mardi 11 septembre 2012

Loup / The Opening




LOUP. On a déjà maintes fois évoqué ce duo lyonnais composé de Clément Edouard (Lunatic Toys, IRèNE et Polymorphie) et de Sheik Anorak. Le premier joue du saxophone alto et de l’électronique (du synthé mais aussi de cette saloperie de Kaoss Pad*) alors que le second s’occupe de la batterie mais également d’électronique – s’il sort parfois sa guitare c’est uniquement pour en tirer des sons qu’il mettra ensuite en boucle, modifiera et bien malin qui pourra alors reconnaitre dans la musique de Loup un quelconque gratouillis de cordes.
On pointe ici la première caractéristique du duo : la manipulation des sons, exclusivement en direct. Et c’est ce qui frappe à l’écoute The Opening, deuxième album de Loup, cette faculté qu’ont les deux musiciens à distordre et dévier sans prévenir ce qu’ils jouent – en particulier le saxophoniste qui semble un expert pour transformer d’une main ce qu’il interprète de l’autre – et cette autre faculté à faire tourner leur musique en un rien de temps dans une direction à laquelle on ne s’attendait pas. Tout va souvent très vite sur The Opening, non pas que ces deux garçons jouent comme des brutes, mais leurs idées fusent, bouillonnent mais ne s’éternisent jamais.
Ce qu’il y a de vraiment bien avec Loup et The Opening c’est que le groupe ne choisit pas et on pense carrément que cette idée n’est même jamais venue à l’esprit des deux musiciens : d’un côté vous avez une musique très organique, live et pleine de rebondissements ; d’un autre vous avez ces manipulations sonores et autres bidouilles à la fois impromptues mais toujours opportunes. Le groupe oscille entre les deux mais ne navigue pas à vue, ce n’est pas le hasard d’un coup de dés qui semble dicter les choix de Loup et les changements dans sa musique mais bien la volonté d’entretenir le feu et le bouillonnement dans la marmite, chaud devant.
L’autre gros point fort du duo c’est donc toute l’énergie qu’il met dans sa musique. On vient de dire que les deux musiciens ne jouent pas comme des brutes – il y a toujours beaucoup de finesse et d’expressivité dans cette musique, il y a aussi des compositions plus atmosphériques et très belles – mais quand-même : Loup se fait fort de concurrencer les experts en freeture, notamment avec le jeu très dynamique du batteur (mais parfois un peu trop sciemment chaotique : faut-il y voir l’influence de Weasel Walter ? **) alors que le saxophoniste lui n’hésite pas à s’arracher quelques hurlements et stridences qui rassureront les amateurs de jazz pointu.
Enfin, il faut vraiment saluer le travail effectué sur les sonorités électroniques. On entend trop souvent des musiciens qui modifient leurs sons ou leur ajoutent des enluminures mais ils le font malheureusement en pure perte parce que le résultat tombe à plat ou s’apparente à du collage gadgétisé et formaté. C’est tout le contraire avec Loup. On le répète, le saxophoniste comme le batteur utilisent l’électronique mais visiblement voilà deux musiciens qui savent enfin ce qu’ils font et qui surtout font preuve de constance comme d’inventivité. Ecoutez un peu les sonorités inquiétantes de Sonic Caterpillar pour vous en convaincre (mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres).



Et si jamais il y a des lyonnais qui n’ont encore jamais vu Loup sur scène, sachez que le duo sera en concert au kraspek le dimanche 16 septembre – à cette occasion on nous promet également un set un peu spécial avec des invités mystères mais triés sur le volet.

[The Opening a bien évidemment été publié en CD par Gaffer records, le propre label de Sheik Anorak***]

* un Kaoss Pad c’est ça
** … puisque ces deux musiciens ont souvent joué ensemble dans le passé mais voilà une interrogation que semble directement démentir Drums Unit, le tout dernier titre de The Opening : plus qu’un dialogue complice entre les deux musiciens on peut y entendre un véritable puzzle sonore à base de batterie, presque de la poésie
*** avec l’aide désintéressée mais financière d’une salle de concerts Lyonnaise qui a apposé son petit logo au verso du disque : maintenant on attend de voir Loup sur la scène du Transbordeur, ce serait vraiment rigolo