mardi 28 mai 2013

Anne-James Chaton & Andy Moor / Transfer





Transfer reprend l’intégralité des titres précédemment publiés au cours des années 2011 et 2012 sous la forme de quatre singles par le duo ANNE-JAMES CHATON / ANDY MOOR. Huit titres captivants sur lesquels la poésie et les mots d’Anne-James Chaton intriguent, interpellent, amusent, effraient, donnent à réfléchir, font vagabonder les esprits… On ne dira jamais assez de bien de cette écriture si particulière qui, liée à une méthode de narration/scansion à la limite du robotique et faussement dénuée d’humain, pointe, met en exergue et dévoile les incohérences (au mieux), les absurdités ou les horreurs (au pire) d’un monde moderne et complètement fou mais parfois également fascinant. Des textes qui sur Transfer abordent une thématique générale liée au(x) voyage(s), des textes qu’il est fortement conseillé de découvrir et de (ré)explorer grâce à l’épais livret fourni avec le disque.
Malgré tout, on sent que ce monde là Anne-James Chaton l’aime énormément : qu’il en énumère les travers de sa voix neutre, inventoriant de façon absurde l’absurdité même et donc désarmant tout pathos, toute harangue, ne signifie pas pour autant qu’il le condamne sans autre forme de procès, qu’il le réduit au chaos et à la déraison qu’il pointe de sa langue acerbe. Disons plutôt que les textes d’Anne-James Chaton entrouvrent des portes et mettent en place des espaces libres qu’il est bon de remplir ensuite avec ses propres réflexions d’auditeur.
En cela Transfer peut être un disque militant ou plus exactement à la poésie militante et Anne-James Chaton n’aurait sans doute jamais pu trouver mieux comme partenaire et alter-ego que le guitariste écossais Andy Moor – ancien Dog Faced Hermans et actuel The Ex, faut-il le rappeler – c'est-à-dire un musicien qui s'est longtemps impliqué politiquement, pas seulement dans les éventuels « messages » passés au travers de la musique qu’il joue ou a jouée avec ses différents groupes dans le passé mais aussi et surtout dans la façon de faire cette musique, de la produire, de la diffuser, etc.
Mais Andy Moor est également un précieux collaborateur en ce qui concerne la musique de Transfer à proprement parler. Ses riffs, volutes et dentelles de guitare sont d’une belle inventivité et plus que tout évitent deux défauts : premièrement la musique de Moor  n’est pas colérique et donc ni démonstrative ni porteuse d’exemplarité (ce qui par exemple est souvent le cas du coté des anarcho-punks ou des hardcoreux) ; deuxièmement, et malgré une beauté certaine et profonde, elle n’apprête rien, ne détruit pas la force des mots d’Anne-James Chaton sous le poids d’un enjolivement qui aurait semblé bien malvenu. Un bon équilibre.
Transfer est ainsi un disque d’autant plus fort et signifiant qu’il est à la fois beau et effrayant. Ici montrer signifie démontrer et démonter tout en n’oubliant pas que les choses changent, qu’un point de vue doit toujours être resitué dans son contexte et qu’il n’engage que celui qui l’énonce avec la volonté de faire débat. On est à l’opposé de l’opinion à l’emporte-pièce, de toute idéologie prête à consommer et de toute démagogie conquérante ; on est également à mille lieues de la société du spectacle et de la gloriole-minute. Transfer est un disque intelligent et qui rend intelligent – ceci dit sans aucune prétention – parce qu’il donne à réfléchir (sérieusement) et à penser (de façon plus diffuse).
En plus des huit titres issus des quatre singles précités, Transfer réunit également trois titres inédits d’une valeur largement équivalente aux trois  compositions originelles ; ces trois inédits répondent également à la thématique du voyage et du déplacement. Un ajout plus que bienvenu et qui augmente encore plus l’intérêt que l’on porte à cette édition CD. Transfer est publié par Unsounds et est également disponible sur le site d’Anne-James Chaton.




Andy Moor et Anne-James Chaton repartent en tournée. Ils sont accompagnés de l’ex Sonic Youth Thurston Moore ainsi que (sur certaines dates) de Jean-Michel Espitallier et d’Olivier Mellano.
La date lyonnaise du mardi 28 mai au Sonic – ce soir donc – est sold-out depuis longtemps, malgré un prix d'entrée qui peut être prohibitif (présence de Mr Moore oblige, hum) ; si vous n’avez pas acheté votre place en prévente ce n’est pas la peine de vous y rendre.... Les autres dates sont :

- le 29 mai à Besançon (la Rodia)
- le 30 mai à Paris (la Gaité Lyrique)
- le 31 mai à Tours (le Temps Machine)
- le 1er juin à Amiens (la Lune des Pirates)
- le 2 juin à Londres (au célèbre Café Oto).