jeudi 28 février 2013

Peter Brötzmann Chicago Tentet / Walk, Love, Sleep




Le PETER BRÖTZMANN CHICAGO TENTET existe depuis une bonne douzaine d’années maintenant – Stone/Water, premier témoignage discographique du groupe chez Okka Disk, date de l’an 2000 – et, comme son nom l’indique, inclut une formation principalement issue de la très active scène free (et) jazz de Chicago : Ken Vandermark aux saxophones ténor et baryton et à la clarinette basse, l’inusable Joe McPhee à la trompette de poche et à l’alto, Jeb Bishop au trombone, Fred Lonberg-Holm au violoncelle, Kent Kessler à la contrebasse et Michaël Zerang à la batterie. Pour atteindre le tentet Peter Brötzmann s’est également entouré des suédois Mats Gustafsson aux saxophones ténor et baryton et Per-Åke Holmlander au tuba, du norvégien Paal Nilssen-Love à la batterie et, enfin, de l’allemand Johannes Bauer au trombone.
Une formation qui présente un casting de rêve et intergénérationnel avec quelques uns des meilleurs musiciens de l’Amérique et de l’Europe du nord. Un type de line-up qui rappellera également les grosses formations ou les big band de free jazz européen de la fin des années 60 et débuts des années 70 : le groupe avec lequel Peter Brötzmann enregistra le célèbre Machine Gun en 1968 et auquel il dut provisoirement renoncer pour une formation en trio parce que faire tourner huit musiciens de free jazz n’était pas une chose facile et économiquement viable à cette époque là ; le Globe Unity Orchestra d’Alexander von Schlippenbach, l’ICP Orchestra ou l’octet de Manfred Schoof sont également à prendre en considération* (Brötzmann a participé à toutes ces aventures).
Mais revenons à ce Walk, Love, Sleep sous-titré Peter Brötzmann Chicago Tentet In Wuppertal / Café Ada 2011, un double CD bourré jusqu’à la gueule d’un free jazz tonitruant et jubilatoire et enregistré en concert : le groupe réuni autour de Peter Brötzmann est plus soudé que jamais et les solos improvisés et souvent simultanés s’enchainent pour créer une véritable tornade sans fin. Il y a quand même trois saxophonistes, un trompettiste, deux trombonistes, un tuba, un violoncelliste, un contrebassiste et deux batteurs qui jouent ici et Walk, Love, Sleep est d’une intensité rare, époustouflante et jamais démentie. Les nombreux (beaux) passages permettant à certains de reprendre leur souffle n’ont pas ce défaut de créer des trous d’airs dans la dynamique du disque ; il y a toujours quelque chose à entendre sur Walk, Love, Sleep, des choses passionnantes et seule la difficulté du mix d’une prise de son live (le violoncelle de Fred Lonberg-Holm en souffre un peu, malheureusement) peut être un frein à ce foisonnement de nuances et de couleurs.
Walk, Love, Sleep privilégie donc les déferlements d’explosions et est assez éloigné de certains enregistrements plus cérébraux du Chicago Tentet – on pense entre autres au triple CD Three Nights In Oslo comportant des choses très (trop ?) composées – et surtout il permet d’entendre un Ken Vandermark sortant quelque peu de la psychorigidité dans laquelle il s’enferme trop volontiers ou de réentendre Joe McPhee, un musicien qui comme Brötzmann a traversé les époques avec une abnégation sans faille à sa musique et dont la trompette de poche lance dans les airs des cris déchirants d’intensité.
Encore une fois Peter Brötzmann – presque 73 printemps au moment où ces lignes sont rédigées – et ses petits camarades restent les garants d’un free jazz qui n’a rien perdu de sa verve, de sa lumière, de son intérêt et de sa passion. Une musique restée hors-normes malgré toutes ses codifications tout simplement parce qu’elle est devenue aussi atemporelle que garante d’authenticité **.

* du Globe Unity Orchestra on conseille le CD Globe Unity 67 & 70 chez Atavistic ; de Manfred Schoof on conseille le génial European Echos chez Atavistic également ; en ce qui concerne l’ICP Orchestra (ou Instant Composers Pool), un groupe réunissant ou ayant réuni en son sein des gens comme Ab Baars, Han Bennink, Misha Mengelberg, Tristan Honsinger, Steve Lacy ou Ernst Reijseger, il faut tout écouter ou presque – ce groupe est une merveille
** Walk, Love, Sleep – Peter Brötzmann Chicago Tentet In Wuppertal / Café Ada 2011 est publié sous la forme d’un double CD par Smalltown Superjazz

mercredi 27 février 2013

Mr Protector / Gumbo




On a déjà évoqué ici le cas de Mr PROTECTOR à propos d’un précédent album intitulé Pétrole et qui ne manquait ni d’idées ni d’énergie ; Mr Protector est aujourd’hui de retour (d’acide ?) avec un deuxième long format au titre et à la pochette nettement plus fantaisistes et colorés… Tout cet étalage d’excentricité irisée c’est pour fêter l’avènement de la grande fête du slip, c’est ça ? Non mais regardez-moi un peu toutes ces couleurs dignes d’un groupe de garage gentiment dérangé, on se croirait chez Born Bad ou chez Teenage Menopause et non pas chez A Tant Rêver Du Roi, le label noise de Pau qui publie plus de bons disques en une année que n’importe quel label parisien publie de mauvais singles de garage en une décennie.
Cette débauche de vacheries malheureusement gratuites – mais indubitablement justifiées et jouissives – ne doit cependant pas nous détourner de notre principal sujet de préoccupation : Gumbo est un album largement supérieur à Pétrole avec lequel il partage toutefois ce caractère insaisissable et, affirmons-le, hors normes ; il est impossible de caser Mr Protector et son noise rock tendance mindfuck et braillardises pangermaniques dans un cadre trop étroit et donc trop limitatif… les trois petits gars de Mr Protector doivent le savoir pertinemment et en jouent avec bonheur et efficacité sans pour autant donner dans la frivolité et la coquetterie.
Les compositions s’enchainent, variées mais tissant entre elles tout le lien nécessaire permettant de se dire que oui on est bien en train d’écouter un véritable album qui a de la gueule et du caractère ; Mr Protector fait ainsi preuve d’une ingéniosité conquérante dans le changement de positions, n’hésite pas à flirter avec l’indie math rock (Mirror a des faux airs de tapette nantaise, non ?) puis à marteler de la syncope pour faire danser le clampin moyen et monophasé avant de pratiquer la levrette hardcore (la meilleure). En fait il n’y a que l’outrance des chœurs d’un Skinny In The Universe qui se révèle un peu too much, genre hymne fédérateur pour hooligans avinés versus j’ai la rage contre l’odieuse machine sociétale – il faut dire que dans ma jeunesse j’ai à la fois été vacciné contre les football-clubs genre Kominterm Sect et contre les groupes bas du bonnet et long du bermuda type Downset.
Mais passé ce petit bémol (qui n’arrive que vers la fin du disque), Gumbo c’est de la grosse régalade ; du foisonnement qui défoule, du rythmique frappé qui rend dingue, de la sudation par tous les pores et du plaisir à chaque tour de galette. Les guitares, aussi enlevées qu’inextricables, sonnent merveilleusement bien – l’album a été enregistré au studio Black Box par Peter Diemel – et l’absence de basse chez Mr Protector devient l’un des points fort du groupe. Une autre qualité de ces garçons c’est le chant, dans toute sa variété : non seulement le principal préposé aux cordes vocales ne chante/braille pas toujours de la même façon mais en plus il change de langue, anglais et allemand se relaient pour une domination sans failles du monde moderne. Parfois un invité de marque à savoir Tom Bodlin vient prêter main forte avec son bel organe mais c’est sur Don Benito qu’il fait des merveilles avec son saxophone baryton propulsant ce dernier titre dans les hautes stratosphères de l’incandescence.

[Gumbo est publié en LP vinyle vert sapin et transparent par A Tant Rêver Du Roi et Furne records avec l’aide de l’argent public issu de la décentralisation régionale et la participation d’une salle de concert genre SMAC et musique de jeunes]




Mr Protector est actuellement en fin de tournée en compagnie des excellents Stereozor : le 28 février les deux groupes seront à Bruxelles (La Compilothèque) et le 2 mars à Limoges (au Teddy Beer). Les lyonnais, plus chanceux que les autres, ont eux droit à une date au bar des Capucins le 1er mars – un concert avec également Nose In The Nose de St Etienne et surtout un concert organisé par Bambino Versailles*, une jeune association tentant l’inconcevable pari du commerce triomphant et de l’éthique Do It Yourself.

* les concerts suivants sont annoncés sur Lyon par Bambino Versailles :
- Uzeda, Io Monade Stanca, Clot et Torticoli à Grrrnd Zero le 22 mars
- FiliaMotsa le 26 mars au Sonic en coprod avec Perspectives Irrationnelles
- Suzanne’ Silver et REVOK le 27 avril [tbc]

mardi 26 février 2013

Report : Les Comptes De Korsakoff et Lunatic Toys au Toï Toï - 22/02/2013




Braver le froid, le vent, la nuit, bref braver l’hiver et la flemme pour atterrir au Toï Toï, un endroit un peu paumé dans Villeurbanne et où je n’ai encore jamais mis les pieds alors qu’il n’est pourtant pas très éloigné des beaux quartiers fréquentables et du QG de 666rpm. Bonnes surprises : il y a des emplacements réservés pour garer les vélos et la terrasse devant le Toï Toï doit vraiment être agréable lorsqu’il ne fait pas -10°.
Mais pour le moment, ce n’est juste pas possible de rester dehors pour siroter une triple vodka et je me dépêche d’entrer dans un lieu que j’imagine en temps normal infesté d’étudiants – le campus de La Doua est juste à côté – mais là c’est les vacances. Ça ne se précipite pas au portillon et j’ai le temps en regardant l’affichage du lieu de constater qu’ici on fait également restaurant, des soirées, des ateliers de théâtre ou de danse et, donc, des concerts.




Oui, des concerts : c’est pour revoir une énième fois les Lunatic Toys que je suis venu au Toï Toï. Encore une belle preuve d’amour. La première partie s’appelle LES COMPTES DE KORSAKOFF, un trio composé d’un bassiste/chanteur/compositeur en chef, d’un batteur et d’une violoncelliste. Il n’y a strictement aucune méchanceté dans cette appréciation mais ce concert des Comptes De Korsakoff m’a aidé à comprendre pourquoi Karl – Life In Little Bits, le deuxième album du groupe qui vient juste de paraître, n’a jamais été chroniqué ici alors que le service Chroniques & Etrillage de 666rpm en a pourtant reçu un exemplaire tout beau tout neuf il y a déjà de nombreuses semaines.
Pour faire simple, disons que la musique barrée/alambiqué/tourmentée/etc mais jouée avec trop de sérieux et d’application, je trouve que c’est ennuyeux ; les intentions des Comptes De Kordakoff sont trop visibles, trop facilement identifiables et toute cette visibilité tuerait n’importe quelle bonne idée. Des bonnes idées il y en a pourtant chez le trio – notamment au niveau mélodique, il faut dire que je ne saurais jamais résister à un violoncelle – mais il y en a aussi des mauvaises comme ces abus généralisés de basse (à cinq cordes) slapée beaucoup trop souvent à mon goût.
Je vois bien où le groupe veut en venir, jouer un rock expérimental/barré, un peu prog sur les bords et avec une exposition mi dadaïste mi dark/tourmentée un peu outrée/théâtralisée mais cela ne fonctionne pas réellement.




Contrairement aux Comptes De Korsakoff qui jouaient repiqués sur la sono du Toï Toï, les LUNATIC TOYS opèrent sans garde-fous : la claviériste joue directement sur ses amplis, le batteur – qui bidouille parfois avec une beat-box et d’autres choses parfaitement inidentifiées – fait de même mais la batterie n’est pas sonorisée, pas plus que le saxophone alto. Le son est pourtant magiquement équilibré, on sent que ces trois là connaissent le genre de configuration et de positionnement qu’ils doivent adopter sur scène pour obtenir leur son à eux, un son unique qui plus est.
A quoi reconnait-on un groupe qui remporte tous les suffrages ? Et bien, avant le concert, j’entendais des conversations entre des personnes du public et s’interrogeant sur l’origine géographique et le style de musique pratiquée par les Lunatic Toys. Pour le genre musical de ces lyonnais, je ne sais pas ou plutôt je ne sais en fait plus vraiment, mais je sais que tout le monde est resté assister au concert du groupe, scotché par tant d’inventivité et de fantaisie ludiques mais jamais maniérées, scié par tant de hargne et de puissance intelligentes, séduit par cet à-propos mélodique et ce son si caractéristiques.
Et même lorsque les Lunatic Toys ont opéré quelques incursions dans les recoins les plus sombres de leur répertoire, c’est tout simplement une autre forme d’instinct magnétique qui nous attirait vers eux. Aimez-les, écoutez leur musique et – toutes proportions gardées parce que ce n’est que mon avis mais je le partage – ce n’est pas pour rien si Briciola, le deuxième album du groupe, a atterri à la fin de l’année dernière dans le dernier carré du Top Of The Dope 2012 de 666rpm.

[quelques photos du concert]

lundi 25 février 2013

Sex Church / Somnambulist EP




Encore un train de retard en ce qui concerne SEX CHURCH puisque The Somnambulist EP a officiellement été publié en octobre 2012 et que les disques en provenance de l’autre bout du monde ne sont jamais très pressés d’arriver à bon port dans le hangar fortifié de 666rpm Inc. Mais on va faire un (tout petit) effort parce que The Somnambulist – faisant suite au déjà excellent album Growing Over – fait bien plus que confirmer que Sex Church est le meilleur groupe australien* de swamp rock post Cramps/post Gun Club/post Birthday Party du monde : The Somnambulist est un disque dont on  ne peut plus se passer une fois qu’on l’a écouté.
Ils sont pourtant légion les groupes prétendants au titre de créatures goth’n’roll/noise des marais mais à la différence des trop laborieux Slug Guts avec leurs accoutrements en cuir et leurs lunettes noires, les quatre Sex Church font dans le vrai… enfin affirmons plutôt qu’ils endossent la dépouille de Nick Cave et de Rowland S. Howard** avec une belle aisance (Hidden Hand), qu’ils ont vraiment l’air d’accepter quand Jeffrey Lee Pierce leur demande sans fard de se teindre en blond (Slipped) et donc on écoute la première face de cet EP sans sourciller, juste (é)mu par l’écoute d’une musique aussi incroyablement envoutante que trépidante – et oui on se secoue le popotin de bonheur pendant que notre petit cœur bleu bat la chamade et on aura toujours quinze ans.
Mais le gros morceau de The Somnambulist occupe toute la face B du disque avec les huit minutes et quelques d’un Wrong Side possédé et à se rouler par terre ; sur Wrong Side on retrouve l’ombre tutélaire de Rowland Howard mais plutôt du côté de Honeymoon In Red (enregistré avec Lydia Lunch et quelques autres allumés dans les années 80). C’est lent, ça poisse, ça grince, ça fait très mal mais c’est d’une beauté spectrale, palpable et foutrement violente, à l’image de ce saxophone simpliste mais efficace qui surgit de temps à autre pour lancer son appel dans le brouillard – il n’y a que deux raisons différentes pour faire résonner dans la nuit noire un tel cri : soit c’est pour vous prévenir d’un danger et vous permettre de l’éviter ; soit c’est au contraire pour vous y attirer.

[The Somnambulist EP est publié en 12’ vinyle uniquement (avec l’éphémère coupon mp3) par Instant Pleasure records]

* car, étonnamment, Sex Church est un groupe canadien – le Canada c’est un beau pays où il n’y a pas que NoMeansNo, Godspeed You! Black Emperor, Brian Adams et Neil Young
** comment ? j’apprends à l’instant qu’à la différence de Rowland Howard ou Tracy Pew Nicholas Edward Cave ne serait toujours pas mort – sincèrement désolé pour cette tragique méprise

dimanche 24 février 2013

On s'en bat les couilles, puisque c'est dimanche


La grande escroquerie du rock’n’roll : vendre plusieurs fois le même disque aux mêmes personnes. C’est facile, il suffit de rééditer le disque en question avec des titres en plus (et des titres en moins en prévision de la prochaine réédition), de changer un peu l’emballage, de rafraichir l’artwork, d’attendre le bon moment (le trentième-cinquième anniversaire de la première parution du disque, par exemple, ça en jette toujours un peu) et de surfer sur la vague du revival.
C’est donc au tour de Never Mind The Bollocks Here’s The SexPistols de faire l’objet d’une réédition/énième mise en bière avec d’un côté une édition double CD « deluxe » et de l’autre un coffret (carrément) de trois CDs et d’un DVD. On a donc droit à « the original album remastered from the original master tapes », aux faces B des singles (et surtout à un énorme No Fun repris des Stooges et qui originellement collait au train du 7’ Pretty Vacant), à des versions alternatives avec pistes de chant pas pareilles mais que personne ne peut s’en rendre compte, aux versions démos (déjà piratées sur Spunk, un disque qui lui-même a été réédité maintes et maintes fois, y compris très officiellement par Castle records) et à du live. Vas-y, fais chauffer la cébé parce que la version 2CD (l’album + les b-sides + le live) est vendue aux alentours de 13 £ivres Sterling – 17 €uros)  alors que la version 3CD + DVD (donc la totale + un bouquin + des fac-similés comme à l’époque) coûte elle environ £60 (100 € tout rond, tête de con).




Alors, est-ce qu’on s’en bat les couilles ? Oui. Non. A chaque réédition de Never Mind The Bollocks c’est toujours un peu la même histoire, il y a toujours des grincheux qui la ramènent pour dire que déjà en 1977 ils n’aimaient pas les Sex Pistols, qu’ils trouvaient le groupe un peu mou, pas assez rapide (surtout comparé aux Ramones et aux Damned), pas assez rock’n’roll (comparé aux Heartbreakers de Johnny Thunders) ou pas assez glamour (comparé aux social-traitres de Clash). Mais ces gens ont tort : qu’ils (ré)écoutent un peu les démos – avec un son plus sec que les versions albums – et les titres live, même si le son de ceux-ci est un peu shiteux (par contre je connais plein de groupes de garage parisiens mes couilles qui donneraient n’importe quoi pour sonner en studio comme ces enregistrements en concert) et qu’ils réécoutent surtout cet album dans sa version normale : c’est un pur monument de hargne et de crasse.
La légende, à la fois fabriquée mais définitivement méritée, des Sex Pistols est ainsi toujours aussi vivace. Pour un groupe qui n’aura publié qu’un seul demi-disque de son vivant, l’exploit est quand même de taille… Un seul disque, oui, mais quel disque ! Que des chef-d’œuvres du rock’n’roll – car musicalement les Sex Pistols n’avaient vraiment rien d’une révolution – et des compositions dont tout le monde se souvient encore aujourd’hui, y compris celles et ceux qui n’étaient pas encore né(e)s en 1976/1977 : Holidays In The Sun, E.M.I., Pretty Vacant, Liar, God The Queen, Anarchy In The UK, Seventeen, Bodies (ma préférée), Submission, Problems, No Feelings, … tout les titres de Never Mind The Bollocks, il y en a douze, sont des incontournables (à l’exception de New-York que je n’ai jamais vraiment aimé, et encore). On rajoutera que cette version remasterisée met davantage en avant la basse (écoutez un peu comme elle sonne sur Liars ou Seventeen), résolvant ainsi l’une des fausses énigmes les plus célèbres de l’histoire du rock’n’roll : oui Steve Jones s’était bien occupé d’enregistrer les parties de basse puisque Glen Matlock avait déjà été viré du groupe – il joue quand même sur Anarchy In The UK – et que Sid Vicious n’était pas vraiment opérationnel et on se demande encore pourquoi on a attendu autant de temps pour entendre enfin un mix où la basse est à sa juste place, donc audible.

I’m A Lazy Sod ? Oui, assurément.

samedi 23 février 2013

Baxter Stockman / Romance b/w Kar-Air




Comme chacun le sait sûrement, Baxter Stockman est un personnage de comics et de dessin animé, un méchant un peu abruti, un genre de savant-fou et le concepteur des Mousers, des petits robots initialement inventés pour éliminer les rats dans les égouts mais utilisés en fait pour cambrioler des banques ; Shredder, le super gros méchant du coin, voulant se débarrasser de Baxter Stockman, l’envoya un jour dans une sorte de désintégrateur où Baxter subit une mutation cronenberguienne en diable puisqu’il fut transformé en créature mi homme-mi mouche – non, vous ne rêvez pas, je suis bien en train de vous parler des Tortues Ninja dont Baxter Stockman est l’un des personnages récurrents (et surtout ne me remerciez pas).
BAXTER STOCKMAN c’est aussi un trio originaire d’Helsinki dont la pochette du deuxième EP reprenait le dessin d’une mouche. Trois gars qui pratiquent le noise rock de la seule façon possible et imaginable en 2013 c’est à dire en respectant ce qui a déjà été fait, en ne faisant preuve de strictement aucune imagination mais en y mettant vraiment tout son cœur – ou tout autre chose si affinités. Baxter Stockman est un groupe de bucherons finlandais, des vrais et qui ne rigolent pas, comme en témoigne la pochette de fort bon goût de ce single incandescent et ravageur, Romance b/w Kar-Air.
Romance, avec sa vidéo de bon goût elle aussi et surtout extrêmement conceptuelle, aligne quatre minutes de combustion proche d’un Dazzling Killmen mais en beaucoup plus gras, comme si l’ancien groupe de Nick Sakes avait voulu forniquer du côté de Big’n : ce que l’on préfère c’est lorsque le rythme se ralentit aux alentours de la deuxième minute et que les vociférations du chanteur/guitariste se transforment en grognements de bête immonde. Vous en voulez encore ? Sur la face B, Kar-Air privilégie précisément le côté grosse bébête dégueulasse en imposant d’entrée de jeu un rythme lent et encore plus lourd ; le couple basse/batterie vous écrase dans la position du sandwich of love, la guitare vous broie les oreilles et Baxter Stockman lorgne aussi du côté d’un Jesus Lizard passé à l’accélérateur à particules réglé en marche arrière en insufflant une bonne dose d’acides gras polyinsaturés à une nouvelle séance de fessée déculottée – la pseudo accélération finale ne laissant vraiment aucune chance d’échapper à une correction méritée.

Romance b/w Kar-Air a été publié en single en mars 2012 par le label Kult Of Nihilow. Information autrement importante : Baxter Stockman publiera en mars 2013 son tout premier album intitulé Punter. A suivre.

vendredi 22 février 2013

Report : Forza Pschitt, Berline 0.33 et Drive With A Dead Girl à la Triperie - 16/02/2013




Le lendemain de la release party d’Agathe Max je me traine jusqu’à la Triperie, en plein milieu des pentes de la Croix-Rousse, pour assister au concert semestriel de Berline 0.33. C’est beau la fidélité. Et tant pis pour le concert de Hoax/Veuve SS à Grrrnd Zero qui me faisait bien envie également. Avoir le choix est un luxe qu’il ne faut absolument pas regretter même si des fois choisir est déchirant : dans le même genre d’idée, le 15 mars prochain, le petit noiseux moyen pourra soit assister à un concert de Staer et Neige Morte (toujours à Grrrnd Zero) soit assister à celui de Pord, Poutre et Grand Plateau (également à la Triperie). Quand on vous dit que la vie est dure…
… Mais pour être honnête le nom qui m’attire le plus sur l’affiche de ce samedi soir et qui donc me fait rater le concert au Grrrnd est celui de Drive With A Dead Girl, groupe consanguin avec Berline 0.33 et surtout groupe mystérieux à plus d’un titre. Mais on ne va pas brûler les étapes et vous dire tout de suite et maintenant toute la vérité sur Drive With A Dead Girl.




Pour commencer il faut se taper la première partie du jour, FORZA PSCHITT, un duo dont le nom ridicule cache en réalité l’association d’un guitariste et d’un batteur de Torticoli (encore un de ces noms…). Certains craignaient d’assister à un concert de Torticoli minus one mais il n’en est rien : le seul point commun que l’on peut trouver entre Forza Pschitt et son désormais illustre ascendant c’est cette façon d’occuper tout l’espace sonore, de ne laisser aucune chance au silence et de pratiquer le gros bouillon permanent.
Mais alors que Torticoli a un côté crade et granuleux, Forza Pschitt donne dans le ripoliné et le sophistiqué, le racé et la sveltesse, le math-rock (dira-t-on) et l’étalage mélodique. Vous ne voyez pas la différence ? Laissez-moi vous l’expliquer encore une fois : Torticoli bourrine et se vautre dans la boue et les vapeurs d’alcool alors que Forza Pschitt pédale sec à contre-courant et la tête en bas pour mieux regarder les étoiles scintiller dans le ciel – les mélodies sont quand même (un peu) beaucoup tordues.
Forza Pschitt c’est donc à la fois une bonne surprise et une bonne nouvelle, un nouveau groupe bien crousti-fondant à se mettre sous la dent. A suivre, donc…




Les BERLINE 0.33 jouent en deuxième position et on est légèrement inquiets : la moitié du groupe carbure aux anti-inflammatoires et autres antalgiques parce que le bassiste souffre d’un lumbago et que le batteur s’est pété un genou en voulant jouer au héro sportif. Berline 0.33 sans sa section rythmique de feu qui assure, est-ce que vous y croyez, vous ? Et bien oui, il fallait y croire.
Interprétant les mêmes bonnes vieilles compositions et les mêmes quelques nouveaux morceaux que d’habitude – ben oui c’est ça de rejouer trop souvent au même endroit – Berline 0.33 est une sorte de machine post punk/noise intraitable et über efficace menée par une goule en furie au chant et un guitariste en t-shirt léopard albinos dont la discrétion apparente ne met que trop bien en valeur son jeu cisaillé et chirurgical.
Quant au couple d’estropiés basse/batterie et bien on n’a pas vraiment vu la différence… Berline 0.33 est vraiment un groupe taillé pour les concerts, donc rendez-vous pour dans environ six mois, au même endroit si vous voulez, pour la même chose (et le même chargement de bières artisanales, ça serait bien aussi).




Il fait bien chaud dans la Triperie et DRIVE WITH A DEAD GIRL s’installe enfin. Les trois garçons sont sur la scène ; la chanteuse est sur le côté et leur fait face, elle tourne presque complètement le dos au public. A l’image de ses disques, pour rappel le dernier en date s’intitule Hotel California’s, Drive With A Dead Girl ne joue pas la facilité une fois lancé sur scène. La volonté flagrante de rendre les choses ardues tout en vous forçant à les admettre, malgré tout.
Le concert démarre par une séance de barouf en bonne et due forme et le mélange entre cold wave squelettique et rock noisy – tendance Sonic Youth des tout débuts – de Drive With A Dead Girl est très étonnant : la musique du groupe peut être violente mais elle n’est jamais frontale ; elle laisse même la place à une sorte de flottement qui lui donne un net caractère d’irréalité et d’ailleurs le public, sans doute un rien festif en ce samedi soir, ne croit pas s’y tromper puisqu’il déserte sans aucune honte ni discernement aucun la salle au fur et à mesure que le concert se déroule.
Mais bien évidemment le public à tort, Saturday Night Fever mon cul, sauf évidemment si on voulait absolument voir un autre groupe bétonné et au lyrisme un peu dark et incandescent, comme Berline 0.33, tiens. Or Drive With A Dead Girl c’est un peu tout l’inverse, une faculté assez incroyable à faire cohabiter ensemble malaise et beauté, sécheresse et brouillard, froideur et crépitement. Un concert qui ravit les quelques survivants, bien chanceux d’assister à un moment rare et d’une poésie glaciale et mélancolique mais dans le bon sens du terme c'est-à-dire ni lugubre ni complaisante. Merci (et, comme d’habitude, la vérité ça n’existe pas…).




C’est fini ? Non pas tout à fait : le bassiste de Berline 0.33 revient sur scène, le guitariste de ces mêmes Berline 0.33 passe derrière la batterie et les deux guitaristes de Drive With A Dead Girl restent en place. Au micro c’est le retour de la chanteuse des Berline et tout ce petit monde de nous interpréter en guise de bonus track une formidable version de I Dream I Dreamed de Sonic Youth… une sorte de confirmation de ce que l’on disait un peu plus haut mais aussi un beau cadeau (encore).

[les photos du concert c’est par ici]

jeudi 21 février 2013

Tom Bodlin / Spit In The Air And Take Out Your Umbrella


Ça, c’est vraiment un petit jeu que j’adorais pratiquer quand j’étais gosse : cracher en l’air pour regarder mes molards retomber. Un petit jeu qui a rapidement été perfectionné : se balader entre potes dans la rue, cracher en l’air puis se mettre à courir – celui qui n’avait pas compris tout de suite pourquoi tous les autres se barraient sans prévenir dans toutes les directions possibles avait une chance sur deux de se prendre un glaviot sur la tronche et de se faire pourrir la vie pour tout le restant de la journée, les plaisirs infinis de la moquerie. Autre variante : cracher en l’air dans les couloirs trop étroits du collège rien que pour voir les filles se mettre à hurler et nous insulter, pauvre gamins même pas prépubères que nous étions et alors absolument pas intéressés par leurs petits nichons qui pourtant commençaient à pointer (mais l’intérêt viendrait bientôt, en même temps que les combats de cocks). Spit In The Air And Take Out Your Umbrella c’est donc le titre du troisième album de TOM BODLIN et même si celui-ci nous conseille in fine de dégainer nos parapluies, ce titre m’a beaucoup fait rire et donc rappelé quelques bons souvenirs.




On avait quitté Tom Bodlin en très bons termes sur un Palais Des Enfants retentissant bien que suscitant un émoi interrogateur et bien légitime : comment se faisait-il qu’un tel musicien aussi inventif et personnel n’avait pas réussi à trouver un label digne de ce nom et avait choisi de publier lui-même son album, sous une (chouette) forme artisanale ? Je ne comprenais pas et d’ailleurs je ne comprends toujours pas. Mais, fort heureusement, l’histoire ne se répète pas : Spit In The Air And Take Out Your Umbrella bénéficie lui d’une sortie digne de ce nom et c’est tant mieux parce qu’il est encore meilleur que son prédécesseur.
Encore meilleur… mais surtout différent. Sur Spit In The Air And Take Out Your Umbrella Tom Bodlin a fait d’immenses progrès et quelques pas de géant. On pourrait regretter le côté plus bricolé de Palais Des Enfants mais on y gagne au change ; le songwriting est le nouveau gros point fort de Tom Bodlin, ce garçon a du faire un pacte avec le diable à la croisée de deux chemins de mulet et signer de son sang impure pour réussir ce subtil et merveilleux équilibre entre sa rage naturelle et enfumée – la vie, quoi – et une finesse d’écriture qui laisse plus d’une fois pantois – la vie, encore. Tom Bodlin écrit et compose de vraies et belles chansons, des chansons dans le sens le plus noble du terme (pourriture noble comme dirait l’autre) et on affirme que Tom Bodlin est un véritable auteur. Spit In The Air And Take Out Your Umbrella est également un album très attachant, mettant quelque peu de côté les tonitruances d’avant et se concentrant sur l’intime, ce qui n’empêche pas ce disque d’être très drôle (la farce Long Stupid Love Song For A Short Weak Love Story a un côté presque batave et réussir à chanter I Love You plusieurs fois de suite juste pour faire rire mais sans être ridicule est un bel exploit). Et cela n’empêche pas non plus Tom Bodlin de réendosser ses habits de vitupérateur comme sur Birds Need Whisky, Waiting for My Love ou sur le crépusculaire Red Cushion en forme de balade pour cow-boy fatigué.
Si Tom Bodlin est un brillant auteur, il est aussi un instrumentiste débordant de ressources et d’idées ; sur Spit In The Air And Take Out Your Umbrella il chante, joue de ses multiples saxophones, de la guitare et de la batterie et il se démerde suffisamment avec tout ça pour se passer désormais de l’usage intensif des boucles – il y a mais cela sonne si naturel… – et on se rend compte également que les saxophones et saxhorns jadis omniprésents sont dorénavant le plus souvent en arrière-plan ou en soutien. Ce qui ne signifie par qu’ils n’aient plus rien à faire ni à dire : au contraire ils deviennent presque fondants et irréels par instant, comme sur le très poétique What The Duck ? et de temps à autres (comme sur Cowboy From Nowhere) apparait un saxophone soprano ou alto qui se lance dans un solo qui n’a rien d’épuisant ou de démonstratif – encore une fois sur Spit In The Air And Take Out Your Umbrella tout est question de dosage et il n’y a que le talent qui ici est dépensé sans compter.

Merci donc énormément à A Tant Rêver Du Roi, Furne records et Kerviniou records de s’être cotisés pour faire publier Spit In The Air And Take Out Your Umbrella en vinyle. Achetez ce disque ou même offrez-le à votre meilleur(e) ami(e) : si celui-ci (celle-ci) ne l’aime pas et bien cela vous fera une excellente raison pour ne plus jamais lui adresser la parole.

mercredi 20 février 2013

Report : Cyril M., Hama Yôko et Agathe Max au Sonic - 15/02/2013




La soirée commence mal : pendant que je rêvasse tranquillement sur mon vélo tout en conservant une vitesse moyenne digne d’un drogué du sport cycliste, un connard d’automobiliste arrivant en face de moi décide soudainement de tourner sur la gauche et donc de me couper la route – je freine brutalement et malgré cette manœuvre hardie qui ne manquait ni de panache ni d’aplomb je perds le contrôle de mon vélo de petit vieux, la roue arrière part en sucette, nous nous effondrons lamentablement ma machine et moi sur la chaussée humide et glissons avec toute la volupté d’une merdasse mécanique de l’époque préhistorique.
La voiture qui tournait a largement eu le temps de me passer devant au lieu de me passer dessus, j’imagine que le conducteur a du bien rigoler de me voir me vautrer ainsi par sa faute et – bien sûr – il ne s’est pas arrêté. En langage juridique certains appellent ça un refus de priorité et un délit de fuite. Mais tout va bien, n’est-ce-pas, puisque je me suis relevé sans peine et (presque) sans une égratignure ? Ben non. Les raclures de bidet qui conduisent comme si le monde leur appartenait et tentent de gagner des points de vie supplémentaires en se tapant les piétons, les vélos ou les autres bagnoles ça coure de plus en plus les rues, en ce moment, en ville. Bande de connards.



Cette colère à froid ne changera rien. Sur le moment j’étais surtout content de pouvoir continuer ma route après avoir remis en place la chaine de mon vélo et avoir enlevé un peu de la crasse urbaine que le côté gauche de mes vêtements avaient raclée sur le sol humide ; une insulte à l’encontre de la voiture déjà loin et puis c’est tout. Et continuer en direction du Sonic où une fois arrivé je termine de me nettoyer – je m’aperçois aussi que je me suis fais mal à la main gauche. Mais la soirée peut quand-même (vraiment) commencer.
Et elle commence par CYRIL M., charmant jeune guitariste/chanteur invité par Agathe Max – parce que ce soir c’est la release party de son nouvel album à elle et qu’elle a décidé de faire ce qu’elle veut –, un garçon de 20 ans qui ressemble à un Ramones (oui, je sais, j’ai des références de vieux con mais c’est de mon âge) mais qui tente plutôt de marcher sur les territoires sacrés du très grand Keiji Haino : guitare terroriste, chant maléfique de sirène éviscérée, destruction du blues et bidouillages bruitiste. Moi quand j’étais jeune j’ai toujours voulu ressembler à Lemmy Kilminster – et à un ou deux détails près c’est plutôt raté – et je comprends pourquoi Cyril M. a été invité par Agathe Max à ce concert : il y a du potentiel – et sûrement aussi du talent – chez ce jeune homme.
Je ne suis pourtant pas vraiment d’humeur mais, l’avantage de la jeunesse étant qu’elle va vite en besogne, le set de Cyril M. passe trop vite pour que j’aie envie de fuir en direction du bar pour commander une bière. Et puis si, tiens, finalement j’ai soif.




Suit HAMA YÔKO que j’ai déjà vue au Sonic (en première partie d’Aki Onda, de Cut Hands puis du duo Anne-James Chaton/Andy Moor) mais je ne m’en lasse pas. Là aussi le concert me parait bien court mais c’est sûrement parce que le charme opère une nouvelle fois complètement et qu’Hama Yôko est à sa façon une magicienne ensorceleuse. Sa pop mutante et détraquée est vraiment unique en son genre et si je faillis encore une fois à décrire de façon plus appropriée et à parler un peu mieux de la musique d’Hama Yôko c’est tout simplement parce que les termes choisis me paraissent toujours et au mieux inappropriés et au pire trop galvaudés.
On parlera (donc) de pop expérimentale, de bidouilles ludiques et de japonaiseries mais surtout Hama Yôko touche juste avec son lyrisme désaxé et ses perpétuelles trouvailles sonores. Une musique aussi vive, drôle que profonde et sombre. Sur la table de marchandising la chanteuse/musicienne propose son CD This Is Movie (publié par Nuun Eclipse) et cela me rappelle que je l’ai déjà, que je l’ai beaucoup écouté mais que je ne l’ai jamais chroniqué – oui, c’est mal.




Sur cette même table de marchandising il y a également des exemplaires de Dangerous Days, le nouvel album d’AGATHE MAX ; ce concert est précisément organisé pour la sortie officielle de ce deuxième album qui parait plus de trois ans après le premier, sur un tout nouveau label lyonnais, Inglorious records (et qui est également un nouveau studio d’enregistrement : c’est bon des fois de rencontrer des gens qui assument leurs rêves avec inconscience).
J’avais une longueur d’avance puisque ayant pu écouter les titres de Dangerous Days depuis quelques semaines déjà, confortablement installé à la maison devant mon ordinateur, mais quel plaisir de (re)découvrir enfin cet album en concert. Démarrant son set par Tundra et le terminant par The Bird, Agathe Max passe en revue toutes ses nouvelles compositions et en dévoile toutes les richesses : sa musique est désormais plus harmonique, moins tellurique mais elle n’en est pas moins porteuse d’une force de persuasion et émotionnelle qui vous enveloppe littéralement. Derrière le côté plus  apaisé il y a de fait une volonté étrange et assurée.
L’instrumentation est également plus variée – piano, orgue, batterie, etc – et Agathe Max gère ces nouveaux arrangements à l’aide d’un laptop sans donner l’impression de jouer avec des bandes : la performance instrumentale est toujours aussi impressionnante chez elle. Le recours aux projections ne donne pas non plus ce caractère de bouche trou (la musique d’Agathe Max pourrait pourtant être qualifiée de cinématographique) tout simplement parce que cette musique se suffit à elle-même, dans toute sa beauté et tout son pouvoir d’évocation. Encore un beau concert (et on reparle de ce nouvel album bientôt).

[quelques photos-souvenirs du concert]

mardi 19 février 2013

Nick Cave & The Bad Seeds / Push The Sky Away





Cela ne sert à rien de s’acharner… Peut-être que cette chronique de Push The Sky Away, quinzième album studio officiel de NICK CAVE & THE BAD SEEDS va rapidement s’avérer inutile et sans surprise – en résumé : cet album est terriblement mauvais – mais surtout cette chronique a pour sujet de préoccupation un album qui lui-même n’en est pas moins inutile et sans surprise. On a pourtant voulu l’écouter, s’acharner donc, parce que Nick Cave faisait partie de ces gens importants musicalement et nous a accompagnés pendant de nombreuses années.
Successeur de l’affreux Dig !!! Lazarus, Dig !!!, Push The Sky Away est un énième album de ballades d’un chanteur qui aime raconter des histoires dont on se fout complètement – exemple avec  Jubilee Street : « On Jubilee street there was a girl named Bee/She had a history, but no past/When they shut her down the Russians moved in/Now I am too scared to even walk on past […] ». On pourrait peut-être apprécier le style que Nick Cave défend désormais depuis de nombreuses années (et on l’a fait : l’album The Boatman’s Call en 1997 est dans le genre un album réussi des Bad Seeds) mais sur Push The Sky Away on constate deux choses ; d’une manière générale le songwriting de Nick Cave est ici d’une pauvreté absolue et encore jamais atteinte, voire indigente : faiblesse des lignes de chant, mélodies à la petite semaine, couleurs insipides et redites d’anciens morceaux à profusion ; deuxièmement les arrangements de Warren Ellis (aux manettes depuis le départ de Mick Harvey) sont tout simplement impossibles : de la flûte sur un We No Who U R à mourir de rire, du violon à pleurer de partout, des chœurs comme s’il en pleuvait et tout un assortiment de coquetteries définitivement ridicules.
Que Nick Cave se soit accoquiné avec Warren Ellis – piètre arrangeur s’il en est et également leader des hippies de Dirty Three – est même le principal problème du crooner australien (on se souvient des deux albums calamiteux de Grinderman, sorte de faux groupe bruyant n’arrivant à effrayer que les petits garçons ; n’oublions pas non plus les trop nombreuses bandes originales de film sans aucun intérêt) et on ne peut même pas reprocher à  Cave de capitaliser sur son passé, passé mythique pour les uns ou dangereusement éprouvant pour les autres, puisque son passé n’existe apparemment plus pour lui. La seule explication aux louanges habituelles rencontrées par Nick Cave en général et par Push The Sky Away en particulier s’explique sûrement par le fait que le chanteur vieillit en même temps que son public (et inversement : on appelle ça le syndrome Télérama/Inrockuptibles).
Au milieu de cet étalage de musique de vieux pépère on trouve néanmoins un Water’s Edge (mais complètement foutu en l’air par un final ridicule) et un Higgs Boson Blues qui illuminent presque Push The Sky Away d’une lueur plus vivace et d’une tension qui fait défaut à tout le reste de l’album. C’est bien peu. Rendez-vous est pris pour dans trois ou quatre ans pour parler du seizième album de Nick Cave & The Bad Seeds parce que l’espoir fait vivre ; mais rien ne saura remplacer les quatre premiers albums des Bad Seeds (From Her To Eternity, The Firstborn Is Dead, Kicking Against The Pricks et Your Funeral… My Trial) et certains des albums suivant immédiatement après (l’acclamé Tender Prey et les inégaux The Good Son et Henry’s Dream).

[pour Push The Sky Away Nick Cave a semble-t-il quitté Mute. L’album a été publié par Bad Seeds Ltd et existe en quatre versions différentes : coffret, version deluxe, version simple et version vinyle LP + 7’]

lundi 18 février 2013

The Men / Electric b/w Water Babies




Allez, redonnons encore une chance à THE MEN. Parce qu’aujourd’hui on n’est pas forcément plus rancuniers que d’habitude – mais ça ne va peut-être pas durer – et que surtout on a fini par oublier Open Your Heart, l’album calamiteux au possible que The Men a publié en 2012. Il faut cependant se faire une raison, les new-yorkais ne retrouveront jamais la verve d’Immaculada qui reste le seul album de The men qui tienne la route, voire même il s’agit pour l’instant du seul bon album du groupe tout court. Pour l’instant, parce que fidèle à ses habitudes The Men va publier un nouvel album en 2013, à nouveau chez Sacred Bones et que le single dont on va parler maintenant est en quelque sorte l’éclaireur kamikaze de l’album en question (prévu pour le début du mois de mars, parait-il, ne vous affolez donc pas*). Et – oh surprise ! – ce Electric b/w Water Babies** est plutôt bon. Pas de quoi révolutionner ta petite vie de merde de punker du dimanche, non, mais voici un bon petit disque de pounque indé – comme on aime à le répéter chez 666rpm : qualité/savoir-faire/tradition.
On le sait, le line-up de The Men comprend désormais Ben Greenberg à la basse et au chant en remplacement de Chris Hansell, disparu de la circulation entre Leave Home (2011) et Open Your Heart (2012) même s’il est encore crédité sur celui-ci. Ben Greenberg, qui assurait déjà l’enregistrement et la production des derniers albums de The Men, est logiquement entré dans le groupe comme dans une pantoufle bien confortable. The Men qui retrouve une verve certaine sur Electric (punk de base as fuck) avec sa guitare principale et son refrain de pop stars qui vous restent dans la tête pour toute la journée une fois que vous les avez écoutés ; tout comme Water Babies, tout aussi punk de base mais moins tubesque, à peine moins simpliste, peut-être moins efficace mais tout aussi bon parce que plus épais au niveau des couplets tout en gardant le côté pop qui va bien au moment du refrain (est-ce que ça parle de faire boire la tasse aux filles dans la piscine ?). Mais le plus important sur Electric et Water Babies c’est l’absence totale de solo de guitare, ces solos à la con et surtout à la James Williamson qui minaient en partie l’album Leave Home, flinguaient complètement Open Your Heart et pouvaient horripiler au dernier degré en concert.
Avec Electric b/w Water Babies The Men annonce peut-être un quatrième album grandiose. Au pire ce single ne sera qu’un one-shot de plus et figurera en bonne place dans le panthéon des 7’ qui donnent la banane – le 7’, format garage et punk par excellence.

* l’album est annoncé sous le titre de New Moon
** Electric b/w Water Babies est bien sûr publié par Sacred Bones

dimanche 17 février 2013

Comme à la télé : Don't mess with Metz (2)




Rajoutons-en encore une couche à propos de METZ avec un nouvel extrait vidéo, non pas un live capté dans une radio étudiante mais un vrai concert donné chez les gens biens de Pitchf**k : vingt-quatre minutes d’une prestation qui, malgré le décor très cosy en arrière plan, sent la transpiration et la bière tiède.




Pourquoi revenir une nouvelle fois sur Metz ? Et bien tout simplement parce que le premier album du groupe, malgré ses défauts, s’impose toujours plus au fil des semaines et des écoutes comme un bon petit disque de punk noise qui ne débande pas ; du coup on envie (un peu) beaucoup celles et ceux qui ont récemment eu la chance de voir le groupe en concert dans notre beau pays.

La photo ci-dessus a précisément été prise lors de cette récente tournée de Metz mais à la Nef d’Angoulême, par Philippe Lafaye/Shoot Me I’m Sick – merci à lui pour l’autorisation de diffusion et profitez-en pour visiter son site, même si ses photos sont en couleurs elles valent vraiment le coup).

samedi 16 février 2013

Touch. 30 Years And Counting




Le label anglais TOUCH vient de fêter son trentième anniversaire. Et de publier une compilation en forme d’état des lieux actuel de cette illustre maison de disque. Une compilation qui évidemment ne retrace pas tout l’historique de Touch records et qui de toute façon n’avait pas pour but de le faire. 30 Years And Counting réunit donc des musiciens qui ont fait l’histoire du label pour (environ) les dix dernières années seulement. En ce qui concerne tous les autres – on citera Nocturnal Emissions, Hafler Trio, Etant Donnés, John Duncan… – il faudra dépoussiérer les étagères et retrouver ses vieux disques ou bien partir à la pêche aux mp3 sur internet.
On remarque tout de même quelques absents de taille sur 30 Years And Counting : Ryoji Ikeda, Daniel Menche, le collectif Freq_Out, Rehberg & Bauer ou Thomas Köner, ce dernier ayant attendu l’année 2012 et son dixième album pour enfin publier son premier disque chez Touch. Et on remarque surtout que 30 Years And Counting fait la part belle aux travaux ambient et captations de paysages sonores des musiciens invités avec en tête de gondole Christian Fennesz, Oren Ambarchi et Biosphere. Même les musiciens d’ordinaire plus sujets aux débordements et aux magmas bruitistes (Mika Vaino, Philip Jeck ou Z’ev) se coulent dans ce qui semble bien être la thématique du disque.
D’ailleurs les titres sont plus ou moins regroupés, formant comme une longue suite ou plutôt quatre longues suites : 30 Years And Counting est un double album vinyle et même si vous comptez en acquérir la version CD vous y trouverez quatre plages seulement – alors que l’on compte seize musiciens/artistes en tout – comme autant de faces d’un double LP. Difficile parfois de s’y retrouver, croyant être surpris par Bruce Gilbert (ex Wire) alors qu’en fait on a plutôt le plaisir d’écouter enfin quelque chose de neuf et composé par le néo-zélandais Rosy Parlane (ex Thela)… Structurellement 30 Years And Counting incite plus que jamais à une certaine rêverie, y compris lors des paysages sonores disséminés ça et là – le coup du train version Chris Watson ça marche toujours.
Quelques musiciens nous surprennent toutefois vraiment – comme ce piano un rien baveux orchestré par Eleh – alors que d’autres constituent une découverte (Jana Windersen avec ses incroyables captations sonores de chauve-souris la nuit dans un parc londonien mais qui pourtant a déjà trois albums publiés chez Touch records dont le magnifique Energy Field). 30 Years And Counting ne souffre d’aucune erreur de casting mais, et c’est également la limite de ce disque, tous ses participants y perdent un peu de leur personnalité et de leur identité musicale ; voilà une compilation/mémorial dont le véritable auteur est ainsi le label lui-même ou plutôt Mike Harding et Jon Wozencroft, les deux boss et directeurs artistiques de Touch records. En ce sens l’anniversaire du label est dignement fêté mais une vraie rétrospective, à caractère historique et plus exhaustive, aurait été un bon complément à un tel artefact.

vendredi 15 février 2013

Skullflower / Carved Into Roses - Infinityland - Singles




Carved Into Roses, Infinityland… Même à l’heure du partage des disques rares (ou épuisés) sur le net et en peer to peer, on ne pourra jamais assez remercier VHF records d’avoir enfin réédité ces disques de SKULLFLOWER devenus introuvables depuis trop longtemps*. Le groupe de Matthew Bower existe depuis 1988, a connu un nombre important de line-ups différents, est passé par moult périodes mais il est pourtant toujours là, cas assez unique d’un groupe anglais s’adonnant à la musique bruitiste et à l’annihilation complète de nos facultés de raisonnement – quel dommage d’ailleurs que Skullflower ait annulé en 2012 ce qui ressemblait pourtant à la première tournée du groupe depuis bien longtemps…**
… On se consolera alors avec cette magnifique collection regroupant donc les albums Carved Into Roses (1994, déjà chez vhf), Infinityland (1995, hEADdIRT recordings/Permis De Construire Deutschland) et une collection de EPs publiés à la même époque. Deux albums dont le premier a été initialement publié moins de deux après Third Gatekeeper (1992, hEADdIRT*** – magnifiquement réédité en 2007 par Crucial Blast) mais deux albums qui sont extrêmement éloignés de cet illustre prédécesseur : Third Gatekeeper reste à ce jour le disque le plus connu (et pour certains le plus emblématique) de Skullflower mais il n’offre qu’une vision très parcellaire et incomplète de la musique du groupe ; on affirmera ici que le vrai Skullflower, en tous les cas la meilleure incarnation du groupe, est à chercher quelque part sur cette réédition en trois disques, programme démentiel de bruits distordus, de psychédélisme ravageur, d’indus décalqué et de freejazz mentalement malade, comme une longue plainte sans retour – en tous les cas sans réel début ni fin avérés, ce qui s’apparente le plus à la définition d’un cauchemar récurrent et claustrophobe.
Sur Carved Into Roses comme sur Infinityland le ligne-up de Skullflower est le même et s’en est bien fini de la formation de power-trio qui avait tout balayé sur Third Gate Keeper**** : Matthew Bower, guitare et bidouilles ; Russel Smith de A.R. Kane (!), de M.A.R.R.S (!) mais surtout ex membre de God et ex Terminal Cheesecake à la guitare ; Simon Wickham-Smith à l’électronique ; Philip Best (de Whitehouse) à la voix et Stuart Dennison (également membre des géniaux Ramleh) à la batterie. Cette formation là, bien plus protéiforme et s’éloignant du chaos plus cliniquement industriel et metal d’un Godflesh, se concentre sur un magma sonore proche de la terreur la plus complète et la plus sale ; une terreur comme anesthésiée par l’usage de drogues dures mais dont les effets n’en sont que plus dévastateurs.
Oui, ces disques ne sont pas vraiment faciles à avaler, oui ils font partie de ce que Skullflower a enregistré de plus extrême – le groupe ne fera peut être plus jamais aussi bien – mais ils sont également représentatifs de l’intransigeance mais aussi de l’incroyable profusion créatrice d’une certaine scène anglaise des années 90 – en vrac : God, Ice, Terminal Cheesecake, Slab!, Headbutt, etc***** –, une scène partiellement éclipsée dans le cœur des amateurs de guitares névrosées par les groupes U.S., groupes beaucoup plus axés eux sur les effets de la fuzz et de la distro mélangés malgré tout à quelques préoccupations mélodiques et donc acceptables. Pour compléter ce formidable mémorandum sur un certain âge d’or britannique, le troisième CD de cette réédition offre à entendre quatre EPs tous plus excitants les uns que les autres ; sur ceux-ci le line-up de Skullflower varie quelque peu bien que l’on retrouve le noyau dur Bower/Smith/Dennisson et on note quelques apparitions prestigieuses comme celle, sur le 7’ Village Sorting (Self Abuse records, 1995) du génial saxophoniste Tim Hodgkinson, ex Henry Cow, ex The Work, cofondateur de God et futur Konk Pack. Tout simplement légendaire et essentiel******.

* autre réédition de choix, toujours chez vhf : l’album This Is… Skullflower… (1996)
** histoire de pleurer un peu plus : le line-up actuel de Skullflower a vu le retour derrière la batterie de Stuart Dennison
*** rappelons que hEADdIRT était le label de Justin K. Broadrick…
**** sur Third Gate Keeper le line-up est le suivant : Matthew Bower à la guitare, Anthony Di Franco à la basse et Stuart Dennison à la batterie
***** il y avait également Silverfish, groupe à part et qui aurait pu faire un carton s’il ne s’était pas séparé prématurément ; reste le cas de Godflesh qui c’est vrai bénéficiait en Europe de l’appui d’un gros label de metal extreme alors très à la mode (Earache) et aux Etats Unis de l’appui de Sony Music via Relativity records
****** cette réédition est en outre très jolie : un tripe digipak avec un obi sauce japonaise ; l’artwork principal reprend en partie celui de Carved Into Roses

jeudi 14 février 2013

The Catalyst / Voyager




2012 aura vu le grand retour de THE CATALYST, groupe américain (Richmond, Virginie) bien trop méconnu… il est vrai que The Catalyst ne fait pas beaucoup d’efforts non plus puisque trois longues années séparent le nouvel album Voyager de son prédécesseur direct, l’excellent Swallow Your Teeth (2009) – on conseillera également le EP monoface Mariana Trench (2008) dont la version CD comporte en bonus neuf titres issus de deux splits parus encore précédemment.
Il faut croire aussi qu’il s’en est passé des choses entre Swallow Your Teeth et Voyager, le line-up de The Catalyst se trouvant réduit de quatre à trois membres avec le départ du guitariste (et batteur) Jamie Faulstich. Un guitariste en moins cela peut changer beaucoup de choses, surtout pour un groupe tel que The Catalyst dont le hardcore était teinté de mille détails inventifs et explosifs, jouant sur les contrastes, pliant les mélodies dans le sens du bruit (domestiquant le bruit avec des mélodies tordues) tout en n’oubliant jamais cette saine énergie qui arrache des sourires de douleur sous les assaut d’une musique devant beaucoup au noise rock tendance psychopathe voire psychédélique. The Catalyst a beau être originaire d’un maudit coin de terre qui a vu la naissance du sludge (EyeHateGod, Buzzov-en et consorts…), le désormais trio ne doit vraiment rien à cette école là et reste l’ennemi du gras satanique mais pas de la lourdeur/douleur féroce.
Avec Voyager The Catalyst a forcément simplifié sa musique ce qui signifie également qu’elle s’est également durcie dans le sens hormonal du terme. Dès les premiers instants de Spaceship Catalyst on sait que l’on va vraiment passer un sale quart d’heure et que l’on va en prendre plein la gueule. On reconnait le style Catalyst – les plans de guitare façon torchère explosive sur Big Bend, l’agilité conquérante des énormes lignes de basse, le matraquage rythmique – mais on décèle également une orientation metal plus poussée dans un hardcore qui privilégie donc les pectoraux et les concours de bites sur la table.
Mais ça, cette nouvelle aptitude à plus beugler et à plus défourailler en direct qu’à pervertir sournoisement le monde moderne, on ne la regrette pas vraiment ; on ne regrette pas la (relative) finesse d’avant et on prend comme il vient ce Catalyst nouvelle formule, plus resserré et moins finaud mais tout aussi remuant et, finalement, tripant. Il n’est donc pas sûr que l’on écoute moins souvent Voyager que l’on a dans le passé écouté Swallow Your Teeth et Mariana Trench et The Catalyst poursuit avec succès son voyage retentissant dans un anonymat intersidéral dont on aimerait bien que le groupe sorte un jour, parce qu’il le mérite amplement.

[Voyager est publié en LP uniquement par Forcefield records – le vinyle est transparent avec du orange dedans et goûtez au passage cette pochette d’un kitsch admirable, effectivement on dirait bien un artwork grossièrement et basiquement metal]

mercredi 13 février 2013

Comme à la radio : Trench Piss




TRENCH PISS est le nom – absolument délicieux – d’un nouveau groupe basé à Nantes. Nouveau groupe mais avec des musiciens que l’on connait déjà puisque dans Trench Piss on retrouve Tom Bodlin (lui-même et ex-Café Flesh) à la voix, Gildas de ChooChooShoeShoot à la guitare, Pierre de je ne sais pas quoi à la basse et Fabien, accessoirement frère de Gildas – les pauvres parents, qu’est ce qu’ils ont du endurer –, à la batterie.



Ceci est la toute première demo enregitrée par le groupe : c’est lourd, bien chargé, c’est noise et déjà fort réussi – maintenant on attend avec impatience la suite des aventures de ces quatre garçons dans le vent bloqués sur les 90’s.