jeudi 16 mai 2013

Seaven Teares / Power Ballads




Je m’imaginais sauter au plafond à l’écoute de Power Ballads, le premier album de SEAVEN TEARES. Ou, plus exactement, j’ai littéralement explosé de joie lorsque j’ai appris que Seaven Teares était en fait un nouveau groupe avec Charlie Looker. Enfin des nouvelles fraîches et du son neuf en provenance de ce garçon, lequel avait un peu surpris tout le monde en annonçant la fin prématurée d’Extra Life – un petit rappel pour les ermites un peu durs de la feuille et mous du cervelet : Extra Life compte seulement trois albums au compteur, dont deux entre le génial et l’indispensable, à savoir Made Flesh (2010) et Dream Seeds (2012).
Extra Life avait ses fanatiques mais aussi ses fervents détracteurs. Et il y a fort à parier qu’avec Seaven Teares et Power Ballads, nombre d’amateurs de Charlie Looker parmi les premiers vont s’empresser d’aller rejoindre les seconds. On aura sûrement tort d’assimiler Seaven Teares comme la suite d’Extra Life (en plus ce « nouveau » projet existerait de fait depuis 2010) mais il est également très difficile de réagir autrement tant on peut également penser qu’Extra Life aura été un groupe important – le plus important de ces cinq dernières années ?
Alors ne tergiversons-pas : Seaven Teares semble être un projet encore plus axé sur les médiévaleries et les kitcheries vocales qu’Extra Life. Tout ce qui plaisait auparavant parce qu’intelligemment agencé avec d’autres éléments se retrouve ici tellement accentué, appuyé, caricaturé presque, que désormais on est à deux doigts de détester ça. Non, rectification : on déteste complètement. Les Power Ballads de Seaven Teares regorgent en effet de flûtes abominables (ou peut-être est-ce de l’orgue ?) et de sons de synthétiseurs à rendre diarrhéique un fan de Vince Clarke. Et donc nulle trace de tension, au sens de strictement aucune électricité, sur les sept titres qui composent ce premier album, mis à part à peine une toute petite surtension sur la reprise-surprise du Them Bones d’Alice In Chains, seul titre à peu près potable de Power Ballads (et un comble quand en plus on n’aime pas particulièrement Alice In Chains, voire que l’on déteste tout simplement cette vieille gloire de Seattle).
On est également pas loin de penser que Charlie Looker n’a pas très bien su s’entourer au sein de Seaven Teares. Passe pour le percussionniste Russell Greenberg – qui ne fait pas grand-chose non plus – par contre on est nettement plus dubitatif en ce qui concerne le multi-instrumentiste Robbie Lee et surtout Amirtha Kidambi qui partage le chant pour moitié avec Charlie Looker. Non seulement sa voix est très difficilement supportable – à titre de comparaison, elle ferait passer Lisa Gerrard pour Diamonda Gallas – mais en plus elle chante tout le temps, soit à l’unisson avec Charlie Looker, soit en canon avec lui et on décèle comme un effet de contagion précieuse et ridicule sur ce dernier. Dès lors, rien y fait : si on rigole jaune au début de l’écoute de Power Ballads, on finit par tout simplement regretter d’avoir eu un jour vent de Seaven Teares. Allez, Charlie, il faut absolument que tu te ressaisisses.

[Power Ballads est publié en vinyle et CD par Northern Spy records]