mardi 31 juillet 2007

Compilation time
























Je ne pensais pas réécouter Dälek de sitôt et en fait, depuis le concert catastrophique d’il y a trois mois, je ne pouvais plus penser à l’attitude du MC ni à celle d’Oktopus sans un certain dégoût -lorsque j’ai lu dans une interview que ces deux là parlaient de leur malédiction lyonnaise j’ai pensé qu’ils s’en tiraient à bon compte, salopards. Le lendemain de ce concert (un dimanche) je ne suis pas allé à celui de Maserati, un groupe instrumental dont le batteur furieux faisait déjà sensation au sein de Turing Machine, bref, je l’ai regretté, c’est même devenu une plaisanterie, mais qu’est ce que t’as foutu ce jour là, j’ai fini par mettre ma flemme sur le compte de Dälek et de ma déception.
Pourtant j’aime leur musique, avec un léger bémol pour Abandonned Language, le petit dernier, moins dans ta face, plus ventilé et frais, un peu de clim pour faire passer la noirceur du propos. Aussi je me suis quand même résolu à acquérir (légalement, avec du vrai argent) ce Deadverse Massive Volume 1 : Dälek rarities 1999/2006 et avec un titre comme ça je pourrais m’arrêter tout de suite, tout est marqué sur l’étiquette et l’emballage est comme transparent, un vrai steak haché dans une barquette en polyéthylène recyclable acheté dans ton supermarché favori, à Pantin ou ailleurs.

Je ne sais plus ou j’avais lu -ou plus exactement cru lire- que ce disque ne comportait que des inédits instrumentaux. A la réflexion j’avais du trouver l’info dans la news letter du label Hydra Head mais comme mon anglais est fortement déficient, à mon avis j’ai tout interprété de travers voire même j’ai pris mes désirs pour des réalités et c’est tant pis pour moi. Dès le premier titre je suis en terrain connu : non seulement il s’agit d’un extrait du split avec Techno Animal publié en 2000 par Matador records et que j’avais acheté pour le groupe de Justin Broadrick et de Kevin Martin -c’est même comme cela que j’ai découvert Dälek qui occupait l’autre face du disque- mais en plus j’entends la voix du MC en chef, intrumental mon cul. Un peu plus loin il y a deux autres titres que je connais aussi, tirés d’un autre split, celui avec Kid606 mais je vais arrêter de me plaindre car il y a effectivement pas mal d’inédits ou de titres que je ne connais pas sur cette compilation, des choses assez déroutantes comme la chanson avec Velma (mais qui est ce ?) ou un remix de Enon (hum), quelques remplissages, des parties plutôt dans la même lignée de ce qu’à fait Dälek sur Absence c'est-à-dire du lourd dont le matraquage n’a rien à envier aux vieux beats concoctés jadis par Terminator X pour Public Enemy… Tout cela est subtilement agencé, la chanteuse d’Enon qui a la même voix que Vanessa Paradis est sèchement balayée par un titre ambiant dispensable lui-même suivi d’un rap qui tonitrue sec alors j’oublie rapidement mes envies de meurtres, la news letter d’Hydra Head, mes mauvais souvenirs de concert -ce disque dure soixante dix minutes, il n’y a qu’à faire un peu de tri et c’est tout.

lundi 30 juillet 2007

Twenty songs less

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Lorsque en 1997 David Grubbs et Jim O’Rourke ont réédité The Serpentine’s Similar via leur micro-label Dexter's Cigar, ce premier album de Gastr Del Sol initialement paru sur Teenbeat était réputé introuvable et c’était donc une bonne nouvelle : pouvoir enfin écouter ce disque dans de bonnes conditions, même si à l’époque de cet enregistrement Gastr Del Sol n’était pas vraiment le groupe que l’on a connu par la suite -c'est-à-dire Grubbs et O’Rourke- mais la continuation/dépérissement de Bastro, autrement dit toujours Grubbs mais cette fois ci accompagné de Bundy K Brown et de John McEntire.
Le seul regret que j’avais était que Twenty Songs Left, le single enregistré tout de suite après l’album, n’avait pas été inclus dans cette réédition, ce qui lui aurait donné un peu plus de consistance et de qualité -The Serpentine’s Similar ne comporte que huit titres et ne dure qu’une demi heure, c’est bien peu d’autant plus que la musique n’y est pas toujours fameuse. Par la suite Brown et McEntire quitteront rapidement Gastr Del Sol pour fonder Tortoise tandis que Grubbs trouvera en O’Rourke un nouveau partenaire et dans un cas comme dans l’autre c’était bien la meilleur idée que chacun pouvait avoir lorsque on connaît et apprécie a posteriori la musique et la carrière des deux groupes.
















Twenty Songs Left restait donc comme un lointain témoignage d’une époque marquée par les interrogations et les mutations d’un musicien qui visiblement se cherchait et allait très vite se trouver dès 1994 avec l’album Crookt, Crackt, or Fly pour exploser sur Upgrade and Afterlife, le chef d’œuvre de 1996 de Gastr Del Sol. Mais c’est un single dont les traces s’amenuisait peu à peu, une copie magnétique de mauvaise qualité, une cassette abandonnée parmi tant d’autres et un disque introuvable, une musique perdue et finalement oubliée. C’était sans compter sur l’instinct de conservation d’un allumé tchèque qui en 2006 a réédité ce disque sur son label Minority records sous la forme d’un petit vinyle transparent dont le rond central reprend l’illustration de la pochette originale. Cette madeleine sonore n’est elle-même publiée qu’à mille exemplaires, aussi il est à prévoir qu’un jour ou l’autre Twenty Songs Left disparaisse à nouveau dans les souvenirs, ressurgissant peut être à nouveau plus tard de la mémoire des entomologistes pointilleux comme le lointain repère d’une époque un peu floue.
A l’heure actuelle David Grubbs ne donne que peu de nouvelles, publiant de temps à autres des enregistrements toujours aussi parcellaires et collaborant parfois aux disques de ses amis, un homme vraiment discret somme toute. Il s’occupe également de son propre label dont j’aime beaucoup le catalogue, on y trouve notamment une réédition indispensable du Tautologos de Luc Ferrari.

vendredi 27 juillet 2007

Noxagt vs Ultralyd


La première fois que j’ai écouté ce disque d’Ultralyd j’ai vraiment été décontenancé (déçu ?) par ce que j’ai entendu, je m’attendais à du charpenté et du granitique et je me suis retrouvé avec du lent aéré, du lourd troué, du bruit espacé, du silence même parfois. L’erreur que je faisais s’explique facilement : dans Ultralyd on retrouve le bassiste Kjetil D. Brandsdal et le guitariste Anders Hana, tous deux membres de Noxagt. Ces deux groupes ont même un split album en commun et leurs autres enregistrements sont sur Load records, label spécialisé dans la charcuterie cloutée et la vulcanologie binaire. J’avais donc fini par identifier les deux groupes jusqu’à les confondre, sans avoir la moindre idée d’ailleurs des premiers enregistrements d’Ultralyd, et comme aujourd’hui ceux-ci ont publié Conditions For A Peace Of Music chez Rune Grammofon je comprends mieux mon erreur -le coup du fantasme musical cela ne marche pas toujours, il faudrait que je m’en souvienne un peu plus souvent.

L’histoire est finalement très simple : à l’origine il y avait dans Nogaxt un violoniste (alto) qui a été remplacé par le guitariste d’Ultralyd. Sur le troisième album de Noxagt (sans titre mais avec une magnifique culotte) la musique du groupe a donc légèrement changé : moins de particularisme, lié au violon, mais plus d’efficacité et de rentre-dedans. En concert Noxagt c’est de la rythmique avant tout, le bassiste Kjetil D. Brandsdal -qui par ailleurs publie des enregistrements solo sur Ecstatic Peace !, le label qui édite des disques souvent inécoutables mais que tout le monde achète quand même parce qu’il s’agit du label de Thuston Moore- dirige tout le monde avec un son de basse pachydermique et est courageusement épaulé par un batteur galérien. A côté il y a donc désormais Anders Hana, petit prince blondissime à tête d’ange qui énumère ses arpèges comme autant de comptines acides : Noxagt c’est la brutalité d’un écrin rythmique offert à une mélodie dévoyée, à la fois éprouvant (ils jouent vraiment très fort) et captivant.
Ultralyd c’est tout le contraire. L’album débute avec Saprochord qui séduit par les résonances profondes émises par des toms basses frappés vigoureusement mais le titre, passé cet élément de lourdeur, est incroyablement aérien, quelques notes lointaines de saxophone, du xylophone, peut être de la scie musicale, de la bidouille dans le fond à gauche et c’est tout. Lorsque guitare et basse apparaissent pour de bon sur les morceaux suivants ce n’est jamais de manière frontale (pas à la Noxagt, donc) mais sous forme de distillation, de suintement, d’un lent écoulement. Ultralyd voudrait faire du post rock de vikings -du Tortoise mais avec le crâne fendu rempli de calva et la langueur pâteuse qui va avec- que cela ne m’étonnerait pas sauf que de temps à autre une ligne de basse (Low Waist) ou une pantomime free (Musica Imerativa) donnent des remontée acides à l’auditeur et le plonge tête la première dans le bouillonnement de ces débordements gastriques : l’effet est bénéfique, ainsi le calva narcotique ne se transforme pas en calvaire soporifique et le morceau suivant peut tranquillement renouer avec les rossignolades du saxophone, les larsens électroniqués de la guitare, le xylophone étoilé et pleins d’autres sonorités inidentifiables à moins d’être le Bernard Pivot de la syntaxe auditive, un sale boulot quand même.
[pour réviser son vocabulaire : Noxagt vs Ultralyd]

jeudi 26 juillet 2007

Viande froide

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Khanate s’est séparé fin 2006, plus exactement le bassiste James Plotkin est parti brutalement en accusant les autres membres du groupe de ne pas assez s’investir et ceux-ci ont alors décidé de ne pas continuer sans lui -pour être plus précis il visait particulièrement le chanteur Alan Dubin et pour la petite histoire ces deux là avaient déjà joué ensemble dans O.L.D. (aka Old Lady Drivers), groupe s’étant lui-même séparé pour exactement les mêmes raisons, Plotkin qui reprochait à Dubin son manque de professionnalisme, etc, une petite histoire qui se répète, donc.
Khanate s’est séparé mais le groupe a eu le temps avant d’enregistrer un ultime album, une longue improvisation mise en boite pendant la session de Capture/Release : ce n’est pas une composition viscéralement calculée comme le groupe nous y a habitué et j’imagine qu’une telle musique doit ressembler à celle des deux premiers albums d’Abruptum, groupe dont Stephen O’Malley, l’autre tête pensante de Khanate, est particulièrement fan. Alors, sortira, sortira pas ? Le label Hydra Head ne donne que peu de nouvelles, Plotkin a-t-il seulement fini le mixage de ces bandes (la post production est quelque chose de très important chez Khanate) ? Vont-ils réussir à se mettre d’accord ? La surprise est alors venue de la publication de deux enregistrements en concert du groupe, le premier à Stockholm en 2004 et le second en 2005 pendant une tournée américaine. C’est le label Archive qui est responsable de ces deux sorties, comme toujours impeccables : les disques sont insérés dans un carton dépliable soigneusement illustré et le tout est glissé dans un sachet plastique avec rail de fermeture, façon emballages antistatiques pour produits informatiques très fragiles.






















Ecouter Khanate en concert est une expérience vraiment intéressante : d’abord je ne les ai jamais vus en vrai (et ne les verrai donc jamais) mais surtout -comme dit un peu plus haut- le studio était un terrain de prédilection pour le groupe, l’expérimentation y passait également et surtout par la production, le mixage. Un mode de fonctionnement très réfléchi et presque théorisé, du reste c’est le principal reproche fait à Khanate par ses détracteurs, nombreux qui plus est, que ce côté cérébral.
Cérébral ? Oui, c’est vrai même si la musique de Khanate plonge ses racines dans des genres plutôt fortement émotionnels tels que le doom, le drone ou le sludge (traduction, par ordre d’apparition : du lourd, du répétitif et du gras) mais des genres suffisamment malléables pour en faire ce que l’on veut, autre chose -dernier exemple en date avec la formidable réussite de la collaboration entre Fear Falls Burning et Nadja chez Conspiracy records.
Donc des enregistrements live, inégaux, parfois longuets, souvent passionnants, repartis sur deux CDs : le premier (à Stockholm) est de très loin le meilleur et met en évidence tout ce que Khanate doit aux Swans de l’époque Greed/Holy Money (on peut d’ailleurs faire la comparaison avec le live Public Castration Is A Good Idea des new-yorkais), tout ce côté cérémonie, rituel, presque sacrificiel, la viande froide sur un autel, le physique maltraité, le mental abasourdi, le cœur entravé. Il va de soi que la musique de Khanate gagne un supplément de rugosité et de sauvagerie sur ces enregistrements en concerts (la qualité sonore est très bonne) mais tout est toujours aussi lent, presque immobile par moment -et c’est une bonne définition de la lourdeur lorsque cette immobilité concerne de telles fréquences basses. Tout est plus suintant aussi, je suppose que c’était là le côté humain de Khanate en concert car d’humanité il n’y en a au final pas beaucoup ici ou plus exactement il n’en reste plus vraiment après le passage de cette musique, d’ailleurs les applaudissements récoltés en fin de set sont maigrichons voire timides et peut être que le terme de passage à l’acte serait plus approprié, une musique qui semble agir par elle-même, une création qui se transforme en quelque créature, mais tout ça n’est sûrement qu’une vue d’esprit de ma part.
[et encore une image volée sans états d’âme]

mardi 24 juillet 2007

SoCRaTeS

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Quand j’étais gamin je me demandais toujours pourquoi certains groupes mentionnaient sur la pochette de leurs disques support your local scene : je ne sortais pas de chez moi, je ne savais même pas qu’un groupe répétait dans la cave de la maison d’en face et d’ailleurs je ne comprenais pas comment on pouvait physiquement faire de la musique -c’est en disséquant l’album Killers d’Iron Maiden que j’ai compris ce qu’était une basse, une guitare rythmique, une guitare lead, un break, un pont, etc. J’ai donc perdu mon pucelage musical en 1981 (pendant que mes parents buvaient du champagne à la gloire du mitterrandisme, cela me semblait un peu étrange) et je soupçonnais pour la première fois que la musique était pour certains une affaire de technique, j’ai rapidement appris que cela pouvait fort heureusement être également son absence. Ou plutôt j’ai compris que la magie était ailleurs, dans la façon dont ce chanteur ou ce guitariste bougeaient, que l’attitude et l’allure pouvaient être aussi importantes sinon plus que la technique. J’ai surtout compris que l’essentiel était comment la magie me faisait bouger moi, comment elle m’excitait, me faisait perdre mon souffle, me rendait fou ou stupide. Alors je suis sorti de chez moi, je me suis habillé de la façon dont je voulais que l’on me perçoive, j’ai appliqué à la lettre quelques recettes expliquées en long et en large dans les paroles des chansons que j’aimais le plus -avec parfois des erreurs de traduction et quelques excès impossibles à maîtriser par la suite- et j’ai écouté de plus en plus de musique, celle qui venait de loin comme celle venant de l’autre côté de la rue.

















Les lyonnais de SoCRaTeS peuvent à juste titre s’enorgueillir d’avoir publié le plus beau disque de l’année 2007 : un magnifique vinyle transparent gravé que sur une seule face. L’autre côté a été amoureusement sérigraphié à la main et donc l’illustration se voit même lorsque le disque est posé sur la platine -la version CD est pas mal non plus mais question fétichisme de l’objet le choix a très vite été fait. Le label Modern City records qui a permis cette petite fantaisie a vraiment fait du bon boulot.
A l’origine SoCRaTeS était un duo guitare/batterie + chant défouraillant un noise rock véloce et bordélique, esprit de Skin Graft quand tu nous tiens par les couilles, mais maintenant ils sont trois : une chanteuse fait désormais partie du lot et elle se prend (au choix) pour Lydia Lunch période Teenage Jesus ou de manière plus certaine pour Nina Childress de Lucrate Milk, autant dire que si elle hurle si bien ce n’est pas parce qu’elle se fait marcher sur les pieds. Derrière la guitare et la batterie provoquent le démon new-yorkais, SoCRaTeS turbine la no-wave et le cataclysme aussi bien que feu Pink And Brown et mon titre préféré est le quatrième, In Bed… In Bed qui commence comme un missile, poursuit par un passage où la voix dévore un écho bien senti puis arrive une magnifique partie de guitare et le final frise un temps le disco mutant robotisé moulinex, ouch quel batteur, c’est le titre le plus long de ce disque qui en compte sept et qui s’écoute plusieurs fois de suite sans hésitation tellement il est malheureusement trop court.

dimanche 22 juillet 2007

Limaille de fer
























La meilleure blague de la semaine passée a été le plan marketing ou/et le canular dont a été victime Rammstein : quoi de plus efficace et de plus drôle que d’annoncer le départ de Till, son chanteur/pyrotechnicien en chef ? Le nom du remplaçant avait même été donné, il s’agissait d’un certain En Esch. Que les fans se rassurent, l’information était fausse, démentie mille fois par le management officiel des allemands et Rammstein continuera donc de gaspiller des litres d’essence pour ses shows mégalomaniaques, burn POPB burn.
Slayer aussi fait des siennes : le groupe quitte Warner pour rejoindre Sony (en fait c’est le label American recordings qui déménage : qu’en pense donc Rick Rubin ?) et pour se faire remarquer les californiens font rééditer Christ Illusion leur dernier album en date avec un titre en bonus (très très moyen) que tout le monde peut découvrir en avant première mondiale et répondant au doux nom de Final Six. Il y a aussi une partie video dont les images je n’en doute pas finiront un jour sur un magnifique DVD à offrir pour Noël. Comme Final Six est d’ores et déjà disponible un peu partout dans le monde virtuel, inutile d’acheter cette réédition/fonds de pension, le téléchargement de ce qui ne peut s’appeler qu’une arnaque et qui ne mérite donc pas plus s’impose -l’avenir des vieux thrashers n’en sera pas compromis pour autant.
Des vieux encore : Max et Igor Cavalera font à nouveau de la musique ensemble. Un petit rappel des faits : il y a dix ans Maxou quittait brutalement Sepultura pour fonder Soulfly. Son petit frère vient de faire de même et leur nouveau groupe s’appelle Inflikted. L’enregistrement d’un disque a déjà commencé (quand je pense à tous ces petits losers qui parfois mettent dix ans avant de pouvoir sortir un album à la production médiocre sur un label même pas distribué). C’est Marc Rizzo, également dans Soulfly, qui s’occupe de la deuxième guitare et le bassiste n’est autre que Joseph Duplantier, chanteur/guitariste de Gojira, les inventeurs du death metal écologiste -un nouvel exemple de la France qui gagne ? L’album est annoncé comme étant plutôt orienté hard core/crust et non pas uniquement metal, genre ce qu’a déjà fait Max Cavalera il y a des années en compagnie d’Alex Newport dans Nailbomb. De son côté, Andreas Kisser continue de prétendre que Sepultura (ou ce qu’il en reste) est toujours en vie et devrait sortir un énième album en 2008.
Un peu d’optimisme pour finir : Disfear s’est enfin décidé à quitter sa suède natale pour rejoindre Kurt Ballou (l’ours de la jungle hard core, guitariste de Converge, producteur d’au moins la moitié des groupes américains de ce style) pour enregistrer ainsi de l’autre côté de l’Atlantique son premier album depuis 2003 -encore un groupe influencé par Discharge qui a oublié ce qu’était l’urgence, faudrait voir à arrêter de trop picoler les gars. Par contre les ténébreux et mystérieux Blut Aus Nord annoncent déjà la parution de Odinist, une année seulement après le merveilleux MoRT qui tentait d’enlever toutes limites stylistiques à leur musique. Et c’est désormais un classique du genre : le nouvel album est annoncé comme un retour aux sources… -le retour aux sources est, avec l’album de la maturité, le cocotier le plus détestable du vocable discographique, mais je préfère rester confiant car pour l’instant Blut Aus Nord n’a jamais été décevant.

vendredi 20 juillet 2007

Bière et punk

























Les vacances, l’été, la chaleur, tout ce que l’on fait semblant d’oublier, tout ce qui est détestable -la pire période de l’année et un dernier concert, avant un mois de septembre qui s’annonce déjà très chargé : Unsane, nlf3 trio, Get Hustle et sûrement plein d’autres choses encore. Donc rendez-vous mercredi soir au même endroit comme toujours ou presque pour assister au concert de Mika Miko.
Je préfère oublier les deux premiers groupes, ils ont surtout permis à toute une partie du public de commencer à se bourrer consciencieusement la gueule, d’ailleurs les filles de Mika Miko ont eu la même idée, ça se déchire à tout va. Je sens un dangereux roulis prendre possession de ma poitrine, je n’ai pas tenu ma promesse de ne pas mélanger anti-inflammatoires et alcool. Sans aucune explication, le système réfrigérant de la pompe à bière tombe en panne et donc la bière tiédit de plus en plus, le roulis s’accentue, les gamins jouent aux punks et quelques gros lourds font de plus en plus de bruit.
Mika Miko attaque enfin et tout de suite c’est n’importe quoi, la présence d’un téléphone rouge amplifié, d’un saxophone et d’une réelle volonté d’emmerder tout le monde n’apportent que peu d’épaisseur à ce qui se révèle être un vrai show mariole et complètement régressif, pipi-caca-bite-couille-zob ou plutôt chattes poilues et vomit rock’n’roll -un concert qui se terminera ou presque (presque parce que je suis parti à ce moment là) par la montée sur scène d’une bande de jeunes filles du public, dansant en soutien-gorge et se roulant une pelle pour la gloire. Avec Mika Miko l’important ce n’est pas la musique mais l’attitude sauf que je m’en fous complètement de leur attitude et je suis sur que dès le lendemain tout le monde aura oublié d’être punk ou prétendument comme tel : petit esprit d’un soir balayé par un bon cachet d’aspirine tel un vulgaire mal de crâne, bluuuuurrp (pardon).

jeudi 19 juillet 2007

Strings Of Consciousness

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Je venais de voir Unsane pour la première fois, dans un endroit situé à moins de cent mètres de chez moi et cela me semblait incroyable qu’un tel groupe accepte de venir en Europe pour jouer dans des salles minuscules devant une poignée de personnes. Comme le concert avait été particulièrement réussi (il y avait encore Pete Shore à la basse et lui je l’aimais bien car il braillait au moins aussi fort que le guitariste Chris Spencer) j’étais particulièrement exalté, un vrai gosse. En première partie Condense m’avait également cloué avec leurs nouveaux titres et leur mise en place, bien loin de leurs tous débuts -c’était un peu la naissance du Condense tel que tout le monde les a connus, un groupe lourd et puissant à la fois, torturé mais jamais inutilement compliqué.
En sortant je jetais un œil sur les stands des groupes et je regrettais de ne pas avoir l’argent pour me payer un disque d’Unsane. Les Lyonnais eux ont rapidement fini par sortir leur premier mini album Air sur un label dont je n’avais jamais entendu parler mais dont je trouvais un flyer à un autre concert : ce flyer annonçait la parution d’une compilation intitulé A Wild State Of Noise And Disorder avec des groupes français que j’aimais et d’autres que je ne connaissais pas encore : ainsi je crois que c’était la première fois que j’entendais parler de Pandemonium records et donc de Philippe Petit.
Son label m’a accompagné bien des fois et même si je n’aime pas tout ce qu’il a produit il reste une référence en matière de label indépendant français pendant les années 90. Philippe Petit a surpris en montant un nouveau projet -avec BiP-HOp il mettait en avant son amour pour les musiques électroniques, du coup les compilations bip-hop generation sont autant de découvertes et le catalogue regorge de noms qui me sont tout aussi chers que ceux défendus auparavant par Pandemonium records.






















Et puis voilà que j’entends parler de Strings Of Consciouness, un drôle de collectif comprenant des gens dont je reconnais les noms (Nicolas Dick de Kill The Thrill, Andy Diagram des Spaceheads), d’autres sur lesquels j’ai des doutes (le Hugh Hopper crédité à la basse est il LE Hugh Hopper, celui de Soft Machine ?), des noms qui ne me disent rien et puis enfin celui de Philippe Petit. Le garçon, après avoir passé une douzaine d’années à publier les disques des autres a donc sauté le pas, Strings Of Consciousness est son projet et a déjà à son actif un magnifique 45 tours picture, un disque avec des poils dessus, j’adore.
Les deux titres de ce disque ressemblent à un curieux mélange cinématographique (oui c’est un poncif mais quoi d’autre ?) avec électronique, guitares, bidouilles, cuivres -des titres assez linéaires et courts, peut être un peu trop pour avoir suffisamment le temps d’installer une réelle ambiance mais c’est déjà très concluant. Il y a mieux puisqu’un album est en prévision, un album avec des invités et pas n’importe lesquels : Eugene Robinson d’Oxbow, Jim Thirlwell de Foetus ou Pete Simonelli de Enablers, c’est peu dire que j’attends la suite avec impatience.

mardi 17 juillet 2007

Rien, merci

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Comment dit-on déjà ? Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ? Hum, avec des dictons sarkozystes pareils on est assuré de pouvoir bouffer de la merde à tous les repas, c’est l’art de transformer son petit monde en putes soumises, qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent résume assez bien la situation mais ce n’est pas de ça dont il s’agit ici et maintenant -il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis- et donc je dois avouer que les Ned m’ont bien retourné la dernière fois que je les ai vus en concert, du coup j’espère bien que cette dernière fois n’en sera pas une et pour éviter tout sevrage je me suis procuré leur dernier album en date, Rien, merci (2006). Je ne sais pas comment prendre le titre, est ce une façon de dire qu’ils ne doivent rien à personne ? C’est sûrement vrai, puisque ici l’esprit do it yourself règne en maître mais au vu de la pochette fluorescente et du monsieur en triple avec sa tête de monstre qui brandit pognon, religion ou futilité comme autant de promesses -non je ne vais pas me remettre à parler de Sarkozy- on comprend parfaitement ce que les Ned refusent, même poliment, ironiquement devrais-je dire.























Pourtant la politesse ça n’a pas l’air d’être vraiment leur truc, dans la vie sûrement mais en matière de musique ça sent l’irrévérencieux à plein nez et cela a d’ailleurs toujours été une constante chez eux, le côté potache au millième degré qui soudain t’explose à la gueule, haha. Les références -qu’elles soient voulues ou non, en tous les cas c’est celles que je retrouve au cours de mes écoutes- sont à chercher du côté des tricoteurs militants tels The Ex comme de celui des idiots irrécupérables du label Skin Graft, autrement dit c’est du sérieux qui fout le bordel, de la rigolade qui remet les choses en place, c’est drôle sans tomber dans le festif racoleur, ça infuse sans transformer ton crâne en cocotte-minute (quoique). C’est surtout assez varié avec du rock noise dissonant qui part en vrille, des passages en équilibre dont on jurerait qu’ils sont de l’impro, du disco pour faire bouger les petits culs (Voices In The Sink n’a rien à envier au meilleur Chinese Stars) -en gros plein de bonnes choses perverties qui font grandir les enfants qui s’y refusent.

[un petit extrait, avec des poils]


dimanche 15 juillet 2007

Bain de jouvence

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Les Sonic Youth devraient ils changer de nom ? Quelle question : lorsque leur premier (et assez moyen) mini LP a été publié en 1982 sur Neutral records, Lee Ranaldo était âgé de 26 ans, Kim Gordon en avait 29, le plus jeune était Thurston Moore avec 24 printemps (je ne compte pas Richard Edson qui après s’en est allé faire du cinéma, pour voir sa bouille il suffit de regarder Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch) et à cette époque New-York, Washington DC et toute la côté est des Etats-Unis voyaient proliférer des groupes emmenés pas des gamins d’à peine 18 ans -Ian MacKaye de Minor Threat en avait 19- qui revendiquaient la violence musicale ainsi qu’une certaine conscience politique, c’était le hard core. Fascinés par une telle effervescence (surtout Thurston Moore) et initiant ce qui allait devenir leur légendaire distanciation de poseurs, une leçon apprise du Velvet Underground et d’Andy Warhol, nos quatre new-yorkais s’autoproclamèrent jeunes et bruyants pour la vie.
Six années plus tard, en 1988, paraissait Daydream Nation et les Sonic Youth -désormais accompagnés du jeunot Steve Shelley à la batterie- se revendiquaient toujours de leur éternelle jeunesse et publiaient là leur album le plus vert à ce jour, une véritable volée d’éclats, un double LP avec cette pochette fascinante d’après une peinture de Gerhard Richter.






















Ce disque vient d’être réédité en version double CD (ou quatre LPs) et ce texte s’adresse à tous les imbéciles heureux (comme moi) qui ont cassé leur tirelire pour acheter cette nouvelle version. Il s’agit du troisième album de Sonic Youth (et a priori c’est le dernier de la liste) à se voir infliger le traitement deluxe -un remastering (?) du LP original et l’adjonction d’un deuxième disque d’inédits ou de raretés- et c’est de très loin celui pour lequel cela est entièrement justifié. La première raison est qu’il ne faudrait jamais cesser d’écouter Daydream Nation, qu’importe la version -tout le monde connaît cette histoire de Lester Bangs invité chez des gens et vérifiant toujours l’état d’usure de leur exemplaire de White Light/White Heat : dans quel état est votre exemplaire de Daydream Nation ?
La deuxième raison est que les bonus sont biens, essentiellement du live, quasiment tout l’album en version concert avec un son de qualité et des interprétations qui défrisent largement plus que la moyenne et remplaceront aisément tous les bootlegs entassés depuis vingt ans. Il y a également quelques enregistrements studios comme la reprise de Touch Me I’M Sick de Mudhoney (initialement sur un split du single club de Sub Pop), une reprise de Captain Beefheart (extrait d’un album tribute), une autre de Neil Young (idem) et enfin une dernière reprise de Within You Without You. Là, cela sent la perplexité : je connaissais tous les titres repris ici mais celui-ci ? Jamais entendu parlé jusqu’à ce que son écoute me rappelle au bon souvenir de cette chanson des Beatles sur l’album Sergent Pepper’s, une chanson écrite et interprété par Georges Harrison et que d’ailleurs je n’aime pas beaucoup, avec son sitar dégoulinant et son psychédélisme de baba tantrique. Mais une chanson qui va terriblement bien à Sonic Youth -Lee Ranaldo, c’est bien connu, sait très bien faire la voix qui traînouille et les guitares dissonantes remplacent parfaitement le sitar, ouf.
J’ai reçu un mail, publicitaire, me ventant les mérites de Daydream Nation : élu par Rolling Stone Magazine parmi les 500 meilleurs albums de tous les temps, référencé par la bibliothèque du congrès américain pour son intérêt culturel et esthétique, présent pendant plus de dix années dans la play list officielle de Radio Canut, hymne officiel des fêtes patronales du plateau de la Crois Rousse mais je me fous bien de tout ça. Je me fous tout autant de la petite tournée entreprise par Sonic Youth pour jouer dans l’ordre et en intégralité cet album. Tout ça parce que ce disque ne m’a jamais quitté et ne me quittera sans doute jamais.

samedi 14 juillet 2007

Future Of The Left






Des fois les choses vont trop vite, ou plutôt je ne devais pas regarder du bon côté : à peine le temps de découvrir McLusky, d’écouter un album qui avait attiré mon attention juste à cause de son titre vraiment formidable (The Difference Between Me And You Is That I’M Not On Fire chez Too Pure en 2004), de me précipiter sur celui d’avant (McLusky Do Dallas, 2002), à peine le temps de me demander qui sont ces trois types arrivant à concilier Hammerhead avec les Pixies que j’apprends que le groupe se sépare, que je n’ai plus qu’à me mettre mes envies de découvertes sur l’oreille en me contentant de McLuskyism, grosse compilation posthume (post thunes ?) -un CD en forme de best off, un deuxième de face B et un troisième d’inédits et de live, tout ça étant bien évidemment essentiel.
Et puis, un jour de désoeuvrement complet, je trouve cette vidéo de trois types psalmodiant quelques mots incompréhensibles avant de se mettre à brailler puis à tout balancer : grosse guitare, un son de basse MMmmmm, rythmique lourde, en un mot trois types faisant du hard rock tel qu’il devrait toujours l’être, basique, simple et efficace. Mon sang n’a fait qu’un tour, ce groupe s’appelle Future Of The Left et j’ai bien failli tourner de l’œil en découvrant que Andrew Falkous (guitare/chant) et Jack Egglestone (batterie) en faisaient partie -oui, deux anciens McLusky. Le troisième larron, le bassiste avec ce son MMMMMmmmmmmmmmm (enfin bref) s’appelle Kelson Tregurtha Mathias, bonjour mon garçon.


Deux jours après, alors que j’essayais dans un magasin d’échanger (même à vil prix) des DVDs pourris de films français lamentables offerts à mon travail contre des disques (quoi d’autre ?), je trouvais deux singles de Future Of The Left, tous deux édités par Too Pure, tiens, tiens. Après vérification je sais qu’il y en a aura un troisième qui sortira le 10 septembre prochain.
Je n’ai rien à redire sur le premier single trois titres si ce n’est que j’y trouve un peu plus de McLusky que sur la vidéo, les voix sont souvent doublées (guitariste et bassiste chantant en même temps) et sont dans un registre plus aigu et criard, 70’s allez je veux bien le dire, comme sur le formidable Adeadenemyalwayssmellsgood qui lui fait l’objet de la face A du deuxième 45 tours. Pour l’instant ce titre m’a l’air d’être un peu a part chez tous ceux déjà enregistrés (et disponibles) par Future Of The Left, sur disque il m’a d’autant marqué que j’ai plus de réserves sur March Of The Coupon Saints qui figure en face B et dont le refrain a un peu de mal à passer. Tout ça reste quand même assez basiquement punk dans l’esprit, ce qui bien sûr ne peut que me ravir.

vendredi 13 juillet 2007

Spaghettis bolognaises


Il y a trois mois, Polyvinyl records a publié War, ce qui me semble être le troisième album de xbxrx, un groupe au nom imprononçable et dont la musique a cette réputation de mieux supporter les formats courts que la longueur d’un LP. Jusqu’ici, lorsque j’écoutais ces jeunes gens originaires d’Oakland, je n’entendais qu’un vaste bordel certes beaucoup plus supportable en 45 tours (comme sur le split que xbxrx a partagé avec An Albatross) mais surtout un bordel aussi passionnant qu’un bon gros plat de spaghettis bolognaises.
Le vrai et seul plaisir avec les spaghettis c’est de s’en foutre de partout, de laisser tomber sa fourchette et sa cuillère pour jouer à l’aspirateur, de ne pas arriver à tout avaler d’un coup au risque de s’étrangler et d’avoir de la sauce tomate tout autour de la bouche -au contraire, le drame c’est évidemment lorsque une grande personne forcément bien intentionnée débarque avec son couteau pour couper toutes les pâtes en de multiples petits bouts, alors c’est fini de jouer.






















xbxrx est plutôt d’une nature prolifique -ce qui justifierait les critiques du genre ils font n’importe quoi n’importe comment, comme si en matière de musique, du moins en ce qui concerne cette musique là, il s’agissait d’une réelle critique constructive- et depuis 1999 le groupe a enregistré trois (quatre ?) albums, je ne sais combien de EP et au moins autant de split singles (ça c’est vraiment de la précision de ma part) déversant tous une sorte de punk dada, de cacophonie absurde matinée de je-m’en-foutisme. Les chansons de xbxrx ressemblent plutôt au sprint final d’une course entre gosses pariant à qui arrivera en premier à table mais qui, à l’arrivée, prennent tous le même plaisir devant un plat de pâtes : le vrai concours peut commencer, le concours de dégueulasseries et de fous rires.
C’est toute la différence entre la frénésie pseudo adolescente d’un xbxrx et celle, finalement plus balisée, d’un Fantômas (foutrement cérébrale et convenue) ou même celle du dernier album de The Locust, ces deux derniers groupes découpant méthodiquement leur musique en petits morceaux, uniformes et égaux, puis rassemblant le tout avec quelques décalages dans l’espoir de rendre sa monnaie au dieu du chaos, l’illusion finit par être trop brillante pour ne pas devenir clinique. Au contraire, avec War, xbxrx joue à fond la carte du punk juvénile et, fait marquant par rapport aux enregistrements antérieurs, le groupe a même appris à pointer quelques mélodies basiques au milieu de tout son patafatras sans pour autant ternir son image de guignolo, bel effort.

Juste un mot sur le dernier album de The Locust, ce groupe de débiles qui se déguisent en insectes sur scène : j’avais beaucoup aimé Safety Second, Body Last le précédent EP avec ses plages atmosphériques mettant en relief les courtes déflagrations soniques tirebouchonnées par le groupe, les quatre garçons de The Locust prouvaient ainsi qu’ils savaient faire autre chose que du grind de l’espace arrosé de synthétiseur. Malheureusement le récent New Erection ne suit pas le même chemin et creuse la veine du sérieux et du massif, il y a comme un côté fondation en pierres dans ce disque, de l’application et du vernis par dessus pour faire briller (un comble pour ce genre de groupe). Donc je préfère de loin la gaudriole noisy et les bégaiements de xbxrx au nouveau visage rutilant et attentif des sauterelles métalliques.

[L’affiche reproduite ci-dessus est celle d’un concert mexicain de xbxrx. On peut lire ici ce qu’il s’est passé durant cette tournée de quelques dates et c’est assez édifiant.]



mercredi 11 juillet 2007

665 : the Neighbour of the Beast


Sortir un album le 6 juin 2006, c’est bien ce qu’avaient initialement prévu de faire les suédois d’Entombed, un peu à la traîne de l’actualité métallique ces dernières années. Alors profiter du chiffre 666 pour faire peur aux imbéciles de God hates goths (un passage par cette formidable rubrique permettra de vérifier que Rammstein est trop evil parce qu’ils chantent en allemand, la langue d’Hitler) ce devait être trop tentant mais finalement impossible : à cette date fatidique Entombed n’a en effet réussi à publier qu’un EP 5 titres, When In Sodom. Serpents Saints -The Ten Amendments, l’album tant attendu, vient lui juste de paraître et c’est leur premier LP studio depuis le formidable Inferno en 2003. Quatre années se sont donc écoulées entre les deux, ce qui pour un groupe jouant sur le côté rudimentaire (disons thrash) et roots (ou rock’n’roll) de sa musique peut paraître assez long.
Pendant ces quatre années plusieurs membres d’Entombed ont choisi de quitter le groupe, ce qui a sérieusement du retarder l’élaboration de nouveaux titres mais les suédois avaient connu bien pire lorsque leur batteur/fondateur Nicke Anderson avait jeté l’éponge après l’enregistrement de To Ride, Shoot straight and Speak the Truth (1997) pour devenir chanteur/guitariste à plein temps des Hellacopters. Il n’empêche que pendant ces quatre dernières années Uffe Cederlund est parti semble t-il très fâché et jurant qu’il en avait marre de la musique (mais il a immédiatement intégré les rangs de Disfear) et l’essentiel bassiste Jörgen Sandström ainsi que le batteur Peter Stjärnvind sont également partis. De la formation initiale (d’abord sous le nom de Nihilist) il ne reste donc que le guitariste Alex Hellid et le gros L-G Petrov au chant.
C’est ce dernier qui communique le plus sur le groupe, lui qui avait été viré d’Entombed par Nicke Anderson en 1990 après le premier album avant de revenir pour le troisième, celui qui a marqué les débuts death’n’roll, Wolferine Blues. Cet album de 1993 qui a donné à Entombed l’occasion de tourner avec Napalm Death dans toute l’Europe -on est alors en pleine euphorie death metal/grind core, les majors signant à tours de bras tout et n’importe quoi- est un peu la pierre angulaire de la deuxième période du groupe qui, après avoir posé les bases du death dans sa version européenne et plus particulièrement suédoise, a mis une bonne dose de Motörhead et de Discharge dans sa musique. Plus qu’un retour à cette période, Serpents Saints se veut être carrément un retour aux deux premiers albums d’Entombed, c'est-à-dire au death metal primitif.























Ce qui est plutôt drôle c’est que Nicke Anderson a failli réintégrer Entombed en tant que guitariste mais cela ne s’est pas fait : le blondinet a finalement concrétisé ses envies de rajeunissement en montant la bonne blague Death Breath, un album et un mini LP publiés à ce jour. De son côté, Serpents Saints est certainement le disque le plus rapide d’Entombed depuis Clandestine même si cela commence par une jolie petite mélodie plouink plouink et que cela se termine par un Love Song For Lucifer avec contrebasse et ambiance cafardeuse. Entre les deux il y a When In Sodom dans un mix différent de celui du EP, Thy Kingdom Coma et son riff basique typiquement thrash allemand eighties façon Sodom ou Destruction, le fastidieux (comme son titre) The Dead, The Dying And The Dying To Be Dead plus quelques autres. Le meilleur titre est aussi le plus lent, le lourdissime In The Blood, genre dont Entombed s’est justement fait une spécialité depuis Wolferine Blues.
Le retour au death metal n’est pas si flagrant que ça, le son me paraît un peu trop étouffé et clinique (à la différence du EP de l’année dernière) mais comme Entombed ne pratique pas non plus le death à la mode de Göteborg -At The Gates et tous ces groupes donnant dans la surenchère harmonique- le résultat est hybride et me laisse sur ma faim, plus vraiment rock’n’roll (quoique le premier titre Serpents Saints a cette basse énorme) mais pas tout à fait death non plus, d’une écoute même relativement agréable. Agréable ? En définitive c’est sûrement ça le problème, agréable cela veut dire que ce disque risque de ne plus trop m’intéresser d’ici peu de temps.

[l’image ci-dessus a été honteusement volée]

dimanche 8 juillet 2007

Discours de politique (très) générale


Aujourd’hui il pleut à nouveau, d’une petite pluie fine qui rafraîchit à peine l’atmosphère mais qui me donne envie d’aller me balader dans un sous bois pour en sentir toutes les bonnes odeurs de terre. Comme l’a très judicieusement fait remarquer Anakin, hier, samedi 7 juillet 2007, c’était une journée mondiale de sensibilisation sur le réchauffement climatique planétaire -des concerts donnés par des vieux hippies et des jeunes mélomanes (ou l’inverse), des campagnes de sensibilisation sur le problème, sur les solutions au quotidien, sur les solutions à un niveau plus global, etc. En fait de journée mondiale, un tout petit pays résiste encore en faisant la sourde oreille, aucun évènement n’a été organisé en France à cette occasion -à la place tout le monde observe (admiratif, médusé ou incrédule -c’est au choix) le président de la république fraîchement élu phagocyter sans faiblir son principal parti d’opposition pour les cinquante années à venir, dernière manoeuvre en date avec l’appui de la candidature d’un ancien ministre socialiste de l’économie à la présidence du crapuleux FMI.
Je ne ris pas de cette apocalypse lente mais la pluie du jour me fait un peu tout oublier -mises à part ces conversations entre gens qui s’emmerdent sur le temps qu’il fait et sur comment cela va se passer pendant les vacances si ça continue, la pluie c’est sale et que l’on ne me dise pas que la Terre se réchauffe, on a même pas encore eu de canicule cette année. Si seulement. Cela ne va pas mieux dans le monde virtuel, je ne compte pas le nombre de messages reçus ou postés signalant la date magique du 07/07/07, comme il n’y a pas de conditions climatiques sur internet on fait ce que l’on peut pour combler son petit trou quotidien de vacuité et d’ennui.






















De l’ennui encore : cela faisait quelques mois que je n’avais pas mis les pieds dans un supermarché culturel du centre ville, c’était chose faite hier pour une petite visite de courtoisie qui m’a permis de constater que les réorganisations annoncées sont bel et bien en train de se produire : de moins en moins de disques, encore du DVD et de plus en plus de produits numériques, un vrai désert.
Heureusement en rentrant j’ai enfin pu écouter l’album de Pissed Jeans dont j’ai tellement entendu dire du bien, en attendant de pouvoir le trouver pour de vrai dans une chouette version en LP je dois me contenter du format compressé mais ce que j’ai passionnément écouté m’a enthousiasmé : de la crasse entre les orteils (Sub Pop oblige), des mauvaises odeurs sludge et du sexe psychédélique, en gros tout ce qu’un bon groupe de rock’n’roll se doit de servir sur un plateau aux petits nerveux en manque d’amour et d’alcool fort. Une vraie révélation, encore un groupe que j’ai hâte de voir un jour en concert même si je me doute fort que ce sera pour jamais. [une photo et une interview de ces jeunes gens ici]


jeudi 5 juillet 2007

La deuxième mort de Derek Bailey


C’est lorsque il commence à pleuvoir un peu que je préfère écouter cette musique, celle du guitariste anglais Derek Bailey : il joue tout seul, c’est un tel absolu et cela me bouleverse à chaque fois. Je ferme les yeux, c’est l’après midi, peut être même que c’est dimanche, en tout cas un après midi où je n’ai rien à faire de spécial et je suis allongé, je ne dors pas mais je sens que je vais dormir, je me repais de cet instant qui dure, l’instant où le sommeil arrive et c’est comme si j’étais à nouveau saoul, j’ai la tête qui tourne derrière mes yeux clos, je sens tout mon corps qui pèse.
Je préfère de loin cet instant là -celui de la perte de conscience- à celui du retour à la vie, quand la décision de se lever devra être prise et c’est amusant comme ce moment où tout s’efface est celui qui laisse le plus de trace, à croire que si après il n’y a rien (le sommeil et peut être quelques rêves dont je ne me souviens que très rarement), il ne semble pas qu’il y eût grand-chose non plus avant : l’oubli comme forme ultime de perception et -dans le cas de Derek bailey- le bruit comme éloge de la musique.
Il commence à pleuvoir et j’écoute ce disque tout récemment paru chez Tzadik, Derek Bailey est mort dans un quasi anonymat un 25 décembre mais comme le Père Noël il est expert en surprises, la hotte magique d’un guitariste ayant consacré toute sa vie à l’improvisation doit regorger d’enregistrements jamais publiés -le pitch de celui-ci est qu’il s’agit d’interprétations totalement libres et très longues de standards, il nous avait déjà fait le coup avec Ballads publié en 2002 et là c’est John Zorn qui joue les bons apôtres avec notes de livret à l’appui.
Je ne connais pas de musique aussi facilement indentifiable -je veux dire : autant qu’une pièce de Morton Feldman ou qu’un titre de John Coltrane- et surtout c’est une musique où tout se joue dans la respiration, les moments de suspension entre les notes (ou l’effondrement de ces mêmes moments vers quelque chose d’encore plus fort et d’encore plus beau), tout se joue dans la respiration et donc le silence même si bien évidemment de silence il n’y en a guère, un peu comme les bruits qui forment un seul et unique ensemble où rien n’est discernable, ces bruits que l’on entend que lorsque nos yeux sont fermés, c’est la pluie qui tombe un après midi quand il n’y a rien de particulier à faire.






















Derek Bailey est mort mais je ne voudrais pas non plus qu’il soit trop éparpillé par la publication d’enregistrements inédits ou prétendus comme tels : il y a suffisamment de disques marquants parus du vivant du bonhomme (comme celui-ci) pour être rassasié pour tous les après midis de plusieurs existences successives, même si cela est réputé impossible : de la même façon qu’on ne meure qu’une fois on ne peut vivre qu’une seule fois également (sauf dans les rêves) et je suis prêt justement à renoncer à toutes mes vies rêvées/simultanées/parallèles mais seulement si je suis absolument certain que Derek Bailey, lui, ne mourra pas une deuxième fois -de honte ou d’ennui, sa musique pressée comme un citron trop juteux jusqu’au dessèchement lucratif.

mercredi 4 juillet 2007

Le râle des machines maltraitées


J’ai réécouté Nine Suggestions, un album de John Duncan accompagné de Mika Vainio et de Ilpo Väisänen -autrement dit Pan Sonic- et j’ai à nouveau été déçu : c’est un peu plat et désertique à mon goût, cela manque de continuité et de flux, exactement le genre de reproches que je peux habituellement trouver à la musique de Duncan. OK, mais n’y a-t-il pas également un peu de Pan Sonic sur ce disque ? J’ai déjà remarqué que ceux-ci sont de formidables caméléons : un de leurs enregistrements se reconnaît toujours sans difficulté aucune mais dès qu’il s’agit d’une collaboration, les deux finlandais se fondent dans le paysage : V en compagnie de Masami Akita transpire du Merzbow par tous les pores tandis que le disque avec Charlemagne Palestine publié par Staalplaat dans la collection Morts Aux Vaches laisse la part belle au vieil amoureux des drones, de la musique répétitive et autres ours en peluche.
Pan Sonic a très certainement été le dernier grand révélateur dans la musique électronique expérimentale -à la même époque mais dans un genre différent il y avait également Oval ou certains des artistes du label Mego- genre qui depuis ces dernières petites trouvailles n’en finit pas d’être décliné à toutes les sauces, tous les mélanges sont autorisés et les redites sont légions. Pan Sonic c’est le domaine de l’agression maximum et de la surenchère dans un cadre minimaliste, ce qui aujourd’hui est un peu passé au second plan dans le paysage actuel après l’avènement au début des années 2000 des musiques dites de l’effacement (souvent liées à l’improvisation), du craquement, la scène Onkyo au Japon (Sachiko M, Toshimaru Nakamura) mais également toute une mouvance plus popisante voire dubisante (et allemande) incarné par le label Scape par exemple.
Enfermé dans sa contrainte formelle (en effet, quoi de plus inconfortable que d’avoir réussi à amalgamer sous un nouveau vocable des éléments déjà anciens mais donnant ainsi l’impression de la nouveauté ?) Pan Sonic a toujours choisi de poursuivre la même ligne de conduite -malgré l’aventure un peu hasardeuse de Kesto en 2004, un quadruple CD pas toujours très pertinent- et publie un nouvel album, Katodivaihe/Cathodephase, qui est un pur témoignage de la musique des finlandais, avec toutes ses qualités mais également tous ses défauts.























C’est un album en forme de cloche, ou de U, peut être un album en trois parties plus ou moins distinctes. La première révèle une musique frontale mais loin d’être ouvertement désagréable, les beats agressent mais restent entraînants, les sonorités ne corrodent pas trop les tympans mais font tendre l’oreille, des fois elles sont même d’origine acoustique et facilement identifiables comme telles, ainsi ce son de violoncelle récurent et profond. C’est presque du Pan Sonic en version pop. La deuxième partie est consacrée aux parasitages, aux sons dérangeants et déchirants, il n’y a pas de rythmiques ni même de pulsation, on n’est pas très loin de la musique industrielle primaire des débuts de Throbbing Gristle si la bande à Gensis P-Orridge avait eu les mêmes oscillateurs pour générer tous leurs bruits. La troisième et dernière partie revient aux rythmes et cette fois-ci de façon plus violente, les sons employés prennent le même chemin : les quatre titres clôturant Katodivaihe/Cathodephase présentent une musique à la fois chargée, saccadée et crispante dans la lignée du maxi Osasto, mais à un degré moindre. Ce final est vraiment impressionnant même si justement il fait regretter que Pan Sonic ne s’adonne plus à cet exercice du format court, la concision leur va si bien, correspond tellement à leur bruit analogique.
[la photo ci-dessus a été volée ici]

dimanche 1 juillet 2007

Seems so long ago, Sabrina*

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Comme le mot dark était indiqué au moins deux fois sur le flyer, je m’attendais à un concert sous forme de rassemblement gothique en bonne et due forme, des jeunes hommes en treillis noirs à lanières, la crinière fraîchement shampooinée parce qu’ils le valent bien, le t-shirt obscurantiste ou archiviste -allez les garçons, tout le monde tape dans ses mains et chante en chœur cet air inspiré d’une diva eighties à forte poitrine : Everybody Funerals time / You’ll remember me / Everybody Funerals time / Be my hooker, be my victim / Goth ! Goth ! Goth ! / I’m looking for a death time / Goth ! Goth ! Goth ! / Get ready for my pain / Goth ! Goth ! Goth ! / I’m looking for a death time / Goth ! Goth ! Goth ! / I’m ready for the pain. Et puis non, hormis quelques spécimens plutôt sages et polis, l’audience ne sera composée que d’une trentaine de personnes, sans khôl ni toiles d’araignées.
Le premier groupe à jouer c’est Swann Danger et la comparaison avec Siouxsie & The Banshees est flagrante mais facile. La chanteuse (qui a une belle voix) use des mêmes artifices, la basse est bourrée d’effets et fait une grande partie du travail instrumental (il n’y a pas forcément de la guitare sur tous les titres) et le batteur (peroxydé et sourire en céramique) est très fort dans le registre qui en met de partout mais de façon très carrée, Budgie sort de ce corps. Lorsque la chanteuse s’occupe également de la guitare le son du groupe devient moins évidemment années 80, ou alors pas du même côté de l’Atlantique, plutôt le son new-yorkais qui cisaille et qui envoie -un spécialiste qui pourtant n’est pas technico commercial chez Husqvarna m’expliquera plus tard que c’est lié à une certaine façon d’utiliser la fuzz avec la guitare, soit, quoi qu’il en soit ce bruit de tôles métalliques découpées à la sauvage me comble parfaitement.
Les Swann Danger viennent de Oakland et je n’ai toujours pas compris pourquoi il y avait autant de groupes de cette mouvance (attention étiquette : death rock) qui étaient apparus ces dernières années dans ce coin là des Etat Unis. La faute à Rozz Williams et à Christian Death ? Le champagne californien est hallucinogène ? Peut être que par les temps qui courent il n’y a que le choix entre faire ça ou du stoner poilu mais assurément Swann Danger est l’un des meilleurs groupes du genre. J’achète leur disque (10 € c’est le prix que pratiquent quasiment tous les indépendants américains lorsqu’ils sont en tournée) et il confirmera la bonne impression du concert. Sur certains titres (Angle par exemple) la guitare se fait même un petit peu plus aigrelette et, alliée à la sécheresse d’une rythmique très minimale, je trouve que l’on n’est pas très loin non plus d’E.S.G., New York encore.






















Carla Bozulich est le gros morceau du concert, une majorité des personnes venues ce soir se sont en fait déplacées pour elle, cela sent très fort la passion. Elle a vraiment une très belle voix, elle s’accompagne d’une simple guitare (dont j’apprécie également beaucoup le son) et de samples mais cela ne prend pas : typiquement le genre de musique que j’aime mais qui me léthargise complètement en concert, c’est l’effet Leonard Cohen au stade de France. Je m’ennuie et les textes d’amours désespérées, de sang et de mort m’agacent. Le batteur de Swann Danger vient jouer sur un titre, il y a aussi Marion d’Overmars qui s’installe au synthé et c’est de loin le meilleur moment du set, avec un tout petit peu plus d’orchestration la musique de Carla Bozulich gagne ses galons, la profondeur revendiquée devient palpable mais je persiste à boire des bières en compagnie de Leonard Cohen, très en verve ce soir, ce qui est plutôt rare.

[* ce titre est plutôt à prendre comme une incitation à écouter Seems So Long Ago, Nancy ainsi que toutes les autres chansons de Songs From A Room]