mardi 9 septembre 2008

Racebannon / Acid Or Blood























Je crois que ce qui déplait le plus aux détracteurs de Racebannon dans la musique du groupe, c’est le bavardage. Et Acid Or Blood, ce quatrième album tant attendu, n’en démord pas : Mike Anderson a un timbre et une façon de chanter que l’on peut juger irritante, une grande gueule quoi, et surtout il l'ouvre sur 95% du disque. Racebannon ne va donc pas convertir d’adeptes supplémentaires avec cette nouvelle livraison marquée de l’habituel pentagramme (ça c’est toujours une preuve de bon goût) et d’un concept vaguement sanglant. Pourtant voilà bien un disque de noise perturbée comme on aimerait en écouter beaucoup plus souvent.
Mais revenons donc à la genèse d’Acid Or Blood : son prédécesseur, le génial Satan’s Kickin’ Yr Dick In, est déjà une vieillerie puisque il date de 2002… entre temps il aura fallu se contenter d’une compilation de singles et d’inédits (The Inevitable : Singles And Rarities 1997 - 2005 chez Alone records), un disque à se procurer d’urgence comme tous les autres du groupe, ne serait ce que pour cette reprise incandescente de Death Valley 69 avec ce sacré Mickey à la fois dans le rôle de Thurston Moore et de Lydia Lunch. Autre solution pour s’étourdir les esgourdes : jeter son dévolu sur Rapider Than Horsepower, l’autre groupe du chanteur. Mais là c’est aussi peine perdue puisque contrairement à ce que pourrait faire penser le patronyme du groupe, Rapider Than Horsepower n’a rien d’un étalon lancé au grand galop dans les pleines luxuriantes de la production discographique, n’ayant rien publié non plus depuis des lustres.
C’est donc peu dire qu’Acid Or Blood et sa pochette à mi chemin entre Un Chien Andalou et Re-animator était impatiemment attendu ici. Les titres qui composent ce disque sont déjà anciens, maintes fois joués en concert (mais lorsqu’on n’a jamais vu le groupe live, comme moi, on s’en fout), à tel point qu’un nouvel album serait déjà complètement prêt -composé, enregistré et tout- et qu’un autre serait également en préparation. Pas mal quand même pour des losers et des branleurs. On peut dire qu’au moins ils ne se découragent pas. Comme beaucoup d’albums trop longtemps attendus, celui-ci déçoit aux premières écoutes. Racebannon, on connaît par coeur -les entrelacs à la fois noise et métalliques des guitares, le débit en tranches de la rythmique, le chant possédé et maniéré, les déflagrations psychotiques, les accélérations impromptues, les répétitions malsaines- alors puisque sur Acid Or Blood on retrouve tout ça, on le prend d’une oreille d’abord bienveillante (comme lorsque tu as rendez-vous à la terrasse d’un café avec un vieux pote oublié et que tu l’écoutes en buvant une bonne bière bien fraîche en t’apercevant que vous n’avez plus rien du tout à vous dire) avant de réagir enfin positivement à tout ce bordel de saturation. On renoue alors avec un certain bonheur avec notre Racebannon, celui que bien sûr on a toujours aimé et par voie de conséquence il faut bien accepter le fait que pour sceller des retrouvailles avec un vieux pote perdu de vue il faut tout de suite oublier la bière et passer directement à la case gros raide.
Un regret toutefois : Acid Or Blood a tendance à finir en queue de poisson, presque en s’étoilant, d’abord avec cette reprise complètement inutile de Bella Ciao (l’hymne antifasciste réapproprié par les alter mondialistes qui mangent du tofu bio éthique et pensent que Manu Tchao est un leader politique) et un ghost track sans aucun intérêt qui heureusement donne suffisamment de frustration pour remettre le disque du départ mais n’en distille pas assez pour nous dégoûter du groupe. Racebannon s’y connaît parfaitement en hameçonnage, mais qu’y a-t-il donc dans cette putain de seringue ? Je n’en sais rien, espérons juste que le prochain album ne mettra pas six années avant d’être à son tour publié.