Il va forcément y avoir un avant et un après Cosy Moments : pour son septième
album studio (sans compter les divers LP collaboratifs), KINSKI a revu les choses en grand. Un bon grand
coup de balai dans le bordel et une bonne séance de ménage dans les habitudes
du groupe de Seattle. Une façon de faire qui sent bon, au choix, le désir de se
renouveler enfin et l’envie de marquer le coup parce qu’on a peut-être peur
d’avoir été oublié – Down Below It’s Chaos, le précédent
album de Kinski date déjà de 2007 – ou au contraire la vieillesse prématurée et
un coup de mou certain.
Ici, le comité rédactionnel de 666rpm est en plein
doute : cet album n’est pas totalement décourageant, il serait même du
genre plutôt gentillet et agréable, accompagné d’un rayon de soleil et d’une
bière fraîche, mais on est également déçus. A l’unanimité. Kinski a-t-il eu
raison de revenir aux affaires ? Le groupe de Chris Martin a-t-il encore
deux ou trois trucs à nous dire et, désormais, à nous chanter et qui en valent
vraiment la peine ? Pas si sûr.
Le chant est ainsi au centre de Cosy Moments, du moins sur toute sa
première face, et voilà un album résolument basique voire simpliste et très
orienté pop/indie rock. Rien de mal à cela mais toutes celles et tous ceux qui
ont tremblé durablement en écoutant le génial Alpine Static (2005) ne retrouveront qu’à peine le Kinski qu’ils
ont aimé. Chris Martin avait déjà tenté l’exercice du chant – si si, cherche
bien dans la discographie de Kinski, il n’en est pas à son coup d’essai – mais
la musique de son groupe était avant tout instrumentale et surtout tenante d’un
psychédélisme explosif voire bruyant. Kinski faisait trembler les murs mais
désormais préfère faire ronfler le moteur – allez les gars, tout le monde dans
la bagnole, on va aller faire une petite virée le long du littoral et allumer
un feu de camp sur la plage.
Il y a un parfum définitivement estival qui
parcourt Cosy Moments, un parfum pas
désagréable répétons-le, mais qui ne va pas très loin non plus. Kinski s’essaie
a un mélange entre glam et grunge, pompe un peu le Sonic Youth des années 2000
(les mauvaises langues affirment d’ailleurs que Cosy Moments ferait passer l’album The Eternal des new-yorkais pour un chef-d’œuvre absolu), grappille
un peu du côté d’un garage aussi aseptisé que désespérément cliché et arrive
même à citer AC/DC (le riff du très court Let Me Take You Through My Thought Process
ressemble beaucoup à celui de Problem Child).
OK. Le tableau est complet
si on ajoute qu’il y a des chœurs un peu ridicules (Long Term Exit Strategy), des enluminures au synthétiseur vraiment
pas reluisantes (Throw It Up ou A Little Ticker Tape Never Hurt Anybody),
des cuivres T-Rexien (Throw It Up,
encore), des relents de patchouli (les flûtiaux de We Think She's A Nurse), des solos de guitare à deux notes et la
volonté évidente de clamer un certain désir d’insouciance. C’est bien là tout
le problème : que Cosy
Moments soit un disque gai et insouciant passe encore mais qu’il soit
aussi inoffensif, anodin, rangé et propre sur lui en fait un disque qui
s’oublie aussi vite qu’il s’écoute.
[Cosy Moments est publié en vinyle et
en CD par Kill Rock Stars]