Continuons dans la musique improvisée. Offonoff est un trio composé de Massimo Pupillo (Zu) à la basse, de Terrie (The Ex) à la guitare et de Paal Nilssen-Love, un batteur de free-jazz au pedigree honorable puisque il a collaboré avec Ken Vandermark, Peter Brötzmann, Mats Gustafsson (pour le trio The Thing, si un jour vous voulez écouter une reprise free d’un titre de P.J. Harvey, écoutez donc l’album She Knows) mais qui est également membre du Scorch Trio, formation indigeste de jazz fusion guitaristique emmené par un Raoul Bjorkenheim dont le son et le jeu de guitare sont irritants au dernier degré. Offonoff ressemble donc à s’y m’éprendre à un super groupe, des bons potes d’ordinaire très occupés qui s’amusent à temps perdu, sans complexe ni honte -et qu’importe ?
C’est le label de free jazzeux Smalltown Superjazz qui a publié Clash -son catalogue regroupe une bonne partie des noms cités ci-dessus, liste à laquelle on peut ajouter Original Silence et Diskaholics Anonymous Trio (avec entre autres Thurston Moore et Jim O’Rourke) ou Jazzkammer/Jazkamer (d’ailleurs tout sauf un groupe de jazz). Un joli label arty qui sort des disques soignés sur des musiques conceptuelles et/ou improvisées, le genre de maison dont, en bon binoclard snob et ventru, je suis client. Clash n’est pourtant pas un objet très cérébral -pas comme Hydros 3, cet enregistrement de Sonic Youth avec Mats Gustafsson publié par le même label- mais ressemble plus à un après midi de répètes enregistrées au fur et à mesure et remontées plus tard afin de donner un disque. Le genre de facilité de procédé paraît il beaucoup trop courant dans le milieu des musiques improvisées et qui a largement concouru à son dénigrement systématique -comme si une bonne branlette cela ne s’improvisait pas, aussi.
Clash porte t-il bien son nom ? Est-ce le choc des titans annoncé ? Il est évident que oui, dès les douze minutes du premier titre (Rabbit Punch) et ce jusqu’à la fin du disque. Un disque pas réellement éprouvant, en dehors de toutes formalités rock (que ce soit punk ou noise) et qui ne se soucie guère des questions de progressions ou de structures mais qui possède son lot de passages de bravoure bruitiste alternés avec des accalmies retentissantes de gratouillis divers et de tergiversations. Quand ça part, ça part pour de bon, après libre à chacun de penser si cela décolle réellement ou pas, ici on pense bien que cela ne fait aucun doute, qu’il y a de la vie là dedans, du bouillonnement qui fait du bien tellement il secoue ce qu’il faut quand il faut là où il faut (désolé, aucune allusion scabreuse là dedans, j’ai déjà dit que Clash n’avait rien de rock). On imaginerait très bien Offonoff comme invité de luxe dans les festivals élitistes façon Musique Action de Vandoeuvre Lès Nancy ou dans les salons feutrés et cosy d’une fondation privée. De la musique free sans grande prétention pour poseurs qui eux en ont beaucoup trop.
[besoin de se faire une idée plus précise de ce disque ? cela tombe bien, voici une chronique qui dit exactement le contraire]