jeudi 17 mai 2007

(back to) Berlin

.

Berlin
rattrapé par Metal Music Machine ou presque : c’est Axel Dörner et Mattin qui sont responsables de cette petite compression co-éditée par Absurd et 1000 + 1 Tilt et emballée dans un carré de tissu (on dirait la même matière que celle dont on se servait pour fabriquer les vieux sacs postaux ou les sacs à patates) et reprenant une partie du visuel de l’album de Lou Reed. Pour la musique c’est pareil, quelques mesures de l’enregistrement originel vite parasitées, larsenées, triturées et froissées -tout cela est aussi peu sérieux que pouvait l’être MMM en son temps, avec ses faux détails techniques, les notes de pochette sur les soi-disantes intentions de Lou Reed, la philosophie du bruit et plein d’autres conneries d’ordre mécanique et au résultat un double LP que certains par snobisme affirment adorer (Kevin Shields de My Bloody Valentine) ou que d’autres ont repris au pied de la lettre (le Nocturnal Emissions des débuts, Merzbow… ).
Les bandes magnétiques de tout et n’importe quoi passées à l’envers et recousues au feed-back sont devenues une technique en elle-même, une technique pour générer du bruit blanc rejoignant par des chemins détournés les expérimentations concrètes de Pierre Schaeffer -puis de Xenakis, Michel Chion ou Luc Ferrari- et ce travail minutieux à la fois matérialiste et poétique de remodelage des sons pré-fixés sur supports analogiques. Aujourd’hui il y a des gens qui s'amusent avec élégance à jouer du magnétophone à bandes Revox, résultat de ce double itinéraire, celle du compositeur de laboratoire et celle du canulard audiophobe (Metal Music Machine publié en 1975 par RCA a quand même été disque d’or au Japon).



















Ce Berlin en toile de jute ou je ne sais quoi est aussi un enfant de cette histoire, celle des grésillements, de l’effacement, de la mémoire mutilée, du bruit, des soubresauts -la musique concrète rencontrant l’improvisation dans un faisceau d’intentions au final convergentes. Des notes de piano donc et puis c’est tout, tout donc le contraire exact du Berlin Tour entrepris par Lou Reed cette année (et sold-out ici en deux jours), je crois que la musique c’est tout autre chose que de l’hommage, de la citation, autre chose qu’un devoir de mémoire ou qu’une remise à plat : des sons à cet instant là, hier c’était différent et demain ce ne sera pas pareil. La nostalgie m’emmerde de plus en plus.