vendredi 4 janvier 2008

Agathe Max / Sonic Live

.
Ecouter Agathe Max à la maison, le cul confortablement calé dans un fauteuil à moumoute orange et les pieds posés sur la table basse au milieu des canettes de bières vides, est une toute autre expérience que celle de la voir en concert : celui là de disque, il a pourtant été enregistré lors d’une prestation au Sonic (à laquelle je n’ai pas assistée) mais la barrière est là, le recul plutôt, les écoutes successives, je remets le deuxième titre quatre fois de suite et je zappe le dernier avant de tout réécouter d’une traite… Je retrouve tout ce qui m’est familier -le violon bien sûr, les boucles, les apparitions/disparitions, les cassures, la saturation, les grincements, les dissonances- mais tout est finalement si différent.

















C’est là que je m’aperçois que si la musique d’Agathe Max est un véritable instantané à vivre en concert (la demoiselle n’hésite jamais à augmenter le volume sonore à un niveau tel que les oreilles du public s’en retrouvent foudroyées), elle a aussi un effet durable après. Et pendant très longtemps. A ce niveau, c’est Exhibition Factor qui se montre le plus envoûtant, jouant sur les textures avec finesse, oscillant doucement, délaissant le répétitif pour rejoindre quelque chose de beaucoup plus axé sur de subtiles changements de tonalité. Un titre que décidément je peux déguster à l’infini sans me lasser.
Juste auparavant (et c’est la longue entrée en matière de ce disque) il y a Inhibition Level, finalement de facture plus classique ou disons plus connue -on y croise l’ombre de quelques grands anciens tels Tony Conrad et John Cale- sans que cela soit préjudiciable : tout le talent d’Agathe Max n’est pas d’imiter ni de suivre aveuglément mais de trouver, avec un dispositif aussi simple que performant (delay et distorsion), d’autres voies pour la musique minimale et répétitive. Parmi celles-ci, la plus marquante est un dynamisme constant dans l’évolution des motifs, les boucles de violon empilées jouant toujours sur l’intensité (plus ou moins modulée selon les cas) et gagnant parfois en violence, une violence réelle, physique, ou s’effaçant sans que cette disparition ne semble due à un pur caprice. Certaines stridences (aux alentours de la treizième minute par exemple) noyées dans une marre d’écho sont réellement impressionnantes mais Agathe Max n’en abuse pas, dès la seizième minute elle est déjà passée à autre chose, de tout aussi prenant. On peut parler de musique d’allers et retours qui ne se répète pas.
Reste un dernier titre, Zolpiderm Per Brocard (?), enregistré à plusieurs et qui offre pour la fin un visage plus serein : du violon mais aussi de la basse et de la batterie, une porte de sortie et en douceur pour un disque exigeant et éprouvant mais toujours captivant.

Ce CDr noir est disponible auprès du label Angry Ballerina pour quatre euros port compris, il suffit de le demander (et s’il en reste, je conseille vivement la version avec pochette en papier doré).