dimanche 6 mai 2007

Il faut choisir (et j’ai choisi)

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Hasard du calendrier et situation banale pour l’amateur moyen de musique en proie au doute et à l’incertitude : deux concerts se disputent la soirée du 11 mai, il y a pire comme situation désespérée je le sais mais il va falloir choisir entre Phazm et les Molecules, entre un jeune groupe français biberonné à Motörhead (ils prétendent jouer du rock sudiste en version death metal ce qui revient un peu au même) et un vieux groupe américain emmené par l’infatigable Ron Anderson, donc choisir entre un groupe encore jamais vu mais dont l’occasion se représentera sûrement bientôt et un vieux groupe pas vu depuis très longtemps…
Pour tout dire je pensais que les Molecules étaient en stand-by depuis/pour une durée indéterminée, seulement deux ou trois rumeurs non vérifiées établissaient que Ron et sa petite bande faisaient des concerts pour rire de temps à autres, un groupe de rock pratiquant l’improvisation libre et lorgnant vers le free peut bien se permettre n’importe quoi y compris de ne rien faire du tout surtout que le chef de la bande a toujours multiplié les projets, Rat A Rat R, Happy New Year (avec le saxophoniste 99 Hooker), RonRuins (avec les Ruins) ou Pak. Encore un gars qui ne doit pas s’emmerder dans la vie.

















L’autoproduction et la démerde DIY étant de mise, Ron Anderson publie ses albums sur son propre label, sobrement et en toute modestie baptisé RA Sounds (mais on trouve aussi des disques chez Megaphone records ou chez Amanita) et Friends, le petit dernier des Molecules, regroupe des enregistrements réalisés entre 1997 et 1998 et jamais publiés ainsi qu’un DVD retraçant toutes les périodes du groupe -lesquelles sont à chaque fois caractérisées par l’arrivée d’un nouveau bassiste- et offrant de bonnes images de la stupidité revendiquée par nos olibrius de service : le son est souvent mauvais mais l’humour bête est toujours là (Hello we’re the Molecules and we’ll start by the begining). Le seul truc réellement japonais des Molecules a justement été leur bassiste Ryo (aux alentours de 1995 et pour l’excellent album No-Fi) mais pourtant on s’y croirait, ces américains doivent avoir les yeux bridés à l’intérieur pour réussir à pratiquer le rock avec une telle ferveur destructrice et obtenir un résultat nippon ni mauvais. Je concède que ce Friends est un peu long, peut être 29 titres pour presque 70 minutes pour le CD, et que la lassitude est malheureusement la petite sœur chimique des Molecules -sans l’euphorie de la mise en condition donnée par le concert tout ça peut effectivement se révéler fatiguant mais cela tombe bien, puisque le concert c’est pour bientôt.

[La page audio de Ron Anderson/Molecules c’est par là et je rajoute ce titre enregistré avec mademoiselle Yasuko Onuki, chanteuse de Melt Banana. Parce que.]