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Voilà le genre de moue dubitative que devaient faire les métallurgistes hollandais le 26 juin 2003 lors du Roskilde Festival, la moue des types un peu incrédules et curieux : ils allaient voir Massacre en première partie de Metallica. Massacre ? Le nom peut évoquer un vieux groupe de death métal (celui avec Kam Lee et Rick Rozz avant qu’ils ne rejoignent Chuck Schuldiner et Death) mais il s’agissait bien là des improvisateurs rock new-yorkais, hum, je me suis toujours demandé pourquoi new-yorkais parce que -certes- le bassiste Bill Laswell en est un mais le guitariste Fred Frith lui est tout ce qu’il y a de plus britannique et Charles Hayward (ancien This Heat) est également sujet de sa royale majesté. OK, le groupe a été formé en 1980 dans cette sale ville et le batteur originel Fred Maher (oui celui-là même qui a produit un album de Lou Reed intitulé… New York) est un pur jus. Mais qu’y a-t-il donc de strictement new-yorkais dans Massacre ?
Killing Time, le premier (et pendant très longtemps unique) album délivrait un rock très sec, nerveux avec des instrumentaux plutôt courts basés sur des improvisations -d’où l’étiquette grosse pomme : je te théorise le mélange du jazz et du punk et comme je n’ai rien compris à la no-wave qui a déjà quelques heures de vol et ne va pas tarder à s’écraser contre un mur pour donner plein de petites choses tout aussi éphémères que génialement fulgurantes, je t’emballe tout ça dans un joli papier kraft à l’intention des générations futures (moi par exemple) qui n’y verront que du feu. Killing Time est et reste un excellent album, parfaitement réédité l’année dernière par ReR Megacorp.
Voilà le genre de moue dubitative que devaient faire les métallurgistes hollandais le 26 juin 2003 lors du Roskilde Festival, la moue des types un peu incrédules et curieux : ils allaient voir Massacre en première partie de Metallica. Massacre ? Le nom peut évoquer un vieux groupe de death métal (celui avec Kam Lee et Rick Rozz avant qu’ils ne rejoignent Chuck Schuldiner et Death) mais il s’agissait bien là des improvisateurs rock new-yorkais, hum, je me suis toujours demandé pourquoi new-yorkais parce que -certes- le bassiste Bill Laswell en est un mais le guitariste Fred Frith lui est tout ce qu’il y a de plus britannique et Charles Hayward (ancien This Heat) est également sujet de sa royale majesté. OK, le groupe a été formé en 1980 dans cette sale ville et le batteur originel Fred Maher (oui celui-là même qui a produit un album de Lou Reed intitulé… New York) est un pur jus. Mais qu’y a-t-il donc de strictement new-yorkais dans Massacre ?
Killing Time, le premier (et pendant très longtemps unique) album délivrait un rock très sec, nerveux avec des instrumentaux plutôt courts basés sur des improvisations -d’où l’étiquette grosse pomme : je te théorise le mélange du jazz et du punk et comme je n’ai rien compris à la no-wave qui a déjà quelques heures de vol et ne va pas tarder à s’écraser contre un mur pour donner plein de petites choses tout aussi éphémères que génialement fulgurantes, je t’emballe tout ça dans un joli papier kraft à l’intention des générations futures (moi par exemple) qui n’y verront que du feu. Killing Time est et reste un excellent album, parfaitement réédité l’année dernière par ReR Megacorp.
Le problème est que ce groupe qui n’a pas duré très longtemps mais qui a semble-t-il marqué les esprits s’est reformé à la fin des années 90 avec (donc) Charles Hayward comme nouveau batteur. Il en a résulté un album chez Tzadik -John Zorn est toujours dans les mauvais coups- plutôt réussi : Funny Valentine. Trois ans après a paru un premier live, Meltdown (incluant une reprise du Song For Che de Charlie Haden) et là j’ai baissé les bras. Pour le nouvel et tout récent album en concert (Lonely Heart, toujours chez Tzadik) il est question cette fois d’un enregistrement lors d’un festival métal en Hollande et c’est précisément le pitch commercial du disque : Fred Frith nique tout sur son passage devant 10 000 fans de Metallica qui ne jure que par Kirk Hammett.
J’avais assisté à un drôle de concert solo de Frith vers 1995/96, il était alors en résidence à l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne -il a résulté de cette résidence l’effroyable Impur, disque enregistré lors d’une performance mémorable (??!) d’où je n’avais pu que fuir- et, à l’initiative de Gilles Laval qui travaillait alors dans cette école, un concert dans une grande salle de la ville avait été organisé, Fred Frith s’était retrouvé pris en sandwich entre Garlic Frog Diet (du punk à rire) et Parkinson Square (le groupe de Laval, plutôt du hard core, en ouverture ils avaient d’ailleurs repris le Sparrow Song de Skeleton Crew, aka Fred Frith et Tom Cora). L’idée était d’élargir les horizons bas du front des mectons dans mon genre avec ou sans crêtes et je me rappelle de l’un d’entre nous ironisant après la prestation de Frith sur le fait qu’il venait de voir le guitariste de Pink Floyd en concert. Justement, pendant le concert, un type qui braillait des chansons paillardes s’était fait insulter par le public et Fred Frith en avait profité pour sortir sa technique du tampon gex, on peut vraiment faire n’importe quoi avec une guitare. Apparemment il a refait le plan récurage acoustique de l’instrument en première partie de Metallica, il a même rajouté quelques chaînes sur les micros de sa demi-caisse, a monté le son de son ampli comme une vulgaire brute et s’est envolé dans de longues improvisations qui font du bruit -et longues c’est bien tout le problème parce que pour le coup Massacre a perdu sa concision et donc cette urgence qui écartait tout risque d’ennui et qu’en plus Laswell fait plus que jamais n’importe quoi avec sa basse cinq cordes bourrée d’effets irritants tandis que Charles Hayward tricote mollement, je résume comme un chien : long, lent, lourd et chiant.
A la même époque que le concert avec Parkinson Square il y avait eu aussi un duo avec Louis Sclavis, suivi d’un débat/discussion. Un jeune skinhead à lunettes avait posé cette question : monsieur Frith, c’était comment à l’époque de Henri Cow ? L’autre un peu gêné par tant d’adoration avait répondu évasivement mais de manière assez brutale -qu’est ce que tu veux savoir ? En écoutant Lonely Heart j’ai eu justement cette impression, celle que Fred Frith avait pour une fois oublier d’oublier, idée que pourtant il a mis en pratique depuis des années dans le cadre de son travail d’improvisateur et qu’il a déjà atteint déjà à de nombreuses reprises -mais pas cette fois-là, celle du Roskilde Festival, ça c’est sûr et cet enfoiré moustachu de Kirk Hammett peut vraiment se vanter d’avoir une très mauvaise influence sur les gens.