorme Broken Eraser/Time Stretch, qui serpente lentement dans l’esprit, ne confond pas lenteur et monotonie d’une pluie d’été, joue l’effondrement lors d’une accalmie pleine de petits bruits dignes d’une rêverie nocturne et offre un final magnifique. Un disque qui malgré son caractère inachevé et brut -on sent très bien par moments que ces deux là ont laissé tourné la bande et que leurs titres n’ont pas réellement de fin- restitue intact toute la poésie des Yellow Swans. Adieu les gars.


mercredi 15 octobre 2008

Butthole Surfers / Live At The Forum






















On vit vraiment une époque formidable, il y a parait il de moins en moins de gens qui achètent des disques mais des petits malins ont trouvé la combine pour presser du collector à la chaîne : enregistrer un groupe pendant un concert, graver la bande vite fait bien fait et réussir à proposer le CD du concert auquel on vient d’assister à peine quelques minutes après -les Pixies ont généralisé cette pratique sur toute leur tournée américaine perpétrée à la suite de leur éphémère reformation. Ces CDs live se retrouvent éventuellement par la suite dans le commerce (toujours le même exemple, celui des Pixies : on pouvait acheter sans problème en magasin quasiment la totalité des enregistrements de la tournée U.S., éditions numérotées et tout -avoir vingt cinq versions différentes de Wave Of Mutilation, quel bonheur). Le fin du fin a été atteint avec cette proposition d’un triple CD live de Killing Joke -la toute récente reformation du line-up originel- enregistré lors de deux concerts à Londres : les dits concerts n’avaient pas encore eu lieu mais on pouvait souscrire en avance et bénéficier ainsi du magnifique témoignage d’un moment historique (sic).
Pour une raison que j’ignore -mais qu’objectivement n’importe qui appellerait de la curiosité, je ne suis pas à une contradiction près- j’ai cédé à la tentation d’un concert des Butthole Surfers enregistré à Londres en 2008 et mis en boite par Live Here Now. Vous avez bien lu : le groupe texan, en stand-by depuis tellement longtemps que l’on pouvait légitimement se laisser aller à penser qu’il était bel et bien mort et enterré, a donné toute une série de concerts dans sa formation originelle ou presque. Et d’autres sont à prévoir -the reunited lineup of Gibby Haynes, Paul Leary, Jeff Pinkus and the twin drumming King Coffey and Teresa Taylor will be playing all upcoming dates disent les surfers proctologues sur leur site officiel. Des images du concert londonien du 28 juillet 2008 au Forum peuvent être vues ici. Et on peut donc l’écouter, ce concert londonien, sur un double CD plutôt joliment illustré par un enfant de dix ans mais sans aucune indication technique. Par exemple, pour connaître la setlist et donc les titres du disque, il faut faire un petit saut par là.
Et pour une setlist des Butthole Surfers, c’est une belle setlist, tout le monde pourra en convenir. Cela commence pour le mieux par 22 Going On 23. Le son est plutôt bon -manquerait plus que ça- bien qu’un peu pataud et grossier. Le groupe joue ses standards avec le même genre de grâce qu’une poignée d’hippopotames en tutus roses dansant Le Lac Des Cygnes sur une chorégraphie de Walt Disney, on sent bien qu’ils font très attention. Ils s’amusent mais dans les règles, sous les applaudissements nourris d’un public que l’on devine nombreux. Le premier disque passe ainsi très bien, même si les accidents sonores se multiplient, les larsens en façade qui inévitablement se retrouvent sur cet enregistrement en prise directe. Le deuxième disque voit l’accentuation de la baisse qualitative du son et surtout le groupe a un sacré coup de mou. La version de Sweat Loaf (et son introduction légendaire fort appréciée ici) a franchement du mal à décoller tandis que Gary Floyd n’est pas loin de faire de la peine -sacrilège. N’exagérons rien non plus, cela reste un bon disque mais, contrairement à ce qu’affirme la bande à Gibby Haynes, ceci n’est pas le meilleur enregistrement live des Butthole Surfers de tous les temps. Le meilleur reste ce fameux double live -pourtant doté d’un son bien plus pourri que Live At The Forum mais immortalisant quelques performances inoubliables- sorti par le groupe sur Latino Bugger Veil entre l’excellent Widowermaker et le gonflant Pioughd et désormais téléchargeable à volonté, puisque ce disque est épuisé depuis des lustres ou alors vendu aux enchères sur internet à des prix tellement indécents qu’ils en deviennent ridicules. Parfois le mp3 ça sert vraiment à quelque chose.


dimanche 12 octobre 2008

Party at Grrrnd Zero (10/10/2008)
























Vendredi soir, je me gave de fromages qui puent en buvant du vin blanc (du bourgogne aligoté je crois) parce que je n’ai rien d’autre à m’envoyer mais le mélange fonctionne plutôt bien avec du chèvre et surtout un Saint Félicien sec qui arrache. J’écoute Cellulite Soul en même temps, le premier véritable album des australiens de Witch Hats, un disque qui m’a accompagné pendant tout l’été et qui m’accompagne encore, peut être que je trouverai le temps d’en parler un peu plus, peut être pas. J’ai bien conscience de puer littéralement de la gueule en arrivant devant le Rail Théâtre, je transpire encore de mon périple à vélo, j’enchaîne avec une première cigarette afin que tout soit parfait.
Ce soir c’est Grrrnd Zero party : cinq groupes que je n’ai jamais vus en concert pour six euros, ça ce n’est pas de la bais(s)e du pouvoir d’achat. Keiko Tsuda, 12XU, Papier Tigre, Diagonah et Chapel 59, il y a un intrus dans le lot, un groupe que je n’ai jamais aimé sur disque et quant aux autres j’espère comme toujours dans ces cas là avoir de bonnes surprises. Je finis de sécher à l’extérieur de la salle -il fait incroyablement doux pour un début octobre- avant de donner quelques bonjours et d’aller faire un petit tour routinier vers la distro locale où j’aimerais bien trouver quelque chose (comme les dernières productions Gaffer records par exemple) mais non, rien.


















Keiko Tsuda a installé son matériel dans un coin de la salle, du côté du bar : une batterie, un clavier, une guitare et deux tonnes de pédales et d’appareillages incompréhensibles pour le profane comme moi mais qui permettent de jouer d’un instrument sans les mains. Ce jeune duo en est seulement à son troisième concert et c’est le troisième également pour le Grrrnd Zero. Une démo huit titres a été enregistrée dans les caves de cette même organisation, là où le groupe répète, un artiste maison quoi. A signaler que cette démo est disponible via le site du groupe sur simple demande.
Ceci est un nouveau coming out de ma part. Je jure mes grands dieux (et même les petits) que jamais plus je ne médirai du math rock. Pour l’instant. Voici ce qu’à écrit un jour l’organisateur du concert sur un forum à propos de Keiko Tsuda : Jeune groupe lyonnais, qui fait dans le rock mathématique. La maîtrise du batteur donne envie d'arrêter les cours de batterie qu'on n'a jamais commencé, et le guitariste nous sort le catalogue de la Redoute du riff math-rock. Pour l'instant, c'est encore un poil "classique", mais le temps travaille pour eux, j'en suis sûr. Potentiel. Gros. Oui. Et de rajouter sur l’affiche de ce soir : math rock inventif. Et bien oui ces deux jeunes garçons sont réellement excellents, leur musique est pleine de recoins, de bribes mélodiques haletantes et de déferlantes rythmiques qui trémoussent, c’est effectivement inventif et jamais rabâché, plein de maîtrise mais pas démonstratif. Je suis le premier surpris d’avoir autant adhéré à Keiko Tsuda alors que je ne m’attendais qu’à du sympathique et du copier/coller. Les vieux singes peuvent faire la grimace.















On se retourne face à la scène pour découvrir l’installation du groupe suivant. Lui aussi va jouer à même le sol. Bonjour on s’appelle ouanetouhixiou et on vient de la Guillotière. Rappelons à la jeunesse sonique que 12XU n’est pas un titre de Minor Threat mais de Wire (sur Pink Flag, le premier album des anglais). A nouveau je ne sais pas à quoi m’attendre alors par pure facilité voire même par paresse extrême je regarde les t-shirts de ces jeunes gens qui ironisent sur myspace et facebook, le nouveau tamagotchi des trentenaires qui courent vers la quarantaine et qui ne savent pas comment faire autrement pour perdre leur temps : le guitariste porte un Mudhoney avec la photo de Superfuzz Bigmuff tandis que le batteur exhibe lui un t-shirt Orchid. Forcément cela me rappelle un peu mon mélange fromage/vin blanc (à ce stade là de la soirée il faudrait ajouter un peu de bière).
Comme son nom l’indique 12XU est punk, court, nerveux, sec, acéré et braillé. Au-delà je ne peux pas m’empêcher d’être déçu par le groupe, l’originalité n’est pas au rendez-vous (ce n’est sûrement pas ce que ces trois garçons recherchent mais cela devient quand même rapidement gênant) et je trouve les voix vraiment trop tendres. Efficace mais passe-partout.



















Fort Boyard ça continue et l’étape suivante du jeu de piste sera sur la scène (enfin !) avec Papier Tigre de Nantes et là tout de suite c’est la classe et c’est surtout un tout autre niveau en ce qui concerne l’aisance scénique, la richesse mélodique, l’inventivité et un sens du groove mené par un batteur excellent -et parfois secondé par le guitariste de droite, décidément très en forme, assurant une bonne partie du spectacle à lui tout seul, énergique, visuel, forte aisance et jeu de guitare jubilatoire.
Le guitariste de gauche, celui à la Rickenbacker, n’est pas en reste question présence, normal c’est lui qui chante et il a une curieuse voix de fausset suraiguë qu’il ne force jamais plus que nécessaire et qu’il sait bien placer. Ceci résume peut être tout l’intérêt de la musique de Papier Tigre -la finesse des intentions et la clarté de l’exécution. Pourtant cette musique est parfois très compliquée. On a le droit de penser à Fugazi mais il faut y rajouter une bonne dose de pop tricoté en fers barbelés et des structures à rebondissement que n’aurait pas renié U.S. Maple. Je suis conquis par tant de grâce ET d’énergie. Le chanteur a parfois l’air de souffrir un peu (Papier Tigre vient d’enchaîner une longue série de dates je crois) et pour finir le nouveau disque du groupe -il s’appelle The Begining And End Of Now- sera disponible le 17 novembre prochain, on en reparle ça c’est sûr et en attendant l’écoute de son prédécesseur sans titre est quasiment obligatoire, vous me donnerez des nouvelles d’une chanson comme Writing On The Wall.


















La tête d’affiche de ce concert c’est Diagonah. C’est aussi le groupe que je n’aime pas et dont je parlais au début. L’expérience du live c’est parfois tout autre chose mais là rien n’y a fait : impossible d’accrocher à la mollesse de ces structures mélodiques, la rythmique laisse également sur sa faim et Diagonah rappelle toujours quelque chose d’autre mais en beaucoup moins bien. Mais quoi ? Chicago bien sûr et d’ailleurs le groupe ne se gêne pas pour le rappeler à plusieurs reprises : Diagonah est un vieux groupe, originaire de cette ville industrieuse et bon élève de son école musicale (et parfois enregistré par le binoclard local) mais ses compositions manquent cruellement de relief, de profondeur, d’énergie, c’est bien mou tout ça et surtout cela semble vieillot, désuet, dépassé…
L’intervention à plusieurs reprises de our good friend Stefany (au clavier, au chant et même à la guitare) ajoute un supplément de guimauve à un concert qui pourtant n’en avait pas besoin. Un vrai gaspillage pour un groupe dont la formation inhabituelle -deux basses et une batterie- peut pourtant être source d’inventivité et d’originalité. Je sors fumer une cigarette et commande une nouvelle bière pour la route.



















Alors que le public commence à quitter le Rail Théâtre après la prestation (applaudie, je suis très largement minoritaire) de Diagonah, deux guitaristes et un batteur s’installe dans le coin droit de la salle. On branche les amplis, ça roule sur la caisse claire et c’est parti. A gauche, Nico Poisson, échappé de son bocal habituel (Ned). A droite un exilé de Vialka. Au milieu un batteur totalement inconnu de nos services mais portant un pantalon de survêt aussi crado que celui que je porte le matin à la maison pour trainouiller dans mon jus nocturne. Le résultat : un rock noise et débridé, plein d’improvisation, de rigolade, de lâche moi la bride que je te cours derrière et un bordel de jouissance assez total. Ce qui est amusant c’est que Chapel 59 -le nom du groupe- s’est géographiquement installé dans la salle à l’opposé du premier groupe de la soirée, Keiko Tsuda, et qu’en plus il est son exact contraire : le son est crade, l’approximation n’y est pas un problème, la mise en place est au fil du rasoir. Seul point commun, le plaisir. Les trois lascars se font des blagues (en anglais : I think we should play the first song of our first album) avant de repartir de plus belle. Vous croyez reconnaître un riff tiré d’un vieux titre d’AC/DC ? Manque de pot, vingt seconde après c’est déjà parti en sucette et surtout dans une tout autre direction. Mention spéciale au guitariste barbichu (celui de droite donc) et à son jeu étonnant de finesse et d’invention, parfois aux doigts comme un vieux bluesman alcoolique, encore un sacré bonhomme et un grand moment de bonheur intense clôturant magnifiquement la soirée.


vendredi 10 octobre 2008

Video Hysterie: 1978 - 2006
























Merde alors. Un DVD musical. Pas l’un de ces vulgaires enregistrements marketés d’un concert/spectacle -on peut d’ailleurs souvent supposer que le dit concert a uniquement été organisé en vue d’être filmé et d’être ensuite vendu comme tel- mais un témoignage en images de la carrière de Lydia Lunch, des débuts de Teenage Jesus aux spoken words d’aujourd’hui. Video Hysterie reprend le nom de la fameuse compilation double vinyle Hysterie qui couvrait la période 1976/1986. Là, en regardant tranquillement ces vidéos -confortablement allongé sur le lit, les jambes écartées et l’air un peu idiot du type qui se croit moins con parce qu’il est devant un écran- on est encore plus saisi par le chemin parcouru par cette grande Dame. Ce n’est pas seulement parce que Video Hysterie ressemble à un programme d’avertissement de Weight Watchers -regardez braves gens ce que vous allez devenir si vous continuez à faire des excès- heureusement pour nous Lydia Lunch n’a jamais rien arrêté. Le rapport qu’entretient la chanteuse/performer avec son corps sur une scène a changé du tout au tout en l’espace d’une petite trentaine d’années. Outre l’intérêt purement musical de ce DVD, cette mutation est absolument fascinante.
Le chapitre Teenage Jesus -la principale raison m’ayant conduit à regarder Video Hysterie- commence sur une déception : Orphans est accompagné d’images de guerre (certaines ultra connues), la version que l’on entend de ce titre n’est pas en concert mais est une version studio totalement rabâchée elle aussi. Heureusement, pour les cinq titres suivants, c’est bien à un concert datant de 1978 de Teenage Jesus And The Jerks auquel nous assistons. Batterie minimale (un tom, une cymbale et c’est tout), absence totale de jeu de scène de la part du bassiste et de la chanteuse/guitariste. Les capacités d’instrumentistes du trio sont visiblement limitées mais ce ne doit pas être pris comme un facteur explicatif de cet état statique. Il y a une profonde violence dans cette retenue corporelle, ajouter un jeu de scène de clown n’aurait rien apporté à une musique ultra perturbante et primale : tout tient du cri.
Changement de décors, c’est 1980 et c’est 8 Eyed Spy. Deux guitaristes très à l’aise, une section rythmique bien carré et une Lydia Lunch au chant, camouflée dans une liquette et décollant à peine son corps du pied de micro. Musicalement, ça oscille entre des guitares nerveusement dissonantes et des solos ampoulés de ta mère qui donnent envie d’appuyer sur la touche d’avance rapide. Lydia Lunch est encore une fois incroyable dans son attitude, tout dans son flot acide et hystérique, tout dans ses paroles. Jim Sclavunos qui tient la batterie et qui n’a pas encore rejoint Sonic Youth fait preuve d’une extrême rigueur et d’une puissance bienvenue. A noter une bonne reprise du Run Through The Jungle de Creedence Clearwater Revival.
On se retrouve directement dans les années 90 pour Shotgun Wedding c'est-à-dire l’excellent groupe de Lydia Lunch avec l’ex Birthday Party Rowland S. Howard. Deux titres au programme, dont le toujours prenant Cisco Sunset, lancinant et rampant. Lydia Lunch est comme métamorphosée, elle a l’allure que la plupart des gens de nos jours retiennent d’elle : décolleté vertigineux, robette au ras des fesses, cheveux coupés mi long avec une frange, bustier à paillettes. Elle sort le grand jeu, se déhanche insidieusement au rythme (lent) de la musique, roule des épaules, parcours la scène. Une vamp en colère. Il en est de même pour la prestation en compagnie de Die Haut (1994), nous avons droit à un excellent et puissant Doggin’ interprété par un groupe racé et élégant -costard pour tous- un peu comme les Bad Seeds de Nick Cave à une lointaine période préhistorique et c’est bien normal puisque Thomas Wydler était alors le batteur de Die Haut.
Toute la fin de Video Hystérie est consacrée aux performances et aux spoken words de Lydia Lunch. Ça commence par un Solo Mystico enregistré à Lyon en 1997 (merde… mais c’est le Pezner !). D’autres extraits suivent, à Barcelone (2005), Londres (2004) ou Orlando (Floride, 1998). La chanteuse se met littéralement en scène, joue avec elle-même, tape sur son gros cul, apostrophe le public, se touche l’entrejambe et demande qui veut la lécher, etc. Musicalement c’est la partie la moins intéressante du DVD mais vocalement et scéniquement, c’est la meilleure. Lydia Lunch y excelle dans l’art de donner corps à ses mots, elle ne fait pas semblant, elle interprète bien davantage que lorsque elle ne faisait que chanter. On est bien loin de l’adolescente colérique collée derrière son pied de micro.
Les thématiques abordées ne concernent pas que l’annihilation (sous toutes ses formes) de la femme dans nos sociétés contemporaines : enregistré à Barcelone en 2006, Violence Is The Sport Of God est un pamphlet violement anti-religion et anti-guerre avec son leitmotiv juste un festin de tripes et de sang. La force d’exécution déployée à ce moment là par Lydia Lunch me fait encore plus regretter la performance tiédasse qu’elle a donnée à Lyon cette année. On ne peut pas toujours être le/la meilleur(e)…


jeudi 9 octobre 2008

Shut Up And Bleed
























Un nouveau disque rétrospective consacré à Teenage Jesus ? Même pour toutes celles et tout ceux qui possèdent ou connaissent déjà le double vinyle Hysterie consacré à Lydia Lunch sur les années 1976/1986, l’incontournable compilation No New York, le très mal nommé Everything qui prétendait comme son nom l’indique regrouper tout Teenage Jesus et même si on eu vent un jour du bootleg Sex Voodoo, cette initiative mené conjointement par Atavistic et Cherry Red est la bienvenue. Shut Up And Bleed est un drôle d’objet qui ne prétend pas à l’exhaustivité, disons que ce CD propose un panorama large et intéressant des premières années musicales de la (très) jeune Lydia Lunch alors fraîchement débarquée à New York en évoquant ses deux groupes d’alors : Teenage Jesus And The Jerks et son contemporain Beirut Slump. En lisant les notes du livret, on apprend en effet que ce dernier a existé de façon concomitante, même s’il n’a enregistré qu’un seul single et donné que trois concerts. Mais on ne peut pas dire non plus que Teenage Jesus ait eu une discographie ultra fournie.
Dans ces mêmes notes de livret, Lydia Lunch raconte une nouvelle fois son arrivée dans la grosse pomme, comment elle s’est mise à la musique, le tout avec les mots qui la caractérise -ce texte s’intitule I Was A Teenage Terrorist. Quelques enregistrements jusqu’ici rarement entendus proviennent d’ailleurs directement des archives de Lydia Lunch. Il semble bien que cette nouvelle compilation ait reçu toute sa bénédiction.
Shut Up And Bleed prend les parti pris de ne pas respecter la chronologie des enregistrements mais surtout de mélanger les titres de Teenage Jesus et de Beirut Slump. Pas d’exhaustivité non plus, on l’a déjà dit, puisqu’il manque la version initialement parue sur No New York de The Closet (mais on retrouve la version enregistrée par la première incarnation de Teenage Jesus, celle avec James Chance, ainsi que la version figurant sur Hysterie). Toujours à propos d’Hysterie, sur les dix titres initiaux, il n’y en a que cinq de représentés ici. Pourtant il y avait vraiment la place de tout mettre (le CD ne dure que cinquante minutes). Sachant que ces enregistrements ont longtemps été les seuls réellement disponibles (à partir de 1986, grâce à Rough Trade qui s’était associé à Widowspeak, le propre label de Lydia Lunch) et à un prix raisonnable, ils ont constitué pour beaucoup la seule source de connaissance de Teenage Jesus… et ce jusqu’en 1995, date à laquelle Atavistic a publié Everything qui reprenait exactement les mêmes titres qu’Hysterie en y ajoutant deux titres enregistrés avec James Chance (My Eyes et Less Of Me).
Bon, il y a des choses en moins. Mais qu’y a-t-il en plus ? Les deux premiers singles (enregistrés par le binoclard Robert Quine, celui des Voidoids de Richard Hell), le maxi (sorti tardivement, en 1979) des premiers enregistrements de Teenage Jesus datant de 1977, toujours ceux avec le futur Contorsions. Il y a également du live enregistré au Max’s Kansas City fin 1977 et disponible à l’origine sur une cassette ainsi qu’un autre enregistrement en concert datant de mai 1978 avec des titres (Eliminate By Night, Roll Your Thunder) que je n’avais jamais entendus auparavant. Il y a également et surtout les huit titres de Beirut Slump dont l’effroyable single Try Me/Staircase. Lydia Lunch ne chantait pas dans ce groupe, c’était un certain Bobby Berkowitz qui s’en chargeait tandis que Jim Sclavunos s’occupait de la batterie. Tous ces titres sont dans les mêmes versions que celles déjà disponibles sur Hysterie -ce ne sont donc pas des inédits- on y reconnaît très bien le jeu limité mais violent de Lydia Lunch à la guitare et l’ambiance générale des titres est au morbide rampant voire au gothique avec quelques touches d’orgue sépulcral.
Toutes les pochettes des disques originaux sont reproduites à l’intérieur du livret, avec toutes les données techniques et les dates. De quoi appendre son petit Teenage Jesus illustré sur le bout des doigts et surtout de quoi comprendre l’importance de ce groupe séminal (comme on dit) et météorite.
[Prochaine étape : le visionnement de Video Hystérie (1978 - 2006), tard le soir, lorsque les enfants seront au lit et dormiront à poings fermés.]

mercredi 8 octobre 2008

Mars complete recordings
















C’est beau les rééditions, c’est peut être un sacré bizness mais dans le cas qui nous occupe, il serait difficile de s’en passer : pas moins de trois labels se sont associés pour rendre à nouveau disponible l’intégralité des enregistrements studio de Mars. Spooky Sounds, G3G records (le label de Marc Cunningham, guitariste du groupe aujourd’hui reconverti dans la trompette et la musique ambient) ainsi que No More Records (au passage déjà responsable d’une excellente anthologie consacré à DNA) viennent de republier en version CD le joli vinyle qu’Important records avait lâché dans la nature en 2005. Mis à part la qualité du support, il y a la couleur de la pochette -ou du livret- qui a changé : du doré on est passé au bleu avec un curieux effet brillant. L’édition Important est épuisée depuis des lustres, était limitée à mille exemplaires numérotés à la main, le bonheur absolu des geeks. A noter que ces deux éditions récentes ne sont pas les premières à avoir tenter de reprendre l’intégralité de la discographie squelettique de Mars puisque dès 1986 le label Widowspeak de Lydia Lunch avait déjà fait tout le boulot sous l’appellation 78 (réédition CD dix ans plus tard chez Atavistic) mais il existe deux différences dans le tracklisting. N’ayant jamais pu mettre la main sur cette première version de 1986, je ne saurais affirmer si Cats et Cairo sont les mêmes chansons que N.N.End et Scorn ou pas. Je pense que non.





















Pour en revenir à notre sujet d’étude, il existe encore une autre différence de taille entre la version Important et la dernière édition : sur le vinyle il est simplement écrit dedicated to Summer Crane (1947-2003) alors que malheureusement sur la version CD on peut lire en plus and dedicated to Nancy Arlen (1949-2006) -la vie, cette grosse salope comme dirait l’autre. Les deux éditions ont exactement les mêmes illustrations et les mêmes notes, signées entre autres par Lydia Lunch, qui était très bien placée pour le faire puisqu’elle a vécu tout le truc en direct : Mars unleashed a choking cacophony illustrating the body as machine in disrepair fuelled by the impending repulsion and disintegration of a perverse romance with own’s demons [on la reconnaît bien là, non ?].
A carrière (?) météorite, discographie limitée. The Complete Studio Recordings regroupe un single, un EP et les quatre titres parus sur la compilation No New York, ce qui nous fait un total de onze titres et de trente minutes -ce sera tout ma bonne dame ? Pas du tout. Des quatre formations figurant sur la compilation susnommé, Mars est celle qui est le moins passée à la postérité, celle dont aucune figure emblématique n’a émergé (pas de Lydia Lunch, d’Arto Lindsay, d’Ikue Mori ou de James Chance). Pourtant c’est celle dont l’héritage musical est le plus évident. D’accord, la musique de Mars ressemble le plus souvent à un raclement strident, à un frottement de deux plaques métalliques rouillées entre elles, la rythmique est martelée, la basse joue à côté, les guitares égrainent du fil barbelé, le chant est maladroit et atonal mais contrairement à Teenage Jesus, les Contorsions ou DNA, Mars est le groupe dont la musique ressemblait le plus à du rock. On peut même dire qu’une bonne partie de ce qu’à pondu Sonic Youth entre Confusion Is Sex et Sister est en germe dans ces onze titres maladifs et bruyants. Il faut bien sûr concéder que tout descend en droite ligne du Velvet Underground (de European Son à White Light/White Heat). Le chaînon manquant, quoi. Le hit absolu c’est bien évidemment Helen Fordsdale -que l’on peut écouter sur le monospace officiel (?) du groupe…- sorte d’hymne déglingué et dissonant qui réussit l’exploit de rester en tête, même si ça fait mal.

mardi 7 octobre 2008

Slip In And Out Of Phenomenon


















Et puisque on est en plein dans les rééditions, voici celle des trois maxis de Liquid Liquid augmentés de quelques live et inédits, parution sous le titre de Slip In And Out Phenomenon chez Domino cette année. Trois maxis, cela ne fait pas beaucoup dans la vie d’un groupe, même lorsque l’un d'eux a été allégrement samplé/pompé par le Grandmaster Flash pour les besoins de l’un de ses hits parmi les plus populaires (White Lines). Ceci n’est pas la première réédition des oeuvres de Liquid Liquid puisque Grand Royal, le défunt label des Beastie Boys s’en était déjà chargé dans le passé (1997).
Il faut faire fi de tous les groupes de trouducs qui se réclame du quatuor new-yorkais si on ne veut pas en être dégoûté à l’avance. Vous aimez Happy Mondays ? Moi non plus. Vous aimez Rapture ? N’en parlons même pas. Et replongeons nous dans la courte discographie d’un groupe qui est allé à l’essence même d’une musique groove et funk, robotique et rigide. Pas de guitare chez Liquid Liquid, juste une basse qui fait tout le boulot, des percussions à profusion et une voix proche du chant de baleine sous méthadone d’un John Lydon en plein délire Public Image. Et c’est tout. Pas très loin de l’épure sensuelle mais également mécanique des soeurs Scroggins d’E.S.G.
A l’époque où les quatre Liquid Liquid commencent à faire parler d’eux, écumant les clubs new-yorkais, la no wave n’est déjà plus qu’un lointain souvenir ou est en passe de le devenir, la Grosse Pomme semble avoir oublié pour un temps ses racines velvetiennes (Sonic Youth n’a pas encore commencé à casser les pieds et les oreilles de tout le monde) et s’adonne aux joies d’un funk primal et désossé, froid et mutant, dansant et aride. Cela tombe bien car sans le savoir, de nombreux groupes ont découvert en même temps de par le monde les joies du groove implacable. Enfin… de par le monde c’est beaucoup dire : ce que l’on a plus tard appelé le post punk (?) est en marche et l’une de ses composantes les plus vivaces est celle qui incorpore dub et funk -PiL, Gang Of Four, Pop Group, A Certain Ratio et quelques autres (pas toujours inoubliables) forment les rangs de l’anti rock sur fond de slogans révolutionnaires (haha).
Du dub il y en a chez Liquid Liquid (Bellhead) mais surtout il y a du funk -les super hits Optimo et Cavern- le seul funk qu’un petit blanc comme moi arrive à piffrer tellement il ressemble à un tas d’os polis s’entrechoquant entre eux, au claudiquement d’un chien borgne à trois pattes, aux crépitements des amphétamines dans la cervelle. Rien à voir avec la sensualité de James Brown ou la luxuriance de George Clinton. Finalement beaucoup plus accessible et carré que The Pop Group (dont on parlé juste au dessous), Liquid Liquid a pourtant subi le même sort, celui d’un groupe pour connaisseurs aficionados, amateurs de culte mais absolument pas partouzards ni partageurs. Encore une réédition qui va dans le bon sens…


lundi 6 octobre 2008

The Pop Group
























J’ai toujours eu un mal fou avec The Pop Group, ce n’est pas la réédition CD effectuée en 2007 par les archivistes de chez Rhino qui me fera changer d’avis. C’est dit. Et pourquoi une telle incompréhension et un tel rejet ? Le premier single du groupe, She Is Beyond Good And Evil, qui est aussi le titre d’ouverture de Y, premier album de The Pop Group et souvent considéré comme leur chef d’oeuvre, est une pure horreur. Je crois toujours y entendre les Clash, les Clash dans tout ce qu’ils avaient de plus mauvais et de plus caricatural c'est-à-dire ce côté funk, chaloupé ou même reggae qui me fait toujours fuir dans la direction opposé -très bizarrement le seul titre des Clash qui trouve grâce à mes oreilles est Guns Of Brixton, composé par un bassiste singulièrement en manque et donc l’un des titres les plus jamaïcains du groupe. C’est grave docteur ? Et je ne vous raconte même pas ce que je pense des saloperies comme les Slits.
Ce titre, She Is Beyond Good And Evil, a longtemps été le rempart imprenable pour accéder au bonheur d’écouter un groupe qui aurait marqué plus d’un esprit. Pas le mien, j’étais trop jeune. Maintenant que je ne le suis plus depuis longtemps, se taper à nouveau cette guitare au son détestable (et que l’on ne me dise pas que ce son là est le son du post punk) reste tout bonnement impossible. Ne parlons même pas de la ligne de chant. Le deuxième titre du disque, Thief Of Fire, a à peu près le même effet sur mon métabolisme, quoique la guitare y est nettement plus en retrait et que c’est la basse qui y même la danse. Ce titre sent le bordel, il est la porte grande ouverte qui m’a permis de réécouter l’intégralité de ce disque puis de l’apprécier.
Quand des jeunes garçons de Bristol fanatiques de reggae, admirateurs de free jazz, chargés d’esprit libertaire et se prenant le punk en pleine gueule se mettent à faire de la musique cela donne quoi ? Cela peut donner The Pop Group. Et cet album, Y, qui ne commence réellement qu’à partir de son troisième titre. On y entend des musiciens illuminés et pleins d’idées ne sachant absolument pas jouer, concassant tout ce qui peut de près ou de loin ressembler à un rythme, une mélodie, une ligne de chant, un arrangement. Au milieu de cette rébellion en temps réel on découvre le magnifique We Are Time, le seul titre de Y pouvant prétendre à un semblant de structures et de tenue. Tout le reste n’est que désordre à base de sax désaxé, de piano désaccordé, de guitare à côté de la plaque et de chant hurlé sur fond de rythmique basse/batterie désarticulée. On est bien loin de la rigueur spartiate et millimétrée de Gang Of Four ou du groove à répétition des Contortions. Sûrement que le résultat n’était du qu’à une incapacité chronique de musiciens allumés et hébétés mais il est bel et bien tangible : Y est un disque conflictuel et en bouillonnement perpétuel. Ceci dit, il y a encore des jours où je le trouve parfaitement inécoutable. Ceci dit -encore et une dernière fois- ces jours là il me parait toujours meilleur que les deux autres albums de The Pop Group qui ont suivis, We Are Time (une compilation en fait) et For How Much Longer Do We Tolerate Mass Murder ? Va comprendre.
[A noter que sur la version CD publiée en 2007 par Rhino a été rajouté 3:38. Ce titre est la face B de She Is Beyond Good And Evil et n’est jamais que la bande de ce dernier passée à l’envers et overdubée de plein de percussions additionnelles. C’est bien meilleur que la version initiale, à tel point que l’on est en droit de se demander pourquoi The Pop Group n’avait pas commencé par là.]

dimanche 5 octobre 2008

Slimewave Goregrind Series


Relapse toujours et encore avec une compilation, Slimewave Goregrind Series, qui regroupe douze formations de metal -euh- extrême et pas des moindres, rien que l’énumération des noms des groupes est un véritable festival de l’horreur : Antigama (de Varsovie, remarquez au passage la pertinence du slogan que le groupe a mis en exergue de son MySpace), Bathtub Shitter (Japon), Cripple Bastards (Italie), Inhume (Hollande), Japanische Kampfhoerspiele (Allemagne), Machetazo (Espagne), Mumakil (Suisse), Rot (Brésil), Sublime Cadaveric Decomposition (France), Throat Plunger (U.S.), Total Fucking Destruction (U.S.), XXX Maniak (U.S.) -de quoi ? aucun groupe scandinave ? c’est un peu la honte…
On l’aura compris, nous avons ici affaire à l’internationale du grind core et cette compilation regroupe l’intégralité de six split singles publiés par Relapse mais pour appâter le chaland et donner un surplus d’intérêt à cette édition, il y a des titres supplémentaires en bonus. L’illustration du livret est composée des six illustrations initiales et est d’une laideur et d’un saignant plutôt raté, dans le genre et en aussi catastrophique je ne vois que la pochette d’un célèbre split single regroupant Unsane et Hint chez Pandemonium records, pochette censurée en son temps. L’artwork de Slimewave Goregrind Series -intitulé Infant Alien Autopsy- est signé Mike Hrubovcak, un gars qui est très loin d’en être à son coup d’essai et dont le style est immédiatement reconnaissable.
Mais revenons à nos petits gore boys. L’adage qui dit que plus c’est rapide, violent, bruyant, hurlé (en un mot extrême, comme le disent si bien les connaisseurs) plus ce doit être de courte durée si on ne veut pas risquer d’emmerder le monde, cet adage donc s’applique parfaitement à quasiment tous ces groupes et c’est pourquoi l’idée d’une série de split singles était la bonne : pas le temps de courir se réfugier dans le placard de la cuisine que le massacre a déjà commencé et surtout pas le moindre risque d’écoeurement et de renvoi de tripes à l’horizon -deux faces d’un 45 tours ça se digère toujours sans aucun problème de sucs gastriques et puis un single c’est toujours rigolo à collectionner, même lorsque la pochette est moche.
Alors voilà. Cet humour potache, pervers, saignant, parfois imbécile ou horripilant peut il passer la barre d’un long format comme celui d’un CD de 68 minutes ? Les groupes tirent ils tous leur épingle du jeu à être ainsi compressés sur une rondelle de douze centimètres qui ne va leur laisser aucune chance ? On recommence l’énumération pour répondre à toutes ces questions cruciales.






















Antigama, l’entrée en matière du disque est on ne peut plus classique et calibrée, ça blaste carré, ça hurle dans le broyeur puis ça growle velu et ça riffe tranchant. A noter un chant pas vraiment clair mais disons plus nuancé qui apparaît sur le troisième titre, Men’s Room, qui en devient d’autant plus étrange sur la fin. Bathtub Shitter ne propose qu’un seul titre mais celui-ci est un festival de clichés et de pompages en tous genres assemblés avec une dextérité hallucinante, Bathtub Shitter est japonais et comme 99 % des groupes japonais tous styles confondus il aime parodier à l’excès. On a même droit au milieu des cris de Speedy Gonzales à un passage funky qui fait bien rire. Cripple Bastards avec sa discographie déjà pléthorique fait partie des anciens de Slimewave Goregrind Series, le groupe ici ne déroge pas à la règle et ses fans seront comblés -du grind comme celui que papa écoutait déjà mais l’un des meilleurs groupes du disque. Inhume a le malheur de passer après et c’est vrai que la production est limite, le riffage sans originalité, comme tout le reste. La voix gargouille convenablement dans les basses. Pour les amateurs d’obscurantisme. Japanische Kampfhoerspiele est un groupe allemand, donc, avec un son très sec et un chant parodique un peu énervant. Sympathique mais incapable de rendre réellement intéressantes les idées beaucoup trop nombreuses qui fourmillent sur chacun des titres proposés. Machetazo : en Espagne aussi on fait du grind et du death, ce groupe est relativement ancien, sa musique n’en est pas moins plate et convenue. Vous avez déjà écouté les vrais Napalm Death ? On passe.
Nous voilà arrivé à la deuxième moitié de ce CD. Une certaine fatigue fait son apparition, il reste une bonne demi heure et six autres groupes à enquiller. On continue quand même ?
Mumakil
c’est du bon, du rapide et du lourd. Les titres des morceaux me ravissent (Cloning The Pope par exemple) et tout ça dépasse à peine la minute. Même pas le temps de s’emmerder ni de se couper les ongles des doigts de pieds. Il y a des groupes de metal au brézil, si si, maintenant j’en connais au moins un : Rot et sa version très crust et très hard core d’un grind énergique est malheureusement desservi par un son très limité. Avec un nom tel que Sublime Cadaveric Decomposition on sait déjà à quoi s’attendre. Les vétérans français du style ne déçoivent pas plus qu’ils ne convainquent, c’est du fifty fifty et la fatigue due à une trop longue écoute commence réellement à se faire sentir. On passe rapidement sur Throat Plunger, apparemment un one man band avec une boite à rythmes horrible (n’est pas Agoraphobic Nosebleed qui veut) et un côté horrifique/cartoon qui passe mal. Total Fucking Destruction prend la relève et, ce n’est pas une surprise, le groupe de Rick Hoax est de loin le meilleur de cette compilation. Le troisième album est attendu sous peu et avec une impatience grandissante. On termine avec XXX Maniak et ses paroles porno (Baby’s First Dick), rien à dire de plus là-dessus, autant écouter un disque de GG Allin si on a soif de littérature et de traits d’esprit. Conclusion : une compilation aussi inégale et intéressante que la moyenne des compilations mais disponible à un prix attractif…