Avec un artwork vraiment affreux et digne d’un
chef-d’œuvre de fin d’études par un élève en CAP d’histoire de l’art, on ne peut
pas dire que les ZULUS ont décidé de mettre tous les atouts de leur côté. Comme
l’url du site officiel du groupe l’atteste,
Zulus est également basé à New-York et même à Brooklyn – et oui,
encore un.
Ce disque sans titre est le premier véritable
album de Zulus après deux petits singles. Un album très court, dépassant à
peine la vingtaine de minutes et dévoré par une réverb omniprésente qui noie le
chant sous une masse informe façon blob amateur de gloubiboulga ou body
snatcher boulimique. Un peu comme si le préposé ou les préposés au micro
chantaient avec une patate coincée au fond de la bouche depuis le fin fond d’un
puits de mine à charbon. Malgré tout on arrive à discerner qu’effectivement ces
garçons ne peuvent pas faire grand-chose avec leur voix et donc on comprend parfaitement
qu’ils veuillent les masquer ainsi. Mais trop c’est trop et le niveau de reverb
utilisée n’a aucune chance de passer pour une quelconque marque de fabrique mais
bien pour le cache-misère qu’il est dans la réalité.
C’est dommage parce que le reste est plutôt bien. Comme
son nom ne l’indique pas Zulus n’est pas un énième groupe influencé par les
zookeries indigestes d’Animal Collective and C° mais sort allègrement les
guitares pour une sorte de punk éjaculateur précoce, arty, survitaminé et
plutôt garage. L’esprit de John Dwyer pourrait planer au dessus de ce disque si
les compositions étaient vraiment à la hauteur mais cela ne semble pas non plus
être le principal souci de Zulus qui privilégie plutôt l’énergie brute et le
va-comme-je-te-pousse avec une jubilation certaine. On pourrait également
penser aux très regrettés A-Frames si le son de disque bavait beaucoup moins
sur les bords. On citera enfin Sonic Youth et les affreux Liars dont les influences
respectives sont des plus palpables sur Death
In The Current.
En fait on a surtout l’impression que Zulus se
cherche encore. Le groupe a beaucoup de bonnes idées, des idées qui permettent
de penser qu’il y a là un potentiel certain et chargé d’un avenir peut-être
radieux. Mais maintenant il va falloir confirmer tout ça, il va falloir affiner
les compositions, changer de pédales d’effet (ou de chanteur) et sortir de
l’option bordel sans queue ni tête. Prometteur, donc.
Ce disque est publié en CD digipak et en LP par Aagoo records.