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C’est lorsque le guitariste Anders Hana a rejoint les rangs de Noxagt pour le troisième album sans titre des norvégiens que j’ai appris qu’il jouait dans un autre groupe, tout aussi passionnant, Ultralyd. Mais il y a bien mieux que ça : ce jeune blondinet et Morten J. Olsen (également batteur des susmentionnés d’Ultralyd) forment un duo de musique improvisée qui défie toute concurrence. Moha! est le genre de chose qui n’arrive désormais que très rarement dans les arènes de l’impro : on est à l’opposé des facilités de la musique ambient à base de surnappage de drones et fréquences lentes, la grosse mode actuelle, tout comme on est très loin d’un certain académisme qui, mélangeant improvisation et rock/jazz/funk, a du mal à s’affranchir des codes d’une musique préexistante, un exemple de ce genre d’impasse avec Asmodeus, l’album que le trio Ribot/Dunn/Weston a enregistré pour John Zorn dans la série Book Of Angels. C’est peut être un peu facile comme moyen de situer le degré d’excellence de Moha! et peut être un peu dur comme jugement à l’égard des vieux routards mais à l’heure actuelle il n’y a pas tant de formations que ça qui sachent à la fois faire du barouf et improviser sans que cela ressemble à une vieille chaussette trouée ne tenant que par le miracle de sa crasse.
Peut être que l’ambition de ces deux mecs est de devenir des fonctionnaires de la musique, parcourant le monde de festivals subventionnés en résidences d’artistes et caressant bien droit dans leurs slips un énième concept de musique improvisée mais pour l’instant tout ce qu’ils font c’est défourailler avec fraîcheur et instinct selon leurs envies. Des deux albums de Moha! publiés chez Rune Grammofon je ne connais que le dernier mais celui-ci a amplement suffit à me convaincre que ce groupe ne plaisante pas dès qu’il s’agit de faire quelque chose d’essentiel tout en sachant garder une certaine légèreté qui fait toute la différence : pas de prise de tête ni d’intentions évidemment conceptualisées. Oui ça joue bien, éventuellement ça aurait même pu être carré et résolument efficient mais non : toute structure est consciencieusement balayée sur les seize titres (courts) de ce disque qui donc rompt avec la monotonie habituelle des pratiques improvisées et ne s’embarrasse pas de bavardages progressifs. Le guitariste joue également du casio, le batteur pratiquerait le supercollider 3 (mais qu’est ce que c’est que ce truc mis à part un programme ou un protocole informatique ?) et tous les deux s’en vont main dans la main jouer aux billes dans la cour des grands singes. A noter que Moha! fait également partie d’un pseudo collectif (?) regroupant nombre de groupes qui me sont totalement inconnus, collectif dont je n’ai donc pas fini d’explorer tous les recoins. On y trouve également quelques mp3.