Mais pourquoi The Dead Science, trio originaire de Seattle, est il si souvent affilié à Xiu Xiu ? Sûrement à cause de la façon de chanter de Sam Mickens ainsi que pour sa participation dans le passé au groupe de Jamie Stewart (le bassiste Jherek Bischoff ayant également été de la partie). Et ce n’est pas avec ce dernier album en date que les choses vont s’arranger. Curieusement, Villainaire a été publié par Constellation et si je dis curieusement c’est uniquement parce que cette nouvelle parution ne colle pas à l’image habituelle du label de Montréal et confirme sa mue et sa volonté de passer à autre chose après les signatures de Vic Chessnut, Carla Bozulich ou la licence nord américaine de Tindersticks (!). Ce disque a été précédé d’un single qui comme tout single qui se respecte comporte un véritable inédit en face B -la joie des collectionneurs et des spéculateurs.
Contrairement aux enregistrements de Vic Chessnut et de Carla Bozulich pour le label, Villainaire a échappé à la direction artistique trop facilement identifiable de Constellation : pas de sessions dans les studios maison (le fameux Hotel2tango), pas la moindre trace d’un gratouillis d’Efrim, pas la moindre tentation post rock pour cathédrale engloutie ni apocalypse de guitares en mal de signification. The Dead Science est resté maître en sa demeure et c’est le bassiste Jherek Bischoff qui s’est plus particulièrement occupé de la production du disque. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun invité sur Villainaire, bien au contraire : on remarque même la présence de Katrina Ford (cette espèce de folasse qui braillait il y a si longtemps dans Jaks et qui maintenant couine avec les insipides Celebration) même si on a du mal à l’entendre, ce qui n’est pas plus mal.
En partie à cause de l’intro du premier titre, assez énorme question kitsch -pensez donc, de la harpe comme dans la bande son d’un conte de fées avec plein de fleurs qui chantent en chœur et des oiseaux couturiers qui gazouillent- mais aussi grâce aux arrangements de cordes luxuriants qui ornent quelques titres de l’album (il y a des cuivres -synthétiques- aussi), Villainaire est un album relativement chargé et complexement arrangé. The Dead Science s’est au cours des années éloigné de la sécheresse émotive de ses premiers enregistrements mais parmi les quelques envolées lyrico-grandiloquentes (Sword Cane) ou une tentative de faire une chanson avec un refrain parfait (dans le sens où les Smiths l’entendaient : Make Mine Marvel), le style expressivement maniéré et précieux du groupe est fort heureusement préservé dans ses grandes lignes. Un peu moins de pureté sans doute, moins de fragilité surtout, moins de sensualité et moins de venin, moins d’envie de se brûler les ailes en se frottant de trop près au soleil de The Dead Science, un empâtement certain diront les indécrottables… seule réelle faute de goût : les arrangements synthétiques du dernier titre, Clemency, qui gâchent vraiment tout. Mais rien que l’écoute des époustouflants et tubesques Throne Of Blood et Death Duel Productions ou du plus intimiste Holliston balaie ce genre de réticences.