Pig Destroyer… Pig Destroyer… Pig Destroyer
…Suffit-il de s’appeler Scott Hull pour faire de la bonne musique ? Arfff…
Voilà une chronique de disque qui commence bien mal mais ce que je veux dire
par là c’est que Pig Destroyer est l’autre groupe du
guitariste/démiurge/producteur fou Scott Hull et que, quitte à choisir, on
préférera toujours son autre créature, autrement maléfique, j’ai nommé
Agoraphobic Nosebleed, un groupe beaucoup plus sale, beaucoup plus vicieux et
beaucoup plus méchant. C’est ainsi. On peut aussi affirmer que Pig Destroyer et
Agoraphobic Nosebleed sont les deux faces d’une même musique, en l’occurrence le
grindcore.
Le grind de PIG DESTROYER est profondément marqué
par le hardcore U.S. mais arrive aussi à sonner comme du metal, ce metal
poliment énervé et bien carrossé dont le label Relapse nous abreuve de plus en
plus. Plus qu’un style de musique, l’arnaque belliqueuse du metal extrême
contemporain est surtout une histoire d’image, d’attitude et de comportement
narcissique (« oh oui ! dis-moi que je suis un gros méchant et que je
te fais peur, ça m’excite ! »). Moi aussi j’aime souffrir mais,
honnêtement, cela ne regarde que moi, surtout pas un peloton de fans de metal
qui aiment singer l’agonie de la race humaine. Et puis il y en a un peu marre
de tous ces tatoués et autres énervés de la testostérone qui clament que la
musique c’est forcément comme la guerre. Bien qu’il s’en défende, Scott Hull
(et Pig Destroyer) rentre parfaitement dans le moule relapsien du metal pour
tous au supermarché.
Cela n’empêche pas Book Burner, cinquième album de Pig Destroyer, d’être bien meilleur
que son prédécesseur Phamtom Limb
(2007). Quelques dix-neuf titres d’un grind très sec et ultra nerveux. Mais cette
sécheresse est presque un problème : les riffs de boucher sont là, les
blast beats fulgurants aussi – Adam Jarvis de Misery Index s’occupe de la
batterie – mais ce qui manque ici à Pig Destroyer c’est une bonne grosse basse
qui cogne. Oui il n’y a pas de bassiste dans le line-up du groupe (et il n’y en a jamais eu) or la guitare
occupe une place beaucoup trop délimitée et paramétrée pour que cela ne manque
pas. Le grind n’est pas qu’une affaire d’explosions successives et millimétrées,
encore faut-il que l’on ait aussi du gras à se mettre sous la dent et entre les
oreilles. Or, on aura beau chercher, du gras il n’y en a pas sur Book Burner, pas plus qu’on y trouvera une
once de ce crust adoré, pourtant aussi nécessaire que séminal.
Bon, OK : Book
Burner reste un disque bien au dessus de la moyenne, un bon condensé de
haine musicale ordinaire, certes trop respectueux et finalement bien sage. Une
bonne série B, quoi, ou la bande-son d’un jeu d’ordi un peu merdique où il faut
(encore !) tuer le plus de gens possibles en un minimum de temps. Book Burner est surtout une bonne façon
de tuer une demi-heure de son temps pour éventuellement profiter de sa violence intrinsèque
pour faire le ménage bien à fond à la maison.
Comme à son habitude Relapse records a multiplié les éditions en vinyle
et en CD de Book Burner… Il existe entre
autres une version double CD comprenant également une nouvelle (pas lue par le
comité de censure de 666rpm) intitulée The
Atheist et écrite par JR Hayes (ex Enemy Soil), l’un des deux chanteurs actuels de
Pig Destroyer. Le second CD de cette édition consiste lui en une collection de
reprises de groupes emblématiques du hardcore américain (dans l’ordre :
Black Flag, Misfits, Angry Samoans, Negative Approach, Circle Jerks, Minor
Threat et Void), une façon bien inutile pour Scott Hull de confirmer une
passion dévorante et quelques unes des influences majeures de Pig
Destroyer ; mais le résultat est tellement pauvre et convenu que cette
collection de die-hard fan s’avère bien inutile.