mercredi 7 janvier 2009

Oren Ambarchi & Z'ev / Spirit Transform Me
























Encore une collaboration récente de Z’ev avec un autre musicien, cette fois ci l’australien Oren Ambarchi, l’homme grâce à qui Stephen O’Malley et Sunn O))) ont appris ce qu’était que de mettre un petit peu de délicatesse dans de la musique de sauvages -mais pas trop non plus, restons raisonnables. Au passage, sauvage, toute cette clique de doomeux métallurgistes -au demeurant fort sympathiques en ce qui me concerne mais là n’est pas la question- l’est sans doute bien moins que Z’ev et ses plaques de métal. Stephen O’Malley et compagnie bénéficieraient d’un éclairage fanatique disproportionné : il n’y a pas plus de prophètes que de messies en musique, les adorateurs sectaires d’aujourd’hui seront les juges imprécateurs et pyromanes de demain (le principe moteur de tout hipster qui s’ignore comme de celui qui s’assume, je connais tout ça par cœur et de l’intérieur). En attendant O’Malley a bien raison d’en profiter, de s’inviter à des pince-fesses dans des galeries d’art contemporain où pour un cachet démesuré on lui a demandé de mettre en musique une installation ridicule ou une sculpture d’une laideur insondable. Mais on reparlera de O'Malley très bientôt.
Ombarchi est lui un homme de l’ombre -bien que né à Sydney- et par conséquent il gagne forcément à être connu : une discographie déjà bien remplie dans laquelle on peut piocher sans trop risquer de tomber sur un os, des collaborations multiples et prestigieuses (donc) et un capital sympathie encore jamais démenti, le gendre idéal quoi, même pour Jarboe, du genre que l’on aimerait bien piquer à sa fille histoire de tenter le rajeunissement.
Spirit Transform Me
est publié par Tzadik dans la collection Radical Jewish Culture d’ordinaire consacré au klezmer et à ses dérivés chers à John Zorn (mais il y a des exceptions notoires comme un autre album de Z’ev intitulé The Sapphire Nature, le Mouth=Maul=Betrayer de Zeena Parkins ou la compilation de reprises de Serge Gainsbourg…) ce qui est on ne peut plus étonnant vu le style de musique pratiqué. Mais le label nous explique que si, cela à un rapport étroit avec la judaïcité et en particulier avec Alef-bet. OK, voici les deux premières lettres de l’alphabet hébraïque mais je ne comprends toujours pas le pourquoi du comment.
Le disque est assez court et divisé en trois partie : Alef, Bet et Gimel (nous y revoilà). Alef et un titre d’un quart d’heure pendant lequel Ambarchi développe tout son savoir-faire en matière de structures sonores et de fréquences à bidouille tandis que Z’ev saupoudre l’ensemble de quelques percussions légères et de quelques raclements métalliques dont il a le secret. Bet démarre par un paysage sonore (des voix et une ambiance de rue) mais sinon c’est exactement la même chose que sur Alef avec toutefois quelques degrés d’intensité en plus et donc des percussions tribales plus présentes quoi que toujours bien dissimulées dans le fond. Cela se termine par un sifflement de cocotte-minute comme celui que l’on entend lorsque la soupe est prête. Le dernier titre, Gimmel, démarre par des résonances de cloches (ou de gongs) et distille une ambiance vaguement mystique et ténébreuse, brrr, Ambarchi fait de la brasse coulée dans les profondeurs abyssales tandis que Z’ev joue dans son coin avec quelques menus objets pour un résultat pas très éloigné de l’album Heresy de Lustmord. De la musique industrielle de salon pour obscurantistes mondains. Les fan de Sunn O))) devraient donc aussi pouvoir s’y retrouver.