dimanche 11 janvier 2009

David Grubbs / An Optimist Notes The Dusk


















Cela fait des années que je ne me soucie absolument plus du sort de David Grubbs. Depuis la fin (un peu) brutale de Gastr Del Sol et une carrière solo avec beaucoup plus de bas que de hauts. Comment ce type qui a tant fait pour la musique avec des groupes tels que Squirrel Bait et surtout Bastro avait pu en arriver là ? Une longue suite d’albums poppy/minimalistes/introvertis dans le meilleur des cas, creux et vides dans le pire ce qui hélas était le résultat le plus fréquemment obtenu. Des albums publiés par toujours le même label, Drag City, quelle fidélité. Les deux derniers en date étaient des plus déroutants puisque enregistrés avec la poétesse Susan Howe -allergiques aux spoken words, s’abstenir. La seule raison de s’intéresser encore à david Grubbs était fournie par son excellent petit label Blue Chopsticks (une extension du label Dexter’s Cigar aujourd’hui défunt qu’il avait monté avec Jim O’Rourke à l’époque de Gastr Del Sol) et dont le catalogue va de Luc Ferrari à Circle X. Pour l’instant.
La venue en concert de David Grubbs en octobre dernier -je n’ai pas voulu assister à ce concert, j’avais déjà suffisamment donné comme ça de ma personne il y a quelques années au Pezner- a joué le rôle d’une remise à jour des compteurs : tiens, David Grubbs n’est pas mort et il publie même un nouvel album, An Optimist Notes The Dusk, encore une fois chez Drag City. Dessus, notre binoclard y joue seul de la guitare électrique, de la basse, de l’harmonium, accompagné sur certains titres du trompettiste Nate Wooley et du batteur Michael Evans (tous deux joueurs de free/musique improvisée).
Le dépouillement complet du disque -y compris lorsque plusieurs instruments sont en action- confine au phénomène de l’aspiration par le vide. Un titre composé par David Grubbs a toujours cette caractéristique essentielle qui est de tenir sur presque rien, ce qui -quoi qu’on en dise- est déjà quelque chose, à l’image de sa voix fragile entre mille et toujours chargée d’un fardeau sensoriel captivant. On aime ou on déteste ce timbre pas si détaché que cela, cette voix en équilibre entre justesse et fausseté, suivant les parcours mélodiques sinueux imposés par la guitare (là aussi une marque de fabrique).
Exception notoire, Holy Fool Music est un titre construit classiquement, rock charpenté avec rythmique basse/batterie et écoutable même en voiture, intervenant au milieu du disque, le destabilisant presque, tout comme le très électrique Is That A Riffle When It Rains ? semait la zizanie sur Crookt, Crackt, Or Fly, magnifique deuxième album de Gastr Del Sol (1994). Holy Fool Music se délite avantageusement sur sa dernière partie, pente douce sur laquelle on se laisse glisser et qui nous amène vers une fin de disque toujours plus intimiste, très faiblement éclairée. Le dernier titre, The Not So-Distant est une pièce de douze minutes lorgnant vers l’activité électroacoustique de David Grubbs, un sale virus qu’avait réussi à lui refiler O’Rourke et qui laisse penser qu’avec An Optimist Notes The Dusk David Grubbs a peut être volontairement entrepris de faire le tour complet de ses mondes musicaux et donc de lui-même. Cet album n’en devient donc que plus attachant.