On va faire direct, simple et franc : le
meilleur groupe actuel de noise rock s’appelle HAWKS. Un point c’est tout. On n’avait
déjà plus aucun doute après la parution en 2012 du troisième album de ce groupe
d’Atlanta, l’époustouflant Push Over. Une tournée française et un achat de t-shirt plus tard, les quatre Hawks nous reviennent avec deux
disques. Le premier, celui dont il va être question ici, est un single à la
présentation soignée : belle illustration en noir et blanc, insert avec
les paroles, pochette intérieure de protection en papier noir, vinyle bleu
layette, c’est le grand luxe quoi, digne d’un vrai LP… Il n’y a pourtant que
deux titres sur ce 7’, deux titres qui balaient tout sur leur passage, donnent
la bave aux lèvres et confirment donc la suprématie de Hawks. Quoi ?
« meilleur groupe » cela ne veut rien dire du tout ? Soit. Vous
avez raison. Je recommence donc, uniquement pour faire plaisir aux
pointilleux experts en objectivité : Hawks est de loin le groupe de noise rock
que je préfère tout simplement parce que ces gars là sont les meilleurs.
Et ils le prouvent en deux titres seulement. Sur
la première face que l’on a écoutée – la décision s’est faite à pile ou face – on
a pu découvrir l’immense Rattalker. Une
composition vicieuse voire fuyante, qui met longtemps à se déclarer, se cache
habillement derrière un riff de blues rock pas loin d’être australien tandis
que le chant se tord dans des convulsions lentes et douloureuses comme un mal
de bide contre lequel on ne peut rien si ce n’est dégueuler un peu plus fort.
Et lorsque on croit que Rattalker
s’envole définitivement, les Hawks, plus sadiques que nature, décident de nous
faire patienter encore un peu, en faisant doucement mais inexorablement
remonter la pression avant ce déluge d’éructations, ce solo cramé, cette basse
qui s’envole, bref cette tempête tant attendue.
Sur l’autre face Smile est de facture plus classique mais n’en est pas moins un
incontournable. Le sourire en question est celui, édenté, de la crispation
douloureuse et infernale ; Smile
tient plus du rouleau compresseur que Rattalker,
comprenez que les Hawks y déclarent leurs mauvaises intentions dès le départ,
et donc la crasse épaisse que le titre entraine derrière lui est moins chargée
de vice mais reste tout aussi irrésistible, vas-y fais moi mal. Car même avec
une composition d’apparence plus linéaire les Hawks arrivent à faire monter les
enchères, un imperceptible changement d’accords suffi, Smile est une parfaite machine à tout écraser. Magistral.
Il serait enfin injuste de ne pas préciser que l’homme
qui a enregistré ce single s’appelle Kyle Spence, batteur de Harvey Milk, déjà
responsable du son de Push Over :
il est sans doute pour beaucoup dans le côté toujours plus épais et toujours
plus rauque de la musique de Hawks et on ne va pas s’en plaindre. Merci Kyle.
[Rattalker b/w Smile est
publié en vinyle uniquement par Army Of Bad Luck, label qui avait déjà publié le premier album de Hawks, Barnburner]