Transfer
reprend l’intégralité des titres précédemment publiés au cours des années 2011
et 2012 sous la forme de quatre singles par le duo ANNE-JAMES CHATON / ANDY MOOR. Huit
titres captivants sur lesquels la poésie et les mots d’Anne-James Chaton
intriguent, interpellent, amusent, effraient, donnent à réfléchir, font vagabonder
les esprits… On ne dira jamais assez de bien de cette écriture si particulière
qui, liée à une méthode de narration/scansion à la limite du robotique et
faussement dénuée d’humain, pointe, met en exergue et dévoile les incohérences
(au mieux), les absurdités ou les horreurs (au pire) d’un monde moderne et
complètement fou mais parfois également fascinant. Des textes qui sur Transfer abordent une thématique
générale liée au(x) voyage(s), des textes qu’il est fortement conseillé de
découvrir et de (ré)explorer grâce à l’épais livret fourni avec le disque.
Malgré tout, on sent que ce monde là Anne-James
Chaton l’aime énormément : qu’il en énumère les travers de sa voix neutre,
inventoriant de façon absurde l’absurdité même et donc désarmant tout pathos, toute
harangue, ne signifie pas pour autant qu’il le condamne sans autre forme de
procès, qu’il le réduit au chaos et à la déraison qu’il pointe de sa langue
acerbe. Disons plutôt que les textes d’Anne-James Chaton entrouvrent des portes
et mettent en place des espaces libres qu’il est bon de remplir ensuite avec
ses propres réflexions d’auditeur.
En cela Transfer peut être un disque militant ou plus exactement à la poésie militante et
Anne-James Chaton n’aurait sans doute jamais pu trouver mieux comme partenaire
et alter-ego que le guitariste écossais Andy Moor – ancien Dog Faced Hermans et
actuel The Ex, faut-il le rappeler – c'est-à-dire un musicien qui s'est longtemps
impliqué politiquement, pas seulement dans les éventuels « messages » passés au
travers de la musique qu’il joue ou a jouée avec ses différents groupes dans le
passé mais aussi et surtout dans la façon de faire cette musique, de la
produire, de la diffuser, etc.
Mais Andy Moor est également un précieux
collaborateur en ce qui concerne la musique de Transfer à proprement parler. Ses riffs, volutes et dentelles de
guitare sont d’une belle inventivité et plus que tout évitent deux
défauts : premièrement la musique de Moor
n’est pas colérique et donc ni démonstrative ni porteuse
d’exemplarité (ce qui par exemple est souvent le cas du coté des anarcho-punks
ou des hardcoreux) ; deuxièmement, et malgré une beauté certaine et profonde,
elle n’apprête rien, ne détruit pas la force des mots d’Anne-James Chaton sous
le poids d’un enjolivement qui aurait semblé bien malvenu. Un bon équilibre.
Transfer est
ainsi un disque d’autant plus fort et signifiant qu’il est à la fois beau et
effrayant. Ici montrer signifie démontrer et démonter tout en n’oubliant pas
que les choses changent, qu’un point de vue doit toujours être resitué dans son
contexte et qu’il n’engage que celui qui l’énonce avec la volonté de faire
débat. On est à l’opposé de l’opinion à l’emporte-pièce, de toute idéologie
prête à consommer et de toute démagogie conquérante ; on est également à
mille lieues de la société du spectacle et de la gloriole-minute. Transfer est un disque intelligent et
qui rend intelligent – ceci dit sans aucune prétention – parce qu’il donne à
réfléchir (sérieusement) et à penser (de façon plus diffuse).
En plus des huit titres issus des quatre singles
précités, Transfer réunit également trois
titres inédits d’une valeur largement équivalente aux trois compositions originelles ; ces trois
inédits répondent également à la thématique du voyage et du déplacement. Un
ajout plus que bienvenu et qui augmente encore plus l’intérêt que l’on porte à
cette édition CD. Transfer est publié
par Unsounds et est également disponible sur le site
d’Anne-James Chaton.
Andy Moor et Anne-James Chaton repartent en
tournée. Ils sont accompagnés de l’ex Sonic Youth Thurston Moore ainsi que (sur
certaines dates) de Jean-Michel Espitallier et d’Olivier Mellano.
La date lyonnaise du mardi 28 mai au Sonic – ce soir donc –
est sold-out depuis longtemps, malgré un prix d'entrée qui peut être prohibitif (présence de Mr Moore oblige, hum) ; si vous n’avez pas acheté votre place en
prévente ce n’est pas la peine de vous y rendre.... Les autres dates
sont :
- le 29 mai à Besançon (la Rodia)
- le 30 mai à Paris (la Gaité Lyrique)
- le 31 mai à Tours (le Temps Machine)
- le 1er juin à Amiens (la Lune des
Pirates)
- le 2 juin à Londres (au célèbre Café Oto).