Ah ! Mais qu’est-ce qu’on est bien avec THALIA
ZEDEK ! L’ambiance est confortable, cosy, chaleureuse, accueillante :
de la vraie musique de vieux. Mais on ne va
pas râler pour autant. Parce que, c’est une évidence dès que l’on
entreprend d’écouter Via, cinquième
album de cette grande dame, Thalia Zedek c’est avant toutes choses une sacrée
voix. Et cela le sera toujours. Une voix qui vous prend aux tripes, qui vous
donne des frissons et de la chair de poule et qui vous enveloppe d’une petite lumière
presque surnaturelle.
On admettra que Via – en fait le deuxième album enregistré sous le nom de Thalia
Zedek Band* – est moins énervé, plus mollasson (presque variétoche) que son
prédécesseur de 2008, l’excellent Liars And Prayers. Mais on s’en
fout : même en succombant plus qu’on ne l’aurait souhaité au syndrome folk
américain classique et raisonnablement spectral et hantée, la musique de Thalia
Zedek reste l’une des plus belles qui soit.
Et cet album regorge de compositions qui sont
autant de joyaux véritables, malgré le fait que Thalia Zedek compose à peu près
toujours les mêmes chansons depuis des années et malgré une instrumentation
parfois périlleuse (bien qu’elle soit également excellente guitariste, Thalia
Zedek est plutôt en retrait de ce côté-là sur Via alors que l’on entend beaucoup le piano et le violon).
Réécouter les mêmes chansons qu’avant, réentendre la voix de Thalia Zedek et
chantonner à son tour ces airs compagnons c’est s’octroyer un petit bonheur
immense, gagner sa journée – surtout lorsqu’on avait envie de rien foutre –, se
réchauffer le cœur et l’âme sans plus se poser de questions inutiles.
On pardonnera alors les quelques accents vieillots
qui parcourent Via et on trouvera
même que Thalia Zedek et ses boys ridiculisent un Nick Cave qui aurait
définitivement mieux fait de mourir moins vieux (Winning Hand est par exemple une composition plus Bad Seeds que
nature mais au moins on y sent une vraie flamme, ce supplément d’âme qui se
passe de toute attitude et de toute incarnation façon poète maudit). Et puis il
y a quelques titres tels que Straight And
Strong où le blues rock du Thalia Zedek Band gagne en nervosité et en
ferveur. Via est tout simplement à
nouveau un grand et beau disque de la part de Thalia Zedek. I love her all the
time**.
Via est
publié en CD digipak et en vinyle par Thrill Jockey – les amateurs d’électricité préféreront peut-être se rabattre sur
Come (le groupe de Thalia Zedek avec Chris Brokaw) qui s’est reformé et va
bientôt tourner du côté de l’Europe : il n’y a malheureusement qu’une
seule date en France, à Paris le 24 mai***
* le Thalia Zedek Band qui a enregistré Via est sensiblement le même que celui
qui a enregistré Liars And Prayers,
seul le batteur a changé, le vétéran Dave Bryson ayant été remplacé par Daniel
Coughlin
** c’est Bil Nextclues
qui le premier a fort justement remarqué que la mélodie de Want You To Know rappelle fortement celle de cette sublime (et très
vieille) chanson de Sonic Youth…
*** les lyonnais peuvent aussi choisir la Suisse
et la date du lundi 27 mai à Lausanne