samedi 28 février 2009

High octane



















Les vieux cafards reprennent enfin du service, n’ayant pas organisé un seul concert digne de ce nom depuis le très festif et très mémorial Marvin/Les Thugs en juillet dernier. Enfin du rock’n’roll, du vrai, du qui pue, de la musique de vieux pour les vieux, sans prétention (et cela change des groupes de math core à pédales d’effet, d’anti folk pour apprentis clochards en anorak ou de techno pop mielleuse avec synthétiseurs sautillards et voix de chérubins sous acide). C’est donc la énième fois que les marseillais de 25 reviennent à Lyon avec leur mixture garage punk speedée et c’est surtout l’occasion de revoir enfin The Good Damn après la très bonne impression que le groupe avait laissée lors d’un premier concert en première partie de Blurt en septembre dernier.
Ce n’est pas la foule des grands soirs, en attendant tout le monde se réchauffe sur le pont en buvant sa bière nicotinée et ça discute des mérites et de la moustache de Jesse Hughes et des Eagles Of Death Metal -je me sens complètement hors sujet, sauf pour dire que les déclarations fracassantes de ce redneck ne sont même pas de la provocation à deux balles, être con et être fier de l’être est à la portée de n’importe qui. Cela permet aussi de vendre des disques et surtout des t-shirts, détail non négligeable. Rien de tel alors pour se remettre de bonne humeur que de parler de Young Widows ou de Pneu.
























Il va falloir arrêter de présenter The Good Damn comme les ex Mary Poppers -encore un résumé de la situation ? ok, on prend les Mary Poppers, on enlève un chanteur, on transforme un bassiste en guitariste et on obtient ce nouveau trio, à dire vrai complètement formidable. Deux guitares donc, deux chants et un batteur qui joue aussi un peu de l’orgue. La Hofner rouge et la Grestch jaune sonnent toujours aussi bien entre les mains de ces petits gars.
La musique de The Good Damn s’est encore étoffée et affinée depuis le dernier passage du groupe qui joue -attention : étiquette- un blues noise psychédélique tripant et pas loin d’être envoûtant. La richesse harmonique distillée par les deux guitares est proprement hallucinante, d’une finesse et en même temps d’une expressivité (comprendre que ça monte rapidement en puissance) donnant plusieurs fois cette petite chair de poulet qui ne trompe pas l’amateur.



















Il y a également de nets progrès du côté des voix, avoir deux bons guitaristes/chanteurs ce n’est pas donné à tout le monde, et le batteur s’est judicieusement mis à l’orgue (il arrive à faire les deux en même temps) pour quelques notes rajoutant une bonne intensité dramatique. Arrive ainsi le dernier titre du concert, un long instrumental doté de plusieurs crêtes successives, un titre lancinant et tendu au sens morriconien du terme, le genre de final qui classe définitivement The Good Damn dans les groupes à suivre de (très) près et qui range ce concert en tête de gondole de ce début d’année déjà très fourni même si le groupe a encore de la marge question prestance et confort, ce n’est pas toujours évident d’être à l’aise sur une scène.
Le premier album de The Good Damn ne saurait tarder, il reste parait il quelques points de détails à régler dans le mix, on laisse reposer et on masterise au four. On nous promet quelque chose de grand (oui je sais que ce n’est pas bien de s’enthousiasmer par avance mais impossible de m’en empêcher).



















Après ce concert aussi intense et chargé de The Good Damn, les 25 paraissent tout petits et tout pâles, d’ailleurs en montant sur scène le chanteur/guitariste Lee Zeirjick (et si on aime les pseudos débiles : El Vice pour le bassiste et Joss Pain pour le batteur), Lee Zeirjick donc ne manque pas de saluer le trio, visiblement remué lui aussi, un super groupe. Musicalement on est aux antipodes de The Good Damn (Marseille c’est loin), en plein dans le trip rock’n’roll motherfucker à fond les ballons. Un peu les Ramones en version garage.
Le chant a toujours cette particularité de passer au travers d’un vieux combiné téléphonique, cela donne une voix de canard en phase terminale lorsque le chanteur parle dedans mais dès qu’il se met à brailler l’effet est garanti. Le reste est classique mais efficace : moulinets de guitare, basse (une rickenbacker) en mode turbocompresseur et une batterie qui tire en rafale.
Pourtant ce n’est pas réellement la guerre, la prestation de 25 quoique bonne ne convainc pas totalement, les hits de l’album Exit, Voice Or Loyalty ? -Motherfuckerz, I’ve Got A Problem, A Good Day- s’enchaînent, donnent envie de trépigner comme un sale gosse ou de headbanger comme un débile mais mon cœur est ailleurs. Aurait il été plus judicieux d’inverser l’ordre des groupes ? Même pas sûr. 25 est un bonne formation de punk garage qui peut se voir cent fois en concert, on y retournera donc.