vendredi 9 janvier 2009

Oren Ambarchi / A Final Kiss On Poisoned Cheeks & Stacte Motors
























Oren Ambarchi est un musicien très prolifique et comme je ne suis qu’un homme plutôt paresseux voici une double chronique de deux de ses disques parus au cours des années 2008 et 2006 et ayant comme principal point commun de n’exister qu’en format LP.
On commence par A Final Kiss On Poisoned Cheeks, un magnifique objet gravé uniquement sur un seul côté et sur vinyl transparent par le label des snobs adorateurs de rondelles, Table Of The Elements. Ce disque fait partie de la collection Guitar Series vol 3, aux côtés de Jon Mueller (qui pourtant est batteur) ou Lee Ranaldo (Sonic Youth). Le quatrième volet de la série est d’ores et déjà lancé avec entre autres Stephen O’Malley et Christian Fennesz. De beaux objets, soignés, avec l’apparence du high-tech et un léger design chinois -les disques ont un dessin de gravé sur leur face non enregistrée, celui d’Oren Ambarchi représente un tigre, celui de Ranaldo des dragons- qui permettront à toutes celles et ceux qui les possèdent de faire leurs intéressant(e)s pendant les soirées entre amis, à la seule condition de ne pas écouter la musique gravée dessus.
Parce que pour danser lors du prochain anniversaire surprise organisé par le mari bien intentionné d’une de vos meilleures copines, il faudra repasser. A Final Kiss On Poisoned Cheeks est un beau disque de musique ambient avec plein de traitements électroniques qui fourmillent et c’est assez proche de ce qu’a fait Oren Ambarchi jusqu’ici pour le label Touch, Suspension, par exemple. L’amateur des travaux de l’australien est en terrain connu, les fréquences se diversifient en même temps qu’elles s’intensifient, il n’y a pas ce côté baba et planant que l’on retrouve chez 90 % des musiciens actuels trop hâtivement classés dans la rubrique drone, un vrai poète des sons je vous dis. Cela se termine par des petits bourdonnements dans les basses accompagnés d’une cloche et d’une cymbale raclée en continue -zen zen zen, tiens voilà du bouddha. 
























Stacte Motors, album publié par le label Western Vynil est autrement plus austère. Ici pas de chichis de présentation, une galette de trente centimètres dans une pochette avec une photo floue et on n’en parle plus. Côté musique cela vire carrément à l’ascétisme (de surface). Face A : Cymbal Motor. C’est comme si on reprenait la cymbale du final de A Final Kiss On Poisoned Cheeks et qu’on intensifiait le processus. Sauf que la cymbale est excitée par un moteur. Les résonances du métal se démultiplient, s’entrecroisent, se confondent et finissent par former des échos fantomatiques un peu irritants à la longue. Lorsque le moteur s’arrête et que la cymbale se tait, il reste un grondement sourd qui perdure encore quelques petites minutes.
Face B : Guitar Motor. On prend une guitare et on fait exactement la même chose avec ses cordes. C’est trop dur la vie de musicien/performer et d’artiste contemporain. Comme chacun le sait bien, il y a six cordes sur une guitare (sauf si j’ai essayé d’en jouer avec juste avant : il n’y en reste alors plus qu’une ou deux) et par conséquent l’éventail harmonique déployé par les frottements du moteur est d’autant plus large, intense également et provoque davantage de dissonances tout en maintenant un flot continu comme dans le cas d’une vielle. On peut toujours se dire que le procédé employé ici par Oren Ambarchi est des plus simplistes, il n’empêche que le résultat obtenu est envoûtant, même sans l’usage de psychotropes et sans aucun recours à une quelconque théorie esthétique. Par contre, pour la soirée d’anniversaire et l’ambiance festive, on pourra encore et toujours repasser.