vendredi 24 octobre 2008

Affichage libre à Lyon : l'absurdité, plus que jamais























Rien de tel que d’assister à une audience d’un tribunal de proximité pour compenser l’absence de la télévision dans une vie morne et sans divertissement bêtifiant : temps de cerveau disponible à son maximum et grosse envie de rire à plusieurs reprises -comment résister à ces histoires de feux rouges grillés (mais monsieur le président, mon client ne se souvient même pas d’avoir été verbalisé) ou à celle de la patronne d’une boite à gros bœufs locale, accusée d’avoir vendu de la gnôle un samedi soir à un gamin déjà saoul (ma cliente au contraire fait de la prévention deux fois par semaine avec les pompiers). Je reconnais que c’est plus facile de rire ou de hausser les épaules d’incompréhension face à ces tranches de vie lorsque on n’est absolument pas concerné par elles et surtout lorsqu’on ne sera pas le prochain accusé appelé à la barre.
Le convoqué de jour : Pierre zozzal, organisateur de concerts bien connu, c’est à lui que l’on doit le passage quasi semestriel d’Enablers dans cette ville, c’est lui aussi qui nous a gratifié d’un Saviours/Black Cobra d’anthologie au mois de mai dernier et c’est encore grâce à lui que nous pourrons assister à un concert de Nadja à Lyon le mois prochain (uniquement deux dates en France, avec une autre à Metz). Un garçon aussi important que modeste, pas comme moi qui ne suis qu’un prétentieux m’as-tu-vu et profiteur -chacun son truc.
Les arguments du ministère public ont changé depuis le procès du Sonic. Il n’est plus vraiment question d’infraction au code de l’environnement (qui de toutes façons est caduque tant que la municipalité ne respectera pas la superficie légale de panneaux d’affichage libre par habitant) mais l’accusation invoque une infraction en rapport avec l’apposition d’une affiche sur un mur sans l’autorisation écrite du propriétaire.
Toujours très en forme, l’avocat du comité lyonnais pour l’affichage libre reparle du cas Barbe à Pop et de son verdict hallucinant, ironisant sur la décision du juge (pas le même que celui d’aujourd’hui, qui avait lui relaxé le Sonic) stipulant que l’association n’était pas à but non lucratif puisque elle organisait des concerts payants -nous avons fait appel, cela ne sera malheureusement pas jugé avant juin 2009 mais si cette décision est confirmée vous pensez bien monsieur le président que l’on va en parler dans toutes les gazettes judiciaires. Une décision jugée sûrement trop hasardeuse après coup, ce qui explique (toujours selon l’avocat) le changement de tactique du ministère public trop bien conscient de la bévue.
Je passe sur les arguments proprement juridiques qui font dire à l’avocat qu’il y a vice de procédure dans le cas de Pierre zozzal : le plus important est que celui-ci ne reconnaît pas avoir collé les affiches incriminées -l’argument c’est que m’importe qui peut se les procurer sur internet puis les coller s’il le souhaite, moi par exemple, haha- et que l’on ne peut pas faire la preuve qu’il ait réellement commis l’infraction, selon les termes de l’accusation. La relaxe est donc logiquement demandée. Visiblement très gêné par la précédente décision de l’autre juge dans l’affaire Barbe à Pop et alerté de la proximité de deux prochains cas (le 6 et le 13 novembre seront jugées deux autres associations), le juge a mis sa décision en délibéré, également ébranlé par les arguments de l’avocat et les incohérences -je reste poli- du ministère public. On croise les doigts très fort.