mercredi 11 juillet 2007

665 : the Neighbour of the Beast


Sortir un album le 6 juin 2006, c’est bien ce qu’avaient initialement prévu de faire les suédois d’Entombed, un peu à la traîne de l’actualité métallique ces dernières années. Alors profiter du chiffre 666 pour faire peur aux imbéciles de God hates goths (un passage par cette formidable rubrique permettra de vérifier que Rammstein est trop evil parce qu’ils chantent en allemand, la langue d’Hitler) ce devait être trop tentant mais finalement impossible : à cette date fatidique Entombed n’a en effet réussi à publier qu’un EP 5 titres, When In Sodom. Serpents Saints -The Ten Amendments, l’album tant attendu, vient lui juste de paraître et c’est leur premier LP studio depuis le formidable Inferno en 2003. Quatre années se sont donc écoulées entre les deux, ce qui pour un groupe jouant sur le côté rudimentaire (disons thrash) et roots (ou rock’n’roll) de sa musique peut paraître assez long.
Pendant ces quatre années plusieurs membres d’Entombed ont choisi de quitter le groupe, ce qui a sérieusement du retarder l’élaboration de nouveaux titres mais les suédois avaient connu bien pire lorsque leur batteur/fondateur Nicke Anderson avait jeté l’éponge après l’enregistrement de To Ride, Shoot straight and Speak the Truth (1997) pour devenir chanteur/guitariste à plein temps des Hellacopters. Il n’empêche que pendant ces quatre dernières années Uffe Cederlund est parti semble t-il très fâché et jurant qu’il en avait marre de la musique (mais il a immédiatement intégré les rangs de Disfear) et l’essentiel bassiste Jörgen Sandström ainsi que le batteur Peter Stjärnvind sont également partis. De la formation initiale (d’abord sous le nom de Nihilist) il ne reste donc que le guitariste Alex Hellid et le gros L-G Petrov au chant.
C’est ce dernier qui communique le plus sur le groupe, lui qui avait été viré d’Entombed par Nicke Anderson en 1990 après le premier album avant de revenir pour le troisième, celui qui a marqué les débuts death’n’roll, Wolferine Blues. Cet album de 1993 qui a donné à Entombed l’occasion de tourner avec Napalm Death dans toute l’Europe -on est alors en pleine euphorie death metal/grind core, les majors signant à tours de bras tout et n’importe quoi- est un peu la pierre angulaire de la deuxième période du groupe qui, après avoir posé les bases du death dans sa version européenne et plus particulièrement suédoise, a mis une bonne dose de Motörhead et de Discharge dans sa musique. Plus qu’un retour à cette période, Serpents Saints se veut être carrément un retour aux deux premiers albums d’Entombed, c'est-à-dire au death metal primitif.























Ce qui est plutôt drôle c’est que Nicke Anderson a failli réintégrer Entombed en tant que guitariste mais cela ne s’est pas fait : le blondinet a finalement concrétisé ses envies de rajeunissement en montant la bonne blague Death Breath, un album et un mini LP publiés à ce jour. De son côté, Serpents Saints est certainement le disque le plus rapide d’Entombed depuis Clandestine même si cela commence par une jolie petite mélodie plouink plouink et que cela se termine par un Love Song For Lucifer avec contrebasse et ambiance cafardeuse. Entre les deux il y a When In Sodom dans un mix différent de celui du EP, Thy Kingdom Coma et son riff basique typiquement thrash allemand eighties façon Sodom ou Destruction, le fastidieux (comme son titre) The Dead, The Dying And The Dying To Be Dead plus quelques autres. Le meilleur titre est aussi le plus lent, le lourdissime In The Blood, genre dont Entombed s’est justement fait une spécialité depuis Wolferine Blues.
Le retour au death metal n’est pas si flagrant que ça, le son me paraît un peu trop étouffé et clinique (à la différence du EP de l’année dernière) mais comme Entombed ne pratique pas non plus le death à la mode de Göteborg -At The Gates et tous ces groupes donnant dans la surenchère harmonique- le résultat est hybride et me laisse sur ma faim, plus vraiment rock’n’roll (quoique le premier titre Serpents Saints a cette basse énorme) mais pas tout à fait death non plus, d’une écoute même relativement agréable. Agréable ? En définitive c’est sûrement ça le problème, agréable cela veut dire que ce disque risque de ne plus trop m’intéresser d’ici peu de temps.

[l’image ci-dessus a été honteusement volée]