C’est dimanche et le dimanche c’est poésie.
Je ne sais pas si vous ça vous énerve mais moi je
ne supporte pas les chasses d’eau déficientes. Ces bouts d’étron qui remontent
à la surface de l’eau dans la cuvette des chiottes malgré le gaspillage insensé
de cinq litres d’eau potable pour évacuer tout ça – mais c’est bientôt la fin
du monde donc la plupart d’entre nous n’auront même pas le temps de mourir de
soif.
C’est exactement ce qui s’est produit avec ce CD d’A SNAKE OF JUNE : la
secrétaire de direction était pourtant chargée de trier les disques promos
reçus depuis le début de l’année – c'est-à-dire de tous les balancer à la
poubelle, sans exception – mais elle a oublié celui-ci*. Et en plus elle a cru
bon ensuite de le mettre dans la boite à musique pour l’écouter pendant qu’elle
passait l’aspirateur sur la moquette de la salle de réunion de 666rpm. Un
disque qui lui aussi remonte à la surface de l’oubli… je vous l’avais bien dit
qu’aujourd’hui ce serait poésie.
Mais le hasard fait bien les choses. Ce mini album
– quatre titres, vingt-cinq minutes de bruit –, il aurait fallu le chroniquer
bien avant. Il le mérite largement. Je vous fais rapidement le topo : A
Snake Of June c’est deux grosses basses qui beuglent, une batterie qui pilonne
et une voix qui braille – non ce bourdonnement apocalyptique n’était pas celui
de l’aspirateur. Et c’est presque aussi simple que ça. Quel que soit le
registre emprunté, du lent et lourd au crust avarié en passant pas le sludge,
la noise ou le post hardcore, il n’y a en tout et pour tout que deux constantes
chez A Snake Of June : le gras polysaturé et omniprésent des deux basses
et le chien galeux qui aboie derrière. La voix c’est peut être ce qui pourrait
refroidir certains mélomanes et se la prendre en pleine face dès le titre
d’ouverture La Montagne Est Belle**
est certes un peu rude.
Celles et ceux qui sont moins chochottes et un peu
plus habitués aux débordements de gras double sous champignons apprécieront au
contraire et, musicalement, mettront le doigt sur les inévitables comparaisons
entre A Snake Of June et les dinosaures Godheadsilo et Milkmine, le tout sous
le haut patronage de la paire Unsane/Neurosis. Ces quatre titres dont un Cougar aux relents épiques très réussis
forment plus qu’un bon premier petit disque : ils laissent clairement à
entendre que ces quatre gugusses originaires de Dordogne ont un sacré potentiel
et ont pas mal d’atouts pour s’imposer dans le paysage pourtant surchargé des
groupes down tempo/hardcore/noise. A suivre !
Ce disque sans titre a été publié en CD digipak
par Day Off et Some Produkt.
* ce disque d’A Snake Of June a débarqué ici il y
a presque huit mois, ce qui en dit long sur l’entrain et la rapidité du
chroniqueur : si jamais tu joues dans un groupe et que tu as déjà envoyé
ton disque ici ne perds donc pas patience, sa chronique est peut-être pour
demain (ou pas) ; si tu veux envoyer ton disque mais que tu n’oses toujours pas ne
te gène pourtant pas pour le faire, à
cette adresse et à tes risques et périls
** néanmoins la qualité d’élocution ne permet pas
de se rendre compte s’il s’agit ou non d’une reprise de Jean Ferrat