mercredi 5 septembre 2012

Report : Torticoli et Berline 0.33 à la Triperie - 31/08/2012




Vendredi 31 aout : c’est déjà le deuxième concert de la rentrée pour toute l’équipe rédactionnelle de 666rpm avec au programme une affiche sympathique réunissant Torticoli et Berline 0.33, deux groupes qui visiblement sont tombés très amoureux l’un de l’autre – ils partiront d’ailleurs dès le lendemain en lune de miel du côté de Saint Claude dans le Jura. Pour l’instant l’enterrement de vie de garçon se passe à La Triperie, au beau milieu des pentes de la Croix Rousse à Lyon.
L’ambiance est très détendue : à 21 heures – heure théorique du début du concert – la moitié d’une batterie traine encore au milieu de la salle, la bière coule à flot, la préposée aux entrées râle parce que personne a prévu de fonds de caisse et les Berline 0.33 n’en finissent pas de terminer leurs balances. Ils ont un peu de mal à définir leur son, la voix n’est pas à son meilleur niveau (sonore) et elle se retrouve trop noyée sous la guitare et la basse. Le boss de l’endroit explique alors doctement qu’il faut juste jouer beaucoup moins fort et que comme cela tout le monde arrivera à entendre la chanteuse. Les patrons de bars et de salles de concerts sont décidemment des gens bien raisonnables mais seulement voilà, les Berline 0.33, eux, ne le sont pas vraiment, ils sont même comme la plupart des groupes, ils ne veulent pas jouer moins fort et ils ont bien raison.




Après l’ouverture des portes au public c’est donc TORTICOLI qui commence. Et c’est aussi au minimum la quatorzième fois cette année que je vois le groupe en concert – que ce soit sous sa forme trio instrumental comme ce soir ou sous sa forme quartet avec chanteur – et je commence sérieusement à m’inquiéter : comment arriver à trouver de nouveaux mots et de nouvelles idées pour décrire mon enthousiasme certain à propos de Torticoli ? Et d’ailleurs, cet enthousiasme, est-ce-que je vais pouvoir le retrouver lui aussi encore une fois ?
La réponse est oui même si ce ne fut pas là le meilleur concert du trio auquel j’ai assisté. Peut-être que maintenant j’attends quelques changements de la part d’un groupe qui n’en a pas vraiment envie et souhaite plus simplement pousser jusqu’au bout sa logique de déstructuration d’un blues mutant et bruyant... mais Torticoli ça reste toujours très bien en concert alors disons que l’appréciation générale du chroniqueur dépend de son humeur du jour et que je suis du genre grognon.
Une nouveauté cependant avec l’apparition sur deux titres d’Emilie, la chanteuse de Berline 0.33. Elle a préparé des textes sur un cahier dont elle se sert comme aide-mémoire et même si l’association des deux était parfois encore un peu hésitante (normal pour une première fois et puis un peu de fébrilité ça n’a jamais fait de mal à personne) elle a aussi apporté un éclairage intéressant sur des compositions que l’on croyait trop bien connaitre. OK, c’est moi qui ai tort.




Les BERLINE 0.33 jouent en second et la Triperie est pas loin d’être aussi blindée qu’un guitariste de Torticoli : l’atmosphère va bientôt se révéler irrespirable et suintante tellement les gens sont serrés et transpirent dès que l’un d’eux se décident à remuer ses fesses – or tout le monde va se faire avoir par Berline 0.33 et se retrouver obligé de payer de sa personne.
Le groupe a fini par prendre ses marques malgré la sono un peu récalcitrante de la Triperie et va inclure quelques nouveaux titres dans sa set-list (un deuxième album est en préparation et serait presque prêt). Ceux-ci vont se révéler tout simplement excellents. Apres, violents, sombres et tordus. La musique de Berline 0.33 délaisse désormais son côté trop gentiment new-wave (il n’y a pas de synthétiseur sur scène) et creuse un peu plus dans une direction plus viscérale et épaisse, le côté méchant du post punk.
L’autre bonne surprise c’est que les anciens titres joués semblent profiter de ce traitement et gagnent eux aussi en noirceur et en épaisseur. Je pense notamment à la guitare au son bien plus mordant et qui surtout ne se laisse pas envahir par la basse (qui est pourtant toujours aussi omniprésente). On peut dire que Berline 0.33 est passé à un niveau au dessus, a perdu une partie de cette naïveté des groupes encore un peu jeunes et que le futur album, si le groupe persiste dans cette voie, s’annonce comme un fantastique concentré d’impétuosité fiévreuse et inquiète. A bientôt.

[quelques photos enfumées et transpirantes du concert sont visibles ici]