dimanche 13 avril 2008

Birthday Party (part two)


Deuxième soir. Pendant longtemps l’équipe du Sonic a été indécise : qui faire jouer en première partie de Cheer Accident ? Lorsque la réponse est tombée, elle a pris la forme d’une très bonne nouvelle puisque Deborah Kant est l’un des meilleurs groupes de la scène local, pas encore très connu mais venant juste de publier un premier album prometteur (on en reparle bientôt) et dont les prestations scéniques sont toujours à la hauteur, alliage bruit/mélodie. S’il faut chercher quelque part c’est du côté du Daydream Nation de Sonic Youth et de Deity Guns époque Stroboscopy.
Les quatre garçons investissent la scène, ils utilisent toujours le même dispositif : le guitariste blondinet (qui chante également) à gauche, l’autre guitariste -celui qui aime bien se mettre à quatre pattes avec son instrument pour mieux nous torturer les oreilles- à droite et le bassiste, qui joue exclusivement aux doigts, au centre (parce que c’est lui le chef ?). Il y a peut être des défauts dans la musique de Deborah Kant, la voix parfois mal placée, des breaks qui pédalent dans la semoule mais il n’y a aucun temps morts. Les morceaux sont longs, parfois très longs même, et c’est tout l’intérêt, les digressions noisy qui partent en vrille, comme un bouillonnement psychédélique (celui qu’arrive très bien à reproduire Kinski par exemple) avant de retomber dans le bruit pur, les oreille qui font mal et les culottes qui se mouillent.
Malgré un public un peu froid -on va dire pas encore tout à fait réchauffé- Deborah Kant poursuit son set, les accroches des titres fonctionnent de façon somptueuse, la rythmique est souple et coulante (les doigts je vous dis…), les dérapages sont excellents. Au moment du final, le guitariste de droite (préposé à la section guitarorist) en fait un peu moins que d’habitude, n’essaie pas de copuler avec son ampli mais lui envoie quand même quelques beignes bien placées qui donnent le frisson. En espérant de ne pas avoir à attendre aussi longtemps que la dernière fois pour revoir le groupe.



















Pendant que 95% du public est sorti dehors pour se regoudronner les poumons et que Thymme Jones coincé au stand de marchandising de Cheer Accident a visiblement fort à faire avec deux vieux nerds à lunettes visiblement de la race des cédévores avides de conseils d’achat, un petit barbu s’installe sur la scène, il s’assoie sur une chaise pour pleurer, bientôt rejoint par un grand gaillard qui empoigne sa guitare. Puis Thymme Jones retrouve ses deux compères, explique que c’est la première fois que Cheer Accident vient en Europe, que malheureusement le groupe ne dispose pas de piano sur scène bien qu’il en ait réellement besoin alors il brandit un vieux poste à cassettes pour s’accompagner et interpréter l’une des trop nombreuses ballades qui composent le répertoire (surtout le plus récent) de Cheer Accident et dont je ne suis absolument pas friand. J’ai devant moi deux barbus et un déménageur qui se prennent pour les Beach Boys. Et j’attends patiemment que cette introduction en forme d’hommage appuyé et régressif à Robert Wyatt cesse.



















Qu’il n’y ait pas de piano sur scène est donc une bonne chose : on va ainsi peut être avoir droit au côté le plus rock (dans le sens guitare du terme) du groupe. Par contre je ne vois pas Todd Rittmann… Où est donc passé Todd Rittmann ? Visiblement l’ancien guitariste de U.S. Maple n’a pas fait le déplacement et c’est une déception. Mais dès que Thymme Jones lâche son poste à cassettes et sa trompette pour s’installer derrière la batterie on comprend mieux pourquoi le monsieur avait été engagé par Jim O’Rourke pour tenir ce même rôle au sein de Brise Glace. Le genre de classe d’un Charles Hayward.
Les voix me défrisent souvent dans Cheer Accident, ou plutôt les lignes de chant. Je fais abstraction. La basse ne m’enchante guère non plus et elle est tenue par le nain pleurnichard de tout à l’heure -Atchoum ? Mais le pire est le son du guitariste, qui devient vite insupportable d’autant plus qu’il est au service de compositions dynamiques mais alambiquées et tortueuses, flirtant avec un jazz rock pas très avenant. Un improbable croisement entre Victims Family (si si…) et Matching Mole (encore Robert Wyatt). Un titre de Cheer Accident, même avec l’option grosse guitare, est toujours une boite de pandore avec autant de tiroirs que nécessaires pour contenir toutes les idées bouillonnantes issues d’un cerveau hyperactif et malade. Aux plans littéralement stupéfiants de bonheur succède l’agacement, ou au mieux l’incompréhension. Je finis par me dégager du devant de la scène, écoute de loin, attend encore pendant un titre ou deux avant de sortir prendre l’air (goudron inside). Même un passage hyper répétitif dans la lignée de Brise Glace et que j’écoute désabusé ne me fait pas revenir. C’est promis, juré, craché : je vais me raser la barbe.