jeudi 31 mai 2007

Epargne retraite et retour d'âge

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Les Stooges ont découvert les principes fondamentaux des fonds de pension, The Saints donneront bientôt un concert dans leur formation originelle (même Ed Kuepper sera là), Lou Reed refait le coup de Berlin : les maisons de disques ont peut être trouvé un semblant de répit en rééditant avec toujours plus de luxe et de détails supplémentaires leurs catalogues mais les musiciens eux aussi ont compris, ils rejouent ensemble, parfois sous un nouveau nom, parfois aussi avec un ou plusieurs nouveaux membres et les reformations se ramassent à la pelle -New York Dolls, Bauhaus, Jesus And Mary Chain, Pixies, Slint engrangent les cachets éventuellement faramineux concédés par Coachella et autres promoteurs. Même la dernière tournée française et européenne de Motörhead répond à ce syndrome de la dernière fois, avant que. Cela marche du tonnerre, le rock’n’roll -celui que personne n’a connu mais que tout le monde semble aimer- a le vent en poupe, le Hall Of Fame, véritable supermarché en forme de musée nostalgique, sera bientôt trop petit et hier dans un magasin de disques j’ai fouillé par curiosité dans les bacs de t-shirts : Stooges, MC5 et Ramones (encore et toujours) arrivent en tête des ventes et le propriétaire des lieux m’a avoué que c’est uniquement grâce à cela qu’il arrive à maintenir son affaire à flot. C’est de la culture de papier peint.























Les petits indépendants français n’échappent pas au phénomène. J’ai déjà remarqué que nombre de formations sinistres des 80’s ont repris du service (Clair Obscur, Guerre Froide, Norma Loy, etc), les réeditions de Complot Bronswick suivent de près celles de Caméra Silens, le label Born Bad fait parler de lui avec la compilation Bippp et des MySpace fanatiques tentent d’entretenir la flamme. Plus ça va et plus je suis heureux de ne plus avoir quinze ans ou même vingt depuis longtemps, je supporte mal cette mémoire qui ne veut rien dire, la mémoire c’est ce que l’on décide d’en faire, rien de plus.
Deux anciens membres de Sloy se sont reconvertis et du coup ont réveillé toute une animosité que j’avais depuis longtemps oubliée -il faut lire cette chronique ainsi que celle-ci et ce tout petit texte, c’est ce que l’on appelle le tir de barrage breton. Un peu plus loin Sister Iodine s’est reformé, après l’expérience électronique Discom et leur label Deco (sur lequel on retrouve mes adorés Chlorgeschlecht). Malgré quelques bons souvenirs de vieux concerts de Sister iodine je n’ai pas voulu aller à celui qu’ils ont donné dans cette ville il y a quelques mois et je le regretterais presque : leur album paru l’année dernière chez Textile records est plutôt réussi… dans le passé ils avaient semé la polémique avec Pause, un disque que certains avaient qualifié de non-musique (au fait : quelqu'un pourrait-il m’expliquer ce que c’est que la musique ?) -il faut dire que l’arrogance ne fonctionne que s’il y a quelque chose derrière et que dans ce petit monde aucune incartade n’est permise, l’éthique underground peut elle aussi avoir valeur d’intolérance.
Reste le cas des ex Deity Guns et ex Bästard qui se retrouvent au sein de Zëro : le vinyle 25 cm est vraiment bien (dessus il y a un titre avec la belle voix de Salim -Busyman/Six Pack) et surtout il permet d’attendre la suite, c'est-à-dire un véritable album prévu pour septembre chez Ici D'ailleurs. Il est clair que Zëro est vraiment la continuité de Bästard, la patte du groupe se reconnaît entre mille, peut être en un peu plus apaisé et laissant un petit plus de place aux harmonies -je ne sais donc pas où est la limite entre mes souvenirs d’un groupe qui ne joue plus ensemble depuis plus de dix ans et ce nouveau groupe d’anciens combattants, autrement dit si il y a un piège quelque part (mais j’en doute fort) je suis sûrement tombé dedans et en toute logique je l’ai fait avec tout mon assentiment, c’est donc moi le vieux con.


mercredi 30 mai 2007

Je fais des progrès en informatique

La preuve, maintenant je sais insérer une vidéo sur cette page -par exemple la dernière fantaisie en date des Melvins. Enjoy :

mardi 29 mai 2007

We are Motörhead and we play rock'n'roll

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Dimanche. A la dernière minute je décide de jouer la soirée façon coureur de fond (c'est à la mode) et de ne pas choisir : commencer par le concert de Motörhead en espérant qu'il ne finira pas trop tard et pouvoir ainsi assister à une bonne partie de celui de Zëro. Les abords de la (très grande) salle où va se produire Lemmy et compagnie sont infestés de personnages aussi pittoresques qu'effrayants, avec mes rouflaquettes correctement taillées et mon bermuda option couilles en apesanteur j'ai l'air d'un jeune communiant rêvant d'embrasser la première fille venue lors de la fête annuelle à l'aumônerie du village. Je croise quelques bikers format Bud Spencer, des punks à crêtes rouges ou vertes en plein concours de lancer de canettes de bières et je m'amuse à recenser les t-shirts de groupes portés par tous ces jeunes gens et vieux cons en pleine crise existentielle : mis à part les t-shirts Motörhead c'est incontestablement ceux des Ramones qui sont les plus nombreux, un vrai défilé de mode. Je continue de regarder mes pieds en faisant toujours semblant de rechercher celle que je vais embrasser, j'entre dans la salle et justement la première fille venue est celle dont le groupe joue en début de soirée. Contrairement à moi elle porte un pantalon bien moulant et se trémousse au son d'un boogie métal laborieux, elle braille à m'en faire saigner les oreilles et il est clair que ce n'est pas la femme de ma vie -je choisis délibérément d'oublier le nom de son groupe pourtant écrit en très gros derrière elle, même en enlevant mes lunettes j'arrive encore à le lire, ces gens là feraient également de très mauvais ophtalmologistes.
C'est la pause, j'en profite pour aller fumer une cigarette aux toilettes, à l’entrée je croise un gros nain de jardin habillé tout en rouge qui visiblement est là pour faire respecter le décret 1386 du 15 novembre 2006 alors je fais comme tout le monde, je me mets ma clope sur l’oreille et je rebrousse chemin en maugréant un truc du genre mais où c'est qu'elle est encore passée. J'aperçois aussi deux ou trois gothiques en train de faire du social avec un rigolo un peu énervé qui leur demande ce qu'ils font là, affirmant sans douceur qu'ils se sont trompés de jour, que Marylin Manson c'est la semaine prochaine (c’est vrai : le 4 juin) mais je ne m'attarde pas, je n'ai aucun humour. Je m'installe dans la fosse et c'est là que j'attends que les lumières s'éteignent, c'est peu dire que je trépigne, je déteste cette salle (la dernière fois que j'y ai mis les pieds c'était pour un concert des Cure, tournée Desintegration) mais je n'ai pas revu Motörhead depuis près de quinze ans, donc oui, je peux affirmer que je trépigne. La salle est brutalement plongée dans le noir et ils arrivent : Lemmy salue, we are Motörhaed and we play rock'n'roll, le groupe commence par Snaggletooth directement enchaîné à Stay Clean et pour la seconde fois en moins de deux semaines je comprends que ce soir je vais à nouveau mourir. Ils peuvent bien jouer n'importe quel morceau, je sais que je vais le connaître et je ressens déjà cette chose formidable, cette absence totale de lassitude face à une musique que je connais par cœur, ce plaisir toujours intact et je me mets à brailler sur les refrains, à sauter en l'air, à écraser les pieds de mes voisins, à me faire écraser les miens, je deviens champion en rattrapage in extremis de lunettes dès qu'un type slamme au dessus de ma tête et le concert est déjà fini, une heure quarante-cinq qui s’achevent par Ace Of Spades et Overkill donnés en pâture, un vrai festin.





















Je récupère mon vélo là où je l'avais laissé et je fonce au concert de Zëro, je mets à peine dix minutes pour faire le trajet et donc je peux effectivement en voir une bonne moitié -c'est la grande différence en gros et petits concerts : les premiers commencent et finissent tôt alors que les seconds c'est presque toujours l'inverse. Les gens semblent s’être déplacés en masse pour assister au retour des anciens Bästard, la salle est bien pleine, toute la branchitude locale est présente et cela plait, tonnerre d'applaudissements. Je suis complètement trempé de sueur, mon t-shirt est une véritable serpillière -je suis allé voir Motörhead et je pue la mort. J'ai sûrement l’air un peu exalté, j’ai du mal à écouter quelque chose d’autre, quelque chose de différent mais je prends le temps d'appréhender ce nouveau groupe et tombe peu à peu sous son charme : la musique de ces garçons est plus ciselée qu'auparavant, non pas plus pop mais avec davantage de petits détails de couleurs. C'est assez lent et nuancé. Mon voisin qui ronchonne un peu m'affirme que le titre que Zëro est en train de jouer est une reprise de Pere Ubu, une chanson extraite de The Modern Dance parait il mais que je ne reconnais pas, ah bon. Encore deux titres toujours très applaudis puis vient un morceau déjà connu, en fait un ancien morceau de Bästard et je brûle sur place une nouvelle fois.

Après le concert j'achète le 25 cm que le label Ici d'ailleurs a accepté de presser pour que le groupe ait quelque chose de neuf à proposer pour ses premières dates, je me promets de l’écouter dès demain. Je fais encore deux ou trois promesses qui ne m’engagent à rien, la soirée est belle.




lundi 28 mai 2007

Kirk Hammett a beaucoup trop de doigts mais il ne le sait pas

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Voilà le genre de moue dubitative que devaient faire les métallurgistes hollandais le 26 juin 2003 lors du Roskilde Festival, la moue des types un peu incrédules et curieux : ils allaient voir Massacre en première partie de Metallica. Massacre ? Le nom peut évoquer un vieux groupe de death métal (celui avec Kam Lee et Rick Rozz avant qu’ils ne rejoignent Chuck Schuldiner et Death) mais il s’agissait bien là des improvisateurs rock new-yorkais, hum, je me suis toujours demandé pourquoi new-yorkais parce que -certes- le bassiste Bill Laswell en est un mais le guitariste Fred Frith lui est tout ce qu’il y a de plus britannique et Charles Hayward (ancien This Heat) est également sujet de sa royale majesté. OK, le groupe a été formé en 1980 dans cette sale ville et le batteur originel Fred Maher (oui celui-là même qui a produit un album de Lou Reed intitulé… New York) est un pur jus. Mais qu’y a-t-il donc de strictement new-yorkais dans Massacre ?
Killing Time
, le premier (et pendant très longtemps unique) album délivrait un rock très sec, nerveux avec des instrumentaux plutôt courts basés sur des improvisations -d’où l’étiquette grosse pomme : je te théorise le mélange du jazz et du punk et comme je n’ai rien compris à la no-wave qui a déjà quelques heures de vol et ne va pas tarder à s’écraser contre un mur pour donner plein de petites choses tout aussi éphémères que génialement fulgurantes, je t’emballe tout ça dans un joli papier kraft à l’intention des générations futures (moi par exemple) qui n’y verront que du feu. Killing Time est et reste un excellent album, parfaitement réédité l’année dernière par ReR Megacorp.























Le problème est que ce groupe qui n’a pas duré très longtemps mais qui a semble-t-il marqué les esprits s’est reformé à la fin des années 90 avec (donc) Charles Hayward comme nouveau batteur. Il en a résulté un album chez Tzadik -John Zorn est toujours dans les mauvais coups- plutôt réussi : Funny Valentine. Trois ans après a paru un premier live, Meltdown (incluant une reprise du Song For Che de Charlie Haden) et là j’ai baissé les bras. Pour le nouvel et tout récent album en concert (Lonely Heart, toujours chez Tzadik) il est question cette fois d’un enregistrement lors d’un festival métal en Hollande et c’est précisément le pitch commercial du disque : Fred Frith nique tout sur son passage devant 10 000 fans de Metallica qui ne jure que par Kirk Hammett.
J’avais assisté à un drôle de concert solo de Frith vers 1995/96, il était alors en résidence à l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne -il a résulté de cette résidence l’effroyable Impur, disque enregistré lors d’une performance mémorable (??!) d’où je n’avais pu que fuir- et, à l’initiative de Gilles Laval qui travaillait alors dans cette école, un concert dans une grande salle de la ville avait été organisé, Fred Frith s’était retrouvé pris en sandwich entre Garlic Frog Diet (du punk à rire) et Parkinson Square (le groupe de Laval, plutôt du hard core, en ouverture ils avaient d’ailleurs repris le Sparrow Song de Skeleton Crew, aka Fred Frith et Tom Cora). L’idée était d’élargir les horizons bas du front des mectons dans mon genre avec ou sans crêtes et je me rappelle de l’un d’entre nous ironisant après la prestation de Frith sur le fait qu’il venait de voir le guitariste de Pink Floyd en concert. Justement, pendant le concert, un type qui braillait des chansons paillardes s’était fait insulter par le public et Fred Frith en avait profité pour sortir sa technique du tampon gex, on peut vraiment faire n’importe quoi avec une guitare. Apparemment il a refait le plan récurage acoustique de l’instrument en première partie de Metallica, il a même rajouté quelques chaînes sur les micros de sa demi-caisse, a monté le son de son ampli comme une vulgaire brute et s’est envolé dans de longues improvisations qui font du bruit -et longues c’est bien tout le problème parce que pour le coup Massacre a perdu sa concision et donc cette urgence qui écartait tout risque d’ennui et qu’en plus Laswell fait plus que jamais n’importe quoi avec sa basse cinq cordes bourrée d’effets irritants tandis que Charles Hayward tricote mollement, je résume comme un chien : long, lent, lourd et chiant.
A la même époque que le concert avec Parkinson Square il y avait eu aussi un duo avec Louis Sclavis, suivi d’un débat/discussion. Un jeune skinhead à lunettes avait posé cette question : monsieur Frith, c’était comment à l’époque de Henri Cow ? L’autre un peu gêné par tant d’adoration avait répondu évasivement mais de manière assez brutale -qu’est ce que tu veux savoir ? En écoutant Lonely Heart j’ai eu justement cette impression, celle que Fred Frith avait pour une fois oublier d’oublier, idée que pourtant il a mis en pratique depuis des années dans le cadre de son travail d’improvisateur et qu’il a déjà atteint déjà à de nombreuses reprises -mais pas cette fois-là, celle du Roskilde Festival, ça c’est sûr et cet enfoiré moustachu de Kirk Hammett peut vraiment se vanter d’avoir une très mauvaise influence sur les gens.

dimanche 27 mai 2007

samedi 26 mai 2007

Une omelette avec les yeux de ton père (cherchez l’allitération)

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Tyondai Braxton est il vraiment le fils d’Anthony ? Il semblerait bien que oui mais chacun sait que cela n’est pas forcément suffisant : mon père à moi est un ancien fonctionnaire de l’éducation nationale, stalinien, ayant viré vers la retraite dorée et l’écologisme néo biblique -je ne suis devenu qu’un travailleur sous-payé de la France qui se lève beaucoup trop tôt et je ne sais toujours pas vers quoi je vais ni où iront mes enfants, d’ailleurs je pense qu’avoir des projets sur sa progéniture et à proscrire. Alors être le fils d’Anthony Braxton -le genre de jazzman capable de relever le défi de l’improvisation libre au sein des companies de Derek Bailey et aux côtés de gens aussi différents que Evan Parker, Tristan Honsinger, Steve Lacy ou Han Bennink, capable aussi de composer à l’aide de schémas géométriques qui rendrait même Morton Feldman dubitatif et (pour finir) ayant rendu l’un des plus beau hommage que je connaisse à la musique de Charlie Parker- être le fils d’un musicien génial, expansif et diversifié est ce que cela sert à quelque chose ? Evidemment non, je ne suis pas du genre jaloux, la question en elle-même est d’ailleurs stupide et toute cette démonstration vacille dans le périlleux, mais ce dont je suis sur c’est que ce qui sert vraiment à Tyondai Braxton c’est d’avoir une voix et de savoir l’utiliser.
Battles est un faux groupe discret : outre le fils de, on y retrouve John Stainer à la batterie -dégoûté de l’expérience Helmet par le petit dictateur Page Hamilton il avait pourtant juré de ne jamais rejouer de la musique, ce qui ne l’empêche pas outre Battles de perdre son temps au sein de Tomahawk- on retrouve également Ian Williams à la guitare, lui à été viré de Don Caballero par le (très gros) dictateur Damon Che, bien qu’il ait pourtant juré lui aussi de ne jamais rejouer mais à ce moment là il devait déjà être en train de tripoter le manche de sa guitare, quand on touche du bois c’est comme quand on croise les doigts, on peut dire n’importe quoi parce qu’on aura toujours raison. Un faux groupe discret parce que les trois premiers maxis ont été enregistrés en même temps puis savamment distillé sur plusieurs labels avant d’être miraculeusement réédités par Warp, le label électro bien connu de ceux qui aime ça et même aussi parfois des autres. Un nouvel album (Mirrored) vient de paraître, une grosse tournée est enclenchée, Battles est donc un groupe comme tout le monde.


















Un nouveau disque qui semble jouer la franchise : sur la pochette il y a une photo de tous les instruments utilisés par le groupe et au premier plan on ne peut que voir les gros synthétiseurs, Battles (qui déjà manipulait en direct ses sons de guitares avec des ordinateurs portables) donne de plus en plus dans le synthétique, curieux mélange très cérébral extrêmement périlleux mais que je trouve vraiment réussi, les mathématiques hard core qui copulent avec la mystique synthétique dans une grande baignoire remplie de choucroute 70’s sous les regards attendris de Robert Moog et Fumio Mieda, c’est un spectacle auditif particulièrement délicieux pour les oreilles. Mais le chant alors ? Tyondai Braxton donne de la voix, plusieurs voix en fait ce qui me fait penser qu’il y a de l’échantillonnage là-dessous et ça c’est nouveau, nouveau pour un groupe de musique instrumentale qui géométise, tire des lignes de fuite, casse les perspectives et ne laisse pas le temps d’admirer le paysage -Hey les gars c’est quoi ce chant qui ne veut rien dire ? C’est quoi ces litanies de schtroumpfs pédés sous acide ? Si Christian Vander et Florian Fricke étaient encore en vie ils feraient la même musique que vous et mon grand frère se fout de ma gueule -lui qui me terrorisait lorsque j’étais petit garçon avec ses ignobles disques de Magma, et pourtant on a le même père, hein.


[Pour l’instant, l’intégralité de Mirrored est disponible en Streaming et il y a plein de photos du groupe en concert ici. La chanson des schtroumpfs s’intitule Atlas mais il y en a quelques d’autres.]


jeudi 24 mai 2007

The Narcotic Story

























J’ai beau dire, il y a quand même un disque que je ne peux pas m’empêcher d’écouter en boucle sur internet (en attendant mieux).


mercredi 23 mai 2007

Les grosses limaces

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Non les Psychic Paramount n’étaient pas là ce soir -le batteur ayant déjà repris l’avion pour New York City- et c’est bien dommage, leur présence surprise aurait donné un petit peu plus d’épaisseur à ce concert du lundi, un concert en forme de pause après le programme chargé de la semaine précédente et avant quelques autres bonnes dates à venir -de l’avis général il faut bien remonter à la grande époque du Pezner et de sa programmation d’exception pour retrouver cette frénésie assez inhabituelle, l’avis général déclare aussi qu’après il va falloir jouer à l’escargot jusqu’au mois de septembre.
La soirée commence comme ça : je règle avec toute la mauvaise volonté dont je suis capable un conflit entre les filles, je reproche à la plus grande de bistrouiller un peu trop intensivement sa petite sœur, je ne suis pas un maître de patience et de compréhension ce soir et je râle un peu fort… Papa tu n’avais pas un concert aujourd’hui ? Qu’est ce que tu fais encore là ? A défaut de me faire rire, la malice de cette réponse me fait comprendre que ma mauvaise humeur est de trop et me voilà donc parti, rapidement même parce que je me sens fatigué.























Le concert débute avec Blue Shift c'est-à-dire huit minutes chrono de violon solo, tout en crissements et en défonçage d'archet, après le concert de Tony Conrad de la semaine dernière c’est plutôt sans commentaires. Ensuite vient le tour de Naomi : elle a fabriqué elle-même sa robe ultra courte avec de l’aluminium de paquets d’emballage, elle se trémousse et chante de la pop acidulé au vingt-cinquième degré sur une musique vaguement électro -quatre chansons, un quart d’heure, c’est une vraie performance.
Puis les Yellow Swans installent une table au milieu de la salle avec pleins de bidules dessus, sampler, table de mixage, pédales d’effet et quelques autres petits secrets dont ils vont se servir pour vriller les oreilles de la trentaine de personnes présentes. Gabriel M Saloman (guitariste et bidouilleur barbu) entame un petit discours ironique ponctué par les interjections de Pete Swanson (bricolage analogique, barbu lui aussi mais portant son éternelle casquette militaire) et nous présente toutes ses condoléances, nous aussi nous avons appris ce qu’est la démocratie mais la différence c’est qu’à chaque fois nous n’en prenons que pour quatre ans et ainsi de suite. Un buzz dans la sono surgit ce qui semble réjouir tout le monde (what’s that ? Ok, so we’ll be louder) et c’est dans la bonne humeur que les Yellow Swans entame leur court concert de noise bruitiste, quelque chose d’assez proche de Merzbow et consorts mais de moins massif, de plus aéré -la guitare, pourtant bien trafiquée, donnant un caractère assez hybride à l’ensemble. Ce concert a le mérite de me débarrasser de ma mauvaise humeur et malgré la fatigue je m’éternise un peu. En passant au retour sur la place de la gare je commence à compter le nombre de sacs de couchage étendus sur l’herbe, on dirait des grosses limaces géantes à moitié éventrées. Un, deux, trois, quatre, cinq… et j’arrête là parce qu’ils sont décidemment beaucoup trop nombreux -lorsqu’on en arrive à cette situation désespérante toute l’ironie du monde ne peut rien y changer et quatre ou cinq années cela ne doit faire vraiment aucune différence.

lundi 21 mai 2007

Epilogue : contre l’éloignement de la passion mais pour la masturbation


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En relisant le programme des Nuits Sonores 2007 je m’aperçois que la débandade a lieu juste à côté de la maison : les habituelles siestes en after c’est au parc voisin, celui qui les dimanche accueille tous les gamins du quartier, leurs parents un peu froissés par la fin du week-end et quelques fumeurs de shit. L’air commence à résonner dès 11 heures, je devine la clameur des teufeurs encore tout excités, le processus d’élimination du speed et de l’éthanol par l’urine et la sueur n’a pas atteint son rendement maximum. Toute la journée j’écoute cette rumeur qui vole au dessus des arbres du parc et arrive jusqu’à nos fenêtres, quelques passages me plaisent parfois, déformés par le vent, la chaleur et nos propres bruits, ceux de l’immeuble, nos paroles, la radio, le disque que je viens juste de décider d’écouter, l’eau qui coule dans la salle de bains, tout ce que d’habitude je ne remarque pas vraiment parce qu’il n’y a rien d’autre et que je suis dedans. Ainsi, j’ai regretté d’être allé au parc un peu plus tard, regretté de voir et d’écouter en direct et pour de vrai : c’était bien mieux de loin.




















Aujourd’hui on peut écouter proprement de la musique sans la voler, tout le monde est content mais je ne crois pas que cela soit suffisant -je ne veux pas parler des radios en ligne US (type Pandora) qui depuis la nouvelle réglementation nord-américaine ne peuvent presque plus rien diffuser, ça ne rigole pas avec les droits d’auteurs ET les ressources publicitaires, mais de tous les groupes, musiciens, labels qui mettent leurs nouvelles productions partiellement ou en intégralité sur internet : je n’ai pas vraiment l’impression d’écouter plus de musique et surtout je ne pense pas l’écouter mieux. En clair là aussi je l’écoute de loin, même s’il ne s’agit pas du même éloignement, devenu volontaire.
Je n’ai pu réellement découvrir le dernier album de Nadja que lorsque je l’ai manipulé, senti, lu, arrêté, lorsque j’ai recommencé à l’écouter plus tard et que je ne faisais rien d’autre, ou plus exactement lorsque cela me permettait de faire tout autre chose sans m’en rendre compte -la musique a cette faculté du fonctionnel (outre le fait qu’elle peut dériver de situations précises qui font qu’elle remplit une fonction à proprement parler, les meilleurs exemples étant la musique religieuse et les chants d’esclaves) qui consiste a rendre intéressant, ou alors moins pesant, tout ce qu’elle touche, un fonctionnel étroitement lié avec l’intime et/ou le quotidien. La musique dématérialisée m'ennuie car elle n'a aucune place à prendre, elle ne remplace rien, si en plus elle a le malheur de ne pas parler à mon ego alors il m’est impossible de m’y abandonner, ce qui est, je crois, une bonne définition de la masturbation.

dimanche 20 mai 2007

Un, deux, trois

Mardi. J’arrive en retard à la salle de concert, je pense avoir bien préparé mon coup -j’ai lu quelque part que tout devait commencer à 19 heures- et j’espère avoir raté les deux premiers groupes mais non : il n’y a encore presque personne et je vais avoir droit à l’intégralité du programme. Finalement ce n’est pas si mal. Le premier groupe joue du hard core terriblement old school (le chanteur a le logo de Black Flag tatoué sur un bras) sans grande originalité mais avec force conviction et prouve que pour brailler ce genre de musique et esquisser la danse du chien enragé qui tourne en rond qui sied au genre il vaut mieux être une grande perche et avoir de grandes jambes. Le sonorisateur qui travaille ce soir me parle de Asshole Parade deuxième groupe qui jouera ce soir, tu vas voir c’est un genre de trash metal et devant mon air septique enchaîne ou bien du doom, appelle ça comme tu veux. En fait il s’agit d’un groupe de grind core parfumé au crust comme je les aime tant, trente morceaux et quelques joués en moins d’un quart d’heure, un chanteur diarrhéique tel un porc terrifié qu’on égorge, le guitariste qui fait le signe de trois avec la main pour indiquer aux autres que les trois prochains titres seront joués à la suite mais cela n’y change rien, c’est toujours aussi court et bordélique, ovation du public.
Par contre Ovo, sa théâtralité baladeuse (le percussionniste qui tapote au hasard dans la salle tout ce qui pourrait résonner), ses parodies métalliques (la chanteuse/guitariste masquée ridiculise tout ce qui pourrait ressembler à du black metal), son cabaret africain et ses voix d’enfants possédés ne parviennent pas à séduire les foules -la salle est trop grande pour eux et leur cirque, dommage. Marvin (de Montpellier) sont les stars de la soirée et arrivent presque au terme d’une tournée de 56 dates, seront-ils trop fatigués ? Visiblement tout le monde (dont moi) est venu pour les voir eux et personne ne sera déçu, leur math core bontempi -du korg en fait- recycle intelligemment des musiques pas vraiment appréciables et démonstratives dans un tonnerre de bruit et de plaisir de jouer, ça rigole sur scène, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils jouent tous les titres de leur disque et pour le rappel arraché de haute lutte ils sont obligé de rejouer la même chose, explosion de bonheur dans la salle.

Mercredi. Cela fait des années que je n’ai pas mis les pieds dans les jardins de l’ancien musée d’art contemporain, une vaste esplanade paysagée au sommet d’un échangeur autoroutier qui sert également de gare routière et de gare SNCF, un endroit où il faisait bon, avant que le musée ne soit déplacé et ne devienne payant, de venir boire et fumer tout l’après midi ou de faire l’amour sur une pelouse planqués derrière un rideau d’arbustes. J’arrive à 18 heures piles, c’est un gros festival à cheval sur l’organisation et je ne veux sous aucun prétexte rater Tony Conrad et son violon grinçant. Les gens commencent à rentrer et j’entends au loin le concert qui commence… je me dépêche, une jeune fille blonde est déjà là, admirative, elle est violoniste elle aussi, et de talent. Conrad jouera pendant une heure envoûtante sur une scène couverte débordant de gadgets lumineux et autres fumigènes qu’un technicien stupide testera de temps à autres et sans rapport aucun avec la musique qui se joue alors, quelques personnes applaudissent ironiquement ce chef d’œuvre d’absurdité dont Tony Conrad (en chaussettes et t-shirt jaune fluo) ne se rendra même pas compte, tout à sa musique hypnotique et répétitive. Bravo.
Ike Yard est une réelle déception : pourquoi donc se sont ils reformés ? J’en profite pour perdre de l’argent au bar, les boissons sont échangeables contre des tickets que l’on peut acheter à l’avance et je m’aperçois trop tard que les tickets sont datés, ils ne sont valables que pour un soir -c’est l’arnaque. La foule se fait de plus en plus compacte, dedans je remarque Drew St Ivany de Psychic Paramount qui jouera deux jours plus tard au même endroit, je papote avec des connaissances et l’une d’elles me fait remarquer que le rouquin là juste derrière moi n’est autre que J.G. Thirlwell -je me retourne et c’est vrai, mon cœur s’envole aussitôt et je me retiens de ne pas aller l’embrasser sur le champ. Ike Yard termine et c’est au tour d’un DJ de l’écurie DFA, Shit Robot. Après la parade des trous du cul la veille me voilà donc confronté au robot à merde et j’acquiesce. J’ai oublié que les Nuits Sonores sont avant tout un festival électro et que programmer du bruitiste ou de l’expérimental n’est qu’une caution de plus pour ses organisateurs. D’ailleurs les clubbers arrivent en masse, les gens venus voir Tony Conrad sont presque tous partis et Jim Foetus a disparu. Je remarque un nombre incroyable de beaux mecs et de belles filles, je remarque les pauses et l’ostentation, les vêtements -rien à voir avec les free parties hasardeuses des années 90 dans les monts de la campagne environnante. Pour passer le temps je soutiens que le nouvel album de Battles est une pure merveille mais je m’ennuie de plus en plus, mal à l’aise avec cette impression que la France qui danse tard la nuit sur de la techno comme il faut est aussi celle qui bientôt va se lever tôt sans protester, je m’en vais sans attendre la dernière attraction de la soirée dont je n’ai même pas retenu le nom et j’arrive à la maison à temps pour faire le bisou du soir à ma plus grande fille qui lit un livre avec sa mère -cela la rend heureuse et je lui promets de tout raconter de mon concert dès le lendemain mais pour l’instant il est l’heure de dormir.

Vendredi. J’arrive dans les premiers et il n’y a presque personne, c’est DJ Olive qui doit commencer et déjà je ne le reconnais pas, OK il a pris du poids depuis la dernière fois que je l’ai vu (une dizaine d’années ?) mixer au sein de Liminal ou de We mais ce n’est pas ce que je veux dire, moi aussi j’ai grossi, ses sonorités illbient sont noyées dans des rythmes bossa ou je ne sais quoi, c’est mou, laid et pathétique, personne ne vient danser ou même l’écouter, la honte. Ce ne doit pas être évident non plus de jouer à cette heure là et de servir de chauffe-plat, désolé Olive, j’espère te revoir dans de meilleures conditions et en meilleure forme. Mark Cunningham est décevant aussi, il a l’air si fatigué et c’est dommage parce que son magnifique son de trompette accompagnait fort bien le soleil qui se couchait enfin, il y avait un côté intime et légèrement écorché qui n’a pas convaincu. Son concert ne dure pas très longtemps et Cunningham discute avec J.G. Thirlwell qui est revenu ce soir pour soutenir le groupe d’après.
Les Psychic Paramount se font attendre et la nuit s’installe vraiment. Le public aussi et je deviens aussi fébrile que la plupart des gens. Discussions en attendant, le mix de Foetus la veille était parait il abominable, Heavy Trash c’est annulé pour cause de problème de permis de séjour et retour sur le concert de Marvin, avis unanime sur la prestation de mardi des montpelliérains. Le groupe arrive enfin. Dès le début le bassiste a des problèmes de son qu’il ne résoudra qu’en virant une partie de ses pédales d’effet. La batteur est lourdement efficace et le guitariste joue toujours avec son instrument placé très haut, ses grands doigts courent le long du manche, il s’amuse avec la reverb, cela pourrait être une démonstration d’instrumentation à la fois noise et psychédélique mais non cela dérape toujours, une musique pleine de piques acérées et qui tourne sur elle-même, je me retrouve presque dix ans en arrière (là aussi) au premier concert de Laddio Bolocko auquel j’ai jamais assisté, la guitare se lance dans le premier plan totalement magique du concert -il y en aura beaucoup d’autres- je retiens mon souffle, la rythmique derrière monte d’un cran, c’est Le concert et maintenant je meurs.
Non, je ne meurs pas mais je trépigne de bonheur et vu le hurlement collectif à la fin de la prestation de Psychic Paramount je ne suis pas le seul. Un DJ enchaîne sur de la techno imbuvable mais ce n’est pas grave, je reste à parler et à boire des bières (toujours aussi chères), j'ai l’espoir un peu fou de revoir ce groupe dès lundi en invité spécial de derrière minute au concert de Yellow Swans mais l’un d’eux doit repartir pour New York dès le lendemain alors j’apprends que cela ne se fera pas. Je ne suis même pas déçu tout comme je me sens incapable de réécouter immédiatement l’un des disques de Psychic Paramount, je reste avec tout ça en moi et je continue de trépigner stupidement dans mon hébétude extatique.


jeudi 17 mai 2007

(back to) Berlin

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Berlin
rattrapé par Metal Music Machine ou presque : c’est Axel Dörner et Mattin qui sont responsables de cette petite compression co-éditée par Absurd et 1000 + 1 Tilt et emballée dans un carré de tissu (on dirait la même matière que celle dont on se servait pour fabriquer les vieux sacs postaux ou les sacs à patates) et reprenant une partie du visuel de l’album de Lou Reed. Pour la musique c’est pareil, quelques mesures de l’enregistrement originel vite parasitées, larsenées, triturées et froissées -tout cela est aussi peu sérieux que pouvait l’être MMM en son temps, avec ses faux détails techniques, les notes de pochette sur les soi-disantes intentions de Lou Reed, la philosophie du bruit et plein d’autres conneries d’ordre mécanique et au résultat un double LP que certains par snobisme affirment adorer (Kevin Shields de My Bloody Valentine) ou que d’autres ont repris au pied de la lettre (le Nocturnal Emissions des débuts, Merzbow… ).
Les bandes magnétiques de tout et n’importe quoi passées à l’envers et recousues au feed-back sont devenues une technique en elle-même, une technique pour générer du bruit blanc rejoignant par des chemins détournés les expérimentations concrètes de Pierre Schaeffer -puis de Xenakis, Michel Chion ou Luc Ferrari- et ce travail minutieux à la fois matérialiste et poétique de remodelage des sons pré-fixés sur supports analogiques. Aujourd’hui il y a des gens qui s'amusent avec élégance à jouer du magnétophone à bandes Revox, résultat de ce double itinéraire, celle du compositeur de laboratoire et celle du canulard audiophobe (Metal Music Machine publié en 1975 par RCA a quand même été disque d’or au Japon).



















Ce Berlin en toile de jute ou je ne sais quoi est aussi un enfant de cette histoire, celle des grésillements, de l’effacement, de la mémoire mutilée, du bruit, des soubresauts -la musique concrète rencontrant l’improvisation dans un faisceau d’intentions au final convergentes. Des notes de piano donc et puis c’est tout, tout donc le contraire exact du Berlin Tour entrepris par Lou Reed cette année (et sold-out ici en deux jours), je crois que la musique c’est tout autre chose que de l’hommage, de la citation, autre chose qu’un devoir de mémoire ou qu’une remise à plat : des sons à cet instant là, hier c’était différent et demain ce ne sera pas pareil. La nostalgie m’emmerde de plus en plus.

mercredi 16 mai 2007

Faux-frère

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Dans la famille des groupes dont le nom commence par un K, je voudrais KHLYST, presque le demi-frère de KTL et nouveau groupe de James Plotkin -ancien camarade de Stephen O’Malley au sein de Khanate- qui a pris lui un tout autre chemin que KTL (donc) en choisissant pour sa part la frontalité dans le cadre d’un projet dont les bases communes (bourdons métalliques, crissements) sont élargies jusqu’au chant, la fracture rythmique et l’interruption des structures mouvantes : des nappes plus que des drones, de la batterie et non pas des pulsations, de la guitare identifiable comme telle mais toujours pas de chansons ou même de morceaux de musique, l’album s’intitule Chaos Is My Name et derrière ce titre peu ambigu et un tantinet prétentieux il y a cette évidence (comme souvent chez Plotkin) de la déstructuration, vous m'en direz tant.
L’album n’est donc absolument pas homogène même si l’alternance de plages sombres et climatiques et de titres plus courts et agressifs (c’est Runhild Gammelsaeter, anciennement chanteuse de Thor’s Hammer qui braille comme une malade) semble être l’unique règle ici. C’est parfois un peu fatiguant -l’absence de linéarité est une chose toute aussi exigeante que cette voix qui ne fait que vomir- mais néanmoins c’est toujours passionnant, évidemment on est ici très éloigné des illuminations que KTL a concocté pour un spectacle et Khlyst a l’intelligence de ne pas développer son propos au-delà des 36 minutes, l’auditeur est alors libre d’en remettre une tranche à moins qu’il ait peur justement de ne pas s’en remettre du tout.

mardi 15 mai 2007

KTL (1et 2)

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Qu’est ce que l’art subventionné ? Il va falloir sérieusement se poser la question avant qu’il ne soit trop tard, que le spectacle haut format et intelligent ne disparaisse des grands plateaux, que les installations sonores ne soient définitivement remplacées par les télé-crochets gazogènes, que les comédies musicales pour enfants ne supplantent les chorégraphies d’avant-garde, avant que comédiens, sculpteurs, plasticiens, musiciens, régisseurs ou sonorisateurs ne soient obligés de travailler au fast-food au bout de deux propositions d’emploi précaire par l’ANPE, avant que les marchands d’armes et autres constructeurs de maisons de maçons ne décident définitivement de ce qui est bon pour l’esprit et mauvais pour les idées.























Peter Rehberg (Pita, General magic, Rehberg et Bauer, FennO’Berg, DACM) s’est associé à Stephen O’Malley (Lotus Eaters, Khanate, Sunn O))), etc) au sein de KTL : à peine le premier album publié par Mego voici déjà le second qui débarque, il s’agit plus ou moins de la bande son d’un spectacle -disons que certains éléments du disque sont repris sur scène alors que pour KTL 1 il s’agissait d’enregistrements effectués à la même période et dans la même optique mais utilisés de manière totalement indépendante.
L’optique ? Rehberg est l’une des figures les plus intéressantes de l’electro expérimentale des 90’s et O’Malley est le bonhomme incontournable du métal immobile et du drone ésotérique donc cette réunion pouvait passer au pire pour un supergroupe à la recherche de subsides (les gens sont parfois mauvaises langues) ou au mieux pour une nouvelle aventure sonore, le truc un peu hype tout de même mais tellement bien.
Donc on ferme les yeux et on écoute ces deux disques jumeaux (mais un peu dissemblables) de tentatives atmosphériques d’industriel planant, de black métal dévertébré et d’électronique minimaliste. Cela fonctionne remarquablement bien. Je m’en fous un peu (beaucoup) de savoir que tel titre a été enregistré pendant une tempête dans le sud de la France et que tel autre illustre je ne sais quel propos extérieur (d’ailleurs ce Kindertotenlieder/Songs Of The Death Of The Children a-t-il un rapport direct avec Gustav Mahler et Friedrich Rückert ?). La guitare de O’Malley surgit en douceur au cours du premier album -et imprime sans hésiter son empreinte quasiment métallique au milieu des dispositifs de Rehberg- au point de définir un caractère ascensionnel mais dont le paroxysme nous est fort justement épargné alors que le second disque, très beau, se place plus sur le terrain de la divagation, là aussi inachevée. Une musique de spectacle -c’est vrai et cela se sent- mais après tout peu importe puisqu’elle se suffit à elle-même.


dimanche 13 mai 2007

Who are the brain police ?

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Voilà ce que j’ai noté sur un petit bout de papier : le 15 mai, le 16 mai, le 18, le 21 et le 27 mai puis le 2 juin -avec dans l’ordre d’apparition Marvin, Ovo, Tony Conrad, Ike Yard, Mark Cunningham, Psychic Paramount, Yellow Swans, Zëro, Sun God Motel et Oxbow, OUCH ! C’est ce qui s’appelle un programme chargé.
Trop de concerts tue les concerts, c’est ce que j’ai entendu vendredi soir à celui des Molecules et effectivement dans la salle il y avait au maximum trente personnes, d’où la sentence du jour et la déception des organisateurs. D’ordinaire à tous les concerts des Molecules auxquels j’ai pu assister il y a toujours eu du monde, de l’enthousiasme, des ivrognes, des vieux connaisseurs et des jeunes éberlués. Là, c’était un peu vide devant la scène, ce ne devait pas être très motivant pour le groupe et Ron Anderson avant de démarrer a joué la carte de l’ironie, on allait voir ce qu’on allait voir.
Auparavant c’est Glen Or Glenda qui s’était chargé de décoller du bar une assistance clairsemée, ils y sont très bien arrivés avec leurs instrumentaux métronomiques dirigés par une basse un peu trop technique à mon goût (encore un type qui joue plus d’accords à la seconde qu’il n’a de doigts pour les compter) et ponctué par un synthé pourrave (un Korg ?) et/ou de la clarinette alto -tout ça finit de temps en temps par déraper, bouillonne dans la freeture puis repart toujours sur une ligne de basse irréprochable, rien à voir avec Ed Wood donc.
Le son est approximatif, il n’y a jamais de riffs accrocheurs, cela ne se tient pas et part en vrille au bout de dix secondes, les voix sont pas terribles, c’est jazz dans le pire sens du terme, on n’est même pas sûr que le côté guitar-héro c’est vraiment pour rire, cela donne envie de partir et pourtant ça fonctionne donc on reste
-c’est la deuxième sentence de cette soirée de vendredi, à propos de la prestation des Molecules. Si j’en arrive à la même conclusion (on reste) c’est avec des arguments complètements opposés à ceux-ci : cette musique n’est que cirque et débilité, les Molecules savent tellement bien jouer qu’ils arriveraient à dégoûter Yngwie Malmsteen et Joe Satriani réunis à force de mettre autant de conviction à bousiller ce qui pourrait ressembler à de la musique ultraphallique et de la virtuosité professorale. Première mention spéciale à ce passage où la guitare étant en carafe (problème de jack), la batterie et la basse ont improvisé un petit duo explosif et deuxième pour la reprise de Spiderman, l’art du mauvais goût et le mauvais goût de l’art.
Les gens qui sont restés (soit une vingtaine de personnes) étaient ravis et le groupe également, ça plaisantait allègrement sur la trompette de poche oubliée à Brooklyn, c’était vraiment un bon concert. Mon seul regret est que les Molecules n’ont pas rejoué cette reprise des Mothers Of Invention qu’ils savent si bien faire et dont le titre colle si bien à l’actualité : Who Are The Brain Police ? Dans les conversations d’après concert le sujet est bien évidemment tombé sur le tapis et Ron Anderson a pris un air sincèrement compatissant en parlant de notre little Bush à nous. Merci Ron mais je ne crois pas que cela sera suffisant.

samedi 12 mai 2007

This machine is used to kill all the fascists

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Ah ah j’adore cette phrase bien que ce soit le seul point commun entre Woody Guthrie et moi -lui parlait de sa guitare alors que moi j’ai étudié le piano classique (mais avec mes pieds), lui est mort depuis très longtemps de la maladie d’Huntington (en 1967 je crois) alors que moi je suis encore bien vivant et que c’est plutôt le genre de saloperie que je souhaiterais à mon pire ennemi si j’en avais un et si j’étais vraiment rancunier et vicieux mais ce n’est absolument pas mon genre, non en fait ce nom d’Huntington n’évoque pour moi qu’un petit groupe de punk américain qui ne s’est jamais remis des Ramones et passe son temps à les imiter et d’ailleurs j’ai un disque d’eux que je n’écoute jamais, c’est un split album qu’ils partagent avec les Darlingtons, un autre petit groupe de punk américain qui ne s’est jamais remis des Ramones et passe son temps à les imiter et d’ailleurs, enfin bref.
J’adore cette phrase -cette machine sert à tuer tous les fascistes- et sa descendance directe, des compilations sous forme d’un double 45 tours et aux noms de Fâchons les fachos et Désintégrons les intégristes (et même dans mes souvenirs fantasmagoriques Récurons les curés) mais tout ça c’est du flan, une guitare ou même un disque ça ne permet au mieux que de tuer un peu l’ennui, de passer le temps ou de penser à autre chose…
… Mais je l’adore d’autant plus cette phrase qu’elle me parait particulièrement adaptée aux Young Gods, ce pauvre trio de suisses bricoleurs qui ont remplacé quasiment toute l’instrumentation de leur musique par du sampling : quelle bonheur de les voir en concert, de se fracasser contre la scène trop haute pendant qu’ils exécutaient Longue Route ou Envoyé, d’entendre ces sons de guitares en boucle, étirés jusqu’à la moelle ou passés à l’envers et d’ouvrir les yeux sur cette absence flagrante de guitare sur la scène toujours beaucoup trop haute -alors tout devenait possible, avec la musique tout peut devenir possible et c’est je crois ce que voulais dire mon ami Woody, c’est à toi de voir, c’est toi.























Sur la pochette du nouvel album des Young Gods il y a un flingue, du moins une empreinte de flingue et surtout ce disque marque le retour de leur collaboration avec Roli Mosimann qui a tout mixé -ce type qui les avait accompagnés dès leur premier maxi et qu’ils avaient lâché après Only Heaven en 1995 alors qu’ils n’auraient vraiment pas du : tous les disques parus sans l’aide de Mosimann sont ceux que je n’aime pas, que je n’écoute jamais et que je n’ai pas, Mosimann est sans aucun doute possible le quatrième homme des Young Gods.
Alors ce nouvel album qui tue les fascistes mais sans guitares et avec un flingue glitter à paillettes je l’aime comme au premier jour (malgré ce titre -le cinquième je crois- parfumé au sitar patchouli et à la voix moulinée au vocoder new age), mon premier jour avec les Young Gods et je ne saurais vraiment en dire plus, oui c’est moi qui vois, comme des étincelles dans la tête.


[Ils ont mis quatre extraits de Super Ready/Fragmenté par ici alors autant en profiter tout de suite avant que ça change.]


jeudi 10 mai 2007

Children of the Damned

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Je vais faire comme un président de la république française fraîchement élu, JE VAIS DIRE TOUTE LA VERITE ET RIEN QUE LA VERITE (non je ne m’énerve pas) : en ce moment, l’élue de mon cœur, ma rondelle favorite, celle que j’aime lorsqu’elle me caresse les oreilles dans le sens des poils, celle qui ravive ma flamme, fait danser mes filles et râler leur mère c’est -à une écrasante majorité avec moi-même, je suis autocrate- le nouvel album de Melt Banana, Bambi's Dilemma.
Et pourtant, pourtant j’en étais bien revenu de leurs japoniaiseries infantiles, surtout après l’album précédent, le plutôt fade Cell Scape (2003) -un mini album plutôt car si on enlève l’intro et le final électroniques et limite infâmes il ne durait que 25 petites minutes pour 8 titres flirtant avec le ramollissement idéologique, un disque qui m’avait même fait renoncer à aller voir Melt Banana en concert alors qu’avant pour rien au monde je n’aurais raté la venue de la bande à Yasuko Onuki et Ichirou Agata… révolution.
Je ne l’attendais donc pas ce nouvel album, même si quelques informations et bruits de couloir me tiraillaient le ventre dans le sens de l’appétit : en 2006 Melt Banana avait sorti un single plutôt réussi en compagnie de Fantômas et surtout un petit vinyle 5 pouces (cela fait 12 centimètre, j’ai mesuré avec une règle) chez HG Fact avec un inédit et une reprise du Love Song des Damned. Il y avait aussi la surprise d’apprendre que Bambi’s Dilemma comprenait 18 titres pour une grosse demi-heure de musique soit un retour au mètre-étalon établi par le groupe avec ses deux premiers albums Speak Squeak Creak (1994) et Scratch Or Stitch (1995). J’ai encore ce split single partagé avec God Is My Co-pilot et que j’avais acheté au concert de ceux-ci, sur la face A Melt Banana y assenait trois titres en moins de quatre minutes, ça a été mon premier contact avec le hard-core teinté no-wave de ces japonais et leurs chansons ultra courtes.






















C’est en boucle que j’écoute Bambi’s Dilemma et j’y retrouve tous les tics cartoon du groupe, la batterie tricoteuse (le nom du batteur n’est pas mentionné : pendant très longtemps c’est David Witte de Discordance Axis et de Burnt By The Sun qui dépannait pour les tournées américaines et européennes), la grosse basse (toujours bien plus grosse que celle qui en joue, la minuscule Rika mm’), les guitares saturées et manipulées d’Agata (il a sorti il y a quelques années chez Tzadik un disque comportant uniquement ses boucles à bases de guitare) et la sirène hurlante Yasuko. J’y retrouve également le côté à la fois joyeux et dévastateur de Melt Banana mais il y a en plus quelques nouvelles trouvailles (du Theremin) et la confirmation que le groupe aime vraiment les mélodies et possède un certain don pour le format pop qu’il se plait à détourner. Les Damned, bien sûr. Ceux de l’album Machine Gun Etiquette dont est extrait la reprise de Love Song mais pas seulement : je me suis rappelé avoir assisté une fois en concert à une spectaculaire reprise de Neat Neat Neat, encore un titre des Damned mais de leur premier album cette fois-ci.
Cette filiation ne me paraît absolument pas hasardeuse même si elle est forcément incomplète mais elle résume la rapidité, la furie et parfois la mélodicité (hum) des nouveaux titres de Melt Banana, WOOUAFF.


mercredi 9 mai 2007

Couvre-feu

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C’est le genre de coïncidence qui m’enchante, lundi 7 mai j’ai reçu un courrier (simple, pas en recommandé) de la régie qui disait à peu près ceci : nous rappelons aux habitants de l’immeuble qu’il est interdit de faire du bruit avant 7 heures du matin et après 22 heures le soir, notamment en claquant les portes, en parlant fort dans l’allée, en utilisant de manière intempestive le vide-ordures ou en écoutant de la musique. Mon état légèrement paranoïaque m’a aussitôt obligé à faire le rapprochement avec le résultat (la veille) de l’élection présidentielle et la clameur digne d’une finale de coupe du monde de football qui avait accompagnée l’annonce du dit résultat -mon moment de solitude à moi dans ce quartier conservateur et catholique où il m’est même déjà arrivé de croiser Dominique Perben lors du marché du samedi matin (un argument supplémentaire pour éviter toute surconsommation de légumes et préférer les pâtes du Lidl ou du Super U).
Où est ce que je veux en venir ? Nulle part en fait, si ce n’est que j’ai découvert LE disque qui me vaudra une nouvelle lettre mais en recommandé cette fois-ci, LE disque capable de rendre ma mauvaise humeur du matin communicative, de crisper tout semblant de sourire en un rictus sadique et définitif, de me donner envie de casser la gueule au propriétaire de 4x4 d’à côté, de terroriser sa femme et ses gosses et de décapiter son labrador avec mes dents. Tout ça.















Venant d’un groupe répondant au nom de BLACK COBRA et capable d’intituler son premier album Bestial je ne pouvais pas moins espérer, un groupe dont le seul point commun avec Mötley Crüe est (justement) d’avoir un nom ridicule et (deuxièmement) d’inciter à headbanguer contre les murs et de faire des riffs de guitare sa race tout seul dans sa chambre. Voilà. Ce qui aurait du me mettre la puce à l’oreille c’est que Black Cobra a signé chez At A Loss recordings, label qui abrite également les tumultueux Swarm Of The Lotus -admirez, admirez une fois de plus ce nom- coreligionnaires en bourinage mais avec un peu plus de prétentions techniques car les Black Cobra, eux, apparemment s’en foutent un peu de jouer mal et d’enchaîner les riffs tricards du moment que ça joue fort, toujours plus fort, que ça braille, que ça magmatise et que ça explose. Dire qu’ils ne sont que deux pour faire tout ça, du rapide et du lourd à la fois (les exégètes parlent de hard-core à tendance sludge avec des pointes de métal : ça mérite donc une bonne baffe). Dire aussi que ce disque est sorti il y a plus d’une année et que je vivais sans.

[Black Cobra était en concert à Paris il n’y a pas très longtemps, effectivement cela avait l’air pas mal.]

lundi 7 mai 2007

F[r]acture sociale














L'exemple américain prôné par Sarkozy ? Je crois bien que c’est la première fois que la caméra cachée arrive à me faire autant rire, malheureusement.


dimanche 6 mai 2007

Il faut choisir (et j’ai choisi)

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Hasard du calendrier et situation banale pour l’amateur moyen de musique en proie au doute et à l’incertitude : deux concerts se disputent la soirée du 11 mai, il y a pire comme situation désespérée je le sais mais il va falloir choisir entre Phazm et les Molecules, entre un jeune groupe français biberonné à Motörhead (ils prétendent jouer du rock sudiste en version death metal ce qui revient un peu au même) et un vieux groupe américain emmené par l’infatigable Ron Anderson, donc choisir entre un groupe encore jamais vu mais dont l’occasion se représentera sûrement bientôt et un vieux groupe pas vu depuis très longtemps…
Pour tout dire je pensais que les Molecules étaient en stand-by depuis/pour une durée indéterminée, seulement deux ou trois rumeurs non vérifiées établissaient que Ron et sa petite bande faisaient des concerts pour rire de temps à autres, un groupe de rock pratiquant l’improvisation libre et lorgnant vers le free peut bien se permettre n’importe quoi y compris de ne rien faire du tout surtout que le chef de la bande a toujours multiplié les projets, Rat A Rat R, Happy New Year (avec le saxophoniste 99 Hooker), RonRuins (avec les Ruins) ou Pak. Encore un gars qui ne doit pas s’emmerder dans la vie.

















L’autoproduction et la démerde DIY étant de mise, Ron Anderson publie ses albums sur son propre label, sobrement et en toute modestie baptisé RA Sounds (mais on trouve aussi des disques chez Megaphone records ou chez Amanita) et Friends, le petit dernier des Molecules, regroupe des enregistrements réalisés entre 1997 et 1998 et jamais publiés ainsi qu’un DVD retraçant toutes les périodes du groupe -lesquelles sont à chaque fois caractérisées par l’arrivée d’un nouveau bassiste- et offrant de bonnes images de la stupidité revendiquée par nos olibrius de service : le son est souvent mauvais mais l’humour bête est toujours là (Hello we’re the Molecules and we’ll start by the begining). Le seul truc réellement japonais des Molecules a justement été leur bassiste Ryo (aux alentours de 1995 et pour l’excellent album No-Fi) mais pourtant on s’y croirait, ces américains doivent avoir les yeux bridés à l’intérieur pour réussir à pratiquer le rock avec une telle ferveur destructrice et obtenir un résultat nippon ni mauvais. Je concède que ce Friends est un peu long, peut être 29 titres pour presque 70 minutes pour le CD, et que la lassitude est malheureusement la petite sœur chimique des Molecules -sans l’euphorie de la mise en condition donnée par le concert tout ça peut effectivement se révéler fatiguant mais cela tombe bien, puisque le concert c’est pour bientôt.

[La page audio de Ron Anderson/Molecules c’est par là et je rajoute ce titre enregistré avec mademoiselle Yasuko Onuki, chanteuse de Melt Banana. Parce que.]


vendredi 4 mai 2007

Doc Martens Forever
























Oui, c’est vraiment n'importe quoi et ça mérite un bon coup de pied au cul, tiens.


jeudi 3 mai 2007

A Berlin (ou ailleurs)

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La théorie qui affirme que si j’aime les groupes de filles psychorigides c’est parce qu’au fond je le suis moi-même vient de trouver un nouvel argument en sa faveur : No Shouts No Calls, quatrième album d’Electrelane. C’est parait-il un disque décomplexé et popisant à mort, à moi il me fait surtout penser à l’extraordinaire The Power Out (leur petit deuxième) tout comme Axes avait des réminiscences de Rock It To The Moon. Donc, j’en conclus hâtivement qu’Electrelane fonctionne en mode binaire, alternant choucroute psychédélique à moustache (premier et troisième albums) et chansons dopées au farfisa hypnotique pour princesses frustrées (les deuxième et quatrième), ça c’est bien de la psychorigidité ou je ne m’y connais pas. Dans le même ordre d’idée je comprends maintenant pourquoi j’avais commencé à beaucoup moins aimer Sonic Youth lorsque Kim Gordon avait abandonné ray bans est-allemandes, bottes de cow-boy et jupes informes pour s’adonner aux robettes à paillettes et au hip-hop, sûrement et même toujours une question d’immaturité de ma part.
Je précise que je n’ai acquis ce disque que pour la modique somme de 8.11 € (parce que oui, je fais partie de ces gens qui achètent encore leurs disques dès qu’ils le peuvent) et franchement huit euros et onze centimes pour une rondelle toute neuve en plastique véritable ce n’est vraiment pas cher payé et c’est aussi une preuve de plus que le marché du disque, du moins dans sa forme la plus mercantile, mérite l’implosion que tout le monde s’accorde à lui prédire après s’être empiffré pendant des années sur le dos de l’amateur de musique en le transformant en vulgaire consommateur et lui faisant payer ses disques au prix fort. De fait, les curieux et curieuses du soir ou du matin qui se sont délectés le 25 mars dernier en toute discrétion mais avec un véritable bonheur de In Berlin auraient eu tort de bouder leur plaisir.























Pour finir deux ou trois détails techniques :

En fouillant dans les liens proposés sur le site officiel d’Electrelane je suis tombé par hasard sur celui des Neptune, surprise. Ceux là je les ai vu en concert il n’y a pas très longtemps avec leurs guitares en vieilles ferrailles soudées et leurs synthétiseurs bricolés, j’ai même déjà envie de les revoir.
Sinon dans le digipak de No Shouts No Calls il y a un patch, un vrai en tissu et représentant le logo maritime du disque -ça m’en fait un de plus à rajouter à ma collection d’objets musicaux inutiles.
Je conseille également de jeter un œil sur les photos de presse du groupe dont la mise en scène soignée flirte toujours autant avec le ridicule, personne n’est pas parfait.

mercredi 2 mai 2007

I Was Born To Cry























Voilà ce qui pourrait être la définition de spectorien : l’album de Johnny Thunders avec Patti Palladin regorge d’arrangements sucrés, de mélodies romantiques ou exotiques mais derrière la propreté apparente des souvenirs de l’enfance musicale du petit John Anthony Genzale Jr il n’y a aucune nostalgie pas plus qu’on y décèle le moindre caractère morbide : Copy Cats est le point final et le baroud d’honneur d’un loser magnifique tordant le cou au junky crasseux -le romantisme particulier lié à la fascination pour le mythe autodétruit de Johnny Thunders trouverait presque là une conclusion heureuse si la fin de l’histoire (trois années plus tard) avait été tout autre.
Bien sûr, cet album de reprises est parfois inégal et la voix de Patti Palladin peut être un véritable supplice mais aux exagérations kitsch succèdent quelques gemmes éternelles dont je ne me lasse pas.

[Et pour insister un peu, I Was Born To Cry existe aussi en images.]


mardi 1 mai 2007

Crève salope

Pour se laver les oreilles du concert de samedi et oublier tous les mauvais souvenirs, une seule solution : en faire un autre tout de suite là maintenant et se précipiter sous la pluie à celui de DiePrincessDie. J’arrive trempé sous les rires du taulier et après m’être ébroué comme un chien j’achète ma place, c’est deux euros. Deux euros ? Je demande si c’est une blague, si c’est parce que le groupe n’est pas encore arrivé mais non, deux euros et c’est tout, c’est la promo spéciale week-end du 1er mai, la crainte qu’il n’y ait personne ce soir là.
Mais en fait les gens arrivent petit à petit, deux ou trois mongols ont installé des platines pour mixer en attendant car il n’y aura qu’un seul groupe -il va donc falloir supporter tout et n’importe quoi, de l’humour musical au huitième degré mais rapidement je préfère retrouver le plancher des vaches et discuter avec des copines (rien à voir). DiePrincessDie tarde vraiment à commencer et lorsque les quatre se décident enfin, ils ont l’air fatigué, pas très contents et ridicules avec leurs bonnets sur la tête.





















Et cela joue fort, terriblement fort. Les deux voix trouvent rapidement leur place dans ce mur du son -le son qui est bon, surtout que le groupe n’a presque pas fait de soundcheck. Les disques de DiePrincessDie ne donnent qu’une petite idée de la brutalité de ces garçons, de la noise US qui trique mais pas seulement : comme les deux chanteurs/guitaristes ont des voix limitées et qu’ils le savent, ils les noient sous un tonne d’effet (reverb’ pour tous) et lorsque le rythme ralentit et que les guitares partent dans les arpèges, la musique prend un petit côté sombre décidément très en vogue en ce moment chez les yankees alternatifs. La basse reste le principal artisan de la perte auditive de cette fin de mois et cela repart de plus belle pour finir dans un traficotage étourdissant de saturation, les guitares n’en sont plus vraiment et les voix deviennent définitivement méconnaissables, pas très loin de ce que pouvait faire Gibby Haynes dans les Buttholes Surfers.
Voilà, ils s’arrêtent, pas de rappel. Les DJs recommencent à mixer tout et n’importe quoi en se croyant trop drôles mais ce n’est pas grave, crève salope.