Non mais pourquoi est-ce que je ne suis pas allé à
ce concert en voiture ? Non mais pourquoi est-ce que je ne suis pas allé à
ce concert en voiture ? Non mais pourquoi est-ce que je ne suis pas allé à
ce concert en voiture ? Voilà la question que je me suis posée au moins
une centaine de fois jeudi soir en rentrant du Périscope.
Il pleut à torrents et je pousse mon vélo dans la
nuit parce que j’ai trouvé le moyen de crever : pneu arrière complètement
à plat en moins d’une poignée de secondes, la galère du type qui voudrait
rentrer chez lui au plus vite mais qui ne le peut pas. Quelques kilomètres de
marche forcée.
Pourtant il était vraiment bien ce concert alors pour me donner du courage je repense aux quelques moments que je viens de vivre, à Micah Gaugh, personnage assez improbable et complètement en part, à ses chansons fébriles, à la fois pleines de fragilité et d’une force incomparable. Un concert qui malheureusement s’est déroulé devant une toute petite poignée de personne seulement, la faute à une promo particulièrement inexistence. N’importe quoi.
Pourtant il était vraiment bien ce concert alors pour me donner du courage je repense aux quelques moments que je viens de vivre, à Micah Gaugh, personnage assez improbable et complètement en part, à ses chansons fébriles, à la fois pleines de fragilité et d’une force incomparable. Un concert qui malheureusement s’est déroulé devant une toute petite poignée de personne seulement, la faute à une promo particulièrement inexistence. N’importe quoi.
Maintenant que je connais un peu mieux l’histoire
de MICAH GAUGH je vais pouvoir en raconter un peu plus. Le
chanteur/pianiste/compositeur n’avait pas joué avec le contrebassiste Daniel
Bodwell et le batteur Kevin Shea depuis plus de seize ans. Un groupe de jeunes
gens allant dans la même école. Puis Daniel Bodwell est parti en voyage en
Irlande, y a rencontré l’amour de sa vie, s’est marié et n’est jamais revenu
aux Etats-Unis.
Les quelques concerts donnés à l’époque par le
Micah Gaugh Trio avaient fort heureusement été enregistrés par Kevin Shea et
c’est la matière première qui a servie pour le disque The Blue Fairy Mermaid Princess publié
au début de l’année 2013 par Africantape, label spécialisé dans les
résurrections improbables (rappelez-vous de l’histoire avec Big’N, du retour
triomphal du groupe de Chicago et du festival Africantape fin avril/début mai
2011, déjà une belle histoire et des moments rares*).
Voilà, les trois musiciens se sont enfin
retrouvés, se sont enfermés dans une salle de répétition quelque part en
Italie et, aux dires d’un témoin de première importance et fiable à 100%,
l’alchimie a directement refonctionné entre ces trois là. Comme s’ils venaient
à peine de se quitter, comme s’ils étaient encore dans leurs vingt ans – cette
musique continuait bien à vivre en eux et à couler dans leurs veines.
Les compositions de The Blue Fairy Mermaid Princess ont d’abord été écrites au piano.
Il y a donc un piano sur la scène du Périscope et Micah Gaugh oscille parfois
maladroitement entre cet instrument et le devant de la scène, derrière un micro
ou soufflant dans son saxophone alto. La magie qui continue de plus belle. Et un
concert où on retrouve tout ce que l’on a déjà aimé sur le disque : un
Micah Gaugh qui impressionne avec un charisme qui donne autant ce sentiment de
force colossale que de vulnérabilité, de flot intarissable que de délicatesse.
Une mise à nu qui ne laisse à personne l’occasion ou
l’envie de se poser trop de questions, bonnes ou mauvaises. Et comme le
chanteur d’Edible Woman, groupe ayant assuré la première partie ce soir,
l’avait affirmé quelques minutes auparavant au maigre public : Micah Gaugh
est un vrai personnage. Mais il n’a pas l’air de faire semblant. Il est comme
ça. Alors je m’émerveille et je me sens tout petit. Mais je me sens aussi
transporté par la beauté de chansons chargées en parfums enivrants, en
vibrations spectaculaires (magnifique El
Mar Rojo) mais également en résonnances
ténues et en flottements presque indistincts et mystérieux.
Parfois Micah Gaugh semble aussi se perdre, quitte
à s’interrompre et le reste de groupe reste avec lui quelques instants en
suspens, non pas dans le doute ou l’affolement : on dirait plutôt que les
musiciens ont besoin de respirer un grand coup, qu’ils savourent autant que le
public ce moment rare. Après tout un concert réussi c’est aussi et surtout se retrouver
ailleurs pour quelques minutes**.
EDIBLE WOMAN
jouait donc en première partie. Un trio italien qui n’a jamais été chroniqué
ici alors qu’il a pris soin de faire parvenir au comité de censure de 666rpm
ses deux ou trois derniers albums (le groupe en a enregistré quatre en tout).
Des disques qui n’ont jamais accroché l’oreille du chroniqueur plénipotentiaire
et surtout pas le dernier en date, Nation.
En concert Edible Woman est un trio assez basique
avec un chanteur/guitariste, un bassiste et un batteur un rien appliqué. Une
configuration qui élimine d’emblée toutes possibilités d’arrangements trop
touffus – même si à un moment on a remarqué de drôles de sons déclenchés par le
batteur à l’aide d’un pad. Et c’est un peu une surprise : la simplicité et
la rudesse vont mieux à Edible Woman qui en live abandonne ses habits de groupe
trop ambitieux et qui se perd dans ses intentions pour endosser ceux d’un
honnête groupe de rock devant parfois à The Ex ou à l’école de Chicago (avec
une basse qui évidemment claque sérieusement).
Ça envoie même velu, bonne tension de temps à
autre, aussi il est difficile de comprendre pourquoi les Edible Woman
persistent à enregistrer des disques qui ne leur ressemblent pas. Parce qu’ils
considèrent que le studio et le live sont deux choses totalement
différentes ? Parce qu’ils veulent absolument se démarquer de la
meute ? Parce qu’ils sont fans des Beatles mais ne veulent pas l’avouer au
monde entier *** ? En enregistrant un disque tel que Nation, très pop, très sucré et trop
arrangé, Edible Woman se prive pourtant d’un public potentiel : si le
groupe n’avait pas joué en première partie du Micah Gaugh Trio je ne serais pas
allé le voir exprès – j’imagine que je ne suis pas le seul à réagir de cette
façon. Allez donc voir Edible Woman en concert, cela changera très certainement
votre opinion sur ce groupe.
* il n’est cependant pas dit qu’il n’y aura jamais
une deuxième édition du festival Africantape
** quelques minutes mais beaucoup de photos
*** quelle erreur… tout le monde sait bien que les
Beatles étaient le meilleur groupe du monde