Je me voyais un peu mal commencer cette chronique
de disque en déblatérant à nouveau les mêmes conneries sur ce petit groupe
lyonnais : oui les membres d’ALABASTER sont effectivement des anciens d’Overmars
(pour le chanteur et le guitariste), de Kiruna (pour le bassiste) et de Geneva
(pour le batteur). Je me voyais également très mal rebalancer les mêmes
références de vieux nostalgiques à propos de la musique jouée par ces
garçons : OK, chez Alabaster on aime beaucoup le hardcore noise des années
90, des trucs comme DeadGuy ou Kiss It Goodbye et ça s’entend.
J’ai donc imaginé raconter deux ou trois conneries
innocentes mais inoffensives à la place, par exemple parler un peu de moi, de
ma vie, de mon œuvre – ça changera un peu, non ? – mais le lyonnais, y
compris et surtout le lyonnais d’adoption, n’a jamais beaucoup d’humour et
comme je croise de temps à autres les types d’Alabaster à des concerts straight
edge et qu’ils sont plutôt du genre hargneux voire baraqués, je crois que je
vais m’abstenir sur ce coup là.
Ce 10’ sans titre est donc le tout premier témoignage discographique d’Alabaster, un disque qui propulse directement le gang des lyonnais dans le camp des groupes actuels de hardcore qui comptent par ici : OK, je ne sais pas si vous avez remarqué le nombre de bons groupes jouant du hardcore – qu’il soit plutôt noise ou plutôt metal – qui ont fleuri ces dernières années au pays maudit de la chanson caritative et à textes mais Alabaster en fait incontestablement partie.
La musique d’Alabster est lente, lourdement
chaotique, appuyée, poisseuse, dotée de riffs taillés lentement à la
tronçonneuse et de lignes de basse que ne renierait certainement pas Dave
Curran d’Unsane. D’ailleurs le trio new-yorkais est peut-être bien l’autre
grosse référence 90’s qui surnage dans la musique d’Alabaster, mais de façon
certes plus diffuse, les lyonnais privilégiant toujours le plomb au groove et
le laminage en règle aux techniques d’équarrissage.
Globalement la qualité de l’enregistrement est
assez roots – comprenez que ça grésille pas mal par ici – et cela convient
parfaitement à un EP dont le seul but est de vous éclater à la face, de vous
tordre les cervicales et d’enfoncer ses crocs dans vos petites peaux toutes
tendres. Mais un enregistrement plus carré et plus volumineux, mettant
notamment davantage en valeur la basse et rendant réellement justice à la
batterie, n’aurait pas été mal non plus ; on aura quand même compris
qu’Alabaster, tout en soignant ses compositions et ses effets, ne fait jamais
dans la dentelle, à l’image de ce chant hargneux et souvent gueulard, le chant
d’un type en colère contre l’absurdité compulsive du monde moderne.
[ce disque aussi
rafraichissant que primesautier est publié en vinyle uniquement (rouge transparent
ou noir) par Music Fear Satan]
Bande de lyonnais, sachez également qu’Alabster
joue aujourd’hui, mercredi 08 mai 2013, au Trokson et aux côtés des très
prometteurs Death Engine.