mercredi 15 octobre 2008

Butthole Surfers / Live At The Forum






















On vit vraiment une époque formidable, il y a parait il de moins en moins de gens qui achètent des disques mais des petits malins ont trouvé la combine pour presser du collector à la chaîne : enregistrer un groupe pendant un concert, graver la bande vite fait bien fait et réussir à proposer le CD du concert auquel on vient d’assister à peine quelques minutes après -les Pixies ont généralisé cette pratique sur toute leur tournée américaine perpétrée à la suite de leur éphémère reformation. Ces CDs live se retrouvent éventuellement par la suite dans le commerce (toujours le même exemple, celui des Pixies : on pouvait acheter sans problème en magasin quasiment la totalité des enregistrements de la tournée U.S., éditions numérotées et tout -avoir vingt cinq versions différentes de Wave Of Mutilation, quel bonheur). Le fin du fin a été atteint avec cette proposition d’un triple CD live de Killing Joke -la toute récente reformation du line-up originel- enregistré lors de deux concerts à Londres : les dits concerts n’avaient pas encore eu lieu mais on pouvait souscrire en avance et bénéficier ainsi du magnifique témoignage d’un moment historique (sic).
Pour une raison que j’ignore -mais qu’objectivement n’importe qui appellerait de la curiosité, je ne suis pas à une contradiction près- j’ai cédé à la tentation d’un concert des Butthole Surfers enregistré à Londres en 2008 et mis en boite par Live Here Now. Vous avez bien lu : le groupe texan, en stand-by depuis tellement longtemps que l’on pouvait légitimement se laisser aller à penser qu’il était bel et bien mort et enterré, a donné toute une série de concerts dans sa formation originelle ou presque. Et d’autres sont à prévoir -the reunited lineup of Gibby Haynes, Paul Leary, Jeff Pinkus and the twin drumming King Coffey and Teresa Taylor will be playing all upcoming dates disent les surfers proctologues sur leur site officiel. Des images du concert londonien du 28 juillet 2008 au Forum peuvent être vues ici. Et on peut donc l’écouter, ce concert londonien, sur un double CD plutôt joliment illustré par un enfant de dix ans mais sans aucune indication technique. Par exemple, pour connaître la setlist et donc les titres du disque, il faut faire un petit saut par là.
Et pour une setlist des Butthole Surfers, c’est une belle setlist, tout le monde pourra en convenir. Cela commence pour le mieux par 22 Going On 23. Le son est plutôt bon -manquerait plus que ça- bien qu’un peu pataud et grossier. Le groupe joue ses standards avec le même genre de grâce qu’une poignée d’hippopotames en tutus roses dansant Le Lac Des Cygnes sur une chorégraphie de Walt Disney, on sent bien qu’ils font très attention. Ils s’amusent mais dans les règles, sous les applaudissements nourris d’un public que l’on devine nombreux. Le premier disque passe ainsi très bien, même si les accidents sonores se multiplient, les larsens en façade qui inévitablement se retrouvent sur cet enregistrement en prise directe. Le deuxième disque voit l’accentuation de la baisse qualitative du son et surtout le groupe a un sacré coup de mou. La version de Sweat Loaf (et son introduction légendaire fort appréciée ici) a franchement du mal à décoller tandis que Gary Floyd n’est pas loin de faire de la peine -sacrilège. N’exagérons rien non plus, cela reste un bon disque mais, contrairement à ce qu’affirme la bande à Gibby Haynes, ceci n’est pas le meilleur enregistrement live des Butthole Surfers de tous les temps. Le meilleur reste ce fameux double live -pourtant doté d’un son bien plus pourri que Live At The Forum mais immortalisant quelques performances inoubliables- sorti par le groupe sur Latino Bugger Veil entre l’excellent Widowermaker et le gonflant Pioughd et désormais téléchargeable à volonté, puisque ce disque est épuisé depuis des lustres ou alors vendu aux enchères sur internet à des prix tellement indécents qu’ils en deviennent ridicules. Parfois le mp3 ça sert vraiment à quelque chose.