Whosbrain
records possède décidemment un don magique pour dégotter les perles
au fin fond des gisements mondiaux de la médiocrité musicale ambiante. La
dernière découverte en date du label s’appelle THE GLAD HUSBANDS et est un trio
italien. God Bless The Stormy Weather
est le tout premier album de ce groupe qui se définit lui-même comme jouant du
math-core… Levée de bouclier immédiate parce que les groupes de math-core,
c’est un peu comme les groupes de screamo il y a quinze ans ou les groupes de
post hardcore il y a quelques années seulement : pour un maximum de 1 % de
formations originales ou ayant pour le moins une façon un tant soit peu
personnelle de revisiter le truc de base, vous devez invariablement vous taper
78 % de suiveurs, 67 % de copieurs, 45 % de falsificateurs, 98 % de branleurs,
56 % d’arrogants obsessionnels et 84 % d’abrutis sourds et aphasiques – et ce
n’est pas de ma faute si alors on dépasse plus qu’allègrement les 100 % parce
que, comme son nom l’indique, le math coreux moyen est aussi laborieux que
cumulard.
The
Glad Husbands c’est à peu près tout le contraire de ce portrait hâtivement
brossé mais pourtant complètement fidèle à la réalité de l’engeance math-core.
Déjà vous remplacez cette terminologie « hardcore » par le terme tout
aussi général mais bien plus transpirant et sale de punk. Ces garçons savent
jouer, ils en foutent même de partout (le batteur aime double-pédaler sévère
comme un vacancier en goguette sur le lac d’Annecy) mais ils n’ont pas cette
prétention trompeuse de l’étalage des bijoux de famille ou de la démonstration
sportive à heure de grande écoute et ils privilégient une énergie aussi dense
que vivifiante, brute que maîtrisée. La jeunesse et la fougue du jeune chien
fou alliée à la sagesse malicieuse du vieux singe.
The Glad Husbands ça envoie donc méchamment et
savamment mais le groupe sait également calmer le jeu, prendre le temps de
ramper par terre, de détourner l’attention vers une tension malsaine mais
contenue, au bord de l’explosion, un peu à la façon d’un Dazzling Killmen – par
exemple, la partie finale de Her First
Big Machete avant ce formidable enchainement avec Falling Ventilators – et ce n’est pas le moindre des compliments
que l’on peut faire au groupe. C’est dans ces moments là et au milieu d’incessantes explosions (God Bless The Stormy Weather en est littéralement truffé) que l’on
devine qu’avec The Glad Husbands on tient un groupe précieux, qu’on ne va pas
le lâcher de sitôt et dont on espère pouvoir le découvrir un jour en concert. Vendez-moi
du rêve.