ZEBRAS est un
drôle de groupe qui débarque de nulle part – d’un coin paumé du Milwaukee pour
être vaguement plus précis – et qui a publié en juillet 2012 son tout premier
album, enregistré avec les moyens du bord* et publié en complète autoproduction
sous tous les formats physiques existants encore dans notre joli monde en
déroute** : une version vinyle (la version en couleur est sold-out depuis
belle lurette), une version CD numérotée à la main et une version cassette
tiers-mondiste.
Mais le plus beau c’est que Zebras est un groupe
inclassable. Ces jeunes gens prennent un malin plaisir à l’affirmer par
eux-mêmes mais ils ont en fait complètement raison : ils aiment beaucoup
trop de musiques différentes, ils ont mis beaucoup trop de choses variées dans
leur disque et ils ont si bien su digérer tout ça que l’on serait bien en peine de
caser Zebras dans une petite catégorie trop spécifique et donc normative. Bien
que parfois difficile sinon exigeante, la musique du groupe est donc
extrêmement rafraichissante car complètement inattendue et elle assouvit un
besoin bien légitime d’écouter quelque chose d’autre et surtout d’un peu
différent tout en se servant de codes préexistants.
En insistant un peu on pourra penser à propos de
Zebras à un Steel Pole Bath Tube sous speed, à un Racebannon en moins métallique
ou encore à un jeune Barkmarket dopé aux radiations intergalactiques*** mais on
laissera à chacun le plaisir de comparer ou pas cet excellent groupe à quelques
grands anciens ou simples prédécesseurs. Personnellement, plus j’écoute ce
disque et plus je bloque sur le chant. Un chant insistant, outré voire se
vautrant dans l’exagération et qui là aussi me rappelle plein de bonnes choses
tout en s’en éloignant constamment.
Et plus ça va plus Zebras me fait penser à un
groupe qui aurait totalement sa place sur un label aussi tordu et défenseur des
différences qu’Alternative Tentacles... originalité du propos, line-up
inhabituel (chant/logorrhée mongoloïde, bidouille électronique sidérale,
guitare cosmique et acide, batterie martiale et stakhanoviste et basse
vrombissante – basse uniquement présente sur la seconde face), compositions
entre fureur électrique et déraison progressive et, au final, un disque qui
s’impose tout simplement pour ce qu’il est : un moment de bravoure déraisonnée,
une déflagration incontrôlable mais salvatrice et un grand trou noir vers la
quatrième dimension. Psycho.
Ce disque sans titre**** est disponible uniquement
auprès de Zebras via l’inévitable page
bandcamp du groupe.
* l’insert donne la liste de toutes les personnes
qui ont précommandé ce disque avant même son enregistrement
** l’insert précise qu’il s’agit de papier et
cartonnage recyclé
*** les paroles n’ont pas l’air spécialement gai
mais on note une référence explicite à Sun Ra sur Diablo Blanco
**** un disque peut-être sans titre mais les ronds
centraux de chacune de ses faces en affiche pourtant un – face A : Impending Doom ; face B : The Fate Of A World Plagued By Soulless
Shits