samedi 28 février 2009

High octane



















Les vieux cafards reprennent enfin du service, n’ayant pas organisé un seul concert digne de ce nom depuis le très festif et très mémorial Marvin/Les Thugs en juillet dernier. Enfin du rock’n’roll, du vrai, du qui pue, de la musique de vieux pour les vieux, sans prétention (et cela change des groupes de math core à pédales d’effet, d’anti folk pour apprentis clochards en anorak ou de techno pop mielleuse avec synthétiseurs sautillards et voix de chérubins sous acide). C’est donc la énième fois que les marseillais de 25 reviennent à Lyon avec leur mixture garage punk speedée et c’est surtout l’occasion de revoir enfin The Good Damn après la très bonne impression que le groupe avait laissée lors d’un premier concert en première partie de Blurt en septembre dernier.
Ce n’est pas la foule des grands soirs, en attendant tout le monde se réchauffe sur le pont en buvant sa bière nicotinée et ça discute des mérites et de la moustache de Jesse Hughes et des Eagles Of Death Metal -je me sens complètement hors sujet, sauf pour dire que les déclarations fracassantes de ce redneck ne sont même pas de la provocation à deux balles, être con et être fier de l’être est à la portée de n’importe qui. Cela permet aussi de vendre des disques et surtout des t-shirts, détail non négligeable. Rien de tel alors pour se remettre de bonne humeur que de parler de Young Widows ou de Pneu.
























Il va falloir arrêter de présenter The Good Damn comme les ex Mary Poppers -encore un résumé de la situation ? ok, on prend les Mary Poppers, on enlève un chanteur, on transforme un bassiste en guitariste et on obtient ce nouveau trio, à dire vrai complètement formidable. Deux guitares donc, deux chants et un batteur qui joue aussi un peu de l’orgue. La Hofner rouge et la Grestch jaune sonnent toujours aussi bien entre les mains de ces petits gars.
La musique de The Good Damn s’est encore étoffée et affinée depuis le dernier passage du groupe qui joue -attention : étiquette- un blues noise psychédélique tripant et pas loin d’être envoûtant. La richesse harmonique distillée par les deux guitares est proprement hallucinante, d’une finesse et en même temps d’une expressivité (comprendre que ça monte rapidement en puissance) donnant plusieurs fois cette petite chair de poulet qui ne trompe pas l’amateur.



















Il y a également de nets progrès du côté des voix, avoir deux bons guitaristes/chanteurs ce n’est pas donné à tout le monde, et le batteur s’est judicieusement mis à l’orgue (il arrive à faire les deux en même temps) pour quelques notes rajoutant une bonne intensité dramatique. Arrive ainsi le dernier titre du concert, un long instrumental doté de plusieurs crêtes successives, un titre lancinant et tendu au sens morriconien du terme, le genre de final qui classe définitivement The Good Damn dans les groupes à suivre de (très) près et qui range ce concert en tête de gondole de ce début d’année déjà très fourni même si le groupe a encore de la marge question prestance et confort, ce n’est pas toujours évident d’être à l’aise sur une scène.
Le premier album de The Good Damn ne saurait tarder, il reste parait il quelques points de détails à régler dans le mix, on laisse reposer et on masterise au four. On nous promet quelque chose de grand (oui je sais que ce n’est pas bien de s’enthousiasmer par avance mais impossible de m’en empêcher).



















Après ce concert aussi intense et chargé de The Good Damn, les 25 paraissent tout petits et tout pâles, d’ailleurs en montant sur scène le chanteur/guitariste Lee Zeirjick (et si on aime les pseudos débiles : El Vice pour le bassiste et Joss Pain pour le batteur), Lee Zeirjick donc ne manque pas de saluer le trio, visiblement remué lui aussi, un super groupe. Musicalement on est aux antipodes de The Good Damn (Marseille c’est loin), en plein dans le trip rock’n’roll motherfucker à fond les ballons. Un peu les Ramones en version garage.
Le chant a toujours cette particularité de passer au travers d’un vieux combiné téléphonique, cela donne une voix de canard en phase terminale lorsque le chanteur parle dedans mais dès qu’il se met à brailler l’effet est garanti. Le reste est classique mais efficace : moulinets de guitare, basse (une rickenbacker) en mode turbocompresseur et une batterie qui tire en rafale.
Pourtant ce n’est pas réellement la guerre, la prestation de 25 quoique bonne ne convainc pas totalement, les hits de l’album Exit, Voice Or Loyalty ? -Motherfuckerz, I’ve Got A Problem, A Good Day- s’enchaînent, donnent envie de trépigner comme un sale gosse ou de headbanger comme un débile mais mon cœur est ailleurs. Aurait il été plus judicieux d’inverser l’ordre des groupes ? Même pas sûr. 25 est un bonne formation de punk garage qui peut se voir cent fois en concert, on y retournera donc.

jeudi 26 février 2009

Death To Pigs / La Horse

























Death To Pigs, le meilleur groupe de Nancy et de Lorraine (au moins jusqu’à Metz), revient avec un nouveau disque, La Horse, sous la forme d’un joli 10 pouces, le plus beau des formats. Laissons la parole au guitariste du groupe : le chanteur aimait bien les Gu Guai Xing Qiu alors on a fait un split LP avec eux, le batteur voulait un single alors on en a fait un, le bassiste préférait les albums donc on a sorti un LP et maintenant c’est mon tour, on sort un 25 centimètres (je cite de mémoire et à cette heure ci elle est forcément défaillante, pardon, j’ai sûrement interverti certains éléments). Et de rajouter : pour le prochain, je crois que j’ai trouvé une idée de format qui conviendra à tout le monde. C’est dur la vie de groupe, j’en conviens, surtout lorsqu’il faut contenter tout un chacun. Pire que la vie de famille.
A l’écoute de La Horse, joli format (donc) contenant sept titres de punk noise lizardien francs du collier et directs, on se dit que là tout le monde est content dans le groupe, que les éventuels grincheux se sont tus pour nous torcher les cinq perles de la première face, autant d’anti-hymnes à la gloire de la concision et de l’affûtage qui restent en mémoire avec un entrain jamais forcé et essentiel. Rien de fondamentalement nouveau c’est vrai par rapport à Carnal Carnival, précédent (et excellent) album du groupe que j’ai tendance à préférer, c’est juste encore plus direct, un petit retour vers les productions précédentes de Death To Pigs, avec encore moins d’enluminures, le cochon mais sans la couenne ni le gras, il a beau avoir le couteau sous la gorge il crie encore ce salaud, pour le boudin il faudra repasser. De La Benzina à SKB tout est à peu près parfait pour qui aime le pilonnage en règle (Chinese Behind Bars et surtout le frénétique Black Gestapo) tout comme les romances désabusées et sinistres pour cannibales amoureux mais affamés -Muslim Lady (You Drive Me Crazy).
On retourne la galette non sans admirer une fois de plus le visuel de la pochette évoquant une activité dominicale somme toute assez quelconque et sans danger pour tous et c’est le choc. Les deux titres de cette deuxième face ne sont pas loin d’enterrer tout ce que l’on vient d’entendre sur la première. Dès les premières notes de Eggman, ce sample en boucle et cette voix qui appelle, on sait que l’on tient un très bon titre : mid tempo cahotique, basse aux allures de camion poubelle en mode compression, riffs de guitare tortillés et voix de chien écrasé. C’est déjà fini (trop tôt ?) que déboule le deuxième et dernier titre de cette face -et de ce 10 pouces. Et là attention, il ne s’agit pas de n’importe quoi, Death To Pigs se payant le luxe de reprendre Burning Hell des Brainbombs (jamais entendu ce fameux 45 tours 4 titres live doté d’un son aussi dégueulasse qu’addictif ?), ce qui n’est même pas osé ou même irrévérencieux : il faut du cran pour s’attaquer à ce monument de répétitivité punk et poisseuse -un riff et demi, des paroles (Inside My Eyes/Inside My Head/Inside My Brain/It’s A Burning Hell) en forme d’invitation à la folie ou au suicide, un cauchemar nihiliste aussi percutant et malsain que les deux faces de Fun House réunies. Ils s’en sortent très bien, les petits gars de Death To Pigs, ce titre long et au riff infini va bien à leur teint pâlot de l’Est dégénéré, ils s’accommodent parfaitement d’un héritage que l’on aurait pu juger un peu trop lourd, ce qui n’était vraiment pas donné à tout le monde. Finalement je retire ce que j’ai dit, Nancy/Metz : un point partout et la balle au centre.

[ce disque est sorti grâce aux efforts conjoints de Down Boy records, 213 records et Bande Noire records et est toujours disponible auprès d’eux]

mercredi 25 février 2009

A.H. Kraken / Tatiana
























Celles et ceux qui n’ont pas été remués plus que ça par Elle Avait Peut-être 19 Ans Mais Pour Moi Elle En Aura Toujours 12, le premier LP des messins d’A.H. Kraken sur In The Red, ne risqueront pas grand-chose de plus avec Tatiana, un vinyl une face pressé grâce aux bons soins réunis de Gaffer records et de Down Boy records. Je vais bien sûr donner entièrement tort aux frileux : ce premier album était l’une des merveilles de l’année 2008 et avoir réussi à enfin découvrir ce groupe en concert a en ce qui me concerne frôlé l’épiphanie. Il est bien rare de trouver une musique à la fois aussi racée (ce qui dépasse de loin toute notion de classe, petite ou grande) et jouant aussi intensément avec l’abject. Une distanciation énervée, une froideur de façade, des dissonances douloureuses, des riffs ad nauseam, des rythmes d’une simplicité dévastatrice et en guise de réponse en pleine gueule du vomi, de la pisse, le sang d’une bonne grosse baise interdite, la fange sans retour. Les textes sont en français, on ne comprend pas tout, du moins on ne comprend pas tout tout de suite, quelques bribes, quelques phrases s’échappent, caressent notre cerveau, parcourent notre entendement mais pas de dégoût ou de révolte : il n’y a aucun jugement moral car il n’y a aucune morale, juste des énumérations, des constats, des histoires. Et la musique a fait le reste.
Depuis Elle Avait Peut-être 19 Ans Mais Pour Moi Elle En Aura Toujours 12 A.H. Kraken a sorti un single et donc ce Tatiana. Le recto n’est pas un hommage aux Turbonegro (qui en comparaison de ce petit groupe de Metz passent vraiment pour les guignols qu’ils sont dans la triste réalité). Le verso est truffé de symboles et de signes dont certains servent aux garçons d’A.H. Kraken à entretenir leur réputation de fils d’aryens consanguins -svastika (orientée dans son sens initial, vers la gauche), insigne SS- et immédiatement désacralisés par la juxtaposition d’autres signes, religieux ou non, tels une étoile de David, un symbole franc-maçon, le A de l’anarchisme, le yin et le yang, un pentagramme (avec ou sans Baphomet), l’œil oudjat, une (fausse) croix de Lorraine, etc… Encore une énumération.
A l’intérieur une feuille nous apprend que Tatiana a été enregistré en juillet 1987 et publié en 1989 sous la forme d’une cassette limitée à 49 exemplaires. Une faute de frappe sur les dates ? Non puisque on retrouve les mêmes indications en dessous mais cette fois-ci en anglais. A.H. Kraken semble avoir repris à son compte cette vieille idée des Residents qui à leurs débuts indiquaient presque toujours sur leurs enregistrements des dates de productions complètements farfelues (il leur arrivait même d’indiquer qu’un disque était une réédition alors que ce n’était vraisemblablement pas le cas). Un tour sur le site des Filles De L'Est permet de découvrir que Luisances Sonores a publié deux cassettes d’A.H. Kraken : une en 2005 (à 2 exemplaires ?!!) et surtout une précédente en 2002 d’où sont tirés sept des huit titres repris sur Tatiana.
Ce LP une face (l’autre est entièrement vierge, il n’y a même pas de dessin gravé dessus comme c’est plutôt la mode ces derniers temps) est donc un vieil enregistrement d’A.H. Kraken, une version primitive de la musique du groupe, comme si c’était possible de faire encore plus primitif que Elle Avait Peut-être 19 Ans Mais Pour Moi Elle En Aura Toujours 12 me diriez vous… et bien oui. Plus exactement ces enregistrements permettent (lorsqu’on ne s’en était pas donné la peine) de se rendre compte que l’album sur In The Red est foutrement pensé, travaillé. Qu’il n’y est pas question (que) de hasard.
De son côté Tatiana offre un visage encore plus -hum- garage et encore plus punk de la musique d’A.H. Kraken. OK le son des guitares n’est pas encore tout à fait celui qu’il est aujourd’hui, le croisement entre no wave et curetage flipperien n’est pas encore poussé à son paroxysme mais tous les éléments sont déjà là, presque en place, prêts pour la nausée. Le son est sale au possible mais cela va trop bien au groupe pour qu’il puisse en avoir été autrement. Il n’y a rien d’anecdotique là dedans, même pas le témoignage de débuts prometteurs (ce qui ne serait qu’une grosse appréciation a posteriori et pleine de facilité), non Tatiana est un disque bien vivant, douloureux et beau lui aussi, un disque à côté duquel il ne faudrait pas passer.

mardi 24 février 2009

Café Flesh / I Dumped My Wife, I Killed My Dog
























Et toi tu la veux aussi ta bonne grosse baffe dans la gueule ? Tu la veux ta torgnole des quatre vérités ? C’est à peut près ce que semble nous dire Café Flesh tout au long de I Dumped My Wife, I Killed My Dog, nouvel album publié conjointement par Furne records (le label maison) et Head records qui continue là sur une bien belle lancée (ici ou ). Un album rageur et bagarreur, qui cherche la merde juste pour le plaisir d’une bonne éclate, un rock poilu et viril qui ne demande pas plus de deux secondes de réflexion -comme tout bon disque de Motörhead, des Misfits ou de je ne sais quel crasseux du rock’n’roll- mais permet dans l’instant de satisfaire ses envies débordantes, un peu comme un coup de boule ou une bonne grosse fuckerie (par exemple -et pardonnez moi cette image un peu osée). Et à propos d’image : l’illustration subtilement laide du recto a été dessinée par le batteur d'Akimbo.
Entre la première et la dernière fois où les Café Flesh sont passés dans le coin, ils avaient un guitariste en moins, occupé ailleurs mais bientôt de retour. Il n’est jamais revenu et le groupe de Jarnac (où ça ?) a du légèrement remodeler sa formule, une guitare ça fait forcément moins de bruit que deux. C’est tant mieux parce qu’ainsi la basse est encore plus présente -avec un bon gros son typique des années Amrep- mais aussi parce que le chanteur qui est également saxophoniste a plus de boulot : saxophone baryton, alto et trombone. Cette formule rock’n’roll débraillé + cuivres rappellera certainement les Cows à certains mais qu’importe puisque c’est totalement assumé de la part des Café Flesh (qui rappelons le n’avaient pas hésité une seule seconde à apposer le logo d’Amphetamine Reptile records au verso de leur précédent album, A Pig On The Dancefloor) et surtout parce que le groupe joue une musique tellement brute et jouissive qu’elle parle à tout le monde, sauf aux grincheux mais à eux on leur laisse toutes les musiques en post, ça les occupera cinq minutes.
Celle de Café Flesh est plutôt mid tempo -avec quelques sprints comme Hippie Sucker ou Bottle Breaker- et n’hésite pas l’intro cajun (Track Race), le blues chaviré (Siren Bath Song) et même une certaine subtilité (les hoquets de la voix sur It’s A Shame, It’s A Game). Quand on aime le rock’n’roll brut de bouillon on ne peut qu’être séduit par celui-ci qui rappelle également des vieux trucs oubliés comme Beasts Of Bourbon pour le côté boozeux et enfumé. Maintenant je veux bien me faire encore taper sur la gueule.

lundi 23 février 2009

Y'a t-il un bassiste dans la salle ?

























Non mais regardez moi ce fly : résolument art déco mais subtilement psychédélique, le Docteur Mabuse sous champignons, avec ces cercles concentriques d’où émane la lueur magique qui transforme le bleu en violet. Regardez un peu mieux : cinq groupes et pas un dont le line-up dépasse les deux membres. Pas de bassiste à l’horizon non plus. Et presque pas de chanteur. C’était la soirée de ce samedi 21 février proposée au Grrrnd Gerland (dans sa version chantier public, c'est-à-dire au rez-de-chaussée). L’occasion de revoir quelques têtes que l’on aime bien, de réécouter de la musique que l’on apprécie et -enfin- de voir les tourangeaux de Pneu en concert, malencontreusement ratés à l’insu de mon plein gré lors d’un précédent passage avec leur collègues de label Goodbye Diana, oui il y a des fois où la vérité fait mal.



















Le premier groupe de la soirée c’est Carne et, si on excepte un premier concert pendant lequel le duo ne s’était livré qu’à des improvisations assez bruyantes parce que n’ayant encore presque jamais répété ni composé, aujourd’hui c’est le baptême du feu. A la guitare et au chant un ancien Llorah, également éminent organisateur de concert sur Lyon et doté de l’un des plus beaux poulpe capillaire du coin (détail qui a toujours son importance lorsque dans le passé on a soi-même eu les cheveux longs). Ce soir, c’est vacances pour lui, il ne fait que jouer.
Rythmique lente et lourde, riffs (très) gras et métalliques, chant guttural d’homme des cavernes, les intentions de Carme sont claires et sans reproches. Une partie du public s’est collé au groupe, plutôt curieux parce que ce n’est pas tous les jours que l’on peut entendre du metal dans un lieu d’ordinaire dédié à la délicatesse arty et à la pamoison post-moderne.
Le chant est encore un peu difficile, certains enchaînement beaucoup trop flous (la preuve donc que de s’inspirer de Black Cobra/Akimbo et consorts n’est pas une chose aisée) et des problèmes techniques ne viendront pas arranger les choses. La belle Gibson de côté on prend un modèle à l’esthétique nettement plus en vigueur dans les canons heavy metal mais cette guitare là ne sonne pas. Ce qui est dommage car ici ou là un riff répété sur un rythme de mammouth ou une intro qui n’aurait pas dépareillé sur le Lysol des Melvins attirent l’oreille. Un premier concert, à prendre comme tel et donc à la prochaine.
























Le deuxième groupe est un one man band et il s’agit également d’un organisateur de concert : Sheik Anorak, l’une des multiples incarnations de Franck Gaffer (qui d’ailleurs signale avec contentement que pour une fois il joue sans avoir organisé lui-même la soirée). Lorsque il ne passe pas son temps à faire un maximum de barouf en un minimum de temps avec des batteurs américains à la limite de la légende (bientôt une tournée Sheik Anorak/Weasel Walter près de chez vous), notre homme développe une formule intéressante et ludique : il met en réserve des boucles élaborées avec sa guitare puis il s’installe derrière sa batterie et lance, superpose les samples ainsi préparés.
Le résultat est variable mais toujours frais et intelligent -bien que préenregistrées les boucles de guitare gardent une grande spontanéité puisque elles viennent juste d’être conçues, dans l’urgence. Ce soir les mélodies à la guitare du premier titre ont un petit parfum noisy (pop) qui contraste avec le jeu plus désordonné à la batterie, impression renforcée avec le second titre joué où la batterie n’hésite plus du tout à frôler les rivages luttenbacheriens tant bénis. Le troisième et dernier titre remporte un franc succès avec son riff hypno élastique et la grosse caisse qui marque tous les temps -un truc trop facile pour se mettre le public dans la poche mais quand c’est fait avec dignité et décontraction il n’y a rien à redire.



















Changement de décor avec les locaux de Keiko Tsuda, duo de jeunes gens tombés dans le math rock pas chiant quoique très travaillé et appliqué. Bien que n’ayant que peu de concerts à son actif, le groupe assure une bonne maîtrise sur scène, -précision, imagination, efficacité (cela fait un peu trop qualité, savoir-faire, tradition comme formulation mais il y a aussi de ça). Keiko Tsuda attaque directement par Steak haché (le deuxième titre de la démo du groupe d’ailleurs en libre téléchargement sur son site) avec ses boucles de guitare et son synthé bourdonnant, une bonne porte d’entrée.
Le batteur me parait peut être moins en forme que lors d’une fois précédente mais qu’importe, Keiko Tsuda a encore rajouté de l’huile dans son moteur, allie souci mélodique et rigueur de l’exécution sans tomber dans le panneau de la branlette prétentieuse. J’aime suffisamment le jazz et le rock pour haïr le jazz-rock et je déteste assez les mathématiques pour ne plus supporter le math rock depuis longtemps mais jamais je n’aurais pu penser que le groupe qui allait réussir à me réconcilier (partiellement) avec le genre viendrait de cette bonne vieille ville pourrie. La musique c’est vraiment un truc miraculeux.



















Encore un miracle et il vient de loin : Pneu. On a tout dit sur les prestations en concert de ces deux malades, on a tout dit également sur leur album Pince Monseigneur, l’une des meilleures choses arrivées en 2008, un disque qui défie les lois de l’apesanteur et de l’endormissement avec un sens de la jouissance punk as fuck bien trop rare de nos jours. Les deux ne mettent pas longtemps à installer leur matériel, une batterie minimale (mais avec double pédalier), un gros ampli cabossé. Ils jouent l’un en face de l’autre, au milieu du public -j’imagine qu’ils ont eux aussi été traumatisés par Lightning Bolt- et surtout bien serrés, du dos du batteur à l’arrière de l’ampli du guitariste il ne doit pas y avoir plus de trois mètres et demi. Cela leur permet de s’invectiver un peu, de se faire des grimaces comme les gosses à la cantine qui trouvent que les raviolis en boite c’est vraiment trop deg surtout trois fois de suite dans la semaine, et ils incitent les gens autour d’eux à se rapprocher toujours plus, comme pour faire un cockpit ajoute le batteur. Cela permet aussi au guitariste de recaler la grosse caisse de temps à autres en mettant des coups de pieds dedans.
On est à cent mille lieues des entrelacs savants et des mélopées algébriques de Keiko Tsuda mais Pneu en concert c’est le bonheur absolu : une musique instrumentale complètement foutraque et instinctive, bruyante et accrocheuse, magnifique de liberté. Le duo pourrait en faire des tonnes dans le genre on est des gros tarés et on vous emmerde mais non ça reste bon enfant (festif est un gros mot à proscrire une bonne fois pour toutes) et en même temps complètement barré.
























Le guitariste se balance comme s’il était suspendu dans le vide quand il ne choisit pas l’option je me colle à l’ampli pour faire jaillir le larsen d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux. Le batteur se démène, c’est lui le rigolo de service, normal il a des lunettes. Imperceptiblement les deux se rapprochent l’un de l’autre (la distance qui les sépare se raccourcit dangereusement en deçà des trois mètres) tandis que le batteur augmente le volume de son ampli, vive les oreilles en chou-fleur.
Entre deux titres le batteur demande l’heure qu’il est, réclame la présence d’un responsable pour connaître le temps qu’il reste à Pneu pour nous achever et le duo repart au quart de tour à fond les ballons, tempos frénétiques et guitare tronçonneuse en libre service. Malheureusement le batteur se fracasse le genou droit -on hésite un peu : il joue la comédie pour emmerder son camarade de guitariste qui de son côté continue de jouer comme si de rien n’était ? il a une crampe ? un épanchement de synovie ? une gangrène gazeuse ?- et comme il a vraiment l’air de souffrir terriblement, le concert de Pneu s’arrête là, amputé au dernier tiers, celui dont on peut imaginer qu’il allait déboucher sur un final d’apocalypse. On ne le saura pas.



















Dernier groupe de la soirée, Metrolibido est un duo composé d’un garçon aux machines et à la voix et d’un autre à la batterie, euh, une bien curieuse batterie à dire vrai, entièrement composée de pads électroniques. Surprise, derrière l’homme machine se cache Safy, chanteur hystériquement féminin de Monosourcil (ex chanteur parait il, puisque le groupe n’existerait plus), un boys band responsable d’un bon demi LP sur Gaffer records (on n’en sort pas…) et c’est assez curieux de revoir ce garçon rejouer plus d’un an après dans un contexte musical très différent de la première fois et qui plus est au même endroit au presque.
Même écoutée d’une oreille distraite, la musique de Metrolibido n’avait trop rien de déplaisant, mais là, en direct live, il n’a pas fallu attendre la fin du premier morceau pour se dire que c’était tout bonnement épouvantable. Des sons détestables, présence zéro sur scène, morceaux sans intérêt ni queue ni tête… arrêtons-nous là, Metrolibido n’est évidemment pas le genre de la maison et je quitte la salle déjà partiellement désertée au troisième titre, ma patience ayant réussi à me retenir jusque là. Au revoir et à jamais.

vendredi 20 février 2009

Full Blast / Black Hole
























En 2006 Peter Brötzmann, Marino Pliakas et Michael Wertmüller publiaient un premier album de leur trio sur le label Jazzwerkstatt : Full Blast était même la première référence de ce tout nouveau label entièrement dédié à ce bon vieux free jazz libertaire européen, un peu poussiéreux il faut bien le dire et très largement inspiré par les dernières œuvres de Coltrane et surtout (en ce qui concerne Brötzmann) par ce génie de l’incandescence qu’était Albert Ayler. Full Blast était surtout une sorte de renouveau pour le saxophoniste allemand, accompagné pour l’occasion de Pliakas, un bassiste (électrique) jusqu’ici inconnu de nos services et de Wertmüller l’ex batteur fou d’Alboth!. Ce dernier avait déjà une bonne expérience du free puisque ayant auparavant joué aux côtés de Werner Lüdi. Mais rien ne préparait aux séismes infligés par Full Blast, album imposant sur lequel Peter Brötzmann retrouvait enfin cette ivresse rock et cette furie qu’il nous avait déjà fait goûter avec Last Exit (son quartet en compagnie de Sonny Sharrock, Bill Laswell et Shannon Jackson) dont l’album Köln a également été réédité par Jazzwerkstatt. Ivresse et furie peut être mais sans le même sens du groove, plutôt un cyclone que le grindeux moyen n’aurait pas rejeté trop catégoriquement.
Aujourd’hui Full Blast est devenu le nom à proprement parler du trio Brötzmann/Pliakas/Wertmüller qui publie un nouvel enregistrement sur Atavistic, Black Hole. Ce disque prend d’abord la forme d’une déception. Le son y est petit, essentiellement celui de la basse électrique qui en plus se fait bien trop discrète, bien trop fluide et coulante. Le jeu de batterie de Wertmüller délaisse de plus en plus les bourrasques grind pour se concentrer sur les mesures bancales du jaaââââzzzzz et utiliser beaucoup trop souvent les cymbales. La petitesse du son ne lui rend également pas vraiment service. Reste Brötzmann, un chouïa moins terroriste qu’à l’accoutumée, cherchant l’atmosphère plus que le choc. Full Blast a donc décidé de modifier son propos, s’écoute un peu trop en train de jouer, a perdu le sens de l’urgence délirante mais aussi de la rudesse du vocabulaire -mais là, un peu moins- hérités de Last Exit. Dommage. On finit par s’habituer à ces nouvelles compositions bien plus domestiquées et sages que précédemment mais par contre jamais on ne peut se faire à ce son triste et sans vie de l’enregistrement studio (on ne félicitera pas l’ingénieur du son, il a été stagiaire auprès de Manfred Eicher ou quoi ?).
Par contre, Black Hole est disponible sur son tirage de tête (mille exemplaires) avec un CD bonus comprenant un enregistrement en concert datant de 2005. Le trio y est en très grande forme, le son y est fatalement plus grossier (quoique de très bonne qualité) et surtout l’énergie est bien présente. On n’échappe pas au solo de saxophone ni à celui de batterie -qui s’apparente plus à un déluge qu’à une démonstration- mais ce n’est pas très grave puisque le trio, Brötzmann en tête, fonce tout droit dans le mur, l’explose, passe à travers et continue sa course effrénée vers encore plus de folie furieuse et de freeture en ébullition. Malgré leur longueur, les sept titres présents ici renouent avec une hystérie salutaire et inspirée. Un excellent live qui vient donc tempérer la déconvenue relative de Black Hole. Reste à voir Full Blast un jour en concert parce que franchement, dans le genre, le groupe semble plus que tenir ses promesses…

jeudi 19 février 2009

Sourvein / Imperial Bastard
























Sourvein, le groupe de l’imposant T-Roy (il a pas mal traîné avec Buzzov-en, a même plus ou moins joué avec eux quand il n’était pas le dealer officiel de Kirk Fisher), s’apprête à publier un nouvel album en 2009. Le groupe a signé avec Candlelight U.S. et l’album est produit par Billy Anderson qui en général s’y connaît pour faire sonner le metal bien gras et bien lourd comme une bête féroce. Pour marquer sa signature avec Candlelight, Sourvein a publié un mini album quatre titre en septembre 2008, Imperial Bastard. Celles et ceux qui déjà regrettaient l’aseptisation (relative) du son du groupe sur un précédent EP, Ghetto Angel, vont continuer à faire la gueule. Ce disque a été enregistré avec l’aide de Vince Burke qui a également produit le premier EP (Emerald Vulture) de ce qui était au départ annoncé comme une trilogie mais force est de constater qu’à chaque nouvel enregistrement c’est un peu la dégringolade pour Sourvein. Du malsain et du fangeux (Emerald Vulture, donc) on est passé à l’efficacité un peu plate (Ghetto Angel) puis à l’efficacité normalisée, les vu mètres au bon endroit (le présent EP). Rien que de penser que l’homme qui a produit ces trois disques est à chaque fois le même est assez troublant : Sourvein ne chercherait il pas finalement à changer de son, à rendre son metal moins dérangeant et plus maîtrisable ? La réponse bientôt avec l’album et le boulot de Billy Anderson, donc.
Ce qui choque le plus sur Imperial Bastard c’est ce son de batterie, plus casseroles en inox que chaudron de sorcière, la grosse caisse étant même clairement ignoble. Les guitares, émoussées et presque lissées ne sont pas très loin derrière. Restent la voix et la façon de chanter de T-Roy devenues un peu trop lointaines, trop noyées dans un mix cafouilleux. C’est d’autant plus dommage que les compositions proprement dites sont bonnes. Le premier titre I…Vigilante est le moins bon des quatre. Un tempo rapide (pour Sourvein) avec un break/ralentissement tout ce qu’il y a de plus classique, les éternels supporters de Buzzov-en/EyeHateGod ne seront pas dépaysés. C’est avec le deuxième titre, Skipwrecked, que Sourvein consent enfin à se lâcher un peu, beaucoup. Le tempo est terriblement ralenti, les guitares raclent dans les profondeurs, le chant traîne dans l’horreur. Imperial Bastard serait presque la même s’il n’y avait ce son de guitare trop ouvertement seventies avec comme point d’orgue -si je puis dire- le double solo de guitares qui laisse pantois et assez incrédule mais dont le seul avantage est pour une fois de laisser entendre distinctement la ligne de basse. Dernière titre, Forthwind renoue avec force et justesse avec le Sourvein que l’on aime, c'est-à-dire celui qui donne envie de se tordre dans tous les sens en hurlant et signalons un jeu de toms intéressant de la part du batteur, tribal et menaçant. Pour résumer : un EP bien mitigé…

mercredi 18 février 2009

La grande révision des classiques en mode contemporain

























Il ne faut pas se fier à la première version du fly de la soirée de ce lundi 16 février, Kiruna remplace Oreille (que j’aurais bien aimé découvrir) et c’est Assassin Of Youth qui ouvre le bal, groupe de hardcore moderne envoyé par des jeunes gens modernes (et une référence à ce vieux film sur la propagande anti drogue américaine -la marijuana c’est mal- dans les années 30 ?). Il n’y encore pas beaucoup de monde au Sonic mais la moitié des présents dans la salle est remplie par tous les potes de lycée et la famille de ces petits gars (papa, maman, petits frères et sœurs, tonton, tantine et même un cousin). C’est amusant de voir des marmots venir assister à un concert aussi bruyant. Lorsque à l’entrée on demande à leur mère s’ils ont des boules quies et qu’on lui fait aussi remarquer que ça va être fort, celle-ci répond fièrement qu’ils ont l’habitude, ces chers petits.
Toujours au sujet du son, le Sonic est désormais équipé d’un limiteur, ce truc qui coupe la sauce dès que ça dépasse les 100 dB, c'est-à-dire quand ce n’est encore vraiment pas fort, surtout pour les vieux de toutes façons déjà sourd comme moi, bouchons d’oreille naturels. Ce limiteur, c’est une obligation légale. On est en plein dans l’hygiénisme. Ironiquement son installation a été financée par des aides municipales, seule subvention à ce jour touchée par le Sonic qui pourtant aurait bien besoin de davantage de considération de la part des politiques locaux -mais peut on encore faire confiance à un socialiste français ou, pire, à un socialiste lyonnais ?


















Donc il y a les Assassin Of Youth qui jouent, pour des raisons de place seul le batteur est sur la scène, les trois autres (hurleur/guitariste/bassiste) sont à même le sol. Tout le monde a mis un t-shirt blanc, le Sonic est plongé dans l’obscurité et il y a des néons de lumière noire qui font donc ressortir tout ce qu’il y a de blanc. Effet zombi/fantôme pour les membres du groupe mais je constate avec horreur que la lumière noire fait également ressortir mes cheveux blancs et les pellicules qui constellent mon écharpe. Les Assassin Of Youth peuvent bien s’en foutre, surtout le chanteur avec sa tête rasée de skinhead mais cela me met de mauvaise humeur.
Pour le reste, je n’ai pas grand-chose à faire de la musique du groupe qui joue volontairement sur l’agressivité sans en avoir réellement les moyens. Le hardcore chaotique d’Assassin of Youth (Breach la brioche de Botch nous dit le fly officiel, ce qui est le descriptif le plus drôle qu’il m’ait été donné à lire depuis longtemps) est plus fastidieux que rapide et plus lourdingue que lourd, je reste poliment en dehors d’une prestation ennuyeuse. Il n’y a que les postures du guitariste qui sont marrantes, le reste -danse d’orang-outang en rut, attitude viril du tough guy, violence frontale-mais-vas-y-bouge-toi-ton-cul-public-mon-amour- me passe largement au dessus la tête. Je vais ranger celle-ci et mes problèmes capillaires loin de la lumière noire et de ce premier groupe décevant.


















Plus j’écoute Penundaan, le premier LP une face de Kiruna et plus je suis séduit par l’étrange flottement qui règne sur ce disque au style résolument inclassable. Pas vraiment hardcore ni réellement noise, avec un sens de l’urgence habilement tempéré par une espèce d’impermanence -comprendre : ça pulse et ça spleene en même temps. La voix du chanteur, ses intonations et son timbre inhabituels, ont fini par me convaincre.
Notre quatre lyonnais s’installent sur scène, ah non excusez moi il manque encore le chanteur sûrement encore en train de traîner au bar mais il arrive enfin, un rien détendu et stoïque. Être placé devant à un concert renvoie à l’éternelle question de voir ou entendre. Mais de là où je suis, même si la cohérence sonore de l’ensemble est parfois bancale, goûter au son des différents instruments est parfaitement possible. La basse claque massivement tout en opérant quelques incursions plus osées, la batterie parait bien en place et précise, les deux forment ensemble un couple rythmique impeccable et inventif. C’est le guitariste qui tire le mieux son épingle du jeu, il a ce son à la fois large et aigre finalement responsable lui aussi de l’étrangeté de la musique de Kiruna. Lorsque il passe en mode dentellière adepte du double point de croix à l’envers je n’écoute forcément que lui.
Reste le chanteur qui beugle (parce qu’il ne s’entend pas ?) et perd trop de sa tonalité originale. Bon, ce qu’il perd en finesse, il le gagne forcément en énergie et il n’y a rien à en redire puisque Kiruna en concert passe à l’étage supérieur question agressivité et vindicte. Mais contrairement à Assassin Of Youth qui pédalait dans le vide, Kiruna a des choses à dire. Les progrès du groupe sont plus que patents, si ces quatre là continuent sur la même voie cela fera une excellente formation de noise/hardcore dépressif de plus dans cette ville de sourds.























Le Sonic est maintenant bien plein -une centaine d’entrées ou approchant- ce qui est assez remarquable pour un lundi. Le matériel installé par les trois Young Widows est impressionnant, encore un groupe qui se trimbale des racks de pédales d’effets pour guitare dignes de la mallette d’un représentant de commerce de chez Boss ou Danelectro. La batterie a deux toms basses et on peut remarquer les lampes installées sur les pieds de micro et tout autour des deux énormes amplis qui trônent derrière le groupe.
Celui-ci demande à ce que l’on éteigne les lumières et c’est dans le noir presque complet que Young Widows attaque par Took A Turn, entrée en matière du formidable dernier album du groupe, Old Wounds. Son de basse épais, batterie percutante et -surprise- lorsque la guitare entre en action toutes les lampes installées par le groupe s’allument face au public, rhôôôôooo. Tous les titres de Old Wounds vont être passés en revue, même le très minimaliste The Guitar, et le concert est à proprement parlé parfait : Young Widows a un set complètement rodé, sans grandes surprises c’est vrai, avec un son très proche de celui de l’album (ce qui est normal puisque sur celui-ci figurent pas mal de prises live) et une exécution millimétrée.


















Malgré tout ce professionnalisme, malgré l’attitude assez distante du guitariste/chanteur Evan Patterson, le septième ciel est atteint alors que Young Widows interprète quelques perles telles que le frénétique 21st Century Invention et surtout The Heat Is Here, le meilleur titre du groupe. Le spectacle bien orchestré continue, il n’y a que peu de temps morts, le bassiste assure à lui tout seul les deux tiers de l’intérêt visuel de Young Widows sur scène. Il s’agite pour les deux autres, y compris pour le batteur qui reste imperturbablement rigide et droit, tellement concentré que l’on peut se demander s’il ne passe pas son temps à compter les mesures. Pas grave en soi parce qu’il frappe d’une manière assez remarquable, il suffit juste de ne pas le regarder. Un batteur antispectaculaire, c’est assez rare pour être souligné.
Les lumières s’éteignent mais le groupe ne va pas très loin, c’est l’heure du rappel qui est consacré au premier album, Settle Down City, avec des titres plus touffus, plus classiquement noise et moins viscéraux. Ces jeunes veuves, même sans avoir inventé la machine à affûter les riffs et à tendre les rythmiques, savent très bien s’en servir. Cela mérite plus que le prix d’excellence que l’on décerne habituellement aux très bons élèves arrivés à leurs fins à force de travail et d’entêtement -les Young Widows sont le groupe noise contemporain.

lundi 16 février 2009

Noise rules, OK ?

















Dans la grande série ne jamais trop attendre d’un groupe que l’on apprécie particulièrement et dont le dernier album en date figure parmi ses préférés de l’année passée, voici Young Widows, la grosse sensation noise du moment pour un concert au Sonic que l’on espère évidemment explosif. Deux groupes pour accompagner les américains : Kiruna et Assassin Of Youth.

[et au passage le plus beau flyer naturaliste que l’on ait vu depuis longtemps, mais qu’est ce qu’ils ont tous en ce moment avec les biches et les rennes ?]

vendredi 13 février 2009

KTL / IV























 La véritable actualité de Stephen O’Malley c’est le nouvel album de KTL, le duo qu’il forme avec Peter Rehberg/Pita. IV est comme ses prédécesseurs disponible via les Editions Mego (le label de Rehberg), une version vinyl sera pressée plus tard par le label japonais Inoxia (Boris, Satanicpornocultshop…). A l’intérieur on note des illustrations signées Demian Johnson, oui celui de Playing Enemy et maintenant de Hemingway. La pochette toujours dessinée par O’Malley reprend le logo habituel de KTL sauf que l’on n’en voit qu’un détail agrandi et sur fond blanc. Le résultat est toujours aussi cryptique -signe cabalistique, magie noire, là je pencherais plus pour un gibet éminemment christique, supplice et ordalie. Ces idées ne me sont pas venues toutes seules : les trois premiers albums de KTL sont les bandes sons de spectacles de danse contemporaine chorégraphiés par Gisèle Vienne (dont Peter Rehberg est un collaborateur de longue date), en l’occurrence il s’agit de Kindertotenlieder (dont KTL est l’abréviation), spectacle présenté il y a plus d’un an aux Subsistances de Lyon et que j’avais apprécié malgré son côté explicite sur la dualité amour/mort, religion/sexe trop ouvertement tue moi avec ta grosse bite de métallurgiste satanique en rut.
Or il se trouve que IV est le premier disque du duo qui ne soit pas commissionné pour un spectacle -Gisèle Vienne a du passer à un autre sujet…- donc le premier disque sur lequel Peter Rehberg et Stephen O’Malley se sont clairement posé la question de faire autre chose. Mais le groupe a bien sûr gardé ce penchant pour la symbolique occulte et la noirceur aux traits un peu forcés. IV est de loin le disque le plus dynamique et le plus foisonnant de KTL. Le fait qu’il ait été enregistré avec Jim O’Rourke à la production est un renseignement juste bon à intéresser les exégètes.
Maraug
est un court titre introductif avec une guitare pas très éloignée du riffage black metal tandis que derrière les basses bourdonnent et que Rehberg constelle ce cauchemar de perturbations électroniques qui font l’effet de vrilles cérébrales, transpercé et même pas mort. Paratrooper est la pièce maîtresse de IV, un titre sur lequel Atsuo le batteur de Boris a été invité à poser des rythmes. Tandis qu’O’Malley égraine un riff suintant comme il en a le secret (avec ce son qu’il a, celui qui a fait les beaux jours de Khanate, si caractéristique et que j’adore), Atsuo martèle un battement répétitif, obsédant jusqu’à en devenir inquiétant. Peter Rehberg assure tout le background, notamment ces basses qui accompagnent le battement d’Atsuo et le résultat est une véritable boucherie. On est pris physiquement par cette musique étrangère à toutes formes de délivrance, on pense forcément aux Swans de l’époque Cop/Young God (la meilleure) et à leur obsession de l’aliénation et de la douleur.
Le reste du disque s’écoute comme dans un rêve -un rêve sans sommeil dont on voudrait absolument sortir- avec tout d’abord Wicked Way et ses strates de guitare sur fond de confusion rythmique. Benbbet suit avec sa lente plongée en apnée dans des abîmes souterrains, les rythmes qui s’intensifient sournoisement allant jusqu’à flirter avec Pan Sonic tandis que la guitare se met en mode lamentation avant l’extinction finale -Benbbet est la deuxième pièce maîtresse du disque. Eternal Winter joue plus sur le côté feux follets électroniques mais Peter Rehberg est vite rattrapé par ses (bonnes) habitudes en lâchant des fréquences qui passent douloureusement du cri de grillons aux grésillements stridents. Dernier titre, Natural Trouble voit le retour d’Atsuo, cette fois ci au gong, pour une dernière pièce faussement atmosphérique (c'est-à-dire pas du tout aérienne) avec des sons ascensionnels qui s’écrasent dans le vide. IV est sans problème le disque de ce début d’année.

jeudi 12 février 2009

Sunn / Dømkirke


Les petits gars de Sunn et leur label Southern Lord aiment les beaux objets. Celui-ci en est assurément un. Dømkirke -cathédrale en norvégien, bande de béotiens- est un double LP enregistré en concert et présenté dans une pochette au carton tellement épais qu’il serait inutile de compter dessus pour en faire des filtres pour son spliff du soir, pour cela se servir uniquement des pochettes intérieures d’une qualité supérieure elles aussi mais quelque peu plus fines. J’imagine que pour chaque exemplaire de Dømkirke de pressé il y a eu un arbre en moins dans la forêt norvégienne si chère au cœur de Nocturno Culto. Avec un flou artistique que n’aurait pas renié Joseph Mallord William Turner, l’artwork du recto évoque trois silhouettes perdues dans une tempête de neige ou un brouillard épais. L’intérieur montre le groupe en pleine action et le verso est une photo de Stephen O’Malley et de Greg Anderson entourant le fantôme de The Ring (peut être bien qu’il s’agit d’Attila Csihar déguisé en Père Noël). Les pochettes intérieures montrent elles toujours plus de photos de Sunn en concert, musiciens figés devant les vitraux imposants de la cathédrale de Bergen, devant l’orgue monumental ou sous la haute nef, ils ont tout compris au sens du mot liturgie. Le seul bémol -mais il est de taille- c’est la couleur des vinyles en eux-mêmes, une sorte de bleu cuvette en plastique avec l’effet marbrures bien connu des geeks, c’est un peu le ciel de tes vacances au bord de la mer à Pallavas. Les ronds centraux sont eux des photos du public -que des mecs pas beaux et bourrés. 


















Dømkirke est un live imposant, enregistré dans des conditions particulières -un lieu de culte grandiose- or dès les premières écoutes on sent comme une tentation blasphématoire de pacotille, genre allez les gars on va aller faire une pseudo messe noir sur l’autel de la cathédrale de Bergen histoire de rigoler un peu mais surtout ne sortez pas les zippos, on est pas à Fantoft ou à Sarpsborg ici -du moins c’est ce que je crois, c’est ce que l’on appelle un procès d’intention et c’est exactement ce que je suis en train de faire. Il y a de toutes façons un côté sacralisé dans la musique de Sunn, celui-ci est immédiatement qualifié de chiant par les opposants au groupe, côté qui transparaît particulièrement sur le premier disque, la face A avec un Attila Csihar totalement lyrique accompagné à l’orgue par Steve Moore (Why Dost Thou Hide Thyself In Clouds) et la face B -Cannon- avec une improvisation au trombone (encore Steve Moore ?) inaugural avant que les guitares ne se mettent à décliner l’un des riffs les plus célèbres de Sunn. Cela se gâte sur le deuxième disque, plus exactement cela se gâte pour la santé de nos oreilles, avec Cymatics sur lequel Lasse Marhaug (de Jazkamzer, Nash Control, Powerhouse Sound, etc) semble enfin intervenir, un titre qui développe un long passage magmatique davantage proche du chaos primitif que du drone, un peu comme si Masami Akita s’invitait chez Sunn pour une orgie nihiliste, tandis que Attila Csihar en rajoute dans le registre des vocalises maléfiques. Du coup on la tient enfin notre messe noire. Masks The Aetmospheres arrive en clôture de Dømkirke et est un titre plus classiquement Sunn avec ces étirements de larsens et de basses fréquences, les chuchotements d’Attila (bien que l’herbe est censée ne pas repousser sous ses pieds je me demande quand même ce qu’il fume), le retour de l’orgue majestueux (et pénible). Une fin décevante à vrai dire, légèrement opportuniste parce que trop attendue et déjà entendue.
[C’est en rangeant le deuxième disque dans sa pochette que je m’aperçois un peu tard que sur la fin de la face B il y a ces mots de gravés : Fantoft, Fantoft, don’t you wanna… C’est vrai ça, qu’est ce que tu veux ? Pas grand-chose de courageux en tous les cas, il est beaucoup plus facile de s’approprier ces évènements aussi ridicules que malsains que de passer à l'acte soi-même. Pauvres métallurgistes de cabaret -l’option Satan m’habite même dans le noir est incluse- et c’est tant pis pour eux.]

mercredi 11 février 2009

Stephen O'Malley / Salt
















En matière de doom/drone/machin noise atmosphérique, la grande affaire de 2009 sera le nouvel album de Sunn que Greg Anderson et Stephen O’Malley sont en train de nous enregistrer avec leurs potes habituels (Attila Csihar, Oren Ambarchi). Petit détracteur de ce groupe très en vue, même si tu n’as plus qu’une seule main pour compter tu sauras que Sunn a déjà cinq albums à son actif et que le nouveau né sera à la fois le sixième et le moignon dont tu te sers d’ordinaire pour t’aider à vomir dès que tu penses à Stephen O’Malley et Greg Anderson. Si au contraire tu es un adorateur de Sunn et que tu te fais greffer les Grimmrobe Demos et Altar, l’album en commun avec Boris, tu sais que cela fera le huitième. Celui-ci devrait s’appeler Dimensions, un titre détestable dont on est en droit d’espérer qu’il ne cache pas un (in)opportun revirement progressif de la musique du groupe. On peut en effet tout imaginer avec Sunn -ses détestateurs (nombreux) affirment également que la seul chose que l’on ne pourra pas imaginer c’est l’ennui que le groupe va inévitablement procurer- donc on pourrait craindre une option musicale aussi catastrophique, Stephen O’Malley et Greg Anderson ayant déjà annoncé que Dimensions serait différent de tous leurs autres enregistrements. Les effets habituels d’une communication pre album. Comme je suis un fan de ces deux là, je suis prêt éventuellement à tout leur pardonner, sauf un putain de virage prog.
Près de trois années auront donc séparé Altar et Dimensions. Et pourtant les membres de Sunn n’ont pas chômé. Exemple en 2008 -et foutage de gueule il faut bien le dire- des activités annexes de O’Malley, Salt, un CD publié par Ideal recordings. Avec son emballage cartonné reprenant le format des productions Mego et l’illustration digne de la déco intérieure des sanitaires d’un train à grande vitesse, Salt ne trompe pas sur la marchandise : les soixante quinze minutes de ce CD sont la bande son de Bleed, une installation du plasticien Banks Violette (pour le LP Oracle de Sunn c’était déjà exactement la même chose). C’est quoi la bande son d’une installation d’art contemporain exactement ? En l’occurrence il s’agit ici d’un environnement sonore construit autour d’ondes sinusoïdales. Aucune variation, aucun changement, aucune évolution du truc. Exactement la même chose que la célèbre Dream House de La Monte Young et Marian Zazeela où pour échapper -ou les susciter, c’est selon- aux mirages sonores des ondes diffusées en continu il fallait déambuler dans la pièce ou bouger la tête à la vitesse de son choix : on entendait alors des variations sonores aussi fugitives que personnelles. Tout cela ne fonctionnait que grâce à une diffusion multisources de la matière sonore en question. Autant dire qu’écouter le travail de O’Malley sur Salt à l’aide de deux pauvres enceintes et d’un ampli stéréo ne procure absolument pas les mêmes effets. Soixante quinze minutes plus tard on en est encore à se demander quel est l’intérêt d’un tel disque -en restant une demi journée complète, le nez au vent, immobile dans la position du lotus sous une ligne à très haute tension d’EDF on aurait obtenu exactement le même résultat. Salt est le premier disque du monde dont le contenu s’apparente à un acouphène confortable comme un futon japonais. Bonne sieste.

lundi 9 février 2009

Pas que des conneries (mais deux ou trois blagues foireuses quand même)


Nous sommes le 5 février 2009. C’est jeudi et cela mérite un petit résumé de la situation : j’ai déjà deux concerts d’affilée dans la tête et j’ai donc déjà largement dépassé mon quota de père indigne autorisé. Aujourd’hui c’est le dernier jour de mon week-end de milieu de semaine, je recommence le boulot dès le lendemain vendredi et je n’ai rien envie de faire mis à part rêvasser dans le vide. Or, mardi soir, une conversation impromptue avait rappelé à mon esprit fatigué qu’il y avait un autre bon concert ce jeudi au Sonic.
Fort hypocritement je sors un petit calendrier coincé dans une pile de bouquins pour mieux m’esclaffer dans un déchirant bordel-de-merde-mais-j’ai-complètement-oublié-c’est-ce-soir-mon-dieu-qu’est-ce-que-je-vais-devenir en montrant la date du jour à toute la famille réunie autour de moi et fort inquiète devant mon air effaré. Pas la peine d’en rajouter, tout le monde à la maison a très bien compris que ce soir je ne serai à nouveau pas là, père indigne je crois que je l’ai déjà dit.
En arrivant à la salle je découvre entre autres choses que l’un des protagonistes du concert n’est pas venu car il a une (grosse) crève ce qui est toujours gênant lorsque on chante. Je découvre aussi qu’il va y avoir des projections de films pendant que les groupes jouent. Je regarde de loin tout le matériel vidéo installé et me fais directement interpeller par une allumée qui me demande si je suis vidéaste parce qu’elle, justement, l’est. J’essaie de lui répondre d’un ton bourru -en général je sais bien faire- que bien sûr que non et je réussis facilement à m’échapper de ce que je crois être un piège.
























Le premier groupe à jouer est en fait un duo réunissant Tony Mowat et Igor Cubrilovic. Le premier était le guitariste du Blues Butcher Club puis de Sun God Motel. Le second a déjà été vu en concert accompagnant Jonathan Kane ou même en solo. Les deux jouent de la guitare, encore des mecs avec pleins de merdouille électronique et d’appareillage autour d’eux pour faire du son.
Je suis vraiment très surpris par le début du concert, je m’attendais à un gros décollage de saturation avec curetage non homologué du bulbe rachidien alors que j’entends des gratouillages planants et délibérément agréables. Bigre. Derrière les deux guitaristes est projeté un film à durée indéterminée montrant le sommet de cheminées que l’un des deux musiciens voit tous les jours depuis la fenêtre de sa cuisine (sic). Le système d’aération au sommet des dites cheminées tourne, ralentit, s’arrête, repart et ça dure des plombes, c’est le Warhol du pauvre. J’hésite entre une représentation allégorique d’un clocher d’église orthodoxe ou d’un encensoir liturgique (donc on n’en sort vraiment pas…). Métaphore pénienne peut être ?
Les deux musiciens utilisent le même gadget pour jouer, c'est-à-dire un archet électronique -ebow pour les intimes- qui n’est jamais qu’un électro-aimant : plus on l’approche des cordes d’une guitare plus celles-ci vibrent et (cela me sera expliqué après le concert) il y a un seul bouton mais deux positions sur un ebow, l’une d’elle délivrant plus d’harmoniques. Le problème c’est que beaucoup trop de gens s’amusent avec ce genre de joujou à l’heure actuelle -Gilles Laval la veille au soir par exemple, même s’il s’en sortait plutôt bien, ou encore Michel Henritzi début décembre- et c’en est un peu marre de tous ces guitaristes qui ont le même son planant, le ebow c’est parfait pour obtenir un effet de sustain, sans imagination ni originalité. Cela me rappelle tous ces groupes de merde qui utilisaient le même synthé Yamaha en appuyant uniquement sur les mêmes touches de présélection.
Pour l’instant, Igor Cubrilovic commence à faire nettement plus de barouf, je me réjouis que tout ça n’était peut être qu’une intro mais lorsque la musique redescend doucement et reprend ses mauvais côtés du début du set je suis à nouveau déçu même si Tony Mowat nous gratifie alors d’un vrai jeu de guitariste (accompagné de ses célèbres grimaces) nous prouvant quel bon musicien il peut parfois être. D’ailleurs j’attends avec impatience le premier concert qu’il donnera peut être un jour avec un nouveau groupe incluant entre autres l’ancien bassiste de Blues Butcher Club/Sun God Motel mais aussi Jean Michel Berthier (ex Bästard) ou Cyril Darmedru… -en avril les gars ?
























Ces deux derniers jouent justement dans le groupe d’après avec Seiji Murayama -lui a joué avec Keiji Haino dans Fushitsusha ou KK Null dans Absolut Null Punkt-, Red (le bluesman préféré des Inrockuptibles) et Phil Minton. La mauvaise nouvelle c’est donc que Phil Minton n’est pas là. Moi qui ne l’ai jamais revu depuis les concerts de Roof/4 Walls, je suis vraiment déçu. Mais heureusement que Red est là, sa mémoire d’éléphant éthylique lui permet de me donner quelques nouvelles d’un ami commun et il ne déçoit personne en lançant ses mauvaises blagues légendaires (avant de se reprendre d’un j’ai honte absolument pas crédible) : monsieur et madame Filter ont un fils, comment l’appellent ils?*
Et lorsque on demande à Jean Michel comment s’appelle le groupe il répond on s’en fout ! Mais c’est vrai qu’il y a débat, c’est peut être pour cette raison que pour le concert de ce soir il y avait un fly annonçant Bullshit tandis que l’autre présentait le groupe comme s’appelant N.H5N1. La galère pour le chroniqueur mondain qui voudrait parler de l’album du groupe.

























On l’aura compris Bullshit/N.H5N1 c’est le bordel. Même avec des films pseudo expérimentaux vraiment pas terribles en arrière plan. Même sans Phil Minton. J’oublie très rapidement son absence, oublie également mes craintes par rapport à Red (souvent capable du pire) et goûte à plus d’une heure de musique totalement improvisée ou revendiquée comme telle, j’ai eu quelques doutes…
Seiji Murayama est vraiment un batteur extraordinaire, on pourrait croire avec le pedigree qui est le sien qu’il va marteler et rouler des mécaniques et au contraire il a un jeu tout en retenue, pointilliste et pleins de frottements s’il le faut, débordant et audacieux dès qu’il faut envoyer la sauce. Il tient tous les autres musiciens avec son jeu, il ne s’arrêtera de battre qu’une seule fois et il est bien la clef des improvisations bric-à-brac de Bullshit.
Comme sur le disque on assiste à une alternance d’ambiances et de styles différents, la réussite de l’ensemble tient à très peu de choses mais elle est souvent probante, les moments littéralement free impressionnant bien plus que les passages vaguement groovy. Cyril Darmedru est un souffleur sensible et pertinent, quant à l’homme derrière les machines, il n’a pas pu s’empêcher de foutre un peu plus le souk notamment lorsqu’il a envoyé un sample qui a fait croire au sonorisateur que l’un des micros larsenait ou lorsqu’il a balancé une chansonnette sixties d’April Stevens aux paroles délicieusement grivoises : Hold Me Tiger I Don’t Know What To Do/Touch Me Tiger When I’m Close To You/Teach Me Tiger And I’ll Teach You (oui, ce truc là). Un bon concert, assez intense et ludique, de la freeture digeste et imaginative.
En attendant d’avoir envie de rentrer chez moi j’observe la vidéaste de tout à l’heure en train de regarder mon vélo garé non loin de là et de lui tatouiller les pneus. Je me sens prêt à lui rentrer dans le lard mais elle laisse tomber, va regarder le vélo d’à côté, elle s’occupera de tout ceux qu’elle trouvera à proximité de la péniche du Sonic. Une conversation avec un autre essayant de me prouver par A + B que je ne suis qu’un idiot parce que je ne veux pas aller au concert de The Ex au mois de mars prochain sous prétexte que le chanteur est parti du groupe finit de m’achever. Aucune curiosité mon bonhomme, c’est vrai…

[* Aldo]

samedi 7 février 2009

Gaffer Fest, day two



C’est le deuxième jour du festival Gaffer records et (bonne) nouvelle il fait moins froid… c’est du moins ce que l’on pourrait croire parce que si dehors le temps s’est radouci, l’intérieur de Grrrnd Saloon fait toujours penser à un frigo avec son thermostat pété et bloqué sur mode congélation. J’ai pris soin de ne pas me presser, j’ai bien retenu la leçon de la veille et -quelle synchronisation- j’arrive lorsque les portes s’ouvrent. La deuxième bonne nouvelle c’est qu’il y a l’air d’y avoir autant de monde si ce n’est plus que la veille, à l’entrée je montre mon badge Gaffer Fest qui fait office de pass pour les deux soirs, le genre de bidule qui me permettra de jouer au cake dans dix ans, oui j’y étais et pas toi.























La première fois que j’ai vu Gilles Laval sur une scène c’était à un concert de Parkinson Square (genre avec les Young Gods au Glob), la seconde c’était avec les Thugs au Rail Théâtre (mais peut être que j’inverse les deux concerts) et à chaque fois je me demandais d’où pouvaient bien sortir ces mecs : un chanteur à la voix ultra aigue -Whorehouse Muzaaaaaaaaaaaaaaaak-, un bassite arrogant et un guitariste avec bien plus d’idées que la moyenne des guitaristes de hardcore de l’époque. D’ailleurs en France il n’y en avait alors pas beaucoup de groupes de hardcore ou bien ils étaient passablement mauvais, phénomène qui s’est largement amélioré au cours des années 90. Maintenant on s’en fout, c’est devenu banal.
Avec Dehors Pythagore! je m’attendais à voir un solo de guitare sous forte influence de Fred Frith (dont Gilles Laval est un adepte convaincu, ils ont même travaillé ensemble dans le cadre de l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne) et je me suis bien évidemment fourré le doigt dans l’œil. Gilles Laval a installé une armada de pédales d’effets en demi cercle autour de lui et il n’utilisera que très peu les astuces de bricolage chères au guitariste britannique (tampon à récurer la vaisselle, pièces métalliques, etc).
Au contraire son truc c’est de jouer sans fioriture et avec élégance en utilisant juste de ce qu’il faut d’effets sans se reposer totalement sur eux -évitant ainsi toute facilité. Le son de sa guitare est d’une limpidité fascinante, les mélodies foisonnent comme autant de petits tableaux et Gilles Laval s’emploie à créer une sorte de sérénité presque parfaite. Le passage en taping ne me convainc guère, quelques tentatives me paraissent trop cérébrales mais dans l’ensemble ce concert de Dehors Pythagore! est un bel et bon moment et j’en suis encore à me demander si le dernier thème joué n’était pas une reprise… (impression que je n’ai pas pu vérifier)



















Lewis Karloff prend la relève, il fallait bien qu’il y ait un groupe de monsieur Gaffer qui joue dans ce festival. Je suis plutôt fan et je ne pourrais jamais dire trop de bien de Lapin De Couture, premier disque du groupe publié à l’automne dernier. Le concert commence par ce qui me semble être un nouveau titre, une bonne jazzerie vite speedée aux entournures et détournée vers le fracas façon Naked City/John Zorn. La musique du groupe me semble devenue plus coulante et plus fluide c'est-à-dire qu’il y a moins cette dualité entre la rythmique (parfois très groove pour ne pas dire funky) d’un côté et la guitare et son son abrasif de l’autre. Des titres comme Eva Braun passent beaucoup mieux.
Malgré quelques tout petits accrocs (le batteur) Lewis Karloff roule à plein régime -ça chaloupe, ça speede, ça dégénère en cacophonie, ça repart au quart de tour pour un nouveau virage en épingle, tout ça est bien jouissif et plein d’imagination, du jazz grind si on aime les étiquettes et les petits tiroirs. Le concert s’achève par le morceau de bravoure Satellite De Sable Pailleté toujours aussi impeccable pour se trémousser stupidement avant de s’en prendre plein la gueule.


















Plein la gueule cela va aussi être le cas avec Fat 32, deux énergumènes déjà vus un certain nombre de fois en concert. L’un à la batterie. L’autre au synthé/samples. C’est la réflexion que je me suis faite après le concert : ces deux là sont de pire en pire. L’impression que rien ne pourra les arrêter. Tornade free/citations/collages avec passages marteau-piqueurs, vrilles d’équilibristes fous et descentes en piqué avec rétablissement de la situation une fraction de seconde avant le crash.
Les deux Fat 32 sont littéralement déchaînés, se déchaînent encore plus et le public devient hystérique, exactement de quoi me faire oublier d’avoir raté le deuxième set de Duracell la veille au soir. Un morceau supplémentaire, un deuxième morceau supplémentaire, les Fat 32 donnent l’impression ne pas pouvoir s’arrêter, chose qui pourtant arrivera forcément. Ces deux garçons ont vraiment le bon goût pour éviter tous les pièges de la virtuosité prog et de la testostérone démonstrative, ils jouent comme des furieux, complètement libérés alors que leur musique est d’une complexité à tiroirs stupéfiante. J’ai déjà envie de les revoir et le batteur remporte haut la main la palme du meilleur batteur de tout ce premier Gaffer Fest.























Pourtant question batteur, on ne peut pas dire que le norvégien Paal Nilssen-Love soit en reste. Il forme avec Massimo Pupillo de Zu et Terrie de The Ex le trio Offonoff dont le premier album Clash est des plus enthousiasmants. Si le disque faisait un peu de manières, le trio lui n’en a fait aucune en concert. J’imaginais volontiers nos trois musiciens jouant dans des festivals proutophiles ultra subventionnés et les voilà se pelant le jonc dans une friche industrielle avec autant de confort qu’un squat albanais. Ça attaque très durement, violemment et la tension ne retombera pas pendant toute la première partie. Gros son de basse, jeu basique au médiator de Massimo Pupillo (également le principal argument de Zu en ce qui me concerne) qui défriche tout ce qui dépasse autour de lui.
Terry Ex est en grande forme, j’aime de plus en plus les vieux punks qui n’ont plus rien à prouver et qui d’ailleurs se sont toujours foutus de prouver quoi que ce soit, et Paal Nilssen-Love a un jeu très dynamique (il faut dire que jouant régulièrement avec Mats Gustafsson ou Joe McPhee il est à bonne école), pas du genre à emmerder son monde avec sa charley, il frappe sa caisse claire selon les bonnes vieilles méthodes de Sunny Murray ou Rashied Ali, c'est-à-dire tout en puissance mais avec précision.























Fin de la première partie. Le trio se lance dans un nouveau morceau qui sera à peine moins dense, ce soir Offonoff ne laisse que peu de place à des passages sinon aériens du moins un tantinet moins bruitistes. Terrie Ex nous sort toute la panoplie pour guitare préparée (il joue toujours sur cinq cordes avec un accordage pas très réglementaire) en martyrisant son instrument avec un tournevis, une baquette, une cymbale ou un tampon gex. Son son est accidenté et écorché comme son jeu de guitare. Le trio alterne toutes les formules possibles (musiciens deux par deux puis chacun en solo avant de revenir à trois) et on frôle alors le remplissage, évité de justesse grâce à la spontanéité et la vivacité de la prestation. Lorsque Massimo développe une ligne de basse un peu plus continue et répétitive on est en plein dans un free rock audacieux et entraînant. C’est sur un tel passage que ce conclura cette deuxième partie et aussi d’ailleurs l’ensemble du set, le trio qui semble avoir tout donné ne tombe pas dans l’erreur du musicien d’impro qui joue sans fin et fait tourner les mêmes types de plans en mode automatique.
Quelques conversations au bar au sujet du récent départ de G.W. Sok de The Ex (lu sur le site du groupe : After 29 years G.W. Sok has decided to call it a day and not sing or tour with us anymore. After a long period of doubt and lengthy discussions he came to the conclusion that he had no longer enough enthusiasm for the complete Ex-undertaking) et les avis sont partagés. La fin de The Ex affirment certains…
Pour en revenir au Gaffer Fest, le moins que l’on puisse dire c’est que cette première édition a été un succès (surtout le second soir) : fréquentation honorable, bons concerts… la barre est donc placée assez haut pour le prochain, en espérant qu’il y en ait un autre un de ces jours. Merci donc et à l’année prochaine.

vendredi 6 février 2009

Gaffer Fest, day one


Des fois il faut choisir et j’ai choisi. En ce moment je ne sais pas pourquoi mais les festivals sont dans l’air du temps, à chacun d’y aller du sien. Hasard et malheur du calendrier S’étant chaussée (qui fête ses presque quinze années d’existence) et Gaffer records ont organisé le leur presque au même moment, un jour en commun à chaque fois. Un moment j’ai pensé jongler entre les deux -parce que je tenais particulièrement à voir Slashers, un nouveau groupe composé d’Agathe max et de Marion d’Overmars/Abronzius- et puis j’ai laissé tombé cette idée saugrenue et ridicule, l’ubiquité ça n’existe au pire que dans le monde virtuel.
Cap donc sur le Grrrnd Zero à Gerland. Il est 20 heures passées de quelques minutes lorsque j’arrive et comme d’habitude je me suis fait avoir comme un vieux con : le concert n’est prévu que pour dans une heure, l’horaire indiqué sur le fly c’était un piège marketing et stratégique. Il y a encore deux groupes à balancer, on se pèle les miches dans cette friche à moitié délabrée qui fuit de toutes parts et je n’ai plus qu’à prendre mon mal en patience en égrenant les bacs de disques des distros présentes ce soir là. Une certaine idée du bonheur en ce qui me concerne.
J’assiste vaguement aux balances de A.H. Kraken (groupe que je n’ai encore jamais vu en concert) mais je me force à penser à autre chose, je voudrais bien me conserver un petit effet de surprise pour moi seul mais je suis bien obligé d’acquiescer lorsque, une fois les balances finies, j’entends une voix estimer que les messins vont péter la baraque. Noise as fuck.



















Le premier groupe de la soirée c’est Motherfucking qui en ce moment joue en duo. Dedans on retrouve un I’m A Grizzly dont la spécialité est de se mettre à quatre pattes pour sucer un micro, chose qu’il fait très bien si on aime les krrrrrrrr, bzzzzzzzzz, gkkkkkkkk voire même les krrrkkkggggzzz et ça tombe bien parce que justement j’aime bien. Son camarade œuvre à peu près dans le même registre (mais sans micro dans la bouche), il utilise quelques accessoires comme une caisse claire, un tambourin et une guitare. Inutile de dire que tout ça est noyé dans une masse multiforme relayée par quelques pédales d’effet qui permettent à ces deux jeunes gens de mettre en boucle, superposer, distordre, décaler les sons. Noise as fuck también, même si pas dans le même sens.
Le début du concert est un gros bordel sonore d’où ne s’échappe que peu de variations, on pense inévitablement à quelques poètes japonais tel Masami Akita (Merzbow) et c’est limite si cela ne devient pas un petit peu long, pas assez de puissance sonore à mon goût -oui je suis sourd- permettant un jeu caché sur les harmoniques. Puis les Motherfucking font évoluer leur bébé, la guitare entre en action -avec des gratouillages intéressants et audibles- et de Merzbow on passe à quelque chose de plus proche des regrettés Yellow Swans c'est-à-dire que le bruit s’aère imperceptiblement, les détails s’agrandissent, les différentes couches sonores dénivèlent, un certain relief apparaît enfin. Je ressors donc plus que convaincu de ce concert de Motherfucking.



















Il fait toujours aussi froid lorsque les quatre A.H. Kraken s’installent. Ils sont jeunes, ils sont minces, ils sont beaux et impeccablement habillés (le guitariste/chanteur de gauche a vraiment de chouettes pompes). Le batteur attaque comme une brute, il passera son temps à recaler sa grosse caisse et changera même de caisse claire en fait de set. Mais il donne une énergie incontestable au groupe, recadre impeccablement le bouillonnement ultrasonique des deux guitares et de la basse. Il a un jeu assez sommaire, minimal et martelé et pour la première fois je pense très fort à Arab On Radar en écoutant la musique d’A.H. Kraken, même façon de s’acharner sur la caisse claire ou sur une cymbale jusqu’à l’épuisement, même abnégation pour l’entêtement.
Côté guitares la référence est à chercher du côté de Sonic Youth époque Confusion Is Sex/Kill Your Idols avec ces décharges de dissonances électriques. Souvent un titre d'A.H. Kraken ne tourne qu’avec un seul riff et même si la plupart des titres sont (très) courts il est impossible de ne pas mesurer là aussi tout l’impact d’une répétitivité poisseuse et désespérée… les Brainbombs viennent à l’esprit pour le côté hargneux, méchant et salaud (détail amusant : Death To Pigs, les presque voisins de A.H. Kraken, ont justement repris Burning Hell sur leur nouveau et excellent 25 centimètres). Pour le reste, les membres d’A.H. Kraken ont une classe certaine pour la dégueulasserie -leurs textes en forme d’énumérations scabreuses et d’histoires de sexe visqueuses sont chantés en français et pour une fois comprendre ne me dérange pas. Mention spéciale au guitariste/chanteur de droite qui a particulièrement l’air habité lorsqu’il est en action.
Et si le début du concert a été marqué des quasiment inévitables mises au point, le groupe s’est rapidement envolé vers des cieux supersoniques et dissonants pour ne plus en redescendre. C’est de loin la formation française qui m’a le plus impressionné ces derniers mois (avec Ned). Cela me fait également penser que je n’ai même pas mentionné l’excellent premier LP du groupe publié par In The Red dans mon Top Of The Dope 2008. Un oubli de plus, loser.
























Les messins ont à peine terminé que j’entends quelques sons électroniques et quelques coups de caisse claire derrière sur ma gauche : Duracell est déjà en place (en fait son matériel trône depuis le début dans un coin de la salle) et il y a déjà quelques personnes agglutinées autour de lui. Duracell que l’on ne présente plus c’est un peu l’attraction locale et on comprendrait aisément que parfois cela puisse le peser. Je pensais d’ailleurs que le projet était en stand-by, cela ne fait pas de mal de se mettre au vert, afin d’explorer de nouvelles perspectives musicales. Mais non, il est bien là avec sa batterie minimale (caisse claire, grosse caisse, un tom basse et un ride), chaque élément est doté d’un trigger et ressort mouliné via une interface sur un synthé kitschoune en diable.
D’habitude le résultat est à mi chemin entre bandes-son de jeux vidéo et furie à la Lightning Bolt et notre petit lapin électrique bat son instrument comme un malade, frénétiquement, dépassant toute notion de compulsion sauf que là, Duracell reste en deçà, le volume sonore est loin d’être énorme (mais après A.H. Kraken n’importe quoi passerait pour insipide) et surtout cela reste bien sage malgré les invectives d’une partie du public. Après un premier titre notre homme enlève son pull, règle ses machines, rajoute des basses et c’est parti pour un second titre (meilleur) qui sera également le dernier. Prestation décevante mais on ne peut pas toujours être à son meilleur. Duracell le sent bien et décide donc de ne pas insister, il a sûrement eu raison. Un interlude en quelque sorte.


















Reste un dernier groupe pour terminer cette soirée et il s’agit d’un groupe que je n’aime pas sur disques et que je n’ai pas su apprécier en concert la fois précédente. Pourtant il parait que Talibam! est capable d’enflammer les foules, ce que je suis tout disposé à croire. Seulement je n’aime pas l’humour de ces deux là, je n’aime pas leurs blagues stupides ni leurs accoutrements ridicules et surtout je déteste leur musique, un mélange d’impro free avec des bouts de chansons au milieu, le tout regorgeant d’allusions et de clins d’œil musicaux. C’est joué au synthé (avec un son ignoble, même lorsque il est saturé) par un barbu dont j’ai oublié le nom et à la batterie par un Kevin Shea -ancien Storm And Stress, Get The People- dont le jeu ressemble aux gesticulations d’un pantin abandonné, livré à lui même. Je patiente les deux premiers titres, vais faire un tour pendant le troisième, revient au quatrième, il ne reste qu’une vingtaine de personnes dans la salle et je décide de partir avant d’en avoir plein la tête.
C’est là que j’ai sûrement eu tort. Mais je voulais garder avec moi les déflagrations lugubres et bruitistes du concert d’A.H. Kraken. Sauf que le lendemain j’ai appris que Duracell, ayant retrouvé sa motivation, avait joué un second set surprise de plus d’une heure, époustouflant celles et ceux qui étaient encore présents. Du grand Duracell, celui qui ne s’arrête jamais et éclate tout le monde avec son jeu de laboureur hypnotique, genre force inexorable et tourbillon rythmique. Et j’ai raté ça. La prochaine fois, peut être.