vendredi 12 septembre 2008

The Book Of Angels volume 11 : Zaebos























John Zorn continue de se payer des stars pour l’interprétation de son Masada Book Two : pour ce onzième (!) volume, ce n’est rien de moins que le trio Medeski, Martin & Wood a qui a été confié la réalisation de Zaebos -tous les disques de la série ont un nom de démon et celui-ci je l’aime bien, il a un corps de crocodile surmonté d’une tête humaine.
On ne présente plus les trois musiciens, réputés pour être les tenants d’un jazz moderne et décomplexé où le groove a une place prépondérante (le jeu très funk du bassiste/contrebassiste Billy Martin) et catapulté par un sens du rythme très dynamique. Un groupe comme New York en a engendré un petit paquet durant les années 90 avec l’explosion de la scène downtown. Il est vrai que Medeski, Martin & Wood c’est avant tout l’infaillibilité ou presque de sa section rythmique. Mais il ne faut pas oublier non plus le goût immodéré de John Medeski pour l’orgue Hammond : c’est l’autre marque de fabrique du trio.
Une marque de fabrique un peu encombrante (qui peut encore s’intéresser à un type d’orgue aux tonalités aussi limitées ?) que ne parvient pas à faire oublier l’adjonction de quelques effets (comme ici sur Sefrial) ou des titres interprétés au piano (Rifion qui prouve qu’il ne suffit pas d’appuyer sur les touches d’un piano pour réussir à en sortir quelque chose d’intéressant). Malgré la fantaisie de bon aloi, malgré les gadgets et le surlignage, Medeski, Martin & Wood arrivent parfois à dépasser le stade du groupe de jazz branchouille et vaguement rock’n’roll pour amateurs d’avant-garde de salon -mais franchement : il y a plus d’inventivité et surtout de modernité dans n’importe quel disque de Duke Ellington que chez le trio new-yorkais.
On peut s’émerveiller de la dextérité du claviériste, on peut admirer la puissance rythmique (on a même presque mal aux doigts pour le contrebassiste au moment de l’introduction de Vianuel), on peut trouver les mélodies jolies et enlevées mais donc on s’emmerde, on s’emmerde comme jamais ou plutôt on s’emmerde comme lorsque gamin on devait supporter les disques de jazz de papa diffusés à fond sur l’électrophone familial et que l’on se jurait que jamais ô grand jamais on ne ferait soi-même endurer une telle chose à autrui. Dont acte : à la poubelle ou bien réservé à la prochaine visite de courtoisie de voisins trop encombrants, histoire de briller comme un intellectuel de gauche qui se respecte.