L’année 2008 s’est achevée avec Brutal Truth, l’année 2009 commencera de même -tu la sens la brutalité de la réalité ? Plus dure sera la chute. For Drug Crazed Grindfreaks Only! est encore et toujours une réédition, encore et toujours à l’initiative de Relapse records. S’il faut critiquer une politique aussi massive de ressorties de disques depuis longtemps épuisés faisons-le rapidement : comme tous les labels, Relapse a très certainement du plomb dans l’aile suite à l’effondrement généralisé de la vente de musique sur supports réels. Rééditer avec des titres bonus, un artwork réarrangé, des notes de livret écrites par des sommités mais que personne ne lira, est très certainement un excellent moyen pour une maison de disques qui n’est plus ce qu’elle était (comprendre : qui n’arrive plus à publier des disques un tant soit peu novateurs ou plus simplement excitants comme c’était le cas il n’y a encore pas si longtemps) de renflouer ses caisses. Jouer sur la rareté c'est-à-dire attendre qu’un disque soit réellement introuvable depuis trop longtemps pour le rééditer, jouer sur les supports (publier les versions vinyl longtemps après les versions CD) est un procès que je ne ferai pas à Relapse -je le ferai bien plus volontiers à un label comme Hydra Head, d’ailleurs je l’ai déjà fait- mais il va falloir raisonner un peu plus large : malgré sa communication agressive un gros label indépendant comme Relapse n’emploie pas tout à fait des méthodes marketing similaires à celles de n’importe quelle major vendeuse de soupes aux légumes ou de choux à la crème, personne non plus n’est forcé d’acheter un disque qu’il a déjà dans deux ou trois versions différentes -mis à part les geeks mais le geek est adepte de sadomasochisme- et de nos jours il y a des moyens modernes (légaux ou non) d’écouter gratuitement la musique que l’on souhaite.
For Drug Crazed Grindfreaks Only! est objectivement une bonne opération pour Relapse. C’est aussi un bon disque bien qu’il ne soit pas non plus primordial. Cet enregistrement datant de 1998 a été effectué sur un huit pistes et était destiné à une diffusion radio, autrement dit c’est du live en studio avec un son rudimentaire et mal dégrossi, on y entend tout (sauf la basse souvent vraiment trop difficile à cerner : Dan Lilker n’avait pas envie de jouer à fond ce jour là ?) mais de façon brutale et primitive, cela fait mal aux oreilles dans un premier temps avant que l’on se rende compte que c’est une tuerie sans nom. Voilà que je me mets à parler comme un metal freak.
Les titres joués sont un petit panachage (dix au total) essentiellement de Sounds Of The Animal Kingdom et de Kill Trend Suicide. Dommage que Need To Control ne soit représenté que par Choice Of A New Generation et on peut également remarquer que Stench Of Prophet (troisième plage de Extreme Conditions Demand Extreme Responses) a pour l’occasion été transformé en Stench Of Profit. Pour les illettrés qui n’auraient pas compris le titre du disque il y a l’illustration (très laide) de celui-ci qui ne laisse plus aucune équivoque et à l’intérieur on trouve un patch à la fois christique et ganjaphile (encore plus laid) pour agrafer sur son sac US -ou sur ton eastpack si tu es un jeune adolescent rebelle de quinze ans. Encore un objet de collection inutile donc nécessaire.