dimanche 5 octobre 2008

Slimewave Goregrind Series


Relapse toujours et encore avec une compilation, Slimewave Goregrind Series, qui regroupe douze formations de metal -euh- extrême et pas des moindres, rien que l’énumération des noms des groupes est un véritable festival de l’horreur : Antigama (de Varsovie, remarquez au passage la pertinence du slogan que le groupe a mis en exergue de son MySpace), Bathtub Shitter (Japon), Cripple Bastards (Italie), Inhume (Hollande), Japanische Kampfhoerspiele (Allemagne), Machetazo (Espagne), Mumakil (Suisse), Rot (Brésil), Sublime Cadaveric Decomposition (France), Throat Plunger (U.S.), Total Fucking Destruction (U.S.), XXX Maniak (U.S.) -de quoi ? aucun groupe scandinave ? c’est un peu la honte…
On l’aura compris, nous avons ici affaire à l’internationale du grind core et cette compilation regroupe l’intégralité de six split singles publiés par Relapse mais pour appâter le chaland et donner un surplus d’intérêt à cette édition, il y a des titres supplémentaires en bonus. L’illustration du livret est composée des six illustrations initiales et est d’une laideur et d’un saignant plutôt raté, dans le genre et en aussi catastrophique je ne vois que la pochette d’un célèbre split single regroupant Unsane et Hint chez Pandemonium records, pochette censurée en son temps. L’artwork de Slimewave Goregrind Series -intitulé Infant Alien Autopsy- est signé Mike Hrubovcak, un gars qui est très loin d’en être à son coup d’essai et dont le style est immédiatement reconnaissable.
Mais revenons à nos petits gore boys. L’adage qui dit que plus c’est rapide, violent, bruyant, hurlé (en un mot extrême, comme le disent si bien les connaisseurs) plus ce doit être de courte durée si on ne veut pas risquer d’emmerder le monde, cet adage donc s’applique parfaitement à quasiment tous ces groupes et c’est pourquoi l’idée d’une série de split singles était la bonne : pas le temps de courir se réfugier dans le placard de la cuisine que le massacre a déjà commencé et surtout pas le moindre risque d’écoeurement et de renvoi de tripes à l’horizon -deux faces d’un 45 tours ça se digère toujours sans aucun problème de sucs gastriques et puis un single c’est toujours rigolo à collectionner, même lorsque la pochette est moche.
Alors voilà. Cet humour potache, pervers, saignant, parfois imbécile ou horripilant peut il passer la barre d’un long format comme celui d’un CD de 68 minutes ? Les groupes tirent ils tous leur épingle du jeu à être ainsi compressés sur une rondelle de douze centimètres qui ne va leur laisser aucune chance ? On recommence l’énumération pour répondre à toutes ces questions cruciales.






















Antigama, l’entrée en matière du disque est on ne peut plus classique et calibrée, ça blaste carré, ça hurle dans le broyeur puis ça growle velu et ça riffe tranchant. A noter un chant pas vraiment clair mais disons plus nuancé qui apparaît sur le troisième titre, Men’s Room, qui en devient d’autant plus étrange sur la fin. Bathtub Shitter ne propose qu’un seul titre mais celui-ci est un festival de clichés et de pompages en tous genres assemblés avec une dextérité hallucinante, Bathtub Shitter est japonais et comme 99 % des groupes japonais tous styles confondus il aime parodier à l’excès. On a même droit au milieu des cris de Speedy Gonzales à un passage funky qui fait bien rire. Cripple Bastards avec sa discographie déjà pléthorique fait partie des anciens de Slimewave Goregrind Series, le groupe ici ne déroge pas à la règle et ses fans seront comblés -du grind comme celui que papa écoutait déjà mais l’un des meilleurs groupes du disque. Inhume a le malheur de passer après et c’est vrai que la production est limite, le riffage sans originalité, comme tout le reste. La voix gargouille convenablement dans les basses. Pour les amateurs d’obscurantisme. Japanische Kampfhoerspiele est un groupe allemand, donc, avec un son très sec et un chant parodique un peu énervant. Sympathique mais incapable de rendre réellement intéressantes les idées beaucoup trop nombreuses qui fourmillent sur chacun des titres proposés. Machetazo : en Espagne aussi on fait du grind et du death, ce groupe est relativement ancien, sa musique n’en est pas moins plate et convenue. Vous avez déjà écouté les vrais Napalm Death ? On passe.
Nous voilà arrivé à la deuxième moitié de ce CD. Une certaine fatigue fait son apparition, il reste une bonne demi heure et six autres groupes à enquiller. On continue quand même ?
Mumakil
c’est du bon, du rapide et du lourd. Les titres des morceaux me ravissent (Cloning The Pope par exemple) et tout ça dépasse à peine la minute. Même pas le temps de s’emmerder ni de se couper les ongles des doigts de pieds. Il y a des groupes de metal au brézil, si si, maintenant j’en connais au moins un : Rot et sa version très crust et très hard core d’un grind énergique est malheureusement desservi par un son très limité. Avec un nom tel que Sublime Cadaveric Decomposition on sait déjà à quoi s’attendre. Les vétérans français du style ne déçoivent pas plus qu’ils ne convainquent, c’est du fifty fifty et la fatigue due à une trop longue écoute commence réellement à se faire sentir. On passe rapidement sur Throat Plunger, apparemment un one man band avec une boite à rythmes horrible (n’est pas Agoraphobic Nosebleed qui veut) et un côté horrifique/cartoon qui passe mal. Total Fucking Destruction prend la relève et, ce n’est pas une surprise, le groupe de Rick Hoax est de loin le meilleur de cette compilation. Le troisième album est attendu sous peu et avec une impatience grandissante. On termine avec XXX Maniak et ses paroles porno (Baby’s First Dick), rien à dire de plus là-dessus, autant écouter un disque de GG Allin si on a soif de littérature et de traits d’esprit. Conclusion : une compilation aussi inégale et intéressante que la moyenne des compilations mais disponible à un prix attractif…