mercredi 8 octobre 2008

Mars complete recordings
















C’est beau les rééditions, c’est peut être un sacré bizness mais dans le cas qui nous occupe, il serait difficile de s’en passer : pas moins de trois labels se sont associés pour rendre à nouveau disponible l’intégralité des enregistrements studio de Mars. Spooky Sounds, G3G records (le label de Marc Cunningham, guitariste du groupe aujourd’hui reconverti dans la trompette et la musique ambient) ainsi que No More Records (au passage déjà responsable d’une excellente anthologie consacré à DNA) viennent de republier en version CD le joli vinyle qu’Important records avait lâché dans la nature en 2005. Mis à part la qualité du support, il y a la couleur de la pochette -ou du livret- qui a changé : du doré on est passé au bleu avec un curieux effet brillant. L’édition Important est épuisée depuis des lustres, était limitée à mille exemplaires numérotés à la main, le bonheur absolu des geeks. A noter que ces deux éditions récentes ne sont pas les premières à avoir tenter de reprendre l’intégralité de la discographie squelettique de Mars puisque dès 1986 le label Widowspeak de Lydia Lunch avait déjà fait tout le boulot sous l’appellation 78 (réédition CD dix ans plus tard chez Atavistic) mais il existe deux différences dans le tracklisting. N’ayant jamais pu mettre la main sur cette première version de 1986, je ne saurais affirmer si Cats et Cairo sont les mêmes chansons que N.N.End et Scorn ou pas. Je pense que non.





















Pour en revenir à notre sujet d’étude, il existe encore une autre différence de taille entre la version Important et la dernière édition : sur le vinyle il est simplement écrit dedicated to Summer Crane (1947-2003) alors que malheureusement sur la version CD on peut lire en plus and dedicated to Nancy Arlen (1949-2006) -la vie, cette grosse salope comme dirait l’autre. Les deux éditions ont exactement les mêmes illustrations et les mêmes notes, signées entre autres par Lydia Lunch, qui était très bien placée pour le faire puisqu’elle a vécu tout le truc en direct : Mars unleashed a choking cacophony illustrating the body as machine in disrepair fuelled by the impending repulsion and disintegration of a perverse romance with own’s demons [on la reconnaît bien là, non ?].
A carrière (?) météorite, discographie limitée. The Complete Studio Recordings regroupe un single, un EP et les quatre titres parus sur la compilation No New York, ce qui nous fait un total de onze titres et de trente minutes -ce sera tout ma bonne dame ? Pas du tout. Des quatre formations figurant sur la compilation susnommé, Mars est celle qui est le moins passée à la postérité, celle dont aucune figure emblématique n’a émergé (pas de Lydia Lunch, d’Arto Lindsay, d’Ikue Mori ou de James Chance). Pourtant c’est celle dont l’héritage musical est le plus évident. D’accord, la musique de Mars ressemble le plus souvent à un raclement strident, à un frottement de deux plaques métalliques rouillées entre elles, la rythmique est martelée, la basse joue à côté, les guitares égrainent du fil barbelé, le chant est maladroit et atonal mais contrairement à Teenage Jesus, les Contorsions ou DNA, Mars est le groupe dont la musique ressemblait le plus à du rock. On peut même dire qu’une bonne partie de ce qu’à pondu Sonic Youth entre Confusion Is Sex et Sister est en germe dans ces onze titres maladifs et bruyants. Il faut bien sûr concéder que tout descend en droite ligne du Velvet Underground (de European Son à White Light/White Heat). Le chaînon manquant, quoi. Le hit absolu c’est bien évidemment Helen Fordsdale -que l’on peut écouter sur le monospace officiel (?) du groupe…- sorte d’hymne déglingué et dissonant qui réussit l’exploit de rester en tête, même si ça fait mal.