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Dimanche. A la dernière minute je décide de jouer la soirée façon coureur de fond (c'est à la mode) et de ne pas choisir : commencer par le concert de Motörhead en espérant qu'il ne finira pas trop tard et pouvoir ainsi assister à une bonne partie de celui de Zëro. Les abords de la (très grande) salle où va se produire Lemmy et compagnie sont infestés de personnages aussi pittoresques qu'effrayants, avec mes rouflaquettes correctement taillées et mon bermuda option couilles en apesanteur j'ai l'air d'un jeune communiant rêvant d'embrasser la première fille venue lors de la fête annuelle à l'aumônerie du village. Je croise quelques bikers format Bud Spencer, des punks à crêtes rouges ou vertes en plein concours de lancer de canettes de bières et je m'amuse à recenser les t-shirts de groupes portés par tous ces jeunes gens et vieux cons en pleine crise existentielle : mis à part les t-shirts Motörhead c'est incontestablement ceux des Ramones qui sont les plus nombreux, un vrai défilé de mode. Je continue de regarder mes pieds en faisant toujours semblant de rechercher celle que je vais embrasser, j'entre dans la salle et justement la première fille venue est celle dont le groupe joue en début de soirée. Contrairement à moi elle porte un pantalon bien moulant et se trémousse au son d'un boogie métal laborieux, elle braille à m'en faire saigner les oreilles et il est clair que ce n'est pas la femme de ma vie -je choisis délibérément d'oublier le nom de son groupe pourtant écrit en très gros derrière elle, même en enlevant mes lunettes j'arrive encore à le lire, ces gens là feraient également de très mauvais ophtalmologistes.
C'est la pause, j'en profite pour aller fumer une cigarette aux toilettes, à l’entrée je croise un gros nain de jardin habillé tout en rouge qui visiblement est là pour faire respecter le décret 1386 du 15 novembre 2006 alors je fais comme tout le monde, je me mets ma clope sur l’oreille et je rebrousse chemin en maugréant un truc du genre mais où c'est qu'elle est encore passée. J'aperçois aussi deux ou trois gothiques en train de faire du social avec un rigolo un peu énervé qui leur demande ce qu'ils font là, affirmant sans douceur qu'ils se sont trompés de jour, que Marylin Manson c'est la semaine prochaine (c’est vrai : le 4 juin) mais je ne m'attarde pas, je n'ai aucun humour. Je m'installe dans la fosse et c'est là que j'attends que les lumières s'éteignent, c'est peu dire que je trépigne, je déteste cette salle (la dernière fois que j'y ai mis les pieds c'était pour un concert des Cure, tournée Desintegration) mais je n'ai pas revu Motörhead depuis près de quinze ans, donc oui, je peux affirmer que je trépigne. La salle est brutalement plongée dans le noir et ils arrivent : Lemmy salue, we are Motörhaed and we play rock'n'roll, le groupe commence par Snaggletooth directement enchaîné à Stay Clean et pour la seconde fois en moins de deux semaines je comprends que ce soir je vais à nouveau mourir. Ils peuvent bien jouer n'importe quel morceau, je sais que je vais le connaître et je ressens déjà cette chose formidable, cette absence totale de lassitude face à une musique que je connais par cœur, ce plaisir toujours intact et je me mets à brailler sur les refrains, à sauter en l'air, à écraser les pieds de mes voisins, à me faire écraser les miens, je deviens champion en rattrapage in extremis de lunettes dès qu'un type slamme au dessus de ma tête et le concert est déjà fini, une heure quarante-cinq qui s’achevent par Ace Of Spades et Overkill donnés en pâture, un vrai festin.
Dimanche. A la dernière minute je décide de jouer la soirée façon coureur de fond (c'est à la mode) et de ne pas choisir : commencer par le concert de Motörhead en espérant qu'il ne finira pas trop tard et pouvoir ainsi assister à une bonne partie de celui de Zëro. Les abords de la (très grande) salle où va se produire Lemmy et compagnie sont infestés de personnages aussi pittoresques qu'effrayants, avec mes rouflaquettes correctement taillées et mon bermuda option couilles en apesanteur j'ai l'air d'un jeune communiant rêvant d'embrasser la première fille venue lors de la fête annuelle à l'aumônerie du village. Je croise quelques bikers format Bud Spencer, des punks à crêtes rouges ou vertes en plein concours de lancer de canettes de bières et je m'amuse à recenser les t-shirts de groupes portés par tous ces jeunes gens et vieux cons en pleine crise existentielle : mis à part les t-shirts Motörhead c'est incontestablement ceux des Ramones qui sont les plus nombreux, un vrai défilé de mode. Je continue de regarder mes pieds en faisant toujours semblant de rechercher celle que je vais embrasser, j'entre dans la salle et justement la première fille venue est celle dont le groupe joue en début de soirée. Contrairement à moi elle porte un pantalon bien moulant et se trémousse au son d'un boogie métal laborieux, elle braille à m'en faire saigner les oreilles et il est clair que ce n'est pas la femme de ma vie -je choisis délibérément d'oublier le nom de son groupe pourtant écrit en très gros derrière elle, même en enlevant mes lunettes j'arrive encore à le lire, ces gens là feraient également de très mauvais ophtalmologistes.
C'est la pause, j'en profite pour aller fumer une cigarette aux toilettes, à l’entrée je croise un gros nain de jardin habillé tout en rouge qui visiblement est là pour faire respecter le décret 1386 du 15 novembre 2006 alors je fais comme tout le monde, je me mets ma clope sur l’oreille et je rebrousse chemin en maugréant un truc du genre mais où c'est qu'elle est encore passée. J'aperçois aussi deux ou trois gothiques en train de faire du social avec un rigolo un peu énervé qui leur demande ce qu'ils font là, affirmant sans douceur qu'ils se sont trompés de jour, que Marylin Manson c'est la semaine prochaine (c’est vrai : le 4 juin) mais je ne m'attarde pas, je n'ai aucun humour. Je m'installe dans la fosse et c'est là que j'attends que les lumières s'éteignent, c'est peu dire que je trépigne, je déteste cette salle (la dernière fois que j'y ai mis les pieds c'était pour un concert des Cure, tournée Desintegration) mais je n'ai pas revu Motörhead depuis près de quinze ans, donc oui, je peux affirmer que je trépigne. La salle est brutalement plongée dans le noir et ils arrivent : Lemmy salue, we are Motörhaed and we play rock'n'roll, le groupe commence par Snaggletooth directement enchaîné à Stay Clean et pour la seconde fois en moins de deux semaines je comprends que ce soir je vais à nouveau mourir. Ils peuvent bien jouer n'importe quel morceau, je sais que je vais le connaître et je ressens déjà cette chose formidable, cette absence totale de lassitude face à une musique que je connais par cœur, ce plaisir toujours intact et je me mets à brailler sur les refrains, à sauter en l'air, à écraser les pieds de mes voisins, à me faire écraser les miens, je deviens champion en rattrapage in extremis de lunettes dès qu'un type slamme au dessus de ma tête et le concert est déjà fini, une heure quarante-cinq qui s’achevent par Ace Of Spades et Overkill donnés en pâture, un vrai festin.
Je récupère mon vélo là où je l'avais laissé et je fonce au concert de Zëro, je mets à peine dix minutes pour faire le trajet et donc je peux effectivement en voir une bonne moitié -c'est la grande différence en gros et petits concerts : les premiers commencent et finissent tôt alors que les seconds c'est presque toujours l'inverse. Les gens semblent s’être déplacés en masse pour assister au retour des anciens Bästard, la salle est bien pleine, toute la branchitude locale est présente et cela plait, tonnerre d'applaudissements. Je suis complètement trempé de sueur, mon t-shirt est une véritable serpillière -je suis allé voir Motörhead et je pue la mort. J'ai sûrement l’air un peu exalté, j’ai du mal à écouter quelque chose d’autre, quelque chose de différent mais je prends le temps d'appréhender ce nouveau groupe et tombe peu à peu sous son charme : la musique de ces garçons est plus ciselée qu'auparavant, non pas plus pop mais avec davantage de petits détails de couleurs. C'est assez lent et nuancé. Mon voisin qui ronchonne un peu m'affirme que le titre que Zëro est en train de jouer est une reprise de Pere Ubu, une chanson extraite de The Modern Dance parait il mais que je ne reconnais pas, ah bon. Encore deux titres toujours très applaudis puis vient un morceau déjà connu, en fait un ancien morceau de Bästard et je brûle sur place une nouvelle fois.
Après le concert j'achète le 25 cm que le label Ici d'ailleurs a accepté de presser pour que le groupe ait quelque chose de neuf à proposer pour ses premières dates, je me promets de l’écouter dès demain. Je fais encore deux ou trois promesses qui ne m’engagent à rien, la soirée est belle.