samedi 25 mai 2013

Hijokaidan / Made In Studio et Made In Japan


Le disque le plus drôle de l’année 2012 est à porter à l’actif d’HIJOKAIDAN. Ou plutôt on devrait parler des deux disques les plus drôles de l’année 2012 parce que Made In Studio ne va pas sans Made In Japan. La pochette du premier reprend celle du Made In Europe de Deep Purple. Mais il n’y a aucune crainte à avoir : ceci n’est qu’une blague de plus et Hijokaidan reste Hijokaidan c'est-à-dire l’un des groupes japonais les plus délirants et les plus bruyants du monde. Du pur vomi auditif.




Sur Made In Studio le line-up du groupe est composé du membre fondateur et chef terroriste Jojo Hiroshige à la guitare, de sa femme Junko aux hurlements de sorcière en flammes, de Fumio Kosakai et Toshiji Mikawa (également membre d’Incapacitants) à la bidouille qui vrille et détruit les oreilles, de Fumio Kosakai à la batterie et, en special guest, d’Akira Sakata au saxophone alto. Une formation presque « musicale » pour l’un des piliers japonais du harsh noise, connu pour les performances délirantes, scato et morbides et ses débuts et qui est responsable de l’un des disques les plus génialement éprouvants qu’il m’ait été donné d’écouter, l’album Wisdom en 1991 (chez Alchimy records, le propre label de Jojo Hiroshige).
Made In Studio est plutôt du genre jubilatoire, sorte de free jazz de l’extrême et hautement bruitiste, session de libre improvisation en roue libre s’apparentant à une séance de bondage voire de démembrement participatif. Il y a quatre titres sur Made In Studio et on signalera Uroboros In A Klein Bottle qui peut être résumé en un duo à la mort entre Junko et Akira Sakata et honnêtement on ne sait pas lequel est ici le plus dément et le plus perturbé des deux. Copper Median C°. est plutôt un moment de pause alors que sur NJQ et Auto-Noda-Fe (un hommage tardif à S.P.K. ?) c’est carrément la grande fête du harsh, tout le monde joue plus fort que tout le monde et le chaos quasi définitif qui en résulte vous arrache des grands sourires de bonheur sadique – oui, les plaisirs de la décadence.




Made In Japan c’est presque la même chose sauf que le disque a été publié sous le nom de JAZZ HIJOKAIDAN, que c’est un live d’à peine quarante minutes enregistré environ trois mois plus tôt lors d’un concert à Tokyo et que la pochette est cette fois pompée sur celle de l’album de Deep Purple du même nom. Le délire de Made In Studio y est poussé à son paroxysme, évidemment et contrairement à l’appellation du groupe il n’est toujours pas question de jazz ou même de free jazz ici.
On se rend même très rapidement compte que l’album Made In Studio aurait plutôt du paraitre sous le nom de Jazz Hijokaidan alors que Made In Japan résulte lui d’un niveau supérieur de folie musicale qui écrase et défonce tout : sur le premier on pouvait encore discerner les instruments et – stupeur ! – tenter d’analyser ce que chacun joue ou plutôt tente de détruire. Avec Made In Japan  c’est peine perdue, on se prend tout de face, on en rigole encore plus et on aurait vraiment aimé assister à une telle orgie suprasonique. Car, quitte à finir sourd pour le restant de sa vie, autant que cela soit pour de bonnes raisons : certaines fréquences extrêmes déversées sur ce live font effectivement vraiment très mal aux oreilles, merci monsieur Mikawa, et il est absolument hors de question et impensable d’écouter Made In Japan à faible volume. Incontournable.

[Made In Studio et Made In Japan sont publiés en CD digipak par Doubt Music et distribués en France et en Europe par Metamkine]