Le voilà enfin ce deuxième volume des splits 10’ initiés par Gaffer records, avec peut être deux (trois ?) mois de retard sur le plan marketing fomenté par le cerveau du label : on ne peut pas dire que les relations entre structures DIY et entreprises de pressage s’améliorent avec le temps. Cela me rappelle toujours les mésaventures lointaines des 7 Pilliers/Jazz To Come records avec un presseur tchèque : dans l’insert d’un split single Parkinson Square/Grand Bario on pouvait lire merci à Gramofonové Zadovy le presseur de disques qui a augmenté ses prix de 43.75% en 6 mois, dans celui d’un split Portobello Bones/Garlic Frog Diet on trouvait un grands mercis encore à Gramofonové Zadovy le presseur de disques qui a cette fois doublé ses frais de ports comme quoi les lois du marché, ils ont bien compris. Le bon temps quoi. Quoiqu’il en soit il est bel et bien là ce Sheik Anorak/Weasel Walter versus Les Aus featuring Lydia Lunch. Un programme gros comme ça. Un disque d’un joli bleu, dans une pochette transparente. La grande classe.
La première face est donc remplie avec trois titres de la session d’impro enregistrée entre Sheik Anorak et Weasel Walter et dont un autre titre figure déjà sur le CDr de Sheik Anorak chez Maquillage Et Crustacés évoqué hier. Le titre du CDr n’était finalement qu’une bonne mise en bouche, avec ces trois nouveaux extraits nos deux compères se déchaînent littéralement. Walter doit certainement être l’inventeur du mouvement perpétuel à la batterie -mouvement absolument pas rectiligne cependant- tandis que la guitare aligne explosions soniques et torpilles bruitistes. Si on n’est pas amateur ou même tout simplement familier de l’impro façon échappée belle ce duo ultra énervé et cacophonique défrisera n’importe quelle mise en pli solidifiée à la laque universelle. Parce que ça pulse, tout simplement. Cette face est la bonne pioche du disque.
On retourne la galette pour jeter une oreille attentive sur la face Les Aus, d’autant plus que l’on sait que Lydia Lunch doit y faire une apparition en personne à un moment ou à un autre. Les Aus est un duo de Barcelone formés par d’anciens Omega Cinco (qui ça ?) et qui pratique un folk à la fois psychédélique et noisy, parait il largement improvisé. Les deux premiers titres -instrumentaux- ne sont guère passionnants quoique fort honnêtes, on ressent trop cette impression de n’écouter que des ébauches de chansons. C’est avec Dead Man, le troisième et dernier titre, que les choses sérieuses commencent vraiment. Lydia Lunch débarque enfin et déballe son savoir-faire habituel plus proche du spoken words que du chant réel. L’ambiance est volontairement poisseuse et collante, le passage instrumental en fin de piste s’éternise un peu trop, on attend alors patiemment que la grande prêtresse revienne donner un peu de la voix mais il semble bien qu’elle soit déjà repartie ailleurs, dommage. Il est donc fortement conseillé de commencer à écouter ce split par cette face ci plutôt que par la face Walter/Sheik Anorak au risque de trouver l’ensemble encore plus déséquilibré.
[on attend la suite de cette série de 10’ avec impatience… sont dès à présent annoncés un Offonoff/Jazkamer et un Moha!/Tape That -encore du grand luxe]