Il y a trois mois, Polyvinyl records a publié War, ce qui me semble être le troisième album de xbxrx, un groupe au nom imprononçable et dont la musique a cette réputation de mieux supporter les formats courts que la longueur d’un LP. Jusqu’ici, lorsque j’écoutais ces jeunes gens originaires d’Oakland, je n’entendais qu’un vaste bordel certes beaucoup plus supportable en 45 tours (comme sur le split que xbxrx a partagé avec An Albatross) mais surtout un bordel aussi passionnant qu’un bon gros plat de spaghettis bolognaises.
Le vrai et seul plaisir avec les spaghettis c’est de s’en foutre de partout, de laisser tomber sa fourchette et sa cuillère pour jouer à l’aspirateur, de ne pas arriver à tout avaler d’un coup au risque de s’étrangler et d’avoir de la sauce tomate tout autour de la bouche -au contraire, le drame c’est évidemment lorsque une grande personne forcément bien intentionnée débarque avec son couteau pour couper toutes les pâtes en de multiples petits bouts, alors c’est fini de jouer.
Le vrai et seul plaisir avec les spaghettis c’est de s’en foutre de partout, de laisser tomber sa fourchette et sa cuillère pour jouer à l’aspirateur, de ne pas arriver à tout avaler d’un coup au risque de s’étrangler et d’avoir de la sauce tomate tout autour de la bouche -au contraire, le drame c’est évidemment lorsque une grande personne forcément bien intentionnée débarque avec son couteau pour couper toutes les pâtes en de multiples petits bouts, alors c’est fini de jouer.
xbxrx est plutôt d’une nature prolifique -ce qui justifierait les critiques du genre ils font n’importe quoi n’importe comment, comme si en matière de musique, du moins en ce qui concerne cette musique là, il s’agissait d’une réelle critique constructive- et depuis 1999 le groupe a enregistré trois (quatre ?) albums, je ne sais combien de EP et au moins autant de split singles (ça c’est vraiment de la précision de ma part) déversant tous une sorte de punk dada, de cacophonie absurde matinée de je-m’en-foutisme. Les chansons de xbxrx ressemblent plutôt au sprint final d’une course entre gosses pariant à qui arrivera en premier à table mais qui, à l’arrivée, prennent tous le même plaisir devant un plat de pâtes : le vrai concours peut commencer, le concours de dégueulasseries et de fous rires.
C’est toute la différence entre la frénésie pseudo adolescente d’un xbxrx et celle, finalement plus balisée, d’un Fantômas (foutrement cérébrale et convenue) ou même celle du dernier album de The Locust, ces deux derniers groupes découpant méthodiquement leur musique en petits morceaux, uniformes et égaux, puis rassemblant le tout avec quelques décalages dans l’espoir de rendre sa monnaie au dieu du chaos, l’illusion finit par être trop brillante pour ne pas devenir clinique. Au contraire, avec War, xbxrx joue à fond la carte du punk juvénile et, fait marquant par rapport aux enregistrements antérieurs, le groupe a même appris à pointer quelques mélodies basiques au milieu de tout son patafatras sans pour autant ternir son image de guignolo, bel effort.
Juste un mot sur le dernier album de The Locust, ce groupe de débiles qui se déguisent en insectes sur scène : j’avais beaucoup aimé Safety Second, Body Last le précédent EP avec ses plages atmosphériques mettant en relief les courtes déflagrations soniques tirebouchonnées par le groupe, les quatre garçons de The Locust prouvaient ainsi qu’ils savaient faire autre chose que du grind de l’espace arrosé de synthétiseur. Malheureusement le récent New Erection ne suit pas le même chemin et creuse la veine du sérieux et du massif, il y a comme un côté fondation en pierres dans ce disque, de l’application et du vernis par dessus pour faire briller (un comble pour ce genre de groupe). Donc je préfère de loin la gaudriole noisy et les bégaiements de xbxrx au nouveau visage rutilant et attentif des sauterelles métalliques.
[L’affiche reproduite ci-dessus est celle d’un concert mexicain de xbxrx. On peut lire ici ce qu’il s’est passé durant cette tournée de quelques dates et c’est assez édifiant.]