Rien à signaler si ce n’est que Z’ev, toujours lui, a décidé d’être un fonds de pension à lui tout seul : c’est peut dire que l’on arrête pas d’en entendre parler (du moins si on s’intéresse aux mabouls dont le travail musical consiste pour beaucoup à taper comme des forcenés sur des plaques métalliques). A plus de 57 ans il est en effet temps de penser au financement de sa retraite. Donc, encore un disque estampillé de son nom, Z’ev vs Pita, ou la rencontre entre notre homme et Peter Rehberg pour un CD publié aux Editions Mego.
S’il est désormais connu des métallurgistes pour sa participation au projet KTL aux côtés de Stephen O’Malley, Peter Rebherg est surtout l’un des cofondateurs de Mego, label viennois qui a connu son heure de gloire dans les années 90 en publiant les disques de Fennesz, Hecker, General Magic, Farmers Manual ou Pita dans une perspective à l’opposé de ses petits camarades ~scape (de Berlin, influencé par le dub) et surtout Mille Plateaux (plus orienté electro minimale -Gas- et ambient -Oval). Mego a cessé de vivre au milieu des années 2000 pour réapparaître à l’instigation du seul Peter Rehberg sous le nom d’Editions Mego, au programme la réédition petit à petit de tout le back catalogue et la publication d’une ou deux nouvelles références de temps à autre.
La présentation des disques estampillés Editions Mego est à peu près la même que celle du défunt label, à savoir un cartonnage aux dimensions inhabituelles (en gros 14 x 15 centimètres) avec des artworks souvent à base de collages arty, comprendre : pas réalisés par un enfant de quatre ans dans sa classe de maternelle mais digne d’une galerie d’art contemporain. Ce Z’ev vs Pita sans titre ne déroge pas à la règle, son illustration reprend l’affiche du concert pendant lequel a été enregistré le disque, les collages à l’intérieur sont tout aussi inintéressants. Toujours à l’intérieur, aucune note technique à lire non plus, pas de photos des artistes en portrait américain, pas d’essai théorique sur la pertinence ou non d’une telle musique. Rien. Juste de l’art.
J’ai l’air de me moquer comme ça mais j’aime beaucoup ce disque. Déjà Pita était l’une des meilleures entités de Mego -l’album Get Out devrait très bientôt être lui aussi réédité- mais surtout Peter Rehberg a cette qualité essentielle pour résister face à Z’ev : il manipule des structures sonores extrêmement massives, mouvantes et granuleuses que le déluge de percussions émises par son comparse ne parvient pas amoindrir. Face au percussionniste il n’y a en effet pas trente six solutions : soit on va dans le même sens que lui (ce qu’à fait Boyd Rice sur le 12’ évoqué hier) soit on s’écrase. Pita ne fait ni l’un ni l’autre et mène les débats, se paie le luxe d’une longue introduction atmosphérique et lorsque le tatapoum métallique arrive enfin, il est tout en nuances, pointilliste, chromatique, presque paysager. Le déluge arrive un peu plus tard, après quelques roulements de toms basse et l’inévitable montée en puissance, mais le travail de Pita reste toujours sur le devant, à la fois gluant et acide aux oreilles, tel un blob accroché à nos tympans. Peter Rehberg se paie même le luxe d’envoyer des sons percussifs vers la fin du disque.
Aucune idée si ce concert est reproduit dans son intégralité sur cet enregistrement qui dépasse à peine la demi heure mais l’ensemble est cohérent (d’accord, cela ne change pas beaucoup de l’une des structures les plus classiques en vigueur dans la musique dès que celle-ci est improvisée : la structure en forme de cloche -ça monte, ça pète et ça redescend) et surtout il est un bon exemple de mélanges trans-genres : la musique industrielle old school, celle de Z’ev, contre les manipulations sonores de Peter Rehberg et les percussions organiques contre un laptop, mélanges ici fort réussis.
S’il est désormais connu des métallurgistes pour sa participation au projet KTL aux côtés de Stephen O’Malley, Peter Rebherg est surtout l’un des cofondateurs de Mego, label viennois qui a connu son heure de gloire dans les années 90 en publiant les disques de Fennesz, Hecker, General Magic, Farmers Manual ou Pita dans une perspective à l’opposé de ses petits camarades ~scape (de Berlin, influencé par le dub) et surtout Mille Plateaux (plus orienté electro minimale -Gas- et ambient -Oval). Mego a cessé de vivre au milieu des années 2000 pour réapparaître à l’instigation du seul Peter Rehberg sous le nom d’Editions Mego, au programme la réédition petit à petit de tout le back catalogue et la publication d’une ou deux nouvelles références de temps à autre.
La présentation des disques estampillés Editions Mego est à peu près la même que celle du défunt label, à savoir un cartonnage aux dimensions inhabituelles (en gros 14 x 15 centimètres) avec des artworks souvent à base de collages arty, comprendre : pas réalisés par un enfant de quatre ans dans sa classe de maternelle mais digne d’une galerie d’art contemporain. Ce Z’ev vs Pita sans titre ne déroge pas à la règle, son illustration reprend l’affiche du concert pendant lequel a été enregistré le disque, les collages à l’intérieur sont tout aussi inintéressants. Toujours à l’intérieur, aucune note technique à lire non plus, pas de photos des artistes en portrait américain, pas d’essai théorique sur la pertinence ou non d’une telle musique. Rien. Juste de l’art.
J’ai l’air de me moquer comme ça mais j’aime beaucoup ce disque. Déjà Pita était l’une des meilleures entités de Mego -l’album Get Out devrait très bientôt être lui aussi réédité- mais surtout Peter Rehberg a cette qualité essentielle pour résister face à Z’ev : il manipule des structures sonores extrêmement massives, mouvantes et granuleuses que le déluge de percussions émises par son comparse ne parvient pas amoindrir. Face au percussionniste il n’y a en effet pas trente six solutions : soit on va dans le même sens que lui (ce qu’à fait Boyd Rice sur le 12’ évoqué hier) soit on s’écrase. Pita ne fait ni l’un ni l’autre et mène les débats, se paie le luxe d’une longue introduction atmosphérique et lorsque le tatapoum métallique arrive enfin, il est tout en nuances, pointilliste, chromatique, presque paysager. Le déluge arrive un peu plus tard, après quelques roulements de toms basse et l’inévitable montée en puissance, mais le travail de Pita reste toujours sur le devant, à la fois gluant et acide aux oreilles, tel un blob accroché à nos tympans. Peter Rehberg se paie même le luxe d’envoyer des sons percussifs vers la fin du disque.
Aucune idée si ce concert est reproduit dans son intégralité sur cet enregistrement qui dépasse à peine la demi heure mais l’ensemble est cohérent (d’accord, cela ne change pas beaucoup de l’une des structures les plus classiques en vigueur dans la musique dès que celle-ci est improvisée : la structure en forme de cloche -ça monte, ça pète et ça redescend) et surtout il est un bon exemple de mélanges trans-genres : la musique industrielle old school, celle de Z’ev, contre les manipulations sonores de Peter Rehberg et les percussions organiques contre un laptop, mélanges ici fort réussis.