samedi 5 janvier 2008

A Journey Through Roman's Empire

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La première chose que je me suis dite à propos du dernier album d’Athletic Automaton c’est ouais, il ne faut pas chercher à comprendre. Généralement, un riff unique tournant et tournant encore jusqu’à l’écoeurement, une batterie minimale et ultra répétitive et deux tonnes d’effets venant polluer le son de la guitare. Tout à fond, le plaisir de fracasser les oreilles. Comme une performance physique (au choix, le sprint de deux minutes ou l’endurance jusqu’à seize), d’ailleurs les deux gugusses derrière tout ça ne sont ils pas sur scène habillés en sportifs ? Football ou basket? Aucun des deux. Je hais le sport, moins il est vrai que ces branleurs de supporters, lesquels en général me le rendent bien donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En fait, je préfère le jardinage, uniquement par snobisme.
Athletic Automaton était pourtant responsable des rares moments intéressants d’un split album partagé avec Aids Wolf, un disque paru lui aussi sur Skin Graft. C’est dans un long moment de désoeuvrement et de solitude de fin/début d’année que j’ai remis A Journey Through Roman's Empire sur la platine. Il était temps de répondre à toutes les questions existentielles qui me taraudent toujours à cette période : est ce que je vais garder ce disque ? Et celui-là ? Peut être celui-ci ? Est donc venu le tour de réécouter l’album d’ Athletic Automaton. La description ci-dessus de la musique du duo de Providence est toujours valable. Je veux juste bien admettre que sur certains titres il y a parfois deux riffs différents mais c’est tout. Je veux bien admettre aussi que le sport c’est bon pour la santé mais je m’en fous.























Cette réécoute a été bénéfique. Après une bonne période de pourrissement et d’oubli, A Journey Through Roman's Empire a donc réapparu à la surface de mon inconscient. C’est mon étoile du berger à moi et ce disque avait uniquement besoin d’attendre son heure, sapant en douce mes réticences, pénétrant mon esprit embué par des vagues de vibrations noyées à la fuzz et au delay. Maintenant il a même un fort arrière-goût de reviens-y. La seule question que je me pose alors est la suivante : un disque tel que celui-ci, reposant uniquement ou presque sur du second degré (car la stupidité musicale n’est qu’apparente), est il réussi dès lors que ce même second degré n’est pas évident aux premières écoutes ? Ou alors c’est moi qui me fait trop vieux pour la gaudriole sonique et la saturation des sens ? (les questions existentielles de fin d’année je vous dis…). Je préfère ne pas y penser davantage et en conséquence remettre à l’année prochaine cette interrogation éminemment primordiale. En attendant Athletic Automaton est bien le rejeton le plus doué de l’après Arab On Radar (c’est de là que vient le guitariste), puisque Made In Mexico ne tient pas vraiment la route et que Chinese Stars ont plus que trébuché avec leur dernier album Listen To Your Left Brain.
Pour en revenir -quand même- au second degré de nos deux gladiateurs et en particulier à leur fascination cartoon (c’est l’effet Skingraft) pour les jeux du cirque, cela ne va tout de même pas très loin : un gimmick rigolo mais pas très signifiant pour servir d’accroche à une musique dont il faut bien admettre qu’elle doit être autrement plus impressionnante en concert -avec les cheveux collés par la transpiration, les auréoles sous les bras, les bières renversées sur le matos et deux douzaines de personnes tremblantes d’excitation pour tout public. C’est dorénavant souvent le même problème avec Skingraft : la forme prime sur le fond alors qu’auparavant Mark Fisher and C° avaient ce formidable mauvais goût pour le meilleur, découvrant et publiant des groupes essentiels tout en les emballant dans leurs délires de graphistes. A Journey Through Roman's Empire est tout de même la meilleure sortie du label depuis bien longtemps.