lundi 2 février 2009

The An Albatross Family Album
























Pas la peine de faire de mystères, lorsque on met The An Albatross Family Album dans le lecteur on remarque tout de suite que celui-ci dure une demi heure alors qu’il ne compte que neuf titres. Il y a comme dirait l’autre forcément quelque chose qui cloche, un peu comme si on prenait un album de Melt-Banana qui ne comporte que huit titre et dépasse les trente minutes (cet album des japonais existe: il s’appelle Cell Scape et c’est de loin leur moins bon pour ne pas dire le plus mauvais). En ce qui concerne An Albatross la question peut réellement se poser : comment un tel groupe de branleurs capable de faire graver un premier album (Eat Light, Shit Thunder) proposant exactement les mêmes titres sur chacune des deux faces d’un LP, capable également de publier un disque de dix titres pour huit minutes (le deuxième CD, We Are The Lazer Viking) ou d’en enquiller dix huit en vingt sept minutes -le troisième, Blessphemy (Of The Peace-Beast Feastgiver And Bear Warp Kumite)- peut il maintenant proposer un album qui a l’air tout ce qu’il y a de plus normal ? Vont-ils nous faire le coup de l’album de la maturité, cette espèce d’arnaque de service marketing de maison de disques et de rock critics destinée à susciter de l’intérêt pour un groupe désormais à court d’idées nouvelles ?
La formule d’An Albatross est toujours la même : un chanteur qui hurle n’importe comment du moment qu’il donne l’impression de s’amuser, un bassiste coulant, une batteur qui fait ce qu’il peut -c'est-à-dire pas grand-chose- pour alterner grind et groove, un guitariste qui se prend pour un héro mais surtout qui se prend les pieds dedans, un claviériste qui joue du Farfisa (un peu) et de l’Hammond B 3 (beaucoup) et je crois aussi un second guitariste, plus on est de fous et plus on rit. Il va s’en dire que la musique d’An Albatross est un foutu bordel, un ramassis de n’importe quoi que j’adore tout particulièrement. Je ne doute pas un seul instant que ce groupe puisse être très mauvais en concert, que le chanteur n’est sûrement qu’un sale poseur mais je suis la preuve vivante que l’on peut émettre de sérieuses réserves sur cette figure tutélaire du spazz core (de quoi ?) qu’est The Locust -je hais les sportifs- mais que l’on peut adorer An Albatross, croisement improbable entre les insectes adulés de San Diego et Deep Purple avec Jon Lord en tête de gondole.
Sur The An Albatross Family Album les recettes grind 70’s du groupe sont toujours bien en place -si on peut dire- avec une mention spéciale aux 2 minutes 21 du titre introductif (Neon Guru) ou au groove très skingraftien de …And Now Emerge The Silver Pilgrim (2 minutes et 9 secondes). Vous me direz qu’avec des durées de titres pareilles on peut logiquement se demander où se situe la demi heure que dure ce disque. Nous y voilà. The Hymn Of The Angel People score au delà des six minutes. Après un début aussi débile et fucked up que d’habitude, ce troisième titre évolue grâce à un ralentissement opportun vers un monologue aligné par une voix féminine sur fond d’ambiance pseudo new age plutôt drôle, on se croirait dans un film de propagande de l’église de scientologie. 3000 Light Years By Way Of The Space hawk, le neuvième et dernier titre, dépasse également les six minutes, la faute à une longue intro avec violonades et guitares brumeuses dans les pieds -c’est à la mode- avant qu’An Albatross ne reprenne ses esprits et ses bonnes mauvaises habitudes dans un final progmonster grandiloquent et boursouflé avec plein de dégoulinades psyché autour, mouais.
La méthode d’An Albatross pour multiplier les pains et rendre le temps élastique est donc on ne peut plus simple : il suffisait au groupe de coller deux titres qui n’ont rien à voir ensemble (ou de rajouter un mouvement instrumental en guise de préfixe ou de suffixe) et surtout il leur suffisait d’apprendre à compter jusqu’à dix sans se servir des doigts des deux mains. J’avais seulement tendance à préférer la musique du groupe lorsque elle privilégiait la concision et la déflagration, là on a parfois l’impression de mater un cumshot avec un éjaculateur précoce dopé au viagra. Efficace mais un peu vain.