Carsten Nicolai (aka Alva Noto) n’est pas à proprement parler le musicien de musique électronique qui a révolutionné les constructions digitales à base de clics, de cuts ou de trucmuches (ses premiers travaux sur le défunt label Mille Plateaux sont largement inspirés et postérieurs à ceux d’un Ryoji Ikeda) mais il a grandement contribué à une plus large diffusion d’une musique électronique algorithmique et ascétique, notamment via son propre label, Raster-Noton, sur lequel on retrouve nombre de musiciens se situant exactement dans la même mouvance, le glitch c’est chic, et se ressemblant tous un peu trop les uns les autres : Byetone, Signal, Senking, Alva Noto en personne, Ikeda dans le rôle de la figure tutélaire… Coh (alias Ivan Pavlov) ou, dans un genre très différent, Hervé Boghossian restant eux un peu à part.
Spécialiste des objets luxieux et limités, Raster-Noton, a rapidement marqué des signes d’essoufflement, essentiellement dus à des difficultés -ou un refus ?- de se renouveler, ne serait-ce qu’un peu. Ce n’est pas le seul genre musical (et de très loin !) qui n’arrive plus à se régénérer mais le côté humain/organique en étant totalement absent, cela devient vite rédhibitoire. Rabâcher un concept musical ad vitam ne sert à rien lorsque le résultat obtenu ne débouche que sur un artefact mécanique, devenant ainsi une pièce de collection pour musée.
Spécialiste des objets luxieux et limités, Raster-Noton, a rapidement marqué des signes d’essoufflement, essentiellement dus à des difficultés -ou un refus ?- de se renouveler, ne serait-ce qu’un peu. Ce n’est pas le seul genre musical (et de très loin !) qui n’arrive plus à se régénérer mais le côté humain/organique en étant totalement absent, cela devient vite rédhibitoire. Rabâcher un concept musical ad vitam ne sert à rien lorsque le résultat obtenu ne débouche que sur un artefact mécanique, devenant ainsi une pièce de collection pour musée.
De manière emblématique, Dataplex, l’album que Ryoji Ikeda a publié en 2005 chez Raster-Noton, et même s’il reste franchement au dessus du lot, n’est qu’un bel exercice de statique musicale, c’est réussi mais c’est aussi lassant. Maître des lieux, Carsten Nicolai n’a pas fait mieux en publiant en 2006 un album très ambient bourré jusqu’à la gueule de samples glanés ici ou là dans un aéroport japonais ou un hôtel parisien, des samples rendus méconnaissables -il faut vraiment le savoir, l’avoir lu dans le livret, pour pouvoir le dire- et surtout accompagnés de nappes synthétiques d’un effet tout simplement déplorable. Un mauvais disque dès que le spectre de ces sonorités (mais comment Alva Noto les a-t-il obtnues ?!!) prennent le dessus sur les claquements et les frottements digitaux, ce qui malheureusement arrive beaucoup trop souvent.
2007 a vu la publication d’un nouveau disque sans titre de Carsten Nicolai, sous le nom d’Aleph-1 et sur le label Ideal recordings. On ne pouvait qu’espérer un sursaut de la part du musicien et, abracadabra, c’est effectivement le cas. Une similitude des pochettes pouvait faire craindre le pire mais non. Aleph-1 est un album à peine moins ambient que Xerrox, à peine plus saccadé bien qu’il fasse la part belle à des micro rythmiques. Les sonorités employées sont plutôt douces, chaudes (on pense souvent à la résonance du bois) tandis que les clics se font discrets voire sont comme étouffés dans un nuage cotonneux. Les huit plages sans titre du disque dévient très lentement, très doucement, l’effet est un peu celui d’une boite à musique qui se dérèglerait peu à peu, c’est flagrant sur le quatrième et le septième -et meilleur- titres du disque. Bizarrement il s’agit justement d’un enregistrement prenant en compte l’humanité de ses auditeurs : un disque d’accompagnement, d’endormissement (dans le bon sens du terme), un disque qui raconte et qui se raconte. C’est une grande première pour le chirurgien numérique Nicolai, c’est aussi un doux plaisir.