2012 aura vu le grand retour de THE CATALYST, groupe américain (Richmond,
Virginie) bien trop méconnu… il est vrai que The Catalyst ne fait pas beaucoup
d’efforts non plus puisque trois longues années séparent le nouvel album Voyager de son prédécesseur direct,
l’excellent Swallow Your Teeth (2009)
– on conseillera également le EP monoface Mariana
Trench (2008) dont la version CD comporte en bonus neuf titres issus de
deux splits parus encore précédemment.
Il faut croire aussi qu’il s’en est passé des
choses entre Swallow Your Teeth et Voyager, le line-up de The Catalyst se
trouvant réduit de quatre à trois membres avec le départ du guitariste (et
batteur) Jamie Faulstich. Un guitariste en moins cela peut changer beaucoup de
choses, surtout pour un groupe tel que The Catalyst dont le hardcore était
teinté de mille détails inventifs et explosifs, jouant sur les contrastes, pliant
les mélodies dans le sens du bruit (domestiquant le bruit avec des mélodies tordues)
tout en n’oubliant jamais cette saine énergie qui arrache des sourires de
douleur sous les assaut d’une musique devant beaucoup au noise rock tendance
psychopathe voire psychédélique. The Catalyst a beau être originaire d’un maudit
coin de terre qui a vu la naissance du sludge (EyeHateGod, Buzzov-en et
consorts…), le désormais trio ne doit vraiment rien à cette école là et reste l’ennemi
du gras satanique mais pas de la lourdeur/douleur féroce.
Avec Voyager
The Catalyst a forcément simplifié sa musique ce qui signifie également qu’elle
s’est également durcie dans le sens hormonal du terme. Dès les premiers
instants de Spaceship Catalyst on
sait que l’on va vraiment passer un sale quart d’heure et que l’on va en
prendre plein la gueule. On reconnait le style Catalyst – les plans de guitare
façon torchère explosive sur Big Bend,
l’agilité conquérante des énormes lignes de basse, le matraquage rythmique –
mais on décèle également une orientation metal plus poussée dans un hardcore
qui privilégie donc les pectoraux et les concours de bites sur la table.
Mais ça, cette nouvelle aptitude à plus beugler et
à plus défourailler en direct qu’à pervertir sournoisement le monde moderne, on
ne la regrette pas vraiment ; on ne regrette pas la (relative) finesse
d’avant et on prend comme il vient ce Catalyst nouvelle formule, plus resserré
et moins finaud mais tout aussi remuant et, finalement, tripant. Il n’est donc
pas sûr que l’on écoute moins souvent Voyager
que l’on a dans le passé écouté Swallow
Your Teeth et Mariana Trench et
The Catalyst poursuit avec succès son voyage retentissant dans un anonymat
intersidéral dont on aimerait bien que le groupe sorte un jour, parce qu’il le
mérite amplement.
[Voyager est publié en LP uniquement par Forcefield records – le vinyle est
transparent avec du orange dedans et goûtez au passage cette pochette d’un
kitsch admirable, effectivement on dirait bien un artwork grossièrement et
basiquement metal]